(Douze heures dix-neuf minutes)
M. Roy
: Eh bien,
bonjour à tous. Écoutez, enfin la commission sur les pesticides se termine, et il
y a eu, bon, un accord unanime par rapport au dépôt du rapport. Donc, ce que ça
veut dire, c'est que le rapport préliminaire et... le rapport a été accepté, et
les recommandations aussi.
De manière rétrospective, on peut dire que
cette commission-là a été initiée par le Parti québécois, par nous. C'est une
commission qui n'a presque pas eu lieu parce qu'au début les autres oppositions
voulaient intégrer des mandats périphériques qui venaient mettre en danger
l'essence même du mandat, et on a réussi à s'entendre à la dernière minute, et
nous avons eu le mandat. On a écouté 76 groupes... excusez, on a eu
76 mémoires, on a écouté environ 26 groupes qui sont venus nous
exposer leur vision et leurs préoccupations par rapport à l'utilisation des
pesticides au Québec.
Ceci étant dit, le rapport comporte
32 recommandations. C'est sûr qu'on aurait aimé en avoir plus, et, dans
ces cas-là, le gouvernement va toujours avoir tendance à pécher par réticence
et les oppositions par excès. Ceci étant dit... et j'ai trouvé ça extrêmement
dommage de voir que les autres oppositions ont coulé le rapport dans les
médias. O.K. Par respect, moi, pour l'ensemble des groupes qui sont venus
déposer, par les groupes qui nous ont envoyé des mémoires, pour le personnel de
l'Assemblée, j'ai décidé de ne pas parler tant et aussi longtemps que le
rapport ne serait pas déposé et j'ai poursuivi mon travail.
J'ai l'impression que les oppositions, et là
je trouve ça dommage, ont agi soit par idéologie de la terre brûlée ou
l'idéologie de Walt Disney. Terre brûlée, c'est-à-dire, pour le Parti libéral,
si ça ne venait pas d'eux autres, ce n'était pas bon. Donc, il y a eu des
tentatives systématiques de coulage et de ralentissement des travaux. Et là
nous sommes demeurés extrêmement patients, et moi, mon focus et le focus de
notre parti, c'était sur les besoins des agriculteurs, les besoins de la
population qui devait être rassurée par rapport à l'agriculture au Québec. Et
j'ai décidé de travailler professionnellement, si vous me permettez, en
accompagnant le gouvernement dans les recommandations qu'ils nous ont déposées
et j'ai poursuivi le travail. Je ne suis pas sorti dans les médias pour couler
le document, j'ai poursuivi le travail avec eux. Ils ont fait des modifications
qui m'ont semblé correctes. C'est sûr qu'on pourrait en avoir plus, hein, mais,
pour le moment, moi, je considère que c'est un rapport qui est bon.
Les recommandations, 32 recommandations, il
y a des éléments qui manquent, mais globalement, bon, ça fait la job. Ceci étant
dit, on peut bien avoir 32 recommandations, on pourrait en avoir 52, 150,
ça prend de l'argent et ça prend une volonté gouvernementale d'effectuer la
transition agroenvironnementale. Et là, bien, quand bien même que... On
pourrait débattre sur chacun des picots, il y a quand même des éléments
là-dedans extrêmement importants pour sécuriser les agriculteurs, offrir de la
formation, donner une information claire et précise sur l'impact des pesticides
sur la santé publique, sur l'environnement. On a beaucoup de matériel là-dedans
et de mettre ça en opération, ces 32 recommandations là, ça va prendre des
sommes considérables. Donc, on s'attend à ce que le gouvernement soit
responsable et débloque les sommes.
Ceci étant dit, donc, à la fin, c'est une
commission dont je n'étais pas certain de l'aboutissement, étant donné qu'on a
eu la moitié de l'information qui a été coulée dans les médias, mais moi, ce que
je vous dis... bien, pas moi, mais nous, au Parti québécois, nous avons
poursuivi le travail et considérons que le monde de l'agriculture devrait être
rassuré, que la population va être rassurée et que... Maintenant, que le
gouvernement prenne ses responsabilités et débloque les sommes pour
opérationnaliser de manière concrète les recommandations que nous avons ici.
Donc, voilà globalement ma perception.
Mme Gamache (Valérie) : Vous
dites : Ça prendrait des sommes quand même importantes. Vous estimez que
le gouvernement devrait investir combien pour mettre en application ces recommandations-là?
Est-ce que vous avez une idée? Est-ce que ça a été...
M. Roy
: Bien, écoutez,
je vais vous donner un exemple. Souvent, on nous a souligné le fait que l'agriculture
biologique, les centres de recherche étaient peu ou pas financés. Bien, si on
veut faire une transition agroenvironnementale au Québec, bien, il faut
investir des sommes considérables dans l'outillage des chercheurs et des
centres de recherche qui vont faire la transition et attirer aussi des
clientèles d'agriculteurs qui veulent s'orienter dans ce domaine-là. Donc,
juste là, je ne pourrais pas vous dire, mais ça dépend de l'ambition et de
l'entrepreneuriat politique du gouvernement. On peut parler de millions et de
millions de dollars, mais là... je ne peux pas m'avancer sur des chiffres
précis, mais chacun des items peut impliquer des sommes considérables.
Prenons l'exemple d'une étude
épidémiologique. Bien, ça va avoir la valeur scientifique des sommes que le
gouvernement va y mettre. Bon, il manquait un élément que j'ai demandé à
rajouter récemment, c'est celui des cocktails. Bon, dans les enquêtes, on
voulait évaluer l'impact des pesticides, mais il faut... puis de nombreux
chercheurs sont venus nous mentionner, l'effet cocktail n'est peu ou pas évalué
dans l'impact des pesticides.
Donc là, ça a été introduit dans les
recommandations, mais juste là, je ne peux pas vous dire combien ça va coûter,
mais il faut que les sommes nécessaires à la réalisation du mandat soient là,
sinon, écoutez...
Mme Lévesque (Fanny) : Quand
vous parlez d'un rapport correct, qui fait la job, est-ce que vous pensez que
c'est suffisant de présenter ça aux agriculteurs aujourd'hui, alors que ces
histoires-là préoccupent, tu sais? Est-ce c'est à la hauteur de leurs attentes,
vous pensez, présenter un rapport correct?
M. Roy
: Bien, écoutez,
je suis à l'opposition, je ne peux pas arriver puis dire : Là, le
gouvernement a fait à 100 % son travail. Je vais vous donner des exemples,
là. En Europe, lorsque nous sommes... bon, on a été en Europe puis on a
rencontré des chercheurs qui nous disaient qu'ils effectuaient un suivi
permanent des équipements d'épandage de pesticides pour ne pas avoir de bombes
chimiques. Donc, une buse... là, je rentre dans la technique un peu, mais une
buse qui est mal calibrée peut épandre 50 fois plus de pesticides que la
normale ou que la prescription. Moi, j'avais demandé à ce que nous ayons une
stratégie de soutien à l'amélioration technologique et à la surveillance des
buses et des équipements d'épandage. On ne l'a pas. Bon, écoutez...
Bon, par rapport à l'ARLA, l'agence
réglementaire antiparasitaire, c'est un gros dossier, ça. Moi, j'avais demandé
à ce que nous ayons une ARLA québécoise, O.K., donc que nous ayons nous-mêmes
notre propre institut d'analyse et d'homologation des pesticides et là... mais
c'est sûr que moi, j'ai discuté avec mes vis-à-vis, avec le gouvernement, parce
qu'il faut comprendre, c'est peut-être que le fédéral, c'est tout ce qu'il
cherche, à nous transférer tout ça. Pourtant, on envoie des sommes
considérables au fédéral.
Donc, pour le moment, dans le rapport, ce
que nous demandons, c'est que l'ARLA fasse sa job, ait une crédibilité par
rapport au monde de la recherche, qu'il ouvre ses livres, que les recherches
indépendantes soient prises en considération, etc. Donc, tous les aspects
négatifs et les craintes par rapport à l'ARLA, le manque de transparence,
l'opacité, bien, on le souligne dans le rapport, mais on leur demande de
corriger leurs affaires. Mais si, comme je le disais au début de ma réflexion,
nous aurions intégré ici même un institut d'analyse et d'homologation, bien, on
aurait pris la facture. Mais il faut comprendre que le gouvernement fédéral a une
responsabilité, puis tant qu'on va rester au Canada, bien, qu'ils prennent
leurs responsabilités et qu'ils protègent la santé publique en modifiant
l'ensemble du processus d'homologation de l'ARLA.
Mme Crête (Mylène) :
Pensez-vous qu'il y a cette volonté politique là de la part du gouvernement de
la Coalition avenir Québec?
M. Roy
: Écoutez, les
signaux que j'ai reçus du ministre de l'Agriculture me semblent corrects. Je ne
peux pas... Écoutez, tant qu'on ne verra pas le budget, là, on ne peut pas...
je ne veux pas m'avancer outre mesure, mais je semble avoir des signaux qui
correspondent à une volonté de soutenir une transition, une amélioration de
l'agriculture via une transition agroenvironnementale.
Mme Lévesque (Fanny) : ...des
éléments qui étaient manquants, si vous aviez à cibler vraiment, là, qu'est-ce
qui, à votre avis, manque dans ce rapport-là, là, dans le...
M. Roy
: Bien, écoutez,
comme je vous disais, l'ARLA, au début, pour moi, c'est important. Mais,
regardez, je vais vous faire partie de ma réflexion. Nous, là, au Parti
québécois, on a essayé d'avoir une approche équilibrée, qui correspond aux
besoins des agriculteurs et aux besoins, je dirais, de la population du Québec.
Et je n'ai pas joué... je n'ai pas fait de petite politique, je n'ai pas été dogmatique.
On a fait attention, et, comme je vous dis, je réitère le fait que nous n'avons
pas coulé d'information. Nous avons respecté le processus. C'est sûr que, bon,
ça aurait été croustillant que je sorte avec les autres oppositions puis que
j'étale mes états d'âme, etc. Non, j'ai continué à travailler avec le comité en
place pour bonifier le rapport, et nous avons un rapport actuellement et des
recommandations qui devraient satisfaire l'ensemble des acteurs de la filière
agricole au Québec.
Mme Crête (Mylène) :
Est-ce que vous pensez qu'il devrait déjà y avoir des sommes dans le budget du
10 mars pour la recherche?
M. Roy
: J'espère qu'il
va y avoir des sommes. Il faut absolument qu'il y ait des sommes parce que
c'est... Écoutez, ce serait un manque de responsabilité et de... Bon, on dit
souvent : Il faut que les bottines suivent les babines. Tout le monde dit
ça, là, c'est un lieu commun, mais il n'en demeure pas moins que, pour la crédibilité
du gouvernement, pour sa responsabilité envers la santé publique et la
population québécoise, ils doivent avoir des sommes qui vont être attribuées à
la transition.
Mme Lévesque (Fanny) : Quand
vous parlez d'étude épidémiologique, donc, on comprend qu'il y en a une,
recommandation, qui vise ça, la tenue d'une étude de ce genre-là?
M. Roy
: Vous savez, la
commission a amené une autorégulation. Pendant la commission, nous avons quand
même assisté à certaines modifications. Je vais vous donner un exemple. Que
l'Institut national de santé publique n'ait pas accès aux données du ministère
de l'Environnement parce qu'ils avaient des ententes de confidentialité avec
les producteurs de pesticides, on trouvait ça incroyable. Et, peu de temps après,
le gouvernement a donné l'ordre au ministère de l'Environnement de donner accès
à la direction de la santé publique.
Donc, pendant la commission, on a vu des
modes... on a vu des changements. Les agronomes commencent à s'autoréguler.
Donc, la commission elle-même a permis des réflexions et des changements de
position globaux, qui étaient remises en question. Mais, écoutez...
Mme Gamache (Valérie) : ...parce
que là vous parlez de l'étude de l'INSPQ, mais l'INSPQ et le gouvernement, pour
l'instant, n'ont fait que s'entendre sur un protocole de transfert de données.
Les données ne sont pas rendues à l'INSPQ, on est bien loin d'une étude.
Est-ce que ça prend trop de temps selon
vous? Parce que ça a été demandé, ça... on était là, là, au mois de
septembre puis on est encore au stade d'établir un protocole de transfert de
données.
M. Roy
: Bien là, vous
m'apprenez ça, et c'est sûr qu'on va assurer un suivi là-dessus. Moi, je ne
peux pas être sur tout, là... écoutez, troisième opposition, là, ce n'est pas
du travail qui manque.
Ceci étant dit, si vous me dites qu'on est
sur le protocole, bien là, c'est sûr qu'il y a de la lenteur administrative,
puis on veut établir les processus, les procédures, etc. Là, on est dans la
bureaucratie et, en général, on essaie de ne pas trop s'immiscer là-dedans,
parce qu'on n'en finira pas, mais je pense qu'il va falloir redonner un coup de
sonde et demander au gouvernement d'être un peu plus actif et réactif.
(Fin à 12 h 31)