(Onze heures trente-six minutes)
Le Modérateur
: Alors,
mesdames messieurs, chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse
pour faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier
ministre du Québec, M. François Legault, est accompagné aujourd'hui de la
ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du
directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda.
Alors, M. le premier ministre, à vous
la parole.
M. Legault : Merci beaucoup.
Bonjour, tout le monde. Le masque que je porte aujourd'hui a été fabriqué par
Les ateliers Créaction du Suroît. C'est un organisme d'économie sociale de
Valleyfield, qui s'occupe des jeunes femmes de 14 à 24 ans qui vivent des
difficultés. Et le député de Beauharnois, Claude Reid, m'expliquait qu'en
décembre dernier leur local est passé au feu, que la communauté s'est
mobilisée, et ça réouvre la semaine prochaine. Donc, bravo! Ils aident les
jeunes femmes qui ont toutes sortes de difficultés.
Aujourd'hui, on franchit un cap qui est
important, 5 000 décès. Évidemment, j'offre mes condoléances à toutes
les familles, tous les proches de ces 5 000 victimes. C'est beaucoup
de monde, beaucoup de Québécois, Québécoises. 90 % vivaient dans des résidences
de soins de longue durée, que ça soit des CHSLD, des RPA ou des RI.
Évidemment, là, comme premier ministre, ça
me touche, et je l'ai déjà dit, puis je le répète, je me sens le devoir de m'assurer
que la situation soit longtemps dans nos CHSLD. Malheureusement, on n'a pas agi
assez rapidement, les différents gouvernements qui se sont succédé.
Principal problème, il nous manquait à peu
près 10 000 employés avant la crise. Comme vous le savez, là, lundi
prochain, le 15 juin, il y a 10 000 personnes qui vont débuter
une formation de trois mois pour devenir préposé aux bénéficiaires dans les
CHSLD. Donc, c'est sûr que d'ajouter 10 000 personnes,
10 000 employés dans les CHSLD, ça va améliorer la qualité des
services qui sont donnés aux résidents, mais aussi, puis c'est important de le
dire, ces personnes-là vont être formées, formées, entre autres, en prévention
des infections. Là, je pense qu'il faut être prudent. J'entends toutes sortes
de conclusions. Oui, au début de la crise, surtout au début de la crise, il y a
des visiteurs qui ont infecté des résidents dans les résidences. Il y a du
personnel aussi qui a infecté des résidents. Ça s'est propagé d'un résident à
l'autre, mais il faut se rappeler qu'au début on n'avait pas de certitude, là,
que les personnes qui n'avaient pas de symptômes pouvaient transmettre le
virus, là. Donc, je pense qu'il faut être prudent avant de jeter le blâme à qui
que ce soit. Je pense que les gens qui étaient là ont fait leur possible.
Et, par contre, comme société, on doit
tirer des leçons. Donc, plus de personnel, plus de personnel formé en
prévention des infections puis il faut absolument rénover nos CHSLD. Encore,
vendredi dernier, je rencontrais le président du CIUSSS de l'Estrie puis il me
racontait qu'on a encore des CHSLD avec deux, trois, quatre personnes par
chambre. Ça n'a pas de bon sens, là, juste en matière de prévention des
infections. Il faut rénover nos CHSLD, il faut construire les nouveaux CHSLD
qu'on va appeler les maisons des aînés, avec des chambres simples, mais des
chambres plus grandes, plus d'espace aussi, si jamais il y avait une deuxième
vague ou s'il y avait un problème comme ça qu'on avait dans les prochaines
années, s'assurer qu'on est capables comme il faut de séparer les zones
chaudes, les zones froides. Donc, il faut tirer des leçons.
C'est certain... je ne vous mentirai pas
en disant que ça va coûter beaucoup plus cher. Si vous prenez juste
10 000 employés de plus, là, faites un petit calcul, à
50 000 $, 49 000 $ par année, c'est 500 millions. Oui,
en plus, il faut ajuster les avantages sociaux. Bon, il va y avoir un peu
d'économies sur le temps supplémentaire, mais il va avoir aussi un impact sur
les résidences privées. On s'est engagés à les aider, ça, c'est de l'argent
récurrent. Évidemment, rénover puis construire des nouvelles maisons des aînés,
c'est des milliards de dollars. Mais honnêtement, je pense que les Québécois
vont être d'accord avec moi pour dire que nos aînés méritent ça et c'est une
question aussi de fierté. Je pense que s'il y a une chose qu'on souhaite tous,
au Québec, c'est de poser les gestes nécessaires pour qu'à l'avenir on soit
fiers de la façon dont on traite nos aînés qui sont dans des résidences de
soins de longue durée.
Maintenant, quand on regarde la situation
actuellement, bon, évidemment, on continue d'avoir beaucoup de décès. Il y a
encore plus de 1 000 personnes qui sont infectées dans les
résidences. C'est beaucoup moins que ce qu'on a connu. À un moment donné, on en
avait presque 5 000. Mais il reste qu'il y a une tendance du côté des
hospitalisations qui est quand même clairement à la baisse. On avait hier
961 personnes hospitalisées. Depuis une semaine, c'est une baisse de 208.
Donc, rappelez-vous, on est montés jusqu'à 1 800 à peu près, là, dans les
hospitalisations. Donc, on est rendus à la moitié de ce qu'on a connu dans le
fameux pic.
Mais ça ne veut pas dire que le virus est
disparu. Il est là. Il rôde et il est parmi nous autres. Et, oui, on doit
réouvrir notre économie, nos activités, la vie un peu plus normale, mais il
faut être prudent. Il faut relancer l'économie, mais sans relancer la pandémie.
Donc, on a besoin de la collaboration des Québécois. Les consignes sont
claires. On se lave les mains. On se tient à deux mètres des autres personnes.
Puis on porte un masque si on est dans un endroit qui a beaucoup de personnes.
C'est sûr que, dans les prochaines
semaines, les prochains mois, on va se concentrer à relancer l'économie. Bon,
j'ai déjà dit, là, Pierre Fitzgibbon, on lui a donné un fonds spécial de
2,6 milliards chez Investissement Québec pour aider les entreprises. Bon,
on a toutes sortes de mesures comme, entre autres, les aider pour les loyers.
Mais c'est important que le plus d'entreprises possible réouvrent leurs portes
pour qu'on voit, entre autres, le taux de chômage baisser, le taux de chômage,
là, qui, selon les dernières statistiques, est à 13,7 %. Donc, il y a
encore beaucoup de monde qui ne sont pas au travail.
Bon, évidemment, je veux vous parler aussi
de notre programme d'infrastructures. Je pense que tous les économistes vont le
dire, quand le secteur privé n'est pas au rendez-vous, bien, c'est au secteur
public, au gouvernement d'en faire plus. Pour en faire plus, bien, il faut
devancer, il faut accélérer les infrastructures. Puis ce n'est pas du
gaspillage d'argent. Là, il y a, d'abord, des CHSLD, des maisons des aînés, il
y a des hôpitaux, là. Moi, qui viens de Sainte-Anne-de-Bellevue, l'hôpital de
Vaudreuil, il me semble que j'en ai entendu parler toute ma vie. Vendredi,
j'étais à Sherbrooke, l'Hôpital Fleurimont, où on veut ajouter un centre
mère-enfant, on l'attend depuis au moins 15 ans. Donc, ça ne sera pas un
luxe d'investir ces milliards en infrastructures.
C'est pour ça qu'on a déposé le projet de
loi n° 61. Puis je veux y revenir. C'est sûr que l'opposition est inquiète,
certains chroniqueurs sont inquiets, je dirais, surtout sur deux aspects.
Premier aspect, les évaluations environnementales. Bon, juste vous dire, au Québec,
là, les évaluations environnementales, ça peut prendre jusqu'à 11 mois.
L'idée, ce n'est pas de réduire les exigences. L'idée, c'est de réduire les
délais, de sauver des mois. Puis je ne peux pas croire qu'on n'est pas
capables, avec l'opposition, avec les trois partis d'opposition, de se donner
des balises pour que ça prenne moins de mois tout en respectant les exigences
environnementales.
Le deuxième commentaire ou la deuxième
inquiétude que j'entends, puis je la comprends, on a vécu la commission
Charbonneau puis toute la corruption dans la construction, il n'y a personne
qui veut retourner là. Donc, on veut s'assurer que les contrats soient donnés
en bonne et due forme. Mais il y a possibilité, à un moment donné, d'accélérer
toutes les étapes, là. Je pense aux expropriations, où il y a des droits de
recours, puis ça peut prendre jusqu'à 18 mois, des mois pour l'aménagement
du territoire. Bon, moi, je pense qu'il y a moyen, tout en donnant les
contrats, tout en s'assurant qu'il y a de la compétition... Écoutez, il n'y a
pas personne, je pense, au Québec, là, qui veut revivre des contrats aux petits
amis, là. Donc, je ne peux pas croire, encore là, qu'on n'est pas capables,
avec les trois partis d'opposition, de se donner des balises pour que ça aille
plus rapidement, sans qu'on retombe dans la corruption, collusion, tous les
problèmes qu'on a vus à la commission Charbonneau.
Bon, évidemment, il y a comme une urgence,
là. J'entends les oppositions dire : Bon, on a déposé ça tard. Il faut se
rappeler, là, que ça ne fait pas si longtemps que ça, là, qu'on vit cette
pandémie. On s'est beaucoup concentrés sur la partie santé; là, on se concentre
sur la partie économie. Mais il y a une urgence d'agir. Il y a une urgence,
d'abord, de rénover nos CHSLD, nos maisons des aînés, de remettre au travail
les gens du secteur de la construction qui ont moins de travail du côté de
l'entreprise privée.
Puis aujourd'hui je veux lancer un message
aux trois partis d'opposition. Je pense que les Québécois souhaitent qu'on
travaille ensemble. Et il y a une urgence d'agir. Donc, je sais que la session
était supposée de terminer vendredi. Ce que moi, je veux dire aux trois partis
d'opposition, c'est que, si c'est nécessaire de la prolonger pour être capables
d'adopter ce projet de loi là puis de remettre des personnes au travail, des Québécois
au travail rapidement, on est prêts à le faire. Je pense qu'on a tous un
devoir, là, pour le bien de l'ensemble des Québécois, de s'assurer qu'on
devance des projets d'infrastructures tout en se donnant des balises pour ne
pas qu'il y ait de corruption, pour que les évaluations environnementales se
fassent, quitte à se faire plus rapidement, là, je suis certain qu'on est
capables de faire des évaluations environnementales en moins que 11 mois.
Donc moi, j'invite les trois partis d'opposition à travailler, tout le monde,
de bonne foi. Moi, je suis convaincu qu'on est capables de s'entendre pour le
bien des Québécois. Merci.
Good morning. With
today's number, Québec has now more than 5,000 deaths linked to the
coronavirus. I want to offer my sympathies to the families of these victims. As
a Government, this tells us that we must do better in the future.
That being said, we
continue to see an encouraging pattern in the numbers, but that doesn't mean
the virus is gone. Even if we gradually reopen our economy, we must stay
vigilant. We have two challenges in front of us : to restart our economy
and to do so without restarting the pandemic. To stop the pandemic, we must
prepare and continue to respect Public Health instructions. And to restart our
economy, among other things, we are counting on our infrastructures projects.
With Bill 61, we aim to accelerate these projects such as hospitals, senior
homes, public transport, but we want to adopt the bill with the collaboration
of opposition groups. It was never our intent, I said it at the right
beginning, to force the adoption. Thank you.
Le Modérateur
: Merci,
M. le premier ministre. Alors, pour la période des questions en français, nous
allons débuter aujourd'hui avec Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) :
M. le premier ministre, Mme McCann, Dr Arruda, une question en
deux temps.
M. Legault, les oppositions... bon,
vous avez pris le point de presse pour mettre tout votre poids pour faire
adopter le projet de loi n° 61. Ce que réclament les oppositions, elles
disent : Dépenser, vous n'avez pas besoin du projet de loi pour le faire,
lancer les projets... Êtes-vous prêt à retirer le projet de loi? Et,
Dr Arruda, avez-vous besoin de deux ans pour maintenir la Loi sur la santé
publique?
M. Legault : Bon, d'abord, là,
la question du deux ans, là, ce n'est pas dans la loi. Il n'y a pas de date
limite, puis on est prêts à négocier, là, s'ils veulent une date limite sur ce
qu'on appelle, là, l'urgence sanitaire.
Maintenant, je veux revenir, là, parce que
j'ai entendu certains critiques de l'opposition dire : On n'a pas besoin
du projet de loi n° 61. Franchement, là, quand on regarde... évidemment,
c'est peut-être vrai pour une école. Peut-être qu'on peut y arriver en quelques
mois. Mais quand on construit quelque chose d'un peu plus gros, quand il y a
une route, quand il y a un hôpital, bon, il y a le processus d'expropriation
qui peut prendre jusqu'à 18 mois, il y a le processus d'autorisation
environnementale qui peut prendre jusqu'à 11 mois. Ensuite, il y a toutes
les autorisations pour l'aménagement du territoire, on ajoute un autre deux,
trois mois. Et, bon, je passe d'autres secteurs, là, la faune, dépendamment...
Donc, si on veut faire... Vous savez,
l'été, ça ne dure pas longtemps au Québec, là. Donc, on entre dans la saison de
la construction. Si on veut être capable d'avoir tout le secteur de la
construction occupé cet été et l'été 2021, on a besoin du projet de loi
n° 61. Puis je répète ce que j'ai dit tantôt, on est prêts à des
aménagements. On est prêts à rassurer l'opposition que, même si on ne prend pas
11 mois pour faire les études environnementales, qu'on va quand même
respecter les exigences. On va quand même s'assurer aussi qu'il n'y a pas de
collusion, de corruption, que les contrats sont donnés puis qu'il y a une
compétition, même si on accélère les délais pour être capable de remettre au
travail les gens rapidement.
M. Laforest (Alain) : On
approche du bilan. Votre bon et votre mauvais coup des derniers 88 jours?
M. Legault : Bon, écoutez, là,
je vais vous laisser ça, là. Je vais vous laisser, là, les bulletins, puis les
bons coups, puis les mauvais coups, là. Ce n'est pas à moi...
M. Laforest (Alain) : Pas un
bulletin, là, quelque chose que vous auriez aimé changé puis quelque chose que
vous vous dites : On a bien fait.
M. Legault : Écoutez, moi, je
le dis, là, tous les gouvernements, incluant le mien, on aurait dû augmenter
les salaires puis les nombres d'employés dans les CHSLD.
Le Modérateur
:
Prochaine question, Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour. M. le premier ministre, concernant la lutte contre le racisme, vous
avez dit hier que le Québec est dû pour une évolution tranquille. Plusieurs ont
trouvé votre expression faible, préférant celle, par exemple, de révolution active.
Concrètement, que peut-on attendre de votre gouvernement, d'ici les prochaines
élections générales en 2022, pour faire reculer le racisme au Québec?
M. Legault
: Bon,
j'aimerais ça que vous me donniez quelques jours. Je suis en train de
rencontrer certaines personnes avant de faire une annonce. Mais moi, je veux
des résultats. Je suis quelqu'un de pragmatique. Je ne veux pas seulement des
discours. Je veux qu'on trouve un moyen de réduire, idéalement, de faire
disparaître complètement, le racisme au Québec dans tous les domaines, incluant
le domaine policier. Donc, je suis en train de consulter quelques personnes. Je
devrais être capable au cours des prochains jours d'annoncer exactement le
mandat puis les balises de ce qu'on va se donner pour agir. Moi, je veux qu'on
agisse.
M. Bélair-Cirino (Marco) : La
semaine dernière, on vous a demandé comment expliquer la sous-représentation de
personnes racisées, issues de la diversité, dans la fonction publique. Vous
nous avez dit que, bon, la plupart des postes se trouvent à Québec puis il y a
moins de personnes racisées que dans la grande région de Montréal, par exemple.
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse a diffusé
un rapport qui montre que, par exemple, dans les succursales de la Société des
alcools du Québec, il y a seulement 122 minorités visibles sur 7 500
employés. C'est 1,6 %. Il y a également, dans d'autres… À Hydro-Québec, il
y a seulement 706 personnes de couleur sur un peu plus de 19 000 employés.
Comment vous réagissez à ces chiffres-là?
M. Legault
: D'abord,
vous dire que ça fait un an et demi qu'on est au gouvernement. On n'a pas
embauché beaucoup de personnes. Donc, c'est des personnes qui ont été
embauchées à travers les années. Mais moi, je reconnais qu'il y a un problème.
Il y a un problème autant dans les ministères que dans les sociétés d'État. Il
y a une sous-représentation, entre autres, des minorités visibles, des membres
des différentes communautés. Donc, on doit faire des efforts, puis ça doit
faire partie du mandat, puis on doit se donner des objectifs concrets dans les
futures embauches. C'est un vrai problème, puis c'est un problème qui date d'il
y a longtemps, puis il faut agir.
Le Modérateur
: Hugo
Pilon-Larose, LaPresse.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
J'aimerais poursuivre, si vous me permettez, sur ce même sujet parce qu'à la
lecture de ce rapport de la Commission des droits de la personne, qui parle de
discrimination systémique dans les organismes publics, on peut se poser la
question : Ça va en prendre combien, de rapports? Ça fait 20 ans que
l'application de la loi pour l'égalité en emploi est faite. Il faut combien de
rapports avant que ça change concrètement? C'est quoi, vos objectifs, si on
peut avoir un peu plus de concret?
M. Legault
: Bien,
d'abord, si vous me connaissez un petit peu, là, vous savez que moi, je ne suis
pas un gars de rapport, de comité, de table, de forum puis tout ça. Des fois,
il faut le faire pour se donner des orientations avant d'agir. Mais, moi, ce
que je veux, c'est que, d'ici la fin de mon mandat, il y ait des actions, qu'il
y ait des changements qui soient apportés. Donc, je vous demande, encore là, un
petit peu de patience pour voir ce qu'on va annoncer. Oui, il faut consulter,
mais je pense qu'on est rendus à l'étape d'agir.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur
le projet de loi n° 61, vous avez évoqué, entre autres, là, les exigences
environnementales en disant : Est-ce qu'on est capables de faire ça en
moins de 11 mois, de prendre moins de temps pour remplir ces exigences-là?
Je le ramène à mon domaine. Si moi, j'ai deux heures pour écrire un
article versus deux semaines, à la fin, je n'aurai pas la même qualité ou
la même finesse dans l'analyse, dans l'article, dans ce que je vais publier.
Comment est-ce que c'est possible de garder la même qualité d'évaluation
environnementale si on donne moins de temps aux fonctionnaires pour faire leur
travail?
M. Legault : Bien, c'est une
question de gros bon sens, là. Je pense que d'évaluer les impacts
environnementaux d'un projet, ça ne prend pas nécessairement 11 mois, on
peut très bien faire le travail beaucoup plus rapidement. Donc, il y a un
processus, aussi, qui n'est pas simple, là, où le délai maximal court à chaque
fois que toutes les questions sont posées, donc il y a-tu moyen de poser toutes
les questions au début puis de faire le tour de la question dans une même étape
plutôt que dans plusieurs étapes? Donc, moi, je pense, c'est possible de faire
un bon travail dans une période plus courte.
Le Modérateur
:
Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. Toujours sur le même thème, précisément, il y a des groupes, là, qui
ont témoigné depuis hier en commission parlementaire, dont des groupes
environnementaux ce matin, qui faisaient valoir que le problème, ce n'était pas
nécessairement les normes environnementales, mais les ressources qui sont
allouées au ministère de l'Environnement pour procéder aux inspections, entre
autres, justement, le nombre d'inspecteurs. On a fait valoir qu'il y avait eu
des compressions ces dernières années à ce chapitre-là. Dans ce contexte-là,
pourquoi avoir besoin du projet de loi n° 61 puis des articles sur l'environnement?
Est-ce qu'il ne s'agirait pas simplement pour vous d'ajouter des ressources
pour qu'on puisse traiter plus de dossiers à la fois plus rapidement?
M. Legault : Bien, moi, je
pense qu'il faut faire les deux, on a déjà commencé à faire les deux. Bien,
c'est-à-dire, on a commencé à rajouter des ressources, mais si c'est nécessaire
d'en ajouter, on va en ajouter aussi. Mais il y a un processus, là, puis des
délais minimums qui peuvent être réduits.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant les problématiques de racisme, vous évoquez un plan ou, enfin, une
solution ces prochains jours. On voit que c'est quand même un problème
transversal, là, ça touche le logement, ça touche la sécurité publique, ça
touche le travail, la fonction publique, donc, le Conseil du trésor. Comment
s'assurer qu'il y ait une concertation des actions? Parce qu'on a l'impression
que ça ne peut pas être confié à un ministre plutôt qu'un autre puisque c'est
une problématique très large. Est-ce que ça ne fait pas partie, justement, du problème?
M. Legault : Bien,
effectivement, là, le groupe qui sera responsable devra s'assurer de voir les
impacts dans tous les ministères. Ce n'est pas seulement un ministère qui est
concerné, il y en a plusieurs, et dans notre société aussi, il y a plusieurs
endroits, là, où il faut agir. Donc, le groupe sera effectivement un groupe
transversal.
Le Modérateur
:
Maintenant au tour de Geneviève Lajoie, Le Journal de Québec, Le
Journal de Montréal.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour, messieurs et madame. Il y a des tenanciers de bar qui menacent
maintenant de désobéir. Si c'est le cas, est-ce que vous allez envoyer des gens
pour leur donner des amendes ou envoyer des inspecteurs de la CNESST?
M. Legault : Bien, il faut
respecter la loi, là. On s'est dit qu'on voulait déconfiner de façon graduelle.
Donc, ce qu'on dit, c'est qu'on va réouvrir graduellement les restaurants puis
éventuellement les bars. Mais pour le bien de l'ensemble de la société
québécoise, la dernière chose qu'on veut, c'est d'avoir une augmentation de la
propagation du virus parce qu'on ouvre tout en même temps. Donc, on va faire
respecter la loi, puis ce qui doit être fermé doit rester fermé.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Concernant la distanciation physique, M. Arruda, ici, c'est deux mètres, au
Québec, c'est deux mètres. Ailleurs dans le monde, c'est souvent un mètre.
L'OMS recommande un mètre. Vous avez laissé entendre la semaine dernière que
même... lors de l'annonce pour les sports, qu'éventuellement ça pourrait
devenir un mètre. Pourquoi on est différents du reste du monde? Et quand ça va
être un mètre ici?
M. Arruda (Horacio)
:
Il faut comprendre que tout ça est analysé en fonction des risques potentiels.
Ce qu'on sait, c'est qu'à deux mètres le risque est relativement faible. Ça ne
veut pas dire que ce n'est pas possible, hein? Vous savez, dans la vie, tout
peut arriver. À 1,5 mètre, on a un gain aussi, encore plus que par rapport
à un mètre. Ça fait que c'est ça qui a fait le choix. On est allés avec un deux
mètres parce que, de toute façon, vous comprendrez que, quand on dit deux
mètres, les gens vont se retrouver à l'intérieur du mètre 1,5, un mètre,
aussi, hein, dans quelques occasions. Ça a été une notion de prudence.
Mais là, maintenant, avec la reprise, je
vous dirais, des activités dans la société, avec la faisabilité de certaines
choses, avec certaines clientèles qui sont beaucoup moins à risque, notamment
les personnes jeunes ou en bonne santé, bien, ça se peut qu'on évolue à
l'intérieur de ça en regardant aussi les expériences internationales, quand ils
ont pris certaines décisions par rapport à une autre.
Vous savez, c'est comme la tension
artérielle. On dit : C'est 140 sur 90, on peut la baisser à 120 sur
80 pour… C'est une courbe, souvent, en termes de protection. Puis nous, on
a agi, je vous dirais, avec une prudence, sachant très bien que, quand on dit
deux mètres — puis là je ne suis pas en train de dire aux gens
d'aller à un mètre ou à 1,5, là, parce que ça peut être interprété par toutes
sortes de gens — en allant à deux mètres, on allait avoir une plus
grande protection. C'est un nouveau virus, on ne sait pas comment qu'il se
comportait. Même dans les écoles, on a tenu à ça, antérieurement, parce qu'on
avait peur que les enfants fassent des grosses éclosions puis transmettent à
leurs parents puis à leurs grands-parents. Là, on est en train de réévaluer en
fonction du risque. Pour le moment, on est avec un deux mètres.
Pour ce qui est de certaines activités,
maintenant, sportives, puis etc., il y a des balises qui sont faites. Les
contacts, je vous dirais, rapides sont peut-être à moins haut risque, surtout
si c'est à l'extérieur qu'à l'intérieur. Mais tout ça est en train de se faire
évaluer, puis on essaie de vérifier les données probantes comme telles. C'est
clair que deux mètres, c'est mieux que 1,5 puis c'est mieux qu'un mètre. Le
risque va chuter, par contre, de façon très importante après deux mètres.
Le Modérateur
: Très
bien. Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) : Bonjour
à vous. M. le premier ministre, hier, donc, il y a eu les consultations sur le projet
de loi n° 61. Les représentants du milieu de la construction se sont
exprimés. Ils ont dit que, bon, ils n'allaient pas retourner dans la corruption
ou la collusion. Est-ce que ces propos-là ont été de nature à vous rassurer, justement,
sur les nouvelles pratiques dans le milieu de la construction?
M. Legault : Les propos de
qui?
M. Bergeron (Patrice) : Du
milieu de la... des gens qui se sont exprimés hier, là. Ils ont dit vaguement
que, bon, c'était derrière eux, la commission Charbonneau, puis que l'industrie
s'était améliorée depuis ce temps-là, là.
M. Legault : Bien, écoutez,
n'oubliez pas que, dans notre équipe, on a Sonia LeBel, hein? Donc, on a ça, on
a Christian Dubé, comptable agréé, on a quelques comptables agréés dans
l'équipe.
Moi, honnêtement, là, ça ne m'inquiète
pas, là, la corruption. Il y a même du monde qui ont milité à la CAQ parce
qu'ils étaient tannés de la corruption dans d'autres partis. Donc, c'est sûr qu'on
va mettre en place les mesures nécessaires pour ne pas qu'il y en ait de
corruption, là.
M. Bergeron (Patrice) : Et
vous avez dit tout à l'heure que les Québécois envoient le message qu'ils
souhaitent que les partis travaillent ensemble pour que le projet de loi soit
adopté puis que les projets aillent de l'avant. C'est un message qui s'adresse probablement
aussi à votre parti puis à vous aussi. Vous avez parlé d'aménagements. Quel
genre d'aménagements vous seriez prêt à faire pour justement faire un pas vers
les oppositions et faire adopter votre projet de loi?
M. Legault : Bien, de mettre
des balises. C'est un peu à eux à nous le dire, là. À partir du moment où on
dit : Il n'est pas question de réduire les exigences, mais on veut réduire
les délais, bien, il me semble qu'autour de ça on devrait être capable de
travailler.
Bon, on a donné une liste de 200 projets.
Est-ce qu'ils veulent en enlever, en rajouter? Ce sont des projets, à mon avis,
qui font consensus au Québec, là, pour certaines routes, certains projets de
transport en commun, d'hôpitaux, d'écoles. Bon, s'ils ont de la misère avec
certains projets parce qu'ils pensent, par exemple, que tel projet pourrait
avoir un impact très négatif sur l'environnement, bien, peut-être qu'on peut
revoir la liste des projets, mais j'aimerais mieux comprendre leurs
inquiétudes.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé, Le Soleil.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
Qu'est-ce que vous répondez à l'avocat Guy Bertrand et la fondation qui le
supporte, les gens qui accusent de détruire le Québec à cause des mesures
sanitaires et qui intentent une poursuite, là, pour invalider certains aspects
de la loi d'urgence?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, moi, je pense que les mesures qu'on a prises étaient nécessaires,
ressemblaient à des mesures qui ont été prises un peu partout dans le monde. On
avait un virus qui se propageait à la vitesse grand V. Il fallait
s'assurer de confiner le maximum de personnes pour freiner cette propagation.
On l'a fait au nom des intérêts supérieurs des Québécois et du Québec. Que
certains pensent qu'on l'a fait ou qu'on continue de le faire inutilement,
bien, là, nous autres, on a écouté la science. Mais, bon, ces gens-là ont une
autre science, on ne peut pas rien faire.
M. Arruda (Horacio)
:
Si vous me permettez, M. le premier ministre?
M. Legault : Oui.
M. Arruda (Horacio)
:
Quand on prévient des choses, on ne le voit pas. Puis je vais vous dire, on a quand
même eu un problème majeur au Québec avec nos CHSLD, beaucoup trop de décès.
Mais, si on n'avait pas mis d'autres mesures, il y aurait eu des cas dans la population.
Je veux dire, l'histoire le dira, les études épidémiologiques qui viendront le
diront, là, mais moi, je pense qu'on s'est retrouvé avec un système de santé
qui a pu tenir le fort actuellement parce qu'on avait mis ces éléments-là. On
n'a pas eu à faire ces choix dramatiques entre telle personne et telle personne
aux soins intensifs. Ça fait qu'on verra ce que l'histoire nous apprendra. Mais
je pense qu'on a agi, à mon avis, avec célérité. Puis il y a eu des facteurs,
contamination importante dans l'est... de la côte Est américaine, qui a fait
qu'il y a eu des voyageurs... on a eu une semaine de relâche, tout ça, ce sont
des effets qui ont bombardé le Québec du virus.
Puis le virus est encore là, je tiens à
vous le dire. C'est pour ça qu'on y va en termes de déconfinement. Puis il y a
certains endroits où ils déconfinent, on commence à se rendre compte que ça
réapparaît un peu, heureusement, pas au même rythme, mais c'est un travail à
surveiller de très près. Je pense qu'on a agi comme le recommandaient les
autorités de santé publique à travers le monde.
M. Bossé (Olivier) :
M. Legault, en fait, avec le projet de loi n° 61, c'est la relance
économique. Le comité de relance économique qui a été mis sur pied il y a
quelques semaines de ça, vous n'auriez pas été peut-être mieux de mettre le
ministre de l'Environnement directement sur ce comité-là dès le départ? Comme
ça, là, on ne se poserait peut-être pas de questions sur les exigences
environnementales maintenant.
M. Legault : Bien,
écoutez, d'abord, sur le comité économique, le ministre de l'Environnement est
consulté, la ministre du Tourisme est consultée, le ministre de l'Agriculture
est consulté. Donc, tous les ministères sont consultés. Mais, une chose qui est
sûre, c'est que, le mandat du comité, c'est de créer le plus d'emplois possible
le plus rapidement possible. Donc, il faut respecter les normes
environnementales. Il y a beaucoup de projets aussi qui sont des projets de
transport en commun. Tout le monde est au courant que, pour moi, c'est
important de faire avancer ces projets-là, entre autres les tramways.
Donc, bon, je pense que les balises sont
là. Mais il y a tout un travail qui est fait, par exemple, actuellement, on est
en train de regarder tout le secteur de l'hôtellerie. Bien, ça concerne plus
l'économie que l'environnement, là, comment on fait pour relancer les hôtels,
quels hôtels on aide, les petits, les grands, Montréal, en région, là? Donc, je
pense que le temps du ministre de l'Environnement est bien investi sur d'autres
dossiers.
Le Modérateur
:
Prochaine question, Jonathan Bernard, Cogeco Nouvelles.
M. Bernard (Jonathan) :
Bonjour à vous. J'aimerais revenir à la question du un mètre de ma collègue
tout à l'heure. Dr Arruda, à quel moment vous seriez en mesure peut-être
de dire si, oui ou non vous allez recommander cette mesure de un mètre en
fonction de ce qui existe, des données que vous avez déjà? Parce que vous
comprendrez que ça facilitera bien des choses, notamment les rassemblements
intérieurs qui ont été annoncés hier, la restauration également. À quel moment
vous pourriez au moins donner une indication aux Québécois?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, je vous dirais d'ici... je ne vous dirais pas le jour, parce que c'est...
cette semaine... je vous dirais, d'ici quelques semaines, on va être en mesure
de le regarder. Il faut voir aussi comment les choses vont évoluer avec ce deux
mètres-là. Vous comprendrez, on y va toujours avec une prudence. On va voir si
on ne génère pas des éclosions à deux mètres. Si on n'en génère pas, ça va être
une information qui va être pertinente. Parce qu'on a beau regarder ce qui se
passe à l'intérieur, ce qui est rapporté, en termes de recommandations; entre
la recommandation puis l'application sur le terrain, souvent, il y a un écart.
Donc, ce qu'on va vouloir observer, c'est comment ça fonctionne avec le deux
mètres. Si on n'a aucune éclosion qui est associée au deux mètres, peut-être
qu'à ce moment-là, on pourra abaisser. Si par contre on se rend compte qu'on a
quand même des éclosions... parce qu'au-delà de la distanciation, il y a toute
la question de la manipulation des aliments puis, etc., par exemple, par
rapport aux restaurants, on va voir.
Mais nous savons... on sait aussi, on ne
se le cachera pas, que les gens dans la maison, probablement le deux mètres, on
veut qu'il soit respecté entre les familles, mais on sait très bien que des
fois le deux mètres, il rapetisse un peu, etc. Mais je pense qu'il faut être rigoureux
au début, puis voir ce qu'on a comme réaction, et puis, à ce moment-là, après
ça, le faire. Moi, je tiens à souligner l'effort de tous les gens qui adaptent
leurs pratiques antérieures, restaurants, etc., là, je tiens à les remercier de
suivre les consignes. Ce n'est pas évident pour les gens, il va y avoir une
très forte tendance à revenir à la normale, mais il faut y aller de prudence.
Puis, avec l'évaluation de ce qui se passe, quand on ouvre, on se dit que c'est
à peu près, je vous dirais, entre 10 et 14 jours après pour voir les
effets. Ça fait qu'on sera en mesure de voir ce qui se passe.
Le Modérateur
: En
sous-question.
M. Bernard (Jonathan) : Il y
a plusieurs voix qui s'élèvent, aujourd'hui, ce sont les propriétaires de
centres de conditionnement privés qui étaient devant l'Assemblée nationale, il
y a les écoles de conduite également. Êtes-vous en mesure de donner plus
précisément, à ceux qui se qualifient d'oubliés du déconfinement, un horizon?
Parce que plusieurs se disent actuellement dans le néant.
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, je pense que c'est un exercice qu'on est en train de faire parce que,
si vous me permettez, les grands secteurs, c'est une chose, puis, après ça, le
diable est dans les détails, hein, puis tel sous-groupe puis tel sous-groupe…
On est en train de le regarder. On va essayer de l'annoncer le plus possible
pour que les gens voient la perspective, là, pour ne pas qu'ils soient
confrontés… On n'a pas l'intention... Ce n'est pas des gens... On n'a pas fait
des choix délibérés d'oublier des personnes ou autres. Mais, comme je vous dis,
c'est toujours dans cette logique, là, de voir qu'on déconfine. On regarde la
volumétrie. On voit comment ça réagit puis, après ça, on le fait.
Mais je pense que, d'ici quelques... je ne
dirai pas jours, je vais dire semaines… puis là on sera en mesure d'avoir un
plan plus précis par rapport aux secteurs d'activités, en étant aussi au fait
qu'on va être plus sûrs… Plus on avance, plus on est sûrs que le déconfinement
se passe bien, et donc on peut ouvrir la machine. Notre crainte, actuellement,
même si les choses vont bien, c'est qu'on se remette à remonter puis que, là,
on soit obligés de redéconfiner des groupes par en arrière puis par en arrière.
Mais je comprends ces personnes. Je suis
moi-même… à chaque fois que je circule dans... puis que je veux aller quelque
part puis que c'est fermé, je me dis : Mais qui a fermé ça? Parce qu'on
oublie... Non, mais c'est sérieux. Je vous le dis très sérieusement. Des fois,
je voulais aller faire l'épicerie puis c'était fermé cette journée-là. Des
fois, je me dis : Je vais aller au restaurant, c'est vrai, les restaurants
sont fermés. Donc, on se rend compte que c'est difficile pour ces... là, puis
on ne le fait pas par plaisir, mais il faut garder cette prudence-là.
Le Modérateur : Merci. Je
n'aurai pas le temps de refaire un tour complet mais je peux prendre quelques
questions additionnelles en français avant de passer à l'anglais. Alain Laforest,
TVA.
M. Laforest (Alain) :
On en a parlé il y a plusieurs semaines, M. Legault, puis on avait convenu
tous les deux qu'en 1918 on n'était pas au monde, là, puis on attend cette
deuxième vague là. J'en avais parlé avec le Dr Arruda, qui avait dit :
J'avais été critiqué parce que j'avais acheté trop de médicaments pour le H1N1.
Quelles sont les mesures prises, pour la deuxième vague, au niveau de
l'équipement de protection? Est-ce qu'il y a des réserves qui se font
actuellement? Et comment ça fonctionne?
M. Legault : Bon, bien, pour
l'équipement, je pense bien, là, que, si ça arrive cet automne, on va être pas
mal autonomes au Québec. Je sais que le gouvernement fédéral, en plus, est en
train de se bâtir une réserve. Mais on est en train de s'assurer, là, dans les
quatre items les plus importants, donc les masques N95 et chirurgicaux,
les gants puis les blouses, qu'on soit capables d'avoir suffisamment
d'inventaire, dont une bonne partie fabriquée au Québec.
Le Modérateur
:
Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, pour le Dr Arruda. Le gouvernement de l'Alberta a conclu une entente
avec des entreprises de restauration rapide, comme McDonald's, A&W, pour
distribuer massivement des masques. Alors, à la commande à l'auto, les gens
peuvent demander d'avoir des masques. Est-ce que c'est l'intention de la Santé
publique de distribuer massivement des masques partout au Québec?
M. Arruda (Horacio)
: Bien,
actuellement, l'intention de la Santé publique, c'est de s'assurer que les gens
puissent avoir accès à des couvre-visages. Je ne sais pas quelle est la nature
des masques qui sont distribués…
M. Bélair-Cirino (Marco) : Ce
sont des masques chirurgicaux.
M. Arruda (Horacio)
:
Chirurgicaux? Disons que, pour nous, actuellement, notre intention n'est pas
celle-là, là. Je ne veux pas dire que… Tout peut être regardé et fait. On veut quand
même préserver les masques, je vous dirais, médicaux pour le secteur médical. Par
contre, on veut rendre accessibles… puis je pense qu'il y a beaucoup, beaucoup,
beaucoup d'entreprises qui peuvent rendre accessibles des couvre-visages de
qualité, quand même, qui ont un impact en vie communautaire. On n'est pas en
situation de soins. Puis c'est ce qu'on va favoriser.
Et, comme je vous l'ai dit, actuellement,
là, il n'est pas question de le rendre obligatoire. La question est revenue
souvent, là. Mais, si jamais on le faisait, on s'assurerait que les personnes
qui n'ont pas les moyens, pour toutes sortes de raisons, d'y avoir accès, d'y avoir
accès. Il y a eu des masques qui ont été offerts ou des argents offerts,
notamment à Montréal, etc., antérieurement. Là, on évalue la situation.
Puis j'en profite pour encourager les
Québécois qui circulent, même à l'extérieur des zones de la CMM, à porter le
masque. Quand vous vous déplacez puis que vous allez rentrer... portez le
couvre-visage, je dirais, quand vous allez être à moins de deux mètres,
potentiellement. C'est une pratique qu'il faut essayer de maintenir.
Le Modérateur
:
Rapidement, M. Pilon-Larose, LaPresse.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mon
collègue parlait tantôt de notre degré de préparation à cette deuxième vague.
Dr Arruda, est-ce qu'en ce moment, dans l'avancée des connaissances
scientifiques que nous avons, vous nous prévenez : Préparez-vous à une
deuxième vague, assurément, cet automne?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, j'aimerais bien vous dire non puis j'aimerais bien vous dire que, dans
neuf mois, tout va être terminé, Ce serait mon plus grand plaisir. Ce qu'on
observe actuellement, c'est une baisse, bien entendu, importante. La première
vague, pour moi, elle n'est pas encore tout à fait terminée parce qu'on vient à
peine de déconfiner. Puis j'aimerais ça voir... m'assurer que ça continue à
baisser puis que ça va rester bas. Il y a toujours, dans ces virus
respiratoires là, souvent, une saisonnalité. Donc, cette baisse-là est associée
au fait que, bon, elle a balayé le Québec. Peut-être que la saisonnalité va
faire que ça a baissé.
Mais, très honnêtement, je pense que, de
ne pas considérer qu'on aurait une deuxième vague serait dangereux parce que,
si jamais elle nous frappe puis qu'on n'est pas prêts... C'est pour ça qu'on
est déjà... On a commencé à faire les bilans. On identifie nos zones de
fragilité. On veut améliorer tous les processus, que ça soit dans la vigie, la
surveillance, la déclaration des décès, s'assurer d'avoir les gens nécessaires
pour faire les interventions. On a informatisé plusieurs des processus de
gestion de cas, de contacts. On veut avoir du matériel pour faire du dépistage.
On veut être en mesure de former les équipes en PCI dans les différents
endroits.
Ça fait que tout ça, c'est clair qu'on est
en train de regarder là où il y avait des fragilités. La formation des 10 000 travailleurs.
Ça a été un des facteurs majeurs, à mon avis, de manquer de personnel, qui a
fait qu'on a eu une situation effroyable. Oui, je pense qu'il faut se préparer
pour une deuxième vague. Puis une deuxième vague peut être encore plus
compliquée, juste pour vous dire, parce que ça va venir malheureusement, aussi,
avec la saison des autres virus respiratoires et de l'influenza.
Mme McCann : Alors donc, c'est
la priorité du réseau actuellement de se préparer pour la deuxième vague.
Effectivement, il faut se préparer aussi pour la vaccination contre
l'influenza. Alors, c'est notre priorité cet été. Et effectivement on a toute
une opération au niveau des CHSLD, au niveau des résidences, au niveau des
hôpitaux. Même, on reprend les activités régulières, justement, pour donner accès
aux gens. On a mis en suspens certaines opérations, alors on les fait, là,
actuellement, à rythme accéléré. Et cette préparation va durer tout l'été, le
personnel, l'équipement, la formation aussi.
Et on a une attention particulière pour
Montréal et pour la grande région de Montréal. On veut bien comprendre
qu'est-ce qui s'est passé à Montréal au niveau de la coordination des
activités. Et on a nommé aujourd'hui une sous-ministre qui va s'amener à
Montréal et qui va travailler avec les différents établissements, avec la Santé
publique aussi, pour vraiment faire un bon diagnostic et voir à ce que ce soit
amélioré pour la deuxième vague. Alors, c'est le focus premier du réseau.
Le Modérateur
:
Dernière question en français, Geneviève Lajoie.
Mme Lajoie (Geneviève) :
M. Legault, on va prendre la décision cette semaine pour la rentrée
scolaire de septembre. Les scénarios ont… en tout cas, ça va être rendu public
cette semaine, pour que les écoles aient le temps de se préparer à la rentrée
de septembre. Mais la situation pourrait très bien changer et d'un côté comme
de l'autre. Ça pourrait très bien s'améliorer, ça pourrait se détériorer.
Est-ce que, donc, la situation… la décision qui va être prise cette semaine,
est-ce que c'est une décision finale ou est-ce que vous allez réajuster le tir
pour la rentrée de septembre, durant l'été?
M. Legault : Bien, il y a
toujours une possibilité de réajuster le tir, là. On déconfine graduellement,
on regarde les impacts, on suit éventuellement, on ne l'espère pas, mais
peut-être une deuxième vague. Donc, ce qu'on souhaite, c'est que tous les
étudiants retournent à l'école le 1er septembre. Mais, en même temps, on
va suivre la situation de très près dans les prochaines semaines.
Le Modérateur
: Merci. So, time now for questions in English. We will
start today with Cathy Senay, CBC News.
Mme Senay (Cathy) : When you said, Premier Legault, that you wanted to see a quiet
evolution on racism in Québec,
I guess it's definitely more a slogan for you. Please, define what kind of
tangible change you want to include. What kind of results you want to see
before the end of your first mandate?
M. Legault :
OK. First, I want to see results before the end of the mandate. So, in the next
few days, we'll announce the mandate we'll give to a group, and I want to see
results. And it will touch many sectors. So it's too soon, at this point, to
give you more details, but I want results.
Mme Senay (Cathy) : Talking about Bill 61, some opposition groups will qualify Bill 61
as a bulldozer. You mentioned the environmental authorizations. Denis Gallant
was talking about the article 50 about public contracts, this weekend, saying
that would give a blank check to the Government. So what do you say about this
criticism, this huge criticism? And how willing are you to give more time to
this parliamentary session, to extend it, to make sure that every political
party is on board on this?
M. Legault : OK. First, I'm hoping to extend the session in order to have an
agreement because, like I said since the beginning, I won't adopt the Bill 61
unless we have an approval from the three parties, the three other parties. Now,
regarding the two subjects where some people worry, environmental assessment,
what we want is… You know, in Québec, for certain projects, it can be up to 11
months to have an environmental assessment. We think that, without decreasing
the requirements, we can do that faster. We have to reassure the opposition
parties that it will be done correctly even if it's done faster.
Regarding the corruption,
first, our president of the Treasury Board, Christian Dubé, he's a very
straight guy. I'm not the one saying it, it's you, but I do agree with you. And
we have Sonia Lebel, who was on the Charbonneau Commission, that is checking
everything to make sure that never, in Québec, we go back to collusion, corruption in giving contracts. So,
again, I'm willing to give some… maybe put additional words in the Bill 61 that
will be requested by the opposition parties in order to reassure everybody. But
it's clear that nobody wants that. We want to have competition and give
contracts at the lowest cost possible.
Le Modérateur
:
Thank you. Samuel Pouliot, CTV News.
M. Pouliot (Samuel) : Hi,
yes. There was a protest this morning in front of the
parliament, asking for gyms to reopen. When do you expect to reopen gyms and
why hasn't the date been set yet?
M. Arruda (Horacio)
: It's going to be
opened, I would say, in the next weeks. We are finishing the different plans
and will announce those things. I understand that... You understand, when you
are in a gym, you are touching a lot of things, and the risk of contamination
could be higher. But we are working on protocols to help gyms to open in a
safely manner.
M.
Pouliot (Samuel) : OK. And about physical distancing,
until now, it has been two meters. Will we get to a point where it will be
less, like one meter?
M. Arruda (Horacio)
: It could be. As I was telling, we know that two meters, the
risk is very low, one and a half, the risk is there, but is also lower than one
meter. So it's why people have used different levels based on the risk
evaluation they want to make. We decided to go with two. At the beginning, it
was one meter. Then we had some data that makes it… one was not enough, so
we went to two. And, because we were with an unknown virus, we wanted to be
more cautious, knowing that, when I'm telling two, people are doing one and a
half and one meter.
In fact, you know, the
two meters is a difficult distance. If I say one, the people will be at
15 inches or... It's why we did it. We're going to evaluate that. We're going to evaluate also what happens with low-risk people, which is young
people who are... So it's why probably things are going
to change for schools and, I would say, also for
«garderies», daycare centers, probably. We will still be, I would say, very
protective with our elderly people because they are at higher risk, and
especially for the one who have chronic diseases.
Le Modérateur
:
Next question, Phil Authier, Montreal Gazette.
M. Authier (Philip)
: Hello. Good day. A little
question for Minister McCann on what you just mentioned about the
«sous-ministre», the new deputy minister. Can you elaborate on what role...
Because we did see, during the first wave, that there was a coordination
problem with all the various agencies in Montréal. Mr. Legault has spoken about that. What role does this person
have in managing?
Mme McCann : Well, she's a «sous-ministre», deputy minister, and she will have
to make a diagnosis to really working with the public health in Montréal and
the different organizations to make that diagnosis very quickly, but properly,
and also make recommendations to improve in the best delays possible so that we
are ready for the second wave. So, we want this work to be done this summer and
we want to implement quickly those recommendations.
This is a problem we
realized that created difficulties for a lot of people in Montréal. It has to do with «dépistage»,
with different areas in the public health. Because there are people working in
the public health, in the different organizations, there is also a certain
number of people who are in the CIUSSS—Centre-Sud. So this needs coordination,
so we want to make some adjustments.
M. Authier (Philip)
: And second question, for Dr. Arruda, about deconfinement. We are seeing a deconfinement,
more and more, in Montréal.
What kind of surveillance is the Public Health Department have in place to see
if the deconfinement is leading to a further spread? I heard you on Mr. Arcand
talking about the demonstration the other day in Montréal. What kind of surveillance do you have in place monitoring the
spread?
M. Arruda (Horacio)
: We are, first of all, looking at the way people are acting. You
know, we are seeing people with less distanciation. We are looking at the... I
would say, and having also some «sondages», inquiries to try to understand how
the people react to the deconfinement. Those data are made by our staff, here,
at the Ministry of Health, with some «sondage» companies.
And we still have looking
at the intensive, I would say, surveillance of the cases and contacts. So, if
somebody gets sick, he's being tested, we are testing the contacts of that
person, we are looking at different kinds of outbreaks that could happen
locally. So, we are getting the same data we did, very aggressive. The numbers
are going down, so we get more time, even, to look at
the data. But in fact we are making sure that there is no emerging situation.
As there has been some
manifestations, a week ago, and another one this week, we're going to look at
if there's any people who manifest... who are getting sick. Perhaps the
question is going to be asked, and making sure that... what was the impact of
this, actually.
Le Modérateur
:
Thank you. So, now, the next question is from Raquel Fletcher, Global News. Mr.
Legault, what message do you have to bereaved families of the now
5,000 victims?
M. Legault :
The message I have is that I'm sorry. I'm sorry for the decisions that have been taken or not taken for the last 10, 20 years. Of course,
we're sad for the families that are close to these people. 5,000 deaths, it's a
lot. 4,500 we're coming from those residences. So, there was clearly some
problems with residences : the number of employees, salary they were paid,
at the beginning, precaution regarding infections. So I think we really need to
change the situation and make sure that, at least, what happen would be a
lesson for Québec.
Le Modérateur
: Thank you. And as a second and very last question, the plan for
deconfinement seems very piecemeal, unlike other provinces that have clearly
spelled out their different phases. So, when bars, when churches, when
gatherings of more than 10?
M. Arruda
(Horacio)
: OK. As I understand, the people
who are left... seems to be left away wants to know exactly. We are finishing,
I would say, our planification. And especially, not only the planification,
it's also the tools that we want to make sure that... we work with the CNESST,
with the industries, all the different sectors, prepare to help people to do
that. But I think, in the next days, we are going to announce dates, based on
the experience we are having.
Le Modérateur
:
Est-ce que c'est possible pour vous de répéter en français, vu l'importance de
l'information?
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, bonjour. Les gens qui ne sont pas déconfinés actuellement nous posent la question,
à savoir : Quand est-ce qu'on va avoir une date? Comme je le disais, on
est en train de terminer les travaux, pas seulement de définir la date, mais
aussi d'instrumenter les différents secteurs avec des outils spécifiques à leur
milieu. On est allés par différents secteurs. Ça se travaille avec la CNESST,
ça se travaille avec la Santé publique puis avec des partenaires des différents
secteurs.
Au cours des prochains jours, on va être
en mesure d'annoncer le plan, surtout que ça va nous permettre aussi de voir un
peu comment le déconfinement qui a eu lieu se présente. S'il y a des éclosions
qui s'installent puis qu'on est en train de perdre le contrôle, bien là, vous
comprendrez qu'on ne va pas se remettre à redéconfiner. Puis on ne veut pas
aller en avant puis revenir en arrière. Donc, au cours des prochains jours, on
devrait vous donner le plan.
Le Modérateur
: Donc,
les dates des prochaines étapes seront précisées. C'est ce que vous avez dit en
anglais.
M. Arruda (Horacio)
:
Les dates, oui, les dates prévues, qui seront toujours conditionnelles à ce que
la situation soit sous contrôle, mais on va vous donner des dates, oui,
effectivement.
Le Modérateur
: Très
bien. Alors, c'est ce qui complète pour cette conférence de presse. Merci à
tous.
M. Legault : Merci, tout le
monde.
(Fin à 12 h 33)