(Neuf heures trente-deux minutes)
Mme Blais (Prévost) : Bonjour.
M. Laforest (Alain) :
Avez-vous une déclaration, Mme Blais, ou...
Mme Blais (Prévost) : Non,
j'attends vos questions.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que ce n'est pas très ambitieux de croire ou d'espérer recruter 10 000
personnes au mois de juin? Ça semble improbable.
Mme Blais (Prévost) : Quand on
n'a pas d'ambition, je pense qu'on n'est pas capable de réaliser grand-chose.
On a besoin de préposés aux bénéficiaires depuis des années. On s'est rendu
compte que les préposés, on le savait, n'étaient pas assez bien payés. On s'est
rendu compte aussi de la difficulté de l'organisation du travail. Ces préposés
ont besoin aussi de prévisibilité pour avoir une vie normale.
Donc, on veut recruter 10 000 préposés
aux bénéficiaires. Il en manque déjà 10 000, là, 10 000 personnes
à peu près qui sont malades. Et le premier ministre a annoncé qu'il était pour
donner un salaire comme aide de service, les former à la fois à l'intérieur des
établissements et en théorie. Puis, dans la vie, il faut toujours avoir des
rêves et les mettre très haut, si on veut être capable d'atteindre nos
objectifs.
M. Laforest (Alain) :
...pour les résidences privées, les petites, pas les gros gestionnaires qui
font beaucoup d'argent, mais les petites résidences, là. Il risque d'y avoir un
déplacement d'employés. Ils vont s'en aller travailler pour l'État parce que ça
va être plus payant, là.
Mme Blais (Prévost) :
Oui, mais on ne veut pas ça. Justement, on est en...
M. Laforest (Alain) : ...vous
allez payer leur salaire?
Mme Blais (Prévost) : On
est en pourparlers actuellement constamment à la fois avec l'association des
CHSLD privés conventionnés, celle des CHSLD privés, avec le regroupement
québécois des résidences privées pour aînés. On parle aussi avec la ministre
Andrée Laforest. La ministre Laforest était, pas plus tard que la semaine
dernière, avec moi dans une rencontre, évidemment téléphonique, et puis on va
trouver des solutions aussi. On ne peut pas déshabiller Paul pour habiller
Ginette.
M. Bergeron (Patrice) :
...que notamment les syndicats demandent qu'il y ait un décret pour fixer les conditions
salariales des préposés dans le domaine privé, qui réglerait justement le
problème d'inéquité entre les deux. Est-ce que ça, c'est une avenue que vous
examinez?
Mme Blais (Prévost) :
Oui, elle est examinée actuellement par le ministre du Travail qui, lui aussi,
a été en contact avec les différents syndicats et avec les différents organismes
comme les CHSLD privés ou le regroupement québécois des résidences privées pour
aînés.
Mme Lévesque (Fanny) :
Est-ce que vous pensez conserver le 4 $ de plus qui est offert, pendant le
temps de la COVID-19, aux PAB en résidences privées? Est-ce que ça aussi, c'est
quelque chose qui est examiné?
Mme Blais (Prévost) :
Bien là, pour l'instant, vous savez, on gère une situation exceptionnelle, une
situation qu'on n'a jamais vécue dans notre vie, en tout cas ici puis, je
pense, à travers le monde, qui s'appelle la COVID-19. Je crois qu'il faut prendre
les choses une à la fois. Pour l'instant, il y a eu des primes. On verra par la
suite.
M. Lavallée (Hugo) :
Concernant la formation qui va être rémunérée, est-ce que les gens vont devoir
signer un contrat par lequel ils s'engagent à pratiquement demeurer en poste
quelque temps? Est-ce qu'on garantit qu'ils vont devoir exercer la profession
pendant un certain temps puisqu'on leur paie la...
Mme Blais (Prévost) :
Bien, ce que je peux vous dire de ce que je connais pour avoir visité des
CHSLD, c'est, dans des CHSLD où on formait les aides de service sur place en
même temps où il y avait une formation théorique, ça fonctionnait très bien
parce que les gens recevaient une rémunération comme aide de service.
Il y a actuellement des aides de service
qui sont rémunérées. Et, en étant aide de service, on apprend aussi en
regardant les préposés, et souvent, c'est un préposé qui est sénior qui fait la
formation et qui aide les aides de service. Je comprends pertinemment que ça
prend de la théorie, un cadre théorique aussi, mais je crois qu'on peut
accélérer le processus si on est capable à la fois de travailler à l'intérieur
des établissements et aussi en théorie.
Et je me suis rendue compte d'une autre
chose, c'est que les personnes qui viennent en établissement comme aide de
service, si elles se sentent inconfortables dans ce rôle de préposé, quittent,
quittent immédiatement, parce que ce n'est pas en étant seulement sur un banc
d'école qu'on sait si on va aimer ça ou pas. Alors, en étant en contact avec les
résidents, on le sait si on a la passion.
Des voix
: ...
Mme Blais (Prévost) : Je ne
vous entends pas, là.
M. Lavallée (Hugo) : Juste
pour compléter là-dessus, est-ce qu'on comprend donc de votre réponse que, là
où on va couper les heures de formation, ça passe de 800 à 300 heures, ça va
être essentiellement, donc, théorique, là, tout ça va passer à la trappe?
Mme Blais (Prévost) : Bien, écoutez,
à la trappe... La théorie s'apprend aussi énormément en étant sur place, parce
qu'apprendre à faire manger quelqu'un, apprendre à faire marcher quelqu'un,
apprendre à déplacer quelqu'un, ça s'apprend aussi sur le terrain. Et j'ai des
belles images ou des anecdotes de personnes qui ne connaissaient rien au métier
de préposé aux bénéficiaires, et qui ont postulé à Je contribue, et qui veulent
maintenant rester parce qu'ils se sont découvert une passion. Et moi, je trouve
ça extrêmement positif et ça m'allume, moi, comme ministre responsable des
Aînés.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
Mme Blais, est-ce que ce n'est pas un peu illusoire de penser qu'en trois mois
vous allez trouver 10 000 personnes, alors que, depuis des années, vous
essayez de remplir ces postes-là, vous n'êtes pas capable? Puis là en trois
mois, en un coup de cuillère à pot, vous allez trouver 10 000 personnes? Vous
allez les prendre où?
Mme Blais (Prévost) : Il y a
des personnes qui vont vouloir venir. Premièrement, on va offrir des postes
permanents par la suite. Déjà, ça, c'est beaucoup. On va travailler sur l'organisation
du travail. Il y aura un bon salaire pour les préposés aux bénéficiaires. Il y
a des personnes aussi qui ont perdu leur travail à cause, justement, de la
COVID. Il y a des personnes qui travaillaient en restauration, qui n'ont plus
de travail, et même j'ai vu qu'il y a des gens qui travaillaient au niveau de
l'aéronautique, il n'y avait pas de travail.
Alors, je pense qu'il y a des gens qui
vont venir d'ailleurs pour contribuer, justement, à travailler dans les CHSLD, qui
se sont énormément conscientisés sur l'importance de prendre soin de nos plus
vulnérables dans la société.
M. Bergeron (Patrice) : ...garantir
qu'une personne qui va avoir eu 300 heures de formation va avoir une aussi
bonne formation que ceux qui en ont eu pour 800 heures?
Mme Blais (Prévost) : Ce qu'on
va s'assurer, c'est que la qualité des soins et des services sera la même. C'est
ça qui est important. Et, si on se rend compte, en cours de route, qu'on a
besoin de plus de théorie, bien, on le fera. Mais là on est dans ce qu'on
appelle une belle expérience, une expérience positive pour aller chercher des
personnes qui peuvent justement contribuer à faire en sorte de prendre soin...
Notre société québécoise, là, actuellement, a le devoir aussi de prendre soin
de ses plus vulnérables, et notre premier ministre du Québec fait une belle
proposition pour attirer les gens pour venir travailler dans ces milieux.
M. Laforest (Alain) :
L'immigration, ça peut faire également partie de la solution, ça?
L'immigration, ça va faire partie de la solution, ça?
Mme Blais (Prévost) : Bien, je
sais que mon collègue Simon Jolin-Barrette va annoncer de quoi bientôt, aujourd'hui,
alors je vais le... Bien, je vais le laisser faire sa...
M. Laforest (Alain) : Ça
représente quoi pour vous, Mme Blais, l'immigration? Il y a les réfugiés
qui sont là, on veut leur donner des statuts particuliers parce qu'ils sont là,
ils pourraient rester là, là.
Mme Blais (Prévost) : Bien,
moi, je trouve que c'est une excellente idée aussi, là. Il faut être en mesure
d'accueillir les personnes qui veulent servir.
M. Bossé (Olivier) : Sur la
climatisation, hier, vous avez dit que vous attendiez l'avis de la Santé
publique avant de pouvoir installer des climatiseurs. Vous n'avez jamais
précisé à quel moment vous avez demandé à la Santé publique de se pencher
là-dessus. Pouvez-vous nous l'indiquer?
Mme Blais (Prévost) : Oui.
L'avis a été demandé au mois d'avril. Ça a pris peut-être un peu de temps pour
que l'avis arrive, mais vous savez qu'il n'y a pas de recherche probante. On
parle de quelque chose, là, d'exceptionnel, là, je vous le répète, là,
d'exceptionnel, qui s'appelle un virus, qui était inconnu, qu'on a découvert en
cours de route sur plein de facettes, comme des personnes qui étaient
asymptomatiques, porteuses du virus. Et on voulait vraiment savoir si, par la
ventilation et la climatisation, il pouvait y avoir une propagation de virus.
On ne voulait pas tout de suite se retrouver avec, encore une fois, plus de
personnes contaminées dans nos établissements.
M. Bossé (Olivier) : Mais.
juste pour reprendre l'argument des oppositions, on savait qu'il y avait un été
qui allait arriver. Le 7 avril, vous êtes avertie par un entrepreneur qu'il
faudrait se dépêcher. Ça prend un mois avant de recevoir... minimalement un
mois avant de recevoir un avis de la Santé publique. Ça n'a pas été un peu
long?
Mme Blais (Prévost) : De
l'INSPQ. Bien, écoutez, il faut laisser le temps à l'INSPQ de déposer ses
rapports. Mais moi, je veux vous...
M. Bossé (Olivier) :
...M. Arruda vous a donné un avis lundi dernier, là. Ça fait que c'est le
24, 25 mai.
Mme Blais (Prévost) : Moi,
j'aimerais vous ramener à il y a quelques semaines. Il y a quelques semaines,
on parlait de personnes confinées, on parlait aussi de proches aidants qui ne
pouvaient pas entrer, on parlait du manque de personnel, on parlait d'équipement,
on parlait du virus. Et là les oppositions me demandent de laisser entrer des
entrepreneurs dans des endroits où il y a la COVID-19 pour installer de
l'équipement, alors qu'on ne laissait même pas entrer les familles et qu'on
apprenait vraiment à bien se protéger.
Alors, j'ai préféré attendre l'avis de la
Santé publique avant de bouger. D'ailleurs, à tous les points de presse depuis
le début de la pandémie, le premier ministre se penche toujours pour prendre
ses décisions d'après ce que la Santé publique pense, qui est... d'ailleurs, le
directeur est indépendant, et ça, c'est bien important de le dire, et je le
resouligne. On n'a pas pris de chance.
Et en plus c'est exceptionnel qu'actuellement
il y ait de la chaleur au mois de mai, là. C'est vrai, il y a une canicule,
mais c'est quand même assez exceptionnel.
M. Laforest (Alain) :
...votre employé qui a dit... un de vos conseillers qui a dit à l'entrepreneur :
Ce n'est pas grave, ça va chialer pareil?
Mme Blais (Prévost) : Vous
savez, on en a parlé hier dans mon cabinet, et il y a eu des échanges, des communications,
et je ne vais pas porter sur la place publique ce qui s'est dit. Mais, dans la
vie, il faut être courtois et il faut toujours être en mode solution quand on
répond.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'il y a eu des climatiseurs qui ont été installés cette semaine, là? Est-ce
que vous avez des chiffres là-dessus, là, dans les CHSLD, tout ça? Est-ce qu'il
y en a, des installations qui ont été faites pendant la canicule actuelle pour
essayer d'aider les personnes âgées qui sont dans ces CHSLD là où il fait une
chaleur accablante?
Mme Blais (Prévost) : Oui. Je
ne peux pas vous dire lesquels, mais je peux vous dire qu'aussitôt qu'on a
donné le feu vert, partout dans les CISSS et les CIUSSS, les P.D.G. ont eu la
consigne de commencer à tout mettre en oeuvre ce qui était possible.
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais est-ce que ça s'est fait? Dans la réalité des choses, est-ce qu'il y en a,
des installations qui sont faites ou si là on est obligés... les personnes
âgées sont obligées de supporter cette vague-là, ils n'ont pas le choix parce
qu'on n'a pas le temps d'agir?
Mme Blais (Prévost) : Ça s'est
fait dans des établissements, mais je ne peux pas vous dire lesquels. Mais je
peux vous dire une chose, c'est qu'on va arriver avec une solution innovante
pour des CHSLD vétustes. On se penche là-dessus très rapidement et on a de
belles solutions.
La Modératrice
: En
anglais.
Mme Senay
(Cathy) : Hi. Mrs. Blais, how is this
realistic to recruit 10,000 persons, to have this three
months training that is starting, like, mid-June? That is tomorrow. How
realistic it is really if you want to be honest with Quebeckers right now?
Mme Blais (Prévost) :
Well, I think that we have to think very high in life if we want to have
something.
The
problem of the «préposés aux bénéficiaires», it's not from yesterday. It exists in years, and years, and
years, the lack of «préposés aux bénéficiaires», because we cut on people who were working in CHSLD. And during
the COVID-19, a lot of people, 10,000 people decided to go and help. And we
think that they will want to come because the salary will be better, because we
will offer permanent jobs with all the social advantages and, well, when… «le préposé aux bénéficiaires», if it is around
$49,000, it's starting to be a good salary.
Mme Senay (Cathy) : About the climatisation, you say you gave the green light... it
took us time to get the green light from the institute, but you can't tell us,
since the institute gave the green light, how many installations have been put
in place.
Mme Blais (Prévost) : Well, you know...
Mme Senay (Cathy) : How come?
Mme Blais (Prévost) : How come? Because, well, it was Monday that we started to say :
Well, you can installate it, air condition. Right now, we are Thursday. So I
cannot tell you where precisely, but I can tell you we started to fix air
condition in many places, but I cannot tell you which places.
Mme Senay (Cathy) : One last thing. How do you feel? How is it going for you, Mrs.
Blais? Because there are many critics towards your work as a former minister
responsible for seniors, with three mandates. You came back to Québecpolitics as
Québec's sweetheart and now you're struggling. How is it going for you?
Mme Blais (Prévost) :
Well, I feel better than ever. You know why? Because now, I know why I came
back in politics : to take care of vulnerable people, and that's my job,
and I will protect them as much as possible.
You know, COVID-19 is all
over the world. It's not only Québec, it's all over the world and it was very
difficult to see that it's attacked vulnerable. But it makes me stronger, and I
want to be able to put in place the things that made me coming back in
politics.
La Modératrice
: Dernière question...
M. Verville
(Jean-Vincent) : ...I mean, how can you think
it's possible to hire 10,000 people, even if it's a good salary when the
sanitary conditions are so bad?
Mme Blais (Prévost) :
Well, you know why they are tired? Because we have a lack also of workers
inside our establishments, and the salary conditions were not good enough. So
that's one of the reasons.
The other reason is the
organization. You know, when they phone you on Monday morning to say : Can
you come and work in the CHSLD today, and you have children, and you don't know
where to put the children... So you need to have a type of previsibility to be
able to organize your homelife, and that's what we want to do, to make previsibility,
to give a better salary, to make better conditions. And, you know, in life,
when you don't think big, you have nothing. So we are thinking big to make sure
that we will be able to hire people that will come and work with the vulnerable
people.
Le Modérateur
: Thank you.
M. Verville
(Jean-Vincent) : One last question please.
Mme Blais (Prévost) : Yes.
M. Verville
(Jean-Vincent) : ...after people past away,
after a number of residents past away. What's your reaction to that?
Mme Blais (Prévost) : I'm not sure I understand you question perfectly, so...
M. Verville
(Jean-Vincent) : Well, in the report, it was
mentioned that the situation became more manageable because… after a number of
residents past away... it became better, the situation, because a lot of people
died, so it... more manageable. What's you reaction to that?
Mme Blais (Prévost) : Well, my reaction about the notice, it's the notice of «l'armée
canadienne», is : We learned nothing that we didn't know, lack of
personal, personal who came who didn't know how to manage medical equipment,
protect equipment, work with people. And also they said : When we had more
people coming and worked, and also «préposés» who were coming back or
«infirmières», nurses, coming back to work, the situation was better.
It's normal. When you
have more people, you know, working in a place, the situation is getting
better. But nothing that we didn't know in that notice of «l'armée canadienne»,
and we are very happy to have «l'armée canadienne», and we hope they will
accept to stay until September.
Le Modérateur
: Thank you.
(Fin à 9 h 51)