(Treize heures quinze minutes)
M. Gaudreault : Oui. Alors,
bonjour. Ça me fait plaisir d'être ici. C'est très, très important, le travail
qu'on fait présentement en commission parlementaire. On reçoit des
représentants du Saguenay—Lac-Saint-Jean, des travailleurs, des municipalités,
des entreprises, des représentants d'entreprises sur le projet de loi n° 50.
Le projet de loi n° 50, c'est quoi? C'est
le renouvellement des droits hydrauliques de la rivière Shipshaw pour la
compagnie Produits forestiers Résolu, qui est, au fond, une héritière de la
compagnie Price. Et pourquoi c'est important? Parce que c'est un des seuls
endroits au Québec qui a échappé à la nationalisation de l'hydroélectricité en
permettant à une entreprise d'avoir un bail, d'avoir des droits hydrauliques
pour exploiter ses propres machines, et ainsi créer des emplois, créer de la
richesse.
Donc, c'est un projet de loi important. Mais
malheureusement le gouvernement ne va pas assez loin. Le gouvernement veut
renouveler les droits pour les 10 prochaines années, pour un montant de
100 millions d'investissements structurants. Juste pour vous dire que la
première loi, en 1998, sous le Parti québécois, prévoyait 390 millions.
Avec les libéraux, on est descendus à 150 millions. Et là la CAQ veut demander
100 millions d'investissements structurants pour les 10 prochaines
années, avec, en plus, un décompte qui serait déjà commencé, donc, en 2018 au
lieu de débuter lors de l'adoption de la loi ou en 2021. Alors, ça veut dire
qu'il y a déjà des investissements, là, qu'on pourrait retirer des
10 prochaines années pour arriver au compte de 100 millions. Et ce
bail serait renouvelable pour un… en échange de 100 autres millions, pour
10 années additionnelles, ensuite, ce qui nous porte à 2041‑2042 en tout
et partout. Alors, c'est nettement insuffisant.
Ce qu'on a entendu ce matin, c'est des
maires… la mairesse de Saguenay, entre autres, qui veut forcer un peu plus la
compagnie à investir davantage, et moi, je suis d'accord avec ça, surtout des
investissements pour relancer l'industrie forestière dans des produits
innovants dans le secteur de l'économie verte.
Je termine en vous disant que, quand on
parle de l'exploitation des ressources naturelles, avec des redevances pour le
développement économique de notre région, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, et c'est
bon aussi pour l'ensemble du Québec, il me semble que les députés les plus
directement concernés devraient être au rendez-vous. Je dois noter l'absence du
député de Dubuc, alors que la rivière Shipshaw, qui est concernée par ce projet
de loi, est en majeure partie dans sa circonscription, avec des installations
hydroélectriques. La MRC, qui était là aujourd'hui, est dans sa
circonscription.
Il y a la présence du député de
Lac-Saint-Jean, M. Girard. Une usine de Produits forestiers Résolu dans sa
circonscription a vu la fermeture récemment de deux machines. Et je suis
étonné de voir qu'il n'a pas encore pris la parole. C'est un député de Montréal
qui questionne les intervenants en commission parlementaire, une fois que le
ministre a laissé la parole pour le gouvernement. C'est un député de Montréal
qui questionne sur l'utilisation des ressources naturelles de la région du
Saguenay—Lac-Saint-Jean. Je trouve ça particulièrement étonnant.
Alors, voilà. Je serais prêt à répondre à
vos questions.
M. Bergeron (Patrice) : Mais,
selon vous, là, les trois députés du caucus caquiste du
Saguenay—Lac-Saint-Jean, là, finalement, ils adhèrent à ça, le
100 millions? Ils se contentent de ça?
M. Gaudreault : Bien, on
dirait, parce qu'ils ne se sont pas prononcés ni dans les médias, ni en
commission parlementaire, ni nulle part, à moins qu'ils l'aient fait derrière
des portes closes, ce qui est possible. Mais, visiblement, ils doivent adhérer
au projet de loi du gouvernement, qui vise à obtenir 100 millions de la
part de la compagnie. Alors, moi, j'aimerais les entendre un peu plus.
M. Bergeron (Patrice) : Et est-ce
que c'est réaliste encore, aujourd'hui, au XXIe siècle, de demander des investissements
justement de 390 millions, par exemple, dans l'industrie forestière ou
papetière, alors que c'est peut-être une industrie qui est en déclin, au fond?
M. Gaudreault : Bien, ce
n'est pas une industrie en déclin comme une industrie en transformation. Est-ce
que c'est une industrie qui a été en déclin à un moment donné? Oui, si on parle
d'il y a quelques années, par exemple, dans les années 2010, 2011, 2012. Est-ce
que c'est une industrie qui est en parfaite santé? Pas encore, mais c'est une industrie
qui va mieux. C'est une industrie qui est en train de faire un virage, et je le
salue, vers une économie verte, vers une production, par exemple, d'énergie
renouvelable à partir de la filière bois, vers la production de papier tissu,
vers la production de fibres cellulosiques, qui viennent remplacer des produits
issus, par exemple, du pétrole ou d'autres productions plus polluantes dans des
produits de consommation courante. Alors, ça, c'est de produits qui sont
intéressants, qui sont issus de la filière bois.
Donc, quand on regarde, pour un projet de
loi comme celui-ci, pour les 10 prochaines années, voire même les
20 prochaines années, si on parle du renouvellement, bien, dans
20 ans, dans 10 ans, l'industrie forestière sera rendue où? Elle sera
rendue ailleurs. Nous le souhaitons. Mais, pour ça, il faut forcer la machine,
c'est le cas de le dire, à investir dans de l'innovation.
M. Bergeron (Patrice) :
Ce serait quoi, vous, votre plancher, là, d'investissement qu'on devrait forcer
l'industrie à faire ou Résolu à faire au Saguenay—Lac-Saint-Jean?
M. Gaudreault : Bien,
pour moi, c'est clair qu'il faut minimalement, minimalement, ne pas aller plus
bas que l'ancien contrat qui était à 150 millions. Ça, ça m'apparaît le
minimal. Et, deuxièmement, il faut partir le compteur minimalement à partir de 2021‑2022,
comme le demande la MRC, par exemple. Alors, ça, pour moi, ça m'apparaît, là,
la base.
Puis l'autre élément, c'est aussi de
prévoir un plancher d'emploi ou de prévoir des emplois qui sont associés parce
que, là, dans le projet de loi, on ne parle pas d'emploi. On parle de fermetures.
Autrement dit, il peut y avoir des conséquences de se voir retirer le bail si
la compagnie ferme des usines. Ça, c'est l'autre élément qui m'apparaît
insuffisant. On ne parle pas d'emploi, mais on ne parle pas de machines, parce
que, vous le savez, il peut y avoir une usine qui a plusieurs machines. Par
exemple, jusqu'en 2011, il y avait l'usine de Kénogami qui avait deux machines.
L'usine continue de fonctionner. Donc, au sens strict, la compagnie respecte le
bail, mais il y a une machine de moins. Puis la machine de moins, quand elle a
fermé en 2011, ce n'était pas loin de 150 emplois. Donc, c'est majeur.
Alors, il faut revoir la formulation du
projet de loi pour que ça soit plus sévère pas juste en termes de millions
d'investissement, mais en termes de conditions rattachées à ça.
M. Bergeron (Patrice) : Est-ce
que les syndicats vous appuient dans cette démarche-là, les syndicats de
travailleurs?
M. Gaudreault : Bien, j'ai
regardé les mémoires des syndicats. Moi, j'ai eu des contacts avec eux dans les
dernières semaines, et les syndicats parlent effectivement d'emploi, parlent
d'investissements beaucoup plus structurants. Et ce qui est intéressant du côté
des syndicats, c'est qu'ils sont prêts, effectivement, à reconvertir les
machines, à se reconvertir eux-mêmes pour être capables de faire un nouveau
type de production.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
avez un grand rendez-vous demain. Comment vous vous préparez pour ce débat-là,
au juste?
M. Gaudreault : Je me prépare
techniquement et je me prépare mentalement. Alors, je suis à l'ouvrage. Là, évidemment,
aujourd'hui, je fais mon travail de député, qui est tout à fait important. Je
le fais tout le temps, mon travail de député. Mais là, aujourd'hui, on a un projet
de loi qui concerne ma région. Mais je suis très studieux. Je fais mon travail
tel que vous le connaissez. C'est-à-dire que j'ai toujours été connu pour ma
rigueur, mon application au travail, de lire mes documents, de me préparer,
puis c'est ça que je suis en train de faire.
M. Bergeron (Patrice) : C'est
quoi, selon vous, les défis puis les écueils d'un exercice comme celui-là?
M. Gaudreault : Les défis et
les écueils…
M. Bergeron (Patrice) : …d'un
exercice comme un débat.
M. Gaudreault : Bien, je pense
que le défi demain sera quand même d'attirer l'attention aussi des médias. On
est dans un contexte où on ne peut pas malheureusement avoir une assistance,
donc d'avoir une foule, d'avoir une salle remplie de militants. Alors, il va
falloir attirer l'attention via les réseaux sociaux, la webdiffusion, etc. Donc,
ça, c'est un défi important. Puis l'autre défi, bien, c'est de se montrer
convaincant avec les idées, avec le plan pour accéder à l'indépendance, avec le
plan pour prendre le pouvoir en 2022. Et ça, bien, je pense que j'ai des bons
atouts avec moi.
M. Bergeron (Patrice) : Dans
le calendrier de la course ou les étapes de ce grand marathon qui va vous mener
au 3 octobre, où est-ce que ça se situe, ce débat-là, selon...
M. Gaudreault : Au 9 octobre.
M. Bergeron (Patrice) : Oui,
excusez-moi, le 9 octobre. C'est vrai, le résultat est dévoilé le
9 octobre. Où est-ce que ce débat-là se situe dans ce grand marathon-là,
selon vous?
M. Gaudreault : Bien, c'est le
premier débat. Alors là, c'est la première fois que les candidats pourront se
colletailler sur des enjeux de contenu et sur l'avenir du parti. Il y a
plusieurs militants, moi, qui me disent : Sylvain, on va attendre le
premier débat avant de se positionner. Donc, je pense que c'est un débat très,
très important dans le contexte de la course. Puis on arrive quand même dans un
contexte de COVID. Donc, il va falloir aussi avoir quand même des propos qui
sont collés à cette réalité indéniable.
M. Bergeron (Patrice) : …vous
permettre de ne pas sortir gagnant d'un débat comme celui-là?
M. Gaudreault : Drôle de question.
En fait, je suis très confiant d'en sortir gagnant. J'en suis très confiant, de
sortir fort. Moi, mon objectif, c'est que les gens apprennent à me connaître,
que les membres du Parti québécois me connaissent davantage. Je suis déjà bien
connu à l'intérieur du parti, mais je veux démontrer encore plus qui je suis.
Mme Senay (Cathy) : I would go in English.
M. Gaudreault : In English without the mask, please, because I read a little bit on
lips.
Mme Senay (Cathy) : I'm far away from everybody, so I'm alright. As Patrice just asked
you, how do you see this first verbal debate?
M. Gaudreault : Yes, it's a very important debate because this is the first one. And
many members of the Parti québécois said to me during this campaign : I will see, I will wait
after the debate, the first debate, because… I think it's absolutely correct. I
think it's absolutely normal to wait the first debate between four candidates.
And this is the first time when we talk together, and I think it's very
important. And, for me, it's a new opportunity to talk with all the members of the
Parti québécois.
Mme Senay (Cathy) : How important… for you that the protection of the French language
be a crucial topic tomorrow?
M. Gaudreault : Yes, the protection of the French language is the priority of the Parti québécois and for Québec in the future. But, tomorrow, the
topic of the debate, it's about independence, freedom, education, First Nations.
So, of course, I think we will have many opportunities to talk about the French
language, but, probably the second debate or maybe the third debate, it will be
the principal topic.
Mme Senay (Cathy) : And, for you, the protection of the French language...
M. Gaudreault : Overall?
Mme Senay (Cathy) : …yes, is it crucial, because...
M. Gaudreault : Of course, it's crucial. It's crucial because I can't accept that Montréal is not French as Toronto is
English. You understand? When you arrive in Montréal, for me, my vision is
Montréal to be… is French as Toronto is English when you arrive in Toronto. And
actually I know that English is
more, and more, and more present in Montréal, and I think it's a very important issue. And this is why I propose to rewrite…
Mme Senay (Cathy) : To review?
M. Gaudreault : …but more than review, rewrite absolutely from zero a new charter of the French language. We will keep all
the purpose from Bill 101, but it's absolutelyimportant to
rewrite a new Bill 101 on the basis of the actual situation. You understand?
Mme Senay (Cathy) : Yes, I do. Thanks. And one last question. Do you remember, during the election, the provincial election in
2018, the first time there was an English leaders' debate? If you become the
next leader of the PQ, would you say yes to a leaders' debate in English or it
sends the wrong message?
M. Gaudreault : The official language in Québec is French, so I will participate in a French debate only.
Mme Senay (Cathy) : Thank you. Merci.
M. Gaudreault : Thank you.
(Fin à 13 h 29)