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Point de presse de Mme Ruba Ghazal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’environnement

Version finale

Thursday, June 18, 2020, 9 h 15

Salle Louis-Hippolyte-La Fontaine (RC.184), hôtel du Parlement

(Neuf heures vingt minutes)

Mme Ghazal : Alors, bonjour. Bonjour, tout le monde. Bien, ce matin, on apprend que le plan vert de la CAQ, qu'ils devaient présenter avant la pandémie, rate totalement sa cible de réduction de gaz à effet de serre. Ça, ça augure très, très mal pour le plan que le ministre Benoit Charette nous dit qu'il va présenter à l'automne.

Le premier ministre nous dit que l'année 2020 devait être l'année de l'environnement. Moi, je pense que c'est raté, c'est-à-dire que le ministre Benoit Charette m'inquiète énormément par rapport à ses objectifs, par rapport au plan qu'il va déposer à l'automne. Et je vous le dis, là, j'ai vraiment perdu espoir. Ça fait quelques semaines, là, qu'on travaille en commission parlementaire, je le vois aller, et ce que je vois, c'est vraiment un ministre qui s'intéresse peu à l'environnement, même à la lutte aux changements climatiques, qui manque d'ambition, qui est passif, comme son gouvernement qui est climatopassif. Et, en plus de ça, on l'apprenait récemment, c'est un ministre qui est au service des promoteurs. C'est ça son objectif, c'est ce qu'il a demandé à son sous-ministre de dire à son ministère.

Donc, moi, je trouve ça très, très inquiétant. Et, en plus, preuve de plus, il n'a pas l'air à s'être vraiment, vraiment battu ou même intéressé de faire partie du groupe que le gouvernement a mis en place pour relancer l'économie, parce que, malgré le discours, il nous dit qu'il ne faut jamais opposer environnement et économie, bien, dans les actions, ce gouvernement-là fait exactement ça, opposer environnement et économie, et le fait qu'il ne fasse pas partie de ce groupe-là le prouve.

Le seul grelot, là, qu'on voit dans son plan, c'est les 1,5 million de voitures électriques qui vont apparaître en 2030. Comment elles vont apparaître? Qu'est-ce qu'il va mettre en place pour que ça arrive, qu'on arrive à atteindre cette cible-là? Rien. Comme si ça apparaissait, pouf, comme ça, tout d'un coup, en 2030, il va y avoir 1,5 million, alors qu'il n'y a rien pour le prouver. Il y a eu même M. Pineau qui disait : C'est des milliards de dollars. Est-ce que c'est prévu cet argent-là ou pas? J'ai l'impression que c'est un ministre... en fait, c'est totalement irréaliste, ce qu'il nous présente, ce qu'il nous dit puis ses objectifs.

Vous savez, on est dans une crise, la crise de la COVID, qui est extrêmement éprouvante pour les gens, extrêmement épouvante partout à travers le monde, et, particulièrement au Québec, on y a vraiment goûté. Mais souvent, les crises, comme si on regarde dans l'Histoire, ce sont des moments où il y a des opportunités qu'on peut saisir. Et, en ce moment, quand on regarde tout ce qui se dit à travers le monde, il y a des gens qui disent qu'il faut résister au «business as usual», il faut résister à une économie comme avant, il faut résister de reléguer la lutte aux changements climatiques au second plan.

C'est exactement le contraire qu'il faut faire en pleine crise, crise de la pandémie, mais aussi crise économique. Il faut, au contraire, investir dans une relance économique verte, et d'ailleurs l'Union européenne, c'est ce qu'elle a dit, c'est ce qu'ils ont décidé de faire, les pays membres. Il y a même des investisseurs, des banquiers, qui disent aux États : Il faut... c'est le moment d'investir pour une économie verte parce qu'on ne peut pas se permettre de vivre... d'avoir toutes les conséquences d'une crise climatique, parce qu'il y a aussi urgence.

Et moi, je trouve que le Québec a tout ce qu'il faut pour ne pas rater cette opportunité-là. On a une énergie propre, on a un consensus social, ce qui n'existe pas ailleurs. Les patronats, les syndicats et les groupes écologistes, ils se sont mis ensemble rapidement pour dire : Voilà les pans de notre économie où on doit faire des changements importants, et il faut les faire maintenant, ne pas attendre en 2030.

M. Chouinard (Tommy) : Le ministre dit qu'il y croit tellement, à cette cible de 37,5 %, qu'il a décidé de l'inscrire dans son projet de loi. Il dit qu'on va y arriver puis on va prendre les mesures pour y arriver. Est-ce que vous trouvez... Compte tenu de ce qu'on dit du plan, trouvez-vous qu'il y a là contradiction?

Mme Ghazal : Écoutez, moi, depuis que j'entends le ministre puis que j'étudie le projet de loi n° 44 — puis oui, il l'a mis, le 37,5 %, en fait, pour le solidifier, c'est-à-dire dire qu'on ne peut pas aller en bas de ça — il y a énormément d'incohérences, énormément d'incohérences dans tout ce qu'il propose. Il dit : Il faut qu'on atteigne cette cible-là, lointaine, en 2030. Très bien.

Maintenant, on ne peut pas juste avoir une cible lointaine puis, après ça, faire des actions qui vont exactement à l'encontre. Il faut, par exemple... un exemple très précis que j'ai amené en commission, c'est toute la question des cibles sectorielles ou budget carbone. Pour lui, ça peut être la même chose, c'est-à-dire c'est comme un budget financier. On ne peut pas dire : D'ici 2030, on va réduire les coûts de 37,5 % puis on ne fera pas de budget, on va essayer d'y arriver en faisant des actions parcellaires à gauche et à droite. Mais il faut qu'on soit sérieux, et ce ministre-là n'est pas sérieux quand il parle de l'environnement et de l'atteinte des cibles.

Même s'il l'a mis, il ne faut pas juste croire sur parole. J'essaie d'amener... pourquoi on ne met pas... pourquoi il n'accepte pas l'amendement, et je vais le ramener, d'avoir des cibles sectorielles, d'avoir un budget carbone, pour que chaque ministère, chaque organisme public, toutes les actions qui soient faites, bien, qu'ils aient un plafond d'émissions qu'ils peuvent émettre. Un peu comme des dollars, ils ne peuvent pas émettre plus que tant d'argent... c'est-à-dire, dépenser tant d'argent, et d'autres vont en dépenser plus. Au net, il faut arriver à atteindre le 37,5 %, et moi, le 37,5 %, ce n'est même pas suffisant. Je veux dire, on a tout ce qu'il faut pour avoir des cibles plus ambitieuses, et cette discussion-là, je continue à... avoir avec le gouvernement.

Un autre amendement que j'ai apporté, c'est de faire une analyse de risques climatiques, c'est-à-dire que chaque action, chaque décision, chaque règlement, chaque projet de loi, de l'analyser, juste de l'analyser, de dire quel impact ça a sur cette cible-là, quel impact ça a sur la lutte aux changements climatiques, pour s'assurer qu'on n'annule pas d'une main ce qu'on fait de l'autre main. Il l'a refusé. Ce n'est pas sérieux, ça manque de cohérence.

Le Modérateur : D'autres questions? On a encore quatre minutes.

M. Bergeron (Patrice) : On vous regarde aller, là, mais c'est parce qu'on dirait que vous n'avancez pas dans ce projet de loi là, là. Il y a 77 articles plus tous les alinéas, puis tout le monde utilise son temps de parole au maximum, puis on est rendus à combien d'articles, là, jusqu'à maintenant? Pour la population, on ne peut pas dire que les parlementaires sont très efficaces dans l'étude d'un projet de loi, actuellement, là.

Mme Ghazal : Moi, c'est ma troisième commission parlementaire, et je vous assure qu'on n'utilise pas tout notre temps. Il faudrait faire un calcul, c'est arrivé plein de fois qu'on ne l'utilise pas. Il ne faut pas rentrer dans le discours du ministre. En fait, ce n'est pas vrai, parce que, quand on amène des amendements... il ne faut pas regarder à quel article on est rendus puis combien d'heures on a passées.

Chaque amendement que j'apporte n'est pas superflu. Je suis très contente que vous suiviez la commission, parce que c'est un projet de loi très important, qui va durer très longtemps dans le temps et qui va... une, si on veut, des pièces du puzzle pour nous permettre d'atteindre nos cibles et nos engagements internationaux en matière de lutte aux changements climatiques. Et vous écouterez ce qu'on amène, il n'y a pas une seule fois où les discussions qu'on a avec le ministre sont superflues ou inutiles, et lui-même le reconnaît à plusieurs reprises. Il a dit: C'est vrai que c'est pertinent, mais je ne l'accepte pas ici, l'analyse d'impact climatique, le budget carbone. J'ai amené de mettre l'urgence climatique, et il a accepté de le faire, de... J'ai aussi amené un amendement qu'il a accepté.

Moi-même, mes collègues, on... pour vrai, vous comparez aux autres, on avance dans les discussions, dans les éléments qu'on apporte. Il n'y a pas d'obstruction. Ce n'est pas un calcul mathématique, combien d'heures, combien de temps on est rendu. Et le ministre, il faut qu'il ait une ouverture. Quand il a une ouverture, parce que c'est un petit peu changeant, ah, on peut avancer. Il y a des discussions qu'on a, et c'est très, très profitable pour les gens qui écoutent et qui suivent la commission. Mais, des fois, il y a une fermeture complète, totale, puis nous, on essaie de naviguer là-dedans. Mais il n'y a pas une seule fois...

L'objectif, ce n'est pas de faire l'obstruction. Si vous suivez, vous verrez qu'on fait avancer les discussions, on fait avancer les éléments qu'on essaie d'amener. Moi, je l'ai étudié, ce... Je suis ici, c'est l'été, et je suis ici, et je prends très au sérieux le travail que je fais. Et j'ai encore espoir de sauver Transition énergétique Québec. J'ai encore espoir, même si je vous ai dit tout à l'heure que j'ai perdu espoir. Mais on n'a pas le choix, il faut qu'on continue à travailler. Et ce discours-là mensonger du ministre, de dire qu'on fait de l'obstruction, ce n'est pas vrai. Les faits... si on regarde, tout est enregistré, ce n'est pas vrai.

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce que vous êtes prêts à siéger tout l'été, justement, pour le faire avancer, ce projet de loi là?

Mme Ghazal : Moi, mon objectif, comme je vous le dis, ce n'est pas de gérer un calendrier, de savoir quand est-ce qu'on... à quel article on est rendus. Moi, mon objectif, quand le gouvernement nous appelle, c'est d'être ici puis de travailler sur ce projet de loi pour le faire avancer, pour... c'est-à-dire pour le changer surtout. C'est surtout ça. Ce n'est pas juste pour le faire adopter, faire adopter n'importe quoi. Donc, le ministre nous a appelés cette semaine, j'ai répondu présente.

Le Modérateur : Une dernière pour Tommy.

M. Chouinard (Tommy) : Quelles mesures concrètes supplémentaires... Donnez-moi des exemples de mesures concrètes supplémentaires que le plan vert du gouvernement devrait comprendre aussi.

Mme Ghazal : Bien, par exemple, quand on parle de l'électrification des transports, ça, c'est un pan, mais il y a aussi toute la question du transport actif, du transport en commun, les investissements. Il faut faire... On a un retard, il y a un rattrapage à faire, donc des investissements en transport en commun massifs. Il ne faut pas qu'il y ait aucun... c'est-à-dire qu'il faudrait que, dans le plan, on dise: Les énergies fossiles, c'est fini. On ne peut pas dire : On va électrifier d'un côté et continuer à utiliser du gaz et du pétrole comme, par exemple, le projet GNL Québec. Plus aucune énergie fossile, plus aucun hydrocarbure. Juste ça, juste dire ça, comme d'autres pays ont décidé de le faire, c'est déjà un pas que le gouvernement ne veut même pas avancer là-dedans.

Il y a aussi toute la question des circuits courts en agriculture. On parle beaucoup de l'alimentation, de la sécurité alimentaire, de vraiment encourager les petits producteurs, c'est-à-dire agricoles, les petits agriculteurs qui nourrissent les Québécois. Quand on parle d'achat local, il ne faut pas que ça soit juste un site, là, qu'on lance comme ça pour faire des communications. Bien, il faut se donner aussi les moyens de cet achat local. Il faut que le gouvernement commence par donner l'exemple en achetant lui-même localement, en ayant toute sa flotte de véhicules qui soit électrique, le transport des marchandises, les bâtiments, faire des rénovations des bâtiments, par exemple, des logements sociaux et écoénergétiques. Ça aussi, ça crée de l'emploi, ça aussi, c'est des investissements et, ça aussi, règle un problème de logement.

Donc, des exemples, il y en a plein. Il y a eu le groupe des 15, qui sont sortis très, très rapidement au moment de la crise et qui ont dressé une liste. Il y a le pacte, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de matériel. Il faut que le gouvernement s'en serve, et qu'il ne reste pas uniquement dans les discours, et qu'il reste avec un plan qui va nous amener à rater notre cible, tout simplement, de faire comme l'ancien gouvernement.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 32)

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