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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Wednesday, August 12, 2020, 9 h 15

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt-deux minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Très content d'être à l'Assemblée nationale ce matin alors que commence une commission parlementaire importante. Elle est importante, et donc c'est dommage, c'est très dommage qu'elle se tienne au milieu de l'été.

Je veux vous rappeler que le 28 mai dernier Québec solidaire avait déposé une motion à l'Assemblée nationale pour demander que se tienne une commission parlementaire sur les applications de traçage et que cette commission se tienne avant la fin de la dernière session parlementaire. Cette motion a été battue par le gouvernement de la Coalition avenir Québec, et c'est pour ça qu'on se retrouve aujourd'hui, plusieurs mois plus tard, à tenir ce débat important au milieu de l'été.

Bien sûr, c'est mieux de le faire au milieu de l'été que de ne pas le faire du tout. Bien sûr, on est contents, au fond, que le gouvernement se soit ravisé puis se soit rallié à la position de Québec solidaire. Mais on aurait dû faire ça à un autre moment. On est au milieu du mois d'août, il y a encore des centaines de milliers de Québécois et de Québécoises qui sont en vacances, ce n'est pas le meilleur moment pour tenir ce débat-là, et je m'en voudrais de ne pas le mentionner d'entrée de jeu.

Bien sûr, on va participer à la commission de manière constructive parce qu'on a énormément de questions pour les experts qui vont témoigner dans les prochains jours. C'est un dossier sensible, c'est un dossier complexe, il y a des enjeux éthiques importants, des enjeux de sécurité, des enjeux de santé publique, et on souhaite aller au fond de ces enjeux dans les prochains jours.

Québec solidaire sera toujours en faveur des moyens qui sont efficaces pour lutter contre la pandémie de COVID-19, et c'est la question à laquelle on va chercher une réponse cette semaine : Est-ce que ces applications-là sont efficaces ou non pour lutter contre la COVID-19?

Notre position n'est pas arrêtée encore, mais je ne vous cacherai pas qu'on regarde attentivement ce qui se passe à l'extérieur du Québec, notamment au niveau canadien, mais aussi dans d'autres pays dans le monde. Et, jusqu'à maintenant, ce qu'on constate un peu partout dans le monde, dans les endroits où ces applications-là ont été recommandées, c'est qu'elles sont très peu téléchargées par la population et que, par conséquent, leur efficacité pour la santé publique est extrêmement limitée, alors que les risques pour la vie privée, eux, sont bien réels.

Alors, ce n'est pas un équilibre facile à trouver, mais on se présente à cette commission-là plein de bonne foi pour tenter de trouver cet équilibre-là justement. Merci.

Mme Prince (Véronique) : Bonjour. Véronique Prince, Radio-Canada. Vous ne le voyez pas quand même comme un outil supplémentaire dans la mesure où déjà les gens, avec Google, la plupart du monde ont déjà activé leurs données de géolocalisation, tu sais, volontairement? Les gens, déjà, on est capable de savoir où ils se trouvent et où ils se déplacent. Est-ce que d'ajouter ça en plus, ce n'est pas un outil supplémentaire pour la santé publique? Et le risque, de toute façon, est déjà là avec le reste.

M. Nadeau-Dubois : Une application de traçage, ça peut être un outil. Encore faut-il que l'outil fonctionne. Sinon, c'est juste un risque inutile. Et il faut se baser sur ce qui se fait ailleurs dans le monde. Ailleurs dans le monde, où ces applications-là ont été mises en place, elles ne sont pas efficaces. C'est le bilan qu'on peut tirer à ce stade-ci. Et c'est des questions que je vais poser aujourd'hui, demain et vendredi : Qu'est-ce qui nous garantit qu'au Québec ce sera différent? Parce que, pour qu'un outil soit utile, il faut qu'il fonctionne. Sinon, il est inutile.

Je veux quand même répondre aussi à la deuxième partie de votre question parce que c'est superpertinent. Le fait de faire une erreur une fois comme société, en laissant des technologies se répandre alors qu'on n'est pas pleinement conscient des risques qui y sont associés, ce n'est pas une raison pour faire la même erreur encore et encore par la suite.

Je pense que tout le monde au Québec… en fait, pas au Québec, je pense qu'il y a un consensus qui s'installe à travers le monde à l'effet que les grandes entreprises de technologie se sont infiltrées dans notre vie privée, et on est plusieurs à réaliser qu'on ne s'en est pas rendu compte. Alors, maintenant qu'on fait ce constat-là, ça veut dire qu'il faut plus que jamais avoir une attitude prudente, une attitude critique quand, encore une fois, on nous arrive en nous promettant des solutions technologiques miracles.

Mme Prince (Véronique) : Mais, je vais juste me faire l'avocate du diable, là. On a déjà des alertes sur nos téléphones pour des orages violents ou des tornades, c'est la Sécurité publique qui a mis en place ces alertes-là. Donc, le gouvernement sait déjà dans quels secteurs on se trouve parce que c'est des secteurs ciblés où on reçoit l'alerte. Alors, en quoi c'est différent de recevoir une alerte supplémentaire pour nous dire : Bien, vous êtes dans un secteur où il y a eu de la COVID-19 puis qu'il y a des gens autour de vous qui l'ont eue?

M. Nadeau-Dubois : C'est une bonne question, puis la réponse pourrait faire 15 minutes parce qu'il y a beaucoup de différences. Bon, d'abord, il est question de notifications, ici, pas sur ce qui tombe du ciel, mais sur ce qui se passe à l'intérieur de notre corps, sur notre état de santé. Je pense que ce n'est pas la même chose.

D'autre part, il y a toutes sortes d'effets collatéraux potentiels à une application comme celle-là. Je pense, par exemple, et c'est mentionné par plusieurs experts en éthique, au risque de discrimination. Comment est-ce qu'on fait pour que le fait d'être testé positif et de recevoir une notification par cette application-là ne soit pas utilisé pour, par exemple, filtrer l'entrée de certaines personnes dans certains bâtiments? Et là, ça, je ne raconte pas une histoire d'horreur, c'est arrivé dans certains pays, où une application comme celle-là a été utilisée, il fallait scanner son téléphone avant d'entrer dans un immeuble, et, si on avait reçu un diagnostic, on ne pouvait pas rentrer.

Donc, ça, ce n'est pas des risques qui sont présents quand on parle d'une application pour nous dire s'il va pleuvoir ou neiger. Donc, il y a des risques spécifiques associés à ces applications-là spécifiquement.

Il y a aussi le risque de faux positif, hein? La technologie Bluetooth, ce n'est pas la technologie parfaite. Mon téléphone, là, il ne peut pas savoir si, en ce moment, il y a un Plexiglas entre moi et mon attaché de presse, et pourtant on va passer 15 minutes assez près l'un de l'autre. Bluetooth, il ne le sait pas si on est séparés par un Plexiglas, il ne le sait pas, Bluetooth, non plus si on porte un masque ou non. Alors, comment on fait pour éviter que cette application-là génère des faux positifs puis génère un faux sentiment de sécurité auprès de la population?

C'est des questions qui peuvent avoir l'air banales, mais qui sont absolument essentielles, parce que, si la technologie n'est pas à point, on va se sentir en sécurité parce qu'on a l'application sur notre téléphone, mais on ne sera pas en sécurité pour vrai, et ça, ça peut être dangereux quand on veut gérer une pandémie.

Le Modérateur : Nicolas Lachance, Journal de Québec.

M. Lachance (Nicolas) : Si le gouvernement accepte qu'on utilise une application de traçage dans le cadre d'une crise sanitaire, est-ce que vous ne craignez pas que ça pourrait mener à des dérapages, après, dans d'autres sphères de la société, par exemple, avec la Sûreté du Québec?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est un risque qui existe. C'est-à-dire que, sans tomber dans le sophisme de la pente glissante, là, c'est quand même, quand on pense aux nouvelles technologies, un phénomène qui existe. C'est-à-dire que c'est arrivé par le passé que, dans des circonstances exceptionnelles, on accepte l'utilisation d'une certaine technologie, et, lorsque la situation exceptionnelle disparaît, la technologie, elle, demeure. Et là, oui, il y a un risque qu'à cause de la pandémie on expose davantage notre vie privée et que, lorsque la pandémie se termine, parce qu'elle va quand même se terminer un jour, bien, que ces brèches dans la vie privée, là, elles restent entières. Alors, oui, c'est un risque qui existe. Il faut être vigilant. Ça va faire partie des questions qu'on va poser.

M. Bossé (Olivier) : Est-ce que vous estimez que les différentes compagnies qui mettent en place cette application-là profitent de la pandémie pour…

M. Nadeau-Dubois : Ah! c'est un des risques. C'est un des risques. Il ne fait aucun doute... Comment dire? Le modèle d'affaires des Google et Apple de ce monde, c'est de capitaliser sur l'utilisation des données personnelles. C'est leur modèle d'affaires. C'est comme ça que ces compagnies-là font de l'argent. Et ils en font de plus en plus en récoltant de plus en plus de données sur la vie des gens. Alors, il ne fait aucun doute que, dans l'esprit de ces entreprises-là, il y a une occasion avec la pandémie. La pandémie représente une occasion de s'infiltrer davantage dans la vie privée des gens pour par la suite, oui, développer d'autres produits, d'autres applications pour faire encore plus de profits. Ce risque-là, il existe. Et c'est pour ça que c'est important d'avoir un débat public comme celui qu'on a, dans les prochains jours, sur ces applications-là.

D'ailleurs, dans l'État de New York, il y a un chantier qui a été lancé, un partenariat entre une grande entreprise de technologie et le gouvernement pour voir comment, à partir de la situation de la pandémie, on ne pouvait pas commencer à développer de plus en plus d'intégration entre les technologies et la vie des gens. Donc, ce n'est pas de la théorie du complot, il ne s'agit pas de crier au loup ici. Il faut juste être conscients que les entreprises qui nous proposent ces bébelles technologiques là, elles ont un agenda économique et elles veulent faire de l'argent.

Nous, comme députés, on a un agenda, mais il est différent. Nous, notre agenda, c'est la santé publique. Il faut faire l'équilibre entre ces choses-là puis s'assurer qu'au nom de la santé publique on ne tombe pas dans certains pièges.

M. Bossé (Olivier) : Si c'était disponible demain, Gabrielle Nadeau-Dubois téléchargerait l'application?

M. Nadeau-Dubois : Si, ce matin, il y avait une application, je ne la téléchargerais pas, non. On verra, à la fin de la semaine, quelle sera ma réponse.

La Modératrice : Est-ce qu'il y a d'autres questions en français? On va passer en anglais.

Mme Senay (Cathy) : Good morning. There's already COVID Alert<V, the federal application, that it's on. For example, Ontario is on board. So, the train has left the station. Why we should wait, in Québec, to use this application that notifies you if you've been in contact with a person who tested positive?

M. Nadeau-Dubois : Well, last time I heard, health care was a competency of the Québec Government. I think the Québec Parliament has the authority to decide if we want or not to use such an application. It's a problem that the federal Government authorized such an app so quickly and without any debate. And I'm proud that Québec legislators are taking the time to think about it and debate about it, because it is not… You know, it is something important, it is a significant choice that we have to make. And urgency, in a time of crisis, is not always the best momentum to take such risks.

Mme Senay (Cathy) : ...there is no address, location, name... your health information. So what are the risks, then?

M. Nadeau-Dubois : Well, first of all, that is one of the issues of the debate: Which type of application should we talk about? Some of them do not collect personal information, some of them do. And in France, for example, the app that was announced was supposedly not collecting any personal data, but experts have analyzed its code and found that there was a backdoor, in the code of that app, that had the consequence that the app was, in fact, collecting some personal data.

So, it's not black and white. Some apps have been pushed outside of Canada as something that would perfectly protect the privacy of the people, and sometimes it was not the case. So, we have to thread carefully, we have to ask questions and have a real public debate. Because I think it is a good reflex to be doubtful when technological solutions are put forward as a miracle solution to a problem that is not a technological problem. It's a health care problem, it's a social problem, and I think social solutions should be put forward before technological solutions.

Mme Fletcher (Raquel) :...contact tracing software? For instance, you're going to a restaurant, and the restaurant asks you to record your personal information in order to eat there. We've seen this already at construction sites, and there doesn't seem to be really, like, clear guidelines or a framework of what is acceptable, what's allowed, what isn't.

M. Nadeau-Dubois : Well, that's one of the problems. Our laws have been written in another era. Our privacy laws have been written in an era where those apps didn't exist. And I want to remember everyone that last May the president of the Commission d'accès à l'information of Québec said on the record that our laws were not adapted to such applications. So it's not because in the past we've accepted such privacy breaches that we have to continue to do it. No. Making two mistakes, no. There's a good saying in English for that, you know: Two wrongs don't make a right.

Mme Fletcher (Raquel) : Can we ask you on the OQLF report about English and the…

M. Nadeau-Dubois : Well, it is a disturbing news and it is unacceptable that so much businesses are asking for people to speak English in order to have a job. And the Government has to respond, the Government has to remind those businesses of their duties. And I think that the businesses themselves also have to realize that, when they are asking for such things, actually, they are keeping themselves from getting employees that have talent, that want to contribute to their business, but that are Francophones, whether they were born here or are from recent immigration. So, you know, French as the common language in the workplace is not an obstacle for businesses. It is a way to have all Quebeckers have access to as much jobs as possible.

M. Authier (Philip) : Yesterday, Premier Legault was asked about the inquest into the CHSLDs again, and he seemed a bit fuzzy that... he said it might only happen after a second pandemic, if there is a second wave. What's your position on that? What is required? What is the minimum that you think should be done to follow up what happened in the CHSLDs?

M. Nadeau-Dubois : Honestly, I don't understand why that issue has not progressed more during the summer. I have the feeling that we're exactly at the same place that we were two months ago. I think it is possible to begin a process of inquiry even if the pandemic is not over. Because, you know, we don't know when the pandemic will end, maybe in six months, maybe in a year, so we can't push forward that inquiry because the virus is still there. The virus is here for some time. So I think it is possible to begin a process of inquiry even if the pandemic is not over. In fact, the Protectrice du citoyen is doing exactly that. She's doing an inquiry on CHSLDs and she will begin her work even if the pandemic is still on.

M. Authier (Philip) : What would be your minimum requirement for the inquiry? Like, does it have to be hearings? Does it have to be public? What is the minimum basic you would accept?

M. Nadeau-Dubois : Well, it has to be a transparent process. It has to be a public process. It has to go in depth on the structural problems that are responsible for the catastrophe that we lived in Québec a few months ago. But, yes, it is important to have this inquiry.

But I want to emphasize the fact that what we need even more than an inquiry is a realization that public services have to be massively refunded in Québec. It's good to ask questions, but we already have some answers. Austerity is a bad collective choice. Austerity has fragilized our health care system. Austerity must end.

Mme Senay (Cathy) :...detail about this. I remember Premier Legault saying about Ontario putting in place a public inquiry... and saying: We'll be faster than them because we want to put in place a scientific inquiry. Is it confusing that, in the middle of August, they have no idea where we're going with this?

M. Nadeau-Dubois : It is confusing that the answers today are less clear than they were two months ago. The Government's answer should be clearer now than two months ago. So, I don't understand why we're still at the same spot. This should have progressed more quickly. And we need answers soon. And we can begin that work even if the virus is still among us.

Le Modérateur :Merci beaucoup...

M. Nadeau-Dubois : Merci.

(Fin à 9 h 41)

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