(Treize heures trois minutes)
Le Modérateur
: Bonjour
à tous. Alors, pour faire le point sur la situation, le premier ministre François
Legault est accompagné aujourd'hui de la ministre de la Santé et des Services
sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de la santé
publique, Dr Horacio Arruda. M. le premier ministre.
M. Legault : Oui. Merci beaucoup.
Bonjour, tout le monde. D'abord, on commence par le bilan. Hier, à
21 heures, il y avait 121 cas de personnes infectées. C'est donc une
augmentation de 27 par rapport à la journée précédente. Il y a actuellement
sept personnes qui sont hospitalisées, donc une de plus que la journée
précédente. Toujours un décès, donc pas d'augmentation de ce côté-là.
Il y a en ce moment
4 000 personnes qui attendent le résultat d'un test, qui devraient
l'avoir rapidement. Il y en a 6 000 jusqu'à présent qui ont reçu un
résultat négatif. Et, à compter d'aujourd'hui, on a une capacité de faire
5 000 tests par jour. On n'a pas une demande de 5 000 par jour,
mais on est prêts dès aujourd'hui, si c'est nécessaire, puis évidemment pour
les journées suivantes. Puis ça va même augmenter, là. On a une capacité aujourd'hui,
autant du côté de prendre les tests que de les analyser, de 5 000. Donc,
ça excède la demande. Donc, on a réussi de ce côté-là à rattraper un peu ceux
qu'on voulait... ceux qui veulent des tests.
C'est important, évidemment, de dire que,
plus on teste, plus le nombre de cas augmente. Donc, il faut être prudent quand
on analyse la croissance des cas. On pouvait s'y attendre, avec le nombre de
tests, là, qu'on soit rendu autour de 120.
Je veux aussi rassurer tous les Québécois.
Il y a toutes sortes de choses qui se disent sur les équipements, là. On a actuellement
tous les équipements qu'on a besoin à court terme, donc que ce soient des
écouvillons pour les tests, les masques, les gants, les respirateurs, les
visières, et autres, et on continue d'ajouter à cet équipement-là, au cas où la
croissance soit beaucoup plus forte, là, dans les prochaines semaines. Mais, à
court terme, on a tous les équipements qu'on a besoin.
Ce que les gens, aussi, de la santé
publique me confirment, c'est que les mesures qu'on prend donnent des
résultats. Donc, encore une fois, soyons prudents. Quand on analyse, ça prend
un certain temps avant que ça donne des résultats, mais il y a plus de tests,
donc c'est normal qu'il y ait plus de résultats positifs.
Aujourd'hui, je veux ajouter une consigne
à celles qu'on a déjà annoncées. Je demande aux Québécois, quand ce n'est pas
essentiel, de ne pas voyager d'une région à l'autre. Donc, c'est important. On
suit ça région par région. Pour l'instant, on n'a pas besoin de fermer des
régions. Mais c'est important, pour éviter de propager le virus d'une région à
l'autre, de ne pas voyager, à moins que ça soit essentiel, d'une région à
l'autre.
Je veux aussi revenir sur certaines
consignes qui ne sont pas suivies actuellement par tout le monde. Bon,
commençons d'abord par les personnes de 70 ans et plus. Ce n'est pas le
temps d'être dans les centres d'achats, ce n'est pas le temps d'aller passer
une heure au restaurant avec ses amis. J'ai le goût de reprendre la chanson de Jean-Pierre Ferland, là : Envoye à maison. C'est là
que vous devez être. Ça ne veut pas dire que vous ne pouvez pas aller prendre l'air.
Au contraire, là, aller prendre l'air, c'est bon pour la santé physique, c'est
bon pour le moral. Mais vous n'allez pas prendre l'air en vous rassemblant avec
d'autres personnes dans les centres d'achats, dans les restaurants ou à
d'autres endroits.
Un message, peut-être, aux jeunes et moins
jeunes : appelez vos parents, appelez vos grands-parents au téléphone, là.
Ça fait du bien pour eux autres, là, que vous les appeliez. Et je veux revenir
aussi à ce que j'ai dit, peut-être plus clairement, aux jeunes, mais ça
s'applique à tout le monde : Ce n'est pas une bonne idée de faire des
soupers à sept, huit personnes, là. Ce n'est pas une bonne idée, là. Donc, pas
de rassemblements, même pas dans les maisons.
Maintenant, les personnes qui ont des
symptômes, c'est important, là, de le préciser, les symptômes, vous avez de la
fièvre, vous toussez, vous avez de la misère à respirer, bon, première chose,
d'abord, vous restez chez vous puis vous vous assurez de ne pas être en contact
avec personne. Ensuite, vous appelez le 1 877 644-4545. On va
s'occuper de vous autres, là, ça va très bien de ce côté-là.
Maintenant, un message. Danielle le disait
hier, mais je veux le répéter, tous ceux qui ont des problèmes autres que des
problèmes qui pourraient être associés au coronavirus, autant que possible,
n'allez pas dans les hôpitaux, appelez votre médecin de famille. Puis ceux qui
n'ont pas un médecin de famille, appelez une clinique proche de chez vous. Vous
allez voir la situation. On a fait une belle entente avec la FMOQ, avec les médecins
de famille. Maintenant, toutes les consultations qui sont faites par téléphone
sont payées, et tout ce qu'il est possible de faire comme consultation au
téléphone, plutôt qu'en personne, ça doit être fait par téléphone. Puis on a
une belle collaboration, chez tous les médecins de famille, là, et puis
évidemment c'est beaucoup plus rapide. Donc, tout ce que vous êtes capables de
faire par téléphone, appelez votre médecin de famille. Si vous n'en avez pas,
appelez une ou deux cliniques autour de chez vous, vous devriez être capables
de trouver un médecin, un médecin de famille qui va répondre à vos
préoccupations.
Maintenant, en terminant, mon remerciement
du jour, si je peux dire. Je veux dire un merci spécial à tous ceux et toutes
celles qui nous nourrissent. C'est important, là. Je pars des agriculteurs
jusqu'aux transformateurs, en passant par les camionneurs, par tous les gens
qui travaillent dans les épiceries. Je comprends qu'il y a des gens qui peuvent
être inquiets. On répète les consignes du Dr Arruda : Vous restez
toujours à un ou deux mètres des autres personnes, vous vous lavez les mains
20 secondes, régulièrement. Et, moi, je veux juste vous dire, là, on ne le
sait pas combien de temps la crise va durer, mais c'est certain que, dans tous
les scénarios, on a besoin de vous autres, on a besoin des gens qui nous
nourrissent, là. Donc, vous avez un rôle primordial à jouer au cours des
prochaines semaines. Puis, moi, je veux vous remercier, là. Tous ceux qui
travaillent dans la chaîne alimentaire, là, on a vraiment besoin de vous
autres.
Donc, je termine en vous disant... en
répétant que chaque geste qui permet de limiter les contacts avec d'autres
personnes va nous permettre de limiter la contagion et va nous permettre de
sauver des vies. Donc, moi, je veux remercier tous les Québécois, je vous
remercie pour votre collaboration. Puis, ensemble, on va passer au travers.
Merci.
Le Modérateur
: Merci.
Alors, pour un premier tour à une question, on commence avec
Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Bonjour
à vous. On a compris que 5 000 tests, c'est 5 000 tests
avec résultats, c'est bien ça?
M. Legault : Exact.
M. Laforest (Alain) :
Pourquoi limiter le déplacement entre régions? Est-ce qu'actuellement vous avez
des indications qu'il y aura de la transmission autre, comme le Dr Arruda
le craint depuis plusieurs jours?
M. Legault : Non... Bien, je
vais laisser Dr Arruda compléter. Quand vous regardez, par région, le
nombre de cas, mettons, en pourcentage de la population, il y a des régions où
il y en a plus, il y a des régions où il y en moins. Donc, on veut s'assurer,
évidemment, que les régions où il y en a moins restent dans cette situation-là,
qu'il n'y ait pas de transmission entre les régions.
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, effectivement. Puis je vais revenir aussi avec un élément autre que je
veux passer comme message au public, là. Actuellement, là, il y a probablement
des gens qui peuvent avoir l'infection, mais on n'a pas une situation encore,
je vous dirais, là, où on a une circulation intense, où on dirait : Il
faudrait confiner une ville, prenons l'exemple, disons, là. Parce que ce qui se
passe, là, la chose est très dynamique, mais, vous savez, la Chine a réussi, par
des mesures très strictes, de moins contaminer les autres provinces, mais il y
a eu du vol international qui est fait ailleurs.
Imaginons, là, puis je vais vous donner...
prendre une raison x, il y a une région, là, qui a vraiment une transmission, là,
on se rend compte qu'elle est active, puis ailleurs ça ne l'est pas. Bien, on
ne veut pas nécessairement, pour des affaires non essentielles, que les gens
aillent d'un endroit à un autre. Ça fait que, là, actuellement, on est comme
toujours un peu en avance pour nous préparer à ça, pour nous préparer, mais on
n'en est pas là, actuellement. Si on en est là, soyez assurés qu'on va informer
les gens.
Puis il faut que les gens comprennent le
pourquoi. Le pourquoi, ce n'est pas compliqué, ça ne se transmet pas par les...
Nécessairement, c'est les êtres humains qui, soit infectés, avec des symptômes
ou peut-être des fois sans symptômes, vont aller ailleurs, puis ils vont à ce
moment-là implanter le virus puis le transmettre. Ça n'arrive pas du ciel, par
en haut, dans la pluie ou dans la neige, ça arrive par rapport aux
déplacements. La preuve : le profil épidémiologique de la
Colombie-Britannique, c'étaient surtout des Chinois, parce que c'est eux...
Nous, c'est les pays qui font des échanges avec nous. Donc, c'est des
corridors, je dirais, de transport entre des endroits où il y en a un qui est
touché. On essaie de diminuer la propagation pour ne pas complètement
l'éliminer, ça va être presque impossible, mais la réduire, l'étaler dans le
temps.
Puis ça, ça veut dire une autre chose,
maintenant. Maintenant que la semaine de relâche va s'être en allée, qu'on a
fermé les frontières, on va commencer à avoir des cas au Québec qui vont être
acquis par des gens qui ont été en voyage, puis etc., qui n'auront pas beaucoup
de symptômes puis qui vont le transmettre à d'autres. Quand le ministre vous...
le premier ministre vous interpelle pour vous dire qu'il faut faire des choses
puis les continuer, ce n'est pas le temps de lâcher.
Moi, je tiens à vous dire, là, c'est très
important, tout ce qu'on a annoncé, là, notre succès d'intervention est
dépendant, pas de ce que j'ai prescrit, de comment le patient va prendre ses
médicaments ou va faire ce qu'on lui dit. S'il y en a 50 % qui ne le font
pas, on a un potentiel beaucoup moins grand. D'où l'importance qu'on le fasse,
qu'on identifie les zones aussi où ce n'est pas fait puis qu'on répète, qu'on
répète les consignes. Il faut que les gens comprennent.
Maintenant, un souper de neuf personnes,
hein, on ne peut pas garantir que ces gens-là ne seront pas en train d'incuber.
Les gens ne veulent pas infecter les autres, mais ce n'est pas le temps.
Reportons ça plus tard. C'est ça qui est important que vous compreniez aussi
quelque part. Puis, en même temps, ça va peut-être être long. On ne veut pas
non plus que les gens paniquent puis pensent qu'ils vont être en réclusion chez
eux. Il y a le Web, il y a le téléphone, il faut en profiter pour faire des
choses qu'on aime et qu'on a jamais le temps de faire tout seul. Puis là on va
avoir la paix pour le faire tout seul.
Je veux dire, même une famille peut rester
ensemble, mais ce n'est pas nécessaire d'aller fêter la fête de grand-maman qui
a 100 ans. On fêtera à 100 point quelques années. Voyez-vous? Des
soupers entre professionnels de la santé qui se reçoivent tous les samedis
soirs, comme ils ont été peut-être dans la communauté, ils ont pu voir des
patients, ce n'est pas le temps de faire ça. Essayez de trouver des choses qui
vont faire que vous allez être bien dans cette situation-là.
Si vous allez... Ça ne veut pas dire que
vous ne pouvez plus sortir à l'extérieur puis ne plus voir la lumière. De
grâce! On va développer des gens qui vont faire des psychoses. Mais pensez à :
Est-ce que j'ai besoin de ça? J'ai besoin de sortir, je vais aller prendre
l'air. Ou : Je suis stressé, j'écoute de la musique. Il ne faut pas
paniquer. Prenez ce qui vous fait plaisir. Chaque personne est très, très
différente les unes des autres. Moi, j'aime le théâtre. On peut écouter le
télé-théâtre. J'écoute de la musique pour me rendre plus joyeux. Chacun peut
trouver quelque chose.
Essayez, là, de faire ce que vous ne
pouvez pas faire habituellement parce que vous êtes trop occupés. Ce que vous
vouliez faire à la retraite puis que vous ne pouvez pas le faire, c'est le
temps de le faire comme tel, tant et aussi longtemps qu'on ne se rassemble pas,
comme tel. Vous voulez faire des réseaux sociaux? Vous voulez faire des réseaux
d'entraide? Vous avez le goût de parler à vos amis? Faites-le, comme tel. Vous
voulez aller prendre une marche, vous êtes une personne, même, de 70 ans
ou 75 ans, bien, vous allez la prendre dans votre cour. Mais vous ne vous
organisez pas pour être cinq à vous donner rendez-vous les uns les autres,
comprenez-vous? Vous ne vous organisez pas pour rencontrer cette... Tant que
vous êtes tout seul, vous allez prendre une belle marche dans la forêt, ça va
vous calmer, vous allez prendre de l'air, il fait beau, puis etc. C'est ça
qu'il faut être capable de faire.
Il faut comprendre la raison pour laquelle
on fait ça. Ne vous terrez pas à la maison complètement sans rien faire, vous
allez déprimer. Moi, là, en fin de semaine, juste par exemple, là, j'ai besoin
de cuisiner, là, je vais me faire des tartelettes portugaises, O.K.? Je suis en
train d'essayer des nouvelles recettes. Bien, ça va me donner un plaisir parce
que je n'ai jamais le temps de faire ça. Là, j'espère qu'on va me laisser un
peu de temps en fin de semaine.
Ça fait que c'est ça que je voulais
vous... comme question. Je sais que je parle beaucoup, là, mais je veux que
vous compreniez pourquoi on fait ça. Et, de grâce, faites ce qu'on vous dit,
profitez-en positivement, transformez ça en quelque chose de positif. Excusez-moi,
c'est fini. Je ne dis plus rien.
Le Modérateur
: Je
crois que c'est clair. Hugo Pilon-Larose, La Presse.
M. Pilon-Larose (Hugo) : De
manière précise, le nombre de cas qu'on fait état aujourd'hui, c'est des tests
qui ont été effectués quand dans le temps? C'est-à-dire, c'est le portrait d'il
y a cinq jours?, d'il y a trois jours? Ça prend combien de temps, après avoir
fait le test, pour avoir le résultat s'il est positif ou négatif?
Mme McCann : Bien là, ça va
changer, hein, parce qu'on a maintenant huit laboratoires. À l'époque, là, il y
a deux, trois jours, là, on en avait un, laboratoire, hein? Alors, c'est sûr
que ça a pris plus de temps, là, pour avoir ces résultats-là. Mais là on va
avoir une capacité beaucoup plus grande puis on va avoir huit laboratoires.
Donc, ça va s'accélérer puis on va avoir les résultats plus rapidement.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais
ma question c'était : En ce moment, c'est quoi, le délai?
Mme McCann : Oui. En ce
moment, moi, je pense que c'est deux jours, autour de deux jours. Mais, comme
je vous dis, là, ça évolue d'heure en heure, là, parce qu'on est en train de
déployer ces laboratoires puis on va avoir une grosse capacité, 5 000, là.
Alors, ça va changer d'heure en heure.
Le Modérateur
:
Isabelle Porter, Le Devoir.
Mme Porter (Isabelle) : Oui.
Bonjour. La question est pour le premier ministre. Je voudrais savoir : Le
décret en éducation, est-ce que ça implique qu'on pourra obliger des
enseignants à retourner sur le marché du travail? Je voudrais savoir si ça vise
l'enseignement supérieur. Et est-ce qu'on doit penser qu'il pourrait y en avoir
un autre dans le domaine de la santé, par exemple?
M. Legault : O.K. Bien, on en
a déjà eu un, dans le domaine de la santé, qui donnait beaucoup de pouvoirs à
la ministre de la Santé. Bon, d'abord, je veux revenir sur ce qui s'est passé
dans le domaine de l'éducation. D'abord, on aurait dû communiquer avec le
syndicat, avec la CSQ. On l'a fait, et puis je pense que c'est réglé. Ce sont
des mesures préventives. Pour l'instant, on n'utilise pas ces pouvoirs-là, mais
c'est important de se donner ces pouvoirs-là.
Bon, vous savez que, dans les écoles
actuellement, il y a des éducatrices, des éducateurs qui travaillent pour
garder des enfants, donc, pour être capable d'avoir une certaine flexibilité
parce qu'on n'est pas à l'intérieur des horaires habituels. Bien, c'était pour
ça qu'on a adopté, là. Puis on va tenir au courant, au fur et à mesure, les
représentants syndicaux, mais il n'y a pas rien de changé puis il n'y a pas
rien qui est prévu d'être changé.
Le Modérateur
: Patrice
Bergeron, La Presse canadienne.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous. Il y a des milliers de Québécois âgés qui reviennent de la
Floride, actuellement, qui arrivent aux frontières, qui traversent aux
aéroports. Est-ce qu'il y a des mesures qui sont prévues pour ces gens-là, pour
les sensibiliser, pour les mettre au courant de ce qui se passe puis pour
s'assurer qu'ils respectent des consignes? Est-ce qu'il y a des consignes
spéciales pour eux?
M. Legault : Bien, je dirais,
d'abord, il y a des consignes maintenant à l'aéroport. Donc, ceux qui vont
arriver à l'aéroport, ils vont traverser à la frontière. Maintenant, bien, ça
fait partie du travail qu'on fait, là, aujourd'hui, je m'adresse entre autres à
eux autres, là, ceux qui viennent d'arriver puis qui n'ont peut-être pas
entendu les consignes qu'on a données. Donc, il faut continuer de les donner,
puis on va le faire dans les prochains jours. Puis il y a de la publicité qu'on
a commencée dans les différents médias. Donc, c'est important, puis je compte
sur tous les Québécois, là, ceux qui connaissent des gens qui viennent
d'arriver de la Floride puis qui ne sont peut-être pas au courant des
consignes, de les informer de ces consignes-là.
M. Arruda (Horacio)
:
Et j'exhorte les familles de ces personnes-là de bien les avertir. Puis, si on regarde
le trajet qu'ils vont prendre, en revenant de la Floride, pour monter, là, il y
a des zones chaudes, hein, où il y a des cas. S'ils arrêtent à un endroit, puis
qu'ils ne se lavent pas les mains, et puis que... ils pourraient à la limite,
sans le savoir, ne pas avoir été contaminés en Floride, mais en traversant
l'État de New York, tout dépendamment, puis développer la maladie sept,
10 jours plus tard. Ce n'est pas le temps d'aller transmettre ça aux
autres ni aller montrer les photos qu'on a prises à la plage à grand-maman, là.
Ça fait que je pense que le même message
que les autres, c'est : Vous vous mettez en isolement volontaire pour
14 jours. Vous êtes malade, vous consultez rapidement. Puis ce n'est pas
le temps d'avoir des activités sociales avec plusieurs pour fêter le retour au
Québec.
Le Modérateur
: Merci.
Mme McCann : Et c'est ça qui
va être dit par les agents douaniers, hein, au niveau des douanes avec les
États-Unis. On a l'engagement du fédéral, là, que les agents douaniers vont
donner cette information qu'ici c'est l'isolement pour 14 jours.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : M. le
premier ministre, l'économie du Québec en ce moment a marqué un point d'arrêt,
là. Il n'y a plus rien qui fonctionne normalement, en fait, tout est à peu près
fermé. Pendant combien de temps est-ce que vous croyez qu'économiquement le Québec
peut supporter une situation comme celle-là, autant pour les commerces que pour
le gouvernement, avec toutes les mesures budgétaires que vous êtes en train de
mettre en place?
M. Legault : Bien, écoutez,
moi, je vous inviterais, là, peut-être à être un petit peu patients. À
16 heures, on va se concentrer sur l'économie, on va annoncer des mesures
pour les entreprises puis on va expliquer un peu, là, comment on voit la suite
des choses pour les commerces, les grandes entreprises, les petites entreprises,
comment on va travailler avec eux autres pour les aider du côté des...
M. Lacroix (Louis) :
...M. Legault, je vous demande : Combien de temps?
M. Legault : Bien, si vous le
savez, là, j'aimerais ça le savoir. Ce qu'on sait, c'est qu'on en a pour des
semaines, des mois. Donc, évidemment que toutes les mesures qu'on prend, quand
on dit aux gens de ne pas sortir, bien, les gens ne vont pas consommer, donc il
y a un impact, juste là, sur l'économie. Donc, en plus des échanges commerciaux
internationaux qui ont beaucoup diminué, dans les dernières semaines, on a des
impacts suite aux mesures. Mais, dans la balance des inconvénients, on était
très conscients qu'en posant certaines mesures pour demander aux gens de ne pas
sortir de chez eux que ça a un impact négatif sur la consommation, donc entre
autres, par exemple, sur les commerces.
Le Modérateur
:
Geneviève Lajoie, Le Journal de Québec.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Bonjour. Bonjour à vous trois. Bon, on parle beaucoup des personnes âgées qui
sont davantage à risque, mais on remarque aussi qu'aux États-Unis, en Ontario,
il y a beaucoup de gens dans la quarantaine également qui sont durement
touchés. Même ici, dans les hospitalisations, il y aurait aussi des gens dans
la quarantaine puis sans antécédents de problèmes de santé. Est-ce qu'on voit beaucoup
de complications avec ces jeunes adultes?
M. Arruda (Horacio)
:
Écoutez, on l'a dit, tout le monde peut faire la maladie. Les jeunes enfants,
on n'a pas tant d'hospitalisations. Il y a toujours des exceptions dans la vie,
hein? Bien, on y va par la quantité statistique.
Quand on parle des gens qui vont être
hospitalisés, il y a une catégorie de personne en termes de quantité. Puis, si
on est plus vieux, on a plus de chances de faire des complications puis on a
plus de chances de mourir. Ça fait que... Puis il pourrait y avoir, ça a déjà
existé, un jeune qui, pour toutes sortes de raisons x, y, z, pourrait aussi
décéder. Mais ça demeure la même épidémiologie. Mais c'est normal qu'on
retrouve des gens qui sont en forme qui pourraient être hospitalisés, mais ce n'est
pas le portrait le plus important. C'est pour ça...
Et la raison pour laquelle on a beaucoup
insisté sur les personnes âgées, c'est qu'on sait qu'eux autres ils vont se
retrouver aux intensifs, particulièrement. Puis plus ils sont âgés, plus ils
sont à risque d'être malades, puis de mourir, puis de ne pas être capables
d'être extubés du respirateur, éventuellement. Mais donc je pense que c'est
pour ça qu'on essaie de dire : Même si on n'est pas à risque, on est mieux
de ne pas l'attraper. Je ne sais pas si vous comprenez. Même si on a
45 ans, puis on est en pleine forme, puis on est un coureur, si on peut
éviter de l'attraper, c'est mieux. Parce que qui te dit que ce n'est pas lui
qui va faire la complication?
Mais le message qu'on a dit, c'est qu'on a
insisté là où le risque est le plus élevé. Puis là, à un moment donné, tout le
monde va être à risque. Puis il y a des gens qui... des enfants qui vont faire
ça comme un rhume, on ne s'en rendra même pas compte, mais qui vont peut-être
infecter quelqu'un d'autre. C'est pour ça qu'on dit, là : Actuellement, ce
qui va nous aider le plus... Puis je vais vous le dire, ce n'est pas tant dans
les communautés, en Chine, que s'est transmis le virus, c'est dans les
rassemblements familiaux à la maison. Puis on aura des présentations, là,
éventuellement, là, juste des présentations techniques avec les journalistes,
pour que vous compreniez l'analyse que font les experts de ce qui s'est passé.
Le Modérateur
: Olivier
Bossé, Le Soleil...
M. Legault : Je voulais peut-être
juste ajouter, Mme Lajoie, là. C'est important, quand on regarde les chiffres,
là, on dit, aujourd'hui : 121 personnes qui sont infectées, sept
hospitalisations, la clé, là, c'est beaucoup les sept hospitalisations. C'est probablement
toutes des personnes âgées. Donc, il y a à voir le virus, c'est une chose. À voir
les conséquences graves qui peuvent aller jusqu'à la mort, là, ça, c'est
certain que les pourcentages des probabilités, c'est qu'il y ait beaucoup de
personnes qui sont plus âgées, dans ces groupes-là, qui sont hospitalisées.
Donc, c'est pour ça qu'on suit beaucoup les deux chiffres. Moi, ce qui me
rassure, aujourd'hui, c'est qu'il y ait juste sept personnes hospitalisées
jusqu'à présent.
Le Modérateur
: M.
Bossé.
M. Bossé (Olivier) : Vous
l'avez dit, on a pris des... vous avez pris des mesures tôt, des mesures
d'intervention. On a vu, en France, qu'il y a... s'est mis à émettre des permis
de circuler. Est-ce que c'est une bonne idée et est-ce que c'est souhaitable?
M. Arruda (Horacio)
:
Il faut le regarder en fonction de la situation particulière. La France n'est
pas du tout au même stade que nous. On ne veut pas se rendre en France puis on
ne veut surtout pas se rendre en Italie.
Ce que je veux vous dire, c'est que toute
mesure qu'on peut démontrer... Mais c'est la somme des mesures qui est
importante, je tiens à vous dire, là. Si on se met à... les gens se relâchent
d'eux autres même, puis qu'on se met à émettre des permis, puis qu'on en
poigne, je ne sais pas moi... excusez-moi, là, j'ai dit un terme... qu'on en
arrête — plutôt que poigner, excusez-moi — qu'on en arrête
20 %, je veux dire, le mal va être fait. Je ne sais pas si vous comprenez.
C'est pour ça qu'on fait appel à la société civile puis aux gens.
On peut avoir une approche où on va vous
mettre des policiers en avant. On pourrait faire sortir l'armée, si vous voulez,
puis on va vider les rues. Mais on n'en est pas là. On n'en est pas là. Mais,
je vais vous le dire, si jamais je pense que ça va prendre l'armée parce qu'il
y a du désordre social ou quoi que ce soit, etc., on aura des discussions. Mais
on n'en est pas là.
Parce que nous, là, jusqu'à maintenant...
Je veux féliciter les Québécois parce qu'ils ont très bien compris. Même des
entreprises qui ont décidé d'aller plus loin et en avant... C'est sûr que
l'économie ralentit, etc., mais c'est crucial, c'est crucial comme approche. Puis
nous, là, les gens de santé publique, on va continuer à investiguer les cas
puis les contacts pour justement que les contacts des ces histoires-là, là, ils
ne se mettent pas à aller partout.
Puis, à un moment donné, on verra comment
ça ira, puis, s'il faut prendre des mesures plus fortes on va les faires. Mais
plus les gens vont collaborer avec nous, plus on va avoir du succès puis moins
on va avoir besoin de ces mesures-là qui briment les libertés des individus. On
n'est pas habitués à ça. Mais, s'il faut le faire, on a les pouvoirs, en santé
publique, on a les pouvoirs avec la Loi sur la sécurité civile d'aller en
mesures de guerre.
Le Modérateur
: Merci.
Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour. Dr Arruda, vous nous aviez expliqué, un peu plus tôt cette
semaine, ce qu'était la contamination communautaire, vous nous aviez parlé, de
première, deuxième, troisième générations. Et on sentait que c'était peut-être
en train de bouger sur ce front. Est-ce qu'on a une idée en ce moment, là, sur
les 121 personnes infectées, de la proportion de gens qui l'ont attrapé à
l'étranger, de la proportion de gens qui sont... contamination de première,
deuxième génération? Puis est-ce qu'il y aussi des gens pour lesquels on ne
sait pas d'où vient la contamination, là, sur les cas actuels?
M. Arruda (Horacio)
:
Oui, il y en a... Tout ce que vous dites est vrai. Mais la très grande
proportion, on est encore dans un modèle d'importation. Puis ça, ce n'est pas
moi qui le dis, là. Puis, je vous dis, moi, je n'ai aucune peur de vous dire ce
que les scientifiques nous disent. Puis, je vous le dis, on va probablement,
maintenant... pour expliquer ces éléments-là d'où on est. On est encore un pays...
je ne dirais même pas un pays, on est encore une province, si vous me
permettez, là...
M. Legault : Un État.
M. Arruda (Horacio)
: ...oui,
une nation, si vous voulez — je pense que ça a été reconnu, comme
terme — on est encore une nation dont la principale introduction des
cas a été en voyage, O.K.? Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu quelqu'un qui
est revenu en voyage, qui a contaminé sa mère ou son frère, etc. On est encore
dans une transmission qui, majoritairement, est associée aux voyages.
En fermant les frontières, c'est sûr
qu'avec le temps les cas qui vont apparaître, le lien entre les voyages puis ça
vont être moins grand. C'est là qu'on va avoir la transmission communautaire.
Actuellement, à ma connaissance, on est à une génération, à peu près, on n'est
pas à deux puis on n'est pas à trois. Puis on pourrait être à trois générations,
dans une ville ou dans un secteur, puis pas à trois générations dans une autre.
On pourrait être à trois générations dans la région métropolitaine puis
seulement en première au Québec.
Puis ce qu'on veut faire, maintenant,
c'est que... C'est pour ça qu'on vous demande de collaborer, pour ne pas aller
dans les trois générations. Puis nous, on enquête autour de chacun des cas pour
être capables que ceux qui sont déjà rendus à la deuxième ne passent pas à la
troisième. C'est une course contre les cas et les contacts et c'est une course
contre le temps, mais il faut que tout le monde fasse son maximum.
Mme McCann : Moi, j'aimerais
ajouter là-dessus que, même le réseau de santé, là, c'est ça qu'on fait
actuellement. Nous, le premier ministre l'a dit, là, les services vont se
donner le plus possible par téléphone, mais aussi par téléconsultation. Alors,
dans les cliniques, téléconsultation. Médecins spécialistes, services
hospitaliers, par téléconsultation autant que c'est possible. Mais, dans
beaucoup, beaucoup de cas, c'est possible. Alors, on a tout organisé ça, ça se
déploie actuellement puis même en santé mentale, comme je le disais hier. Donc,
on ne veut pas que les gens se déplacent si ce n'est pas nécessaire.
Alors, cet effort de distanciation
sociale, on le fait aussi au niveau du réseau, et les communautés s'organisent.
Ce qu'on entend, dans toutes les régions du Québec, c'est que les maires, les
préfets, la sécurité civile s'organisent. On veut vraiment prendre soin de
notre communauté. Alors, moi, je pense que, là, il y a un mouvement, il y a une
mobilisation. Puis, que tout le monde emboîte le pas pour la distanciation
sociale, ça va nous rapprocher.
Le Modérateur
: Je sais
que vous aviez plusieurs questions, là, pour vos collègues qui font du
télétravail. Malheureusement, le temps file, je dois passer en anglais avec
Phil Autier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: Good afternoon. There are quite a few people that are complying,
respecting the rules and staying home, but there are other people... As you
have said, Mr. Premier, a number of times, you want people to keep working, but
these people are finding that, in the workplace, there are people who are not
respecting the social distance. And they are being exposed, possibly. And, as
we know, this was also the case among construction workers. There were some
talk of that. Are you considering, possibly, shutting down non essential
businesses? The New York
Governor just announced that, in some of their businesses, they're telling 75% of the people to stay home, and they're operating with a smaller
pool of employees. Are any of these options being examined?
M. Legault :
OK. Nothing is excluded. But, if you take, for example, the construction
sector, we had many talks, yesterday, with their representatives. We have to
make a difference between the work and, for example, if they go and eat
together in a small place, if they have to have... They need to have a place to
wash their hands, they have to make sure to have all those things that we
suggested since the beginning. So far, I think we were able to satisfy
everybody.
And we have to understand
that the economy has to keep going. We still have services, goods that will be
needed in the next weeks, in the next months. So, the economy... And, also,
people have to get some money. Of course, the total amount we can inject in the
economy is not unlimited. So, we have to respect what Dr. Arruda is saying, but
we can do that in most of the companies.
Le Modérateur
:
Question sent by email from Raquel Fletcher. Global News is getting several
e-mails everyday from people still working at their
workplace who really wish they weren't. What do you have to say to them? And
are you hearing the same thing?
M. Legault : Yes, we are hearing the same thing. It's important to respect two rules. First, always stay no less than one to two
meters from other people and wash your hands. But we have to understand... And
I know, and that's why I'm thanking all people that have to work in the health
care network, in our groceries, people, they will still need to eat in the next
weeks and months. So, I need the people. And I can understand that some of them
may be scared about the situation, but we need them. Be careful, but we need you.
Le Modérateur
: Cathy Senay, CBC.
Mme Senay (Cathy) : Premier Legault... and perhaps,
Mr. Arruda, you can complete the answer. Premier Legault, you're basically asking Quebeckers to stop any regional
travels. Why did you have to go as far as this today?
M. Legault :
OK. When you look at the figures per region, in percentage of the total
population of each of these regions, you see that some regions are more
affected, some are less affected. So, we want to make sure that we don't get
more cases in regions where we have fewer people infected. Right now, it's
important to say that there's no possibility, short term, to close a region. But
we saw in other countries that it was successful to do so if you have many
cases in a specific area. So, in order to do that, we have to reduce traveling
between regions. So, that's why we're asking people today, if it's not
necessary, not to travel from one region to the other.
Le Modérateur
:
Last question, from CTV.
Une voix
:
...
Le Modérateur
:
Do you have something to add or...
Une voix
:
No, no.
Le Modérateur
:
No? OK. So, from CTV : If small groups of people have been in isolation
for more than two weeks, is it safe for them to see each other in close
proximity?
M. Arruda (Horacio)
:
If they have been together for more than two weeks... The two weeks, actually,
was related to the fact that they were coming back from traveling, probably,
OK? But now we are not in a high level of... I would say, high level of
transmission in the community. But it's going to come. So, we will have, at
least, to consider anyone around you, and especially
where there is circulation, as in travel, you know. Do you understand? Because
it's not going to be anymore the people coming from traveling, because there is
going to be... stop it, it's going to be persons that are infected here, in Québec, that can transmit the disease.
So, it's why gathering
together, if not necessarily... is important. And gathering, especially with people at high risk, is not a great
idea. Because you could be the best friend of somebody, but the other one is
older, has the disease... and you're going to give him the disease without
knowing it. And so it's why...
I know it's terrible, but
that's the thing to do actually.
We must keep it for the time that we're going to tell you. Because, when it's
going to be new signs of no circulation of... even spring, it's going down, and
everything, even in spring, if it's going to go down, we will evaluate what is
the circulation, but it can come back in... also. Let's do it right now to help
us to go to spring, and we will see what is going to go, at spring, to best
evaluate the situation.
So, the 14 days together
from traveling was there because of people coming back from the school break.
Now, it's... not today, but I will tell you. And we must try to always...
people understand the things before, not today. But there is going to be
circulation in Québec, it's
almost impossible to say no, unless there is, I don't
know, a miracle.
So, let's keep those
habits and let's try to change this kind of life into something that can be
positive. That's my message. I don't want do distress people, I don't want to
make people anxious. Don't be anxious. If you're anxious, call somebody, try to
have an activity that you love. Everybody is different. It could be yoga, it
could be music, it could be dancing, it could be dancing in line with FaceTime,
with somebody else. Just be innovative.
Le Modérateur
: Thanks,
everyone. Merci, tout le monde. On se revoit à 16 heures.
M. Legault : Merci, tout le
monde.
(Fin à 13 h 38)