To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de Mme Christine Labrie, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation, et M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de fiscalité

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de Mme Christine Labrie, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation, et M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de fiscalité

Version finale

Wednesday, May 27, 2020, 8 h 15

Salle Louis-Hippolyte-La Fontaine (RC.184), hôtel du Parlement

(Huit heures vingt minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour à tous. Bienvenue à ce point de presse de la porte-parole du deuxième groupe d'opposition en matière d'éducation, Christine Labrie, et du porte-parole de Québec solidaire en matière de justice économique et fiscale, M. Vincent Marissal. M. Marissal, à vous d'abord.

M. Marissal : Merci, M. Gagnon. Bonjour. D'abord, un mot sur la transaction qui nous a été présentée hier, rapidement, ou le début de transaction concernant le Cirque du Soleil. Évidemment, comme tous les Québécois, je serais très heureux que nous sauvions le Cirque du Soleil. C'est un joyau, on l'a dit. C'est important que ça reste au Québec, on l'a dit aussi. C'est important que ça soit fait proprement, hors des paradis fiscaux, par exemple. C'est important aussi que, si nous prenions une participation dans le Cirque du Soleil, nous soyons en partie propriétaires et non pas seulement débiteurs.

Et ce matin, malheureusement, je suis devant vous avec beaucoup plus de questions que de réponses concernant ce que nous a annoncé M. Fitzgibbon hier. Ça s'est réglé, d'ailleurs, en deux coups de cuillère à pot sur le coin d'une table, en trois, quatre minutes de scrum. Ça manque un peu de sérieux, d'autant que ça fait des semaines qu'on sait que le cirque est en demande. On parle de millions de dollars, au moins 280 millions de dollars d'argent public du Québec en prêt pour le moment.

Alors, ce qu'on demande, là, minimalement, c'est de ne pas se faire replonger dans un autre RONA, qui était la meilleure invention depuis le pain tranché, là, selon la nouvelle cheffe du Parti libéral. On demande à ne pas se faire entraîner dans une nouvelle aventure à la Bombardier, avec les milliards qu'on a fini par mettre là-dedans, ou, par exemple, Rio Tinto Alcan, qu'on s'est fait passer aussi... on s'est fait rouler dans la farine. On a joué dans ce film-là, on ne veut pas rejouer dans ce film-là.

Et on demande la publication des ententes, des deals qui semblent être faits en... c'est rapidement, avec M. Fitzgibbon. Et je l'ai dit depuis le début, le danger avec ce ministre, c'est qu'il prend souvent Investissement Québec pour sa petite caisse. Et là on parle de 280 millions de notre argent. Alors, on veut voir le fameux deal avant d'embarquer les Québécois et les Québécoises dans une autre aventure qui pourrait être désastreuse, coûteuse, ruineuse. On veut avoir les détails. C'est la moindre des choses, c'est une question de transparence. Merci.

Je passe la parole à ma collègue.

Mme Labrie : Bonjour. Écoutez, vous savez à quel point la question de la pénurie de main-d'oeuvre cause des maux de tête, en particulier pendant la crise. Ça complique la gestion de la situation. C'est vrai en santé, évidemment, mais c'est vrai aussi en éducation. À chaque fois qu'on propose des solutions pour garantir les services aux élèves, pour garantir le respect du droit à l'éducation, le ministre nous répond que c'est très compliqué à cause de la pénurie de main-d'oeuvre en enseignement.

Malheureusement, on a eu hier le résultat de demandes d'accès à l'information qu'on avait faites il y a assez longtemps déjà et on a constaté que ce problème-là n'est pas du tout en voie de se régler, parce que le ministre n'a absolument aucune idée du portrait de la situation. Le ministère ne détient aucune donnée sur les prévisions d'effectifs pour les prochaines années, aucune donnée sur les prévisions de départ à la retraite, aucune donnée sur les prévisions de diplomation dans les facultés d'éducation.

Donc, moi, je me demande sincèrement si le ministre reconnaît que c'est un problème majeur, que ça nous empêche de régler la crise actuellement. Comment se fait-il que jamais il n'a demandé un portrait de la situation pour anticiper les besoins de main-d'oeuvre en éducation, pour élaborer un plan de sortie de cette pénurie de main-d'oeuvre là? Je suis sincèrement inquiète pour la suite, d'autant plus que, parmi les seules données qu'on a réussi à obtenir, on constate que l'hémorragie se poursuit, le nombre de démissions est toujours en augmentation, même depuis l'élection de la CAQ, même depuis que le ministre s'est proclamé comme le messie en éducation, même depuis qu'il nous dit que l'arrivée de la CAQ, qui a annoncé des investissements en éducation, ça rassure les enseignants. Eh bien, visiblement non, parce que c'est encore en augmentation, le nombre de démissions, à chaque année, et c'était vrai pour l'année scolaire 2018‑2019.

Le Modérateur : Très bien. Alors, si vous êtes prêts à prendre les questions...

M. Laforest (Alain) : M. Marissal, est-ce que vous pensez que M. Fitzgibbon aurait dû favoriser les repreneurs québécois?

M. Marissal : Je pense que M. Fitzgibbon doit, d'abord et avant tout, favoriser les Québécois et les Québécoises. Avant de mettre de l'argent dans une entreprise, on veut avoir la plus grande des transparences. Idéalement, si le cirque pouvait demeurer propriété québécoise, tant mieux, mais ça ne se fera pas sur un coin de table, régler en quelques minutes des deals à 280 millions et peut-être davantage, on ne le sait pas encore pour le moment. Un prêt, on ne sait pas combien il va rapporter. Combien vaut le cirque, le ministre ne veut pas le dire. De quelle façon pourrons-nous éventuellement être remboursés, on ne le sait pas non plus.

Ça ressemble malheureusement à la vieille bobine qui tourne en boucle, là, Bombardier, RONA. À chaque fois, on se fait rouler dans la farine. À chaque fois, il y a un gouvernement qui arrive en disant : Eurêka! j'ai trouvé. Facile de dépenser l'argent du monde, mais je le répète, là, ce n'est pas son argent. Investissement Québec, ce n'est pas la petite caisse du ministre.

M. Bellerose (Patrick) : ...filiale dans les îles Caïmans, est-ce que, pour vous, ça signifie automatiquement qu'on fait affaire avec des paradis fiscaux et qu'il y a de l'évasion fiscale en jeu?

M. Marissal : L'évasion fiscale, dans ce cas-ci, n'a pas été démontrée. On parle d'optimisation fiscale, quelque chose qui a été dénoncé ici même par la Commission des finances publiques en 2017. Ça ne fait pas longtemps, là. C'est quelque chose qu'on avait demandé de cesser. On avait demandé notamment... les parlementaires de l'époque avaient demandé notamment que la Caisse de dépôt ne joue plus dans les paradis fiscaux. Il y a des pays sérieux, là, comme le Danemark, qui ont dit : Paradis fiscal égale «no, no», il n'y en aura pas, d'aide. C'est ce qu'on a demandé au ministre. Il m'a répondu que je confondais tout, que je ne comprenais rien. Cela dit, le fait est, là, que TPG et M. Laliberté, si jamais il devait revenir, ils sont dans les paradis fiscaux. C'est connu, c'est notoire.

Encourager la pratique des paradis fiscaux, c'est encourager des mauvaises pratiques fiscales. Ils sont dans les paradis fiscaux pour une raison, pas juste pour les palmiers, là, des Bahamas. Ils sont là pour des raisons de fric, et ce n'est pas acceptable.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce qu'un homme d'affaires comme Guy Laliberté, qui dit maintenant qu'il veut racheter le Cirque du Soleil, qui est milliardaire, est-ce qu'il a besoin de 200 millions du gouvernement québécois pour acheter le Cirque du Soleil?

M. Marissal : La réponse, net, frette, sec, c'est non, d'autant que M. Laliberté a fait un sacré bon deal avec la Caisse de dépôt juste avant que le chapiteau s'écroule. En passant, je n'ai pas compris ce «move»-là de la Caisse de dépôt, mais M. Laliberté, si d'aventure, il voulait racheter, je pense qu'il a les moyens de le faire. Si le gouvernement du Québec doit intervenir, nous devons avoir une participation, pas juste un rôle de spectateur puis éventuellement de perdre nos billes là-dedans, parce que ce prêt-là, en ce moment, quant à moi, ça s'écrit plus «subvention déguisée», parce que le cirque est très, très endetté. Le ministre ne veut pas dire à combien on prête. On met 280 millions de notre argent là-dedans. Il n'y a absolument aucune garantie qu'on aura des billes à la fin de l'aventure. Et le ministre, par son opacité, n'a pas beaucoup aidé la cause, en ce moment, parce qu'il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions là-dedans.

M. Lacroix (Louis) : Mais là les arguments du ministre Fitzgibbon, c'est de dire qu'avec le 200 millions, ça assure, jusqu'à un certain point, un contrôle du cirque au Québec, avec des gens, des administrateurs au Québec, etc., et payer des impôts au Québec. Est-ce que vous croyez que ça vaut 200 millions, ça?

M. Marissal : Si on investit pour 200 millions, il faudrait qu'on en ait pour 200 millions. Ça, c'est une base assez simple, là — ces gens-là se disent des «deal makers» puis des gens d'affaires — parce que, si on est pour brûler 200 millions dans une entreprise qui va revendre puis qu'on ne sera pas capables de reprendre nos billes, ce n'est pas un gros deal pour nous autres, ve pourquoi je demande, nous demandons de voir l'entente. Il s'agit de fonds publics.

Alors, qu'on nous donne l'entente, qu'on ne nous refasse pas le coup qu'on nous a fait si souvent avec les Bombardier, RONA et autres entreprises de ce monde.

M. Bergeron (Patrice) : Donc, comme M. Laliberté, donc, est dans les paradis fiscaux, selon vous, il devrait être écarté de ceux-là qui seraient parmi les repreneurs?

M. Marissal : Il peut vendre, hein, ce qu'il a dans les paradis fiscaux. Ce n'est pas une obligation que d'être dans les paradis fiscaux. Il y a de plus en plus de juridictions à travers le monde, même l'Union européenne s'est avancée là-dessus... Il y a des pays qui sont allés de l'avant. Je pense que c'est la moindre des choses, en temps de pandémie, où nos économies s'écroulent, où tout le monde souffre, où les États sont appelés avec notre argent à investir massivement pour tenir ça à flot, c'est bien le moins qu'on puisse demander qu'il n'y en ait pas qui resquillent puis qui s'en aillent se faire du cash dans les paradis fiscaux, qui sont des régimes douteux, pour ne pas dire le plus.

Alors, oui, notre position là-dessus, elle est claire, mais celle du ministre Fitzgibbon aussi et du gouvernement, elle est très claire : ça ne leur fait pas un pli.

M. Bellerose (Patrick) : Un petit commentaire sur la climatisation des CHSLD? La directive du sous-ministre Gendron est partie hier. Est-ce que Québec a trop tardé à climatiser les chambres et les CHSLD?

M. Marissal : Quiconque a déjà fait des rénovations chez lui sait qu'une soumission, ça ne te refait pas une cuisine, là. Alors là, tout d'un coup, là, la ministre Blais nous dit : J'ai envoyé la directive, puis, comme par hasard, il faudrait que les climatiseurs, là, poussent de génération spontanée en une nuit. C'est ridicule et c'est dangereux, parce que, là, il va faire très chaud. Il fait déjà très chaud, et on apprend ce matin qu'il y a notamment des fournisseurs qui avaient sonné l'alarme bien avant, en disant : Bien oui, l'été va revenir. Sais-tu quoi? L'été va revenir, c'est comme une certitude, ça, dans la vie, puis ils n'ont rien fait.

Alors, c'est comme de la pensée magique assez incroyable, de la part de la ministre et du gouvernement, de dire : J'ai envoyé une directive, quand on sait quelle tour de Babel ça peut être que les CIUSSS et autres.

Vous avez envoyé une directive puis vous pensez que ça va se régler de même? Ce n'est pas sérieux, là. Ce n'est pas sérieux, puis là on joue vraiment, là, doublement avec la vie du monde, là.

M. Laforest (Alain) : Ça vous dit quoi sur la gestion de ce ministère-là quand l'entrepreneur, là, a envoyé un avis en avril et qu'il y a des entrepôts pleins, on a vu les images, là, des entrepôts pleins de climatiseurs et qu'on lui a dit : Attendez. En avril, il a averti : Avec la COVID, ça va être compliqué, puis on a dit : Attendez. Puis il y a eu une directive envoyée hier, mais l'entrepreneur, lui, ça fait au-dessus d'un mois qu'il a avisé.

M. Marissal : Ça vous dit tout le manque de sérieux, de préparation. Ça vous dit toute l'improvisation de ce gouvernement-là. Et là c'est grave parce qu'on joue avec la vie du monde. C'est déjà pénible d'être dans un CHSLD, c'est épouvantable. Ces gens-là vivent dans des situations pitoyables, et là, en plus, on va les faire mourir de chaleur parce que quelqu'un, quelque part, n'a pas allumé que l'été allait revenir puis que ça prenait des climatiseurs.

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce que la ministre responsable des Aînés est encore à sa place?

M. Marissal : La question est intéressante.

M. Bergeron (Patrice) : Est-ce que la réponse pourrait être intéressante aussi ou...

M. Marissal : Je vais laisser M. Legault gérer son cabinet. Là, il y a une crise. Visiblement, les réponses qu'on nous donne sont loin d'être satisfaisantes, mais, en attendant, là, la priorité c'est de sauver du monde, c'est de sauver notamment des personnes âgées qui vont se retrouver dans des fours, là, où il va faire 38, 39, 40 degrés, là, dans des chambres d'hôpitaux puis de CHSLD vétustes. On réglera le cas de Mme Blais un peu plus tard, mais, pour le moment, il s'agit de sauver des vies.

Le Modérateur : Une dernière en français? On y va en anglais, Cathy Senay.

Mme Senay (Cathy) : You said that, basically, you have an impression that the deal for the Cirque du Soleil was very spontaneous, that it should have been more thought through, but why do you think this precipitation is announcing a bad result? Québec is basically helping the Cirque du Soleil to survive.

M. Marissal : Yes, maybe because it's trendy, but you have noticed that they are doing absolutely nothing in the larger picture of the cultural industry in Québec. And every time I speak with Mr. Fitzgibbon about culture, he's answering about the Cirque du Soleil. So I came to think that, for him, culture, Québec equal Cirque du Soleil.

The Cirque du Soleil is a big piece of it, but it's only one piece, and frankly I don't see why we should precipitate and throw some public money without any transparency in that. That's what we are asking for. We want to see the deal before we put any more money in that.

Mme Senay (Cathy) : And public money to basically give out $280 million, in Canadian dollars, to perhaps players that are involved in «des paradis fiscaux», I mean, this is... ethically, this is not something that should have happened in Québec.

M. Marissal : For me, this is an ethical test from the beginning and not only with the Cirque du Soleil, but with all companies that will knock at the door of the Government to ask for money. We should not invest a penny of our money in fiscal paradise, period.

Mme Senay (Cathy) : About CHSLD, the Ombudsman in Québec is starting an investigation. She's planning to have a first step of her report in the fall. Today, Premier Legault is supposed to make public the report of the Canadian Army in CHSLD. The situation is very bad as we all know.

How do you think the Legault Government should explain or should receive the report from the Canadian Army in the situation in CHSLD in Québec? What should they do with it?

M. Marissal : Well, they should do what they should have done for years, and act, and stop sending memos about air conditioning. They should act and act quickly. It's a shame that we have to wait for reports from the Canadian Army to know that it is going bad and from bad to worse in CHSLD. Come on! We knew it, so let's do something. Stop sending memos and hoping for fairy tale stories to happen and suddenly all the CHSLD will be fine in Québec. This is not serious, that's improvisation, but the problem is now that it is killing people.

So, come on, let's put your act together and stop just sending memos. Act, do something. Minister Blais likes to visit CHSLD? Let's go. Let's go, it's time to go.

Le Modérateur : Thank you very much. Merci.

M. Marissal : Merci.

(Fin à 8 h 35)

Participants


Document(s) Related