(Huit heures trente-huit minutes)
Mme Montpetit : Alors,
bonjour, tout le monde. Merci d'être présents ce matin. Donc, je me présence
ici comme vice-présidente de la CAPERN, mais aussi comme porte-parole en
agriculture, avec ma collègue Émilise Lessard-Therrien, porte-parole de Québec
solidaire pour le dossier de l'agriculture.
Donc, vous vous rappellerez que, dans la
foulée du scandale qui a entouré le renvoi du lanceur d'alerte Louis Robert, il
y a une commission parlementaire qui a été mise sur pied sur les pesticides.
Durant cette commission parlementaire, il y a eu des consultations. On a près
de 80 mémoires qui ont été déposés, près de 700 recommandations qui
ont été soumises à l'attention des parlementaires. Nous avons fait des visites
terrain de ferme pour aller voir ce qui se passait sur le terrain, pour aller
rencontrer des agriculteurs, pour aller voir les meilleures pratiques au niveau
de la diminution des pesticides, mais également au niveau des pratiques
alternatives aux pesticides. On est allés même en Europe. On est allés en
Belgique, en France. On est allés rencontrer près d'une centaine de personnes
en France, des centres de recherche, des experts, des scientifiques, des
ministres de l'Agriculture, des parlementaires, le Commissaire à la santé
d'Europe aussi. Et donc on s'est retrouvé avec beaucoup de recommandations
entre les mains.
Nous aujourd'hui, on est ici, dans le fond,
pour déposer les 50 recommandations qu'on retient comme groupe
parlementaire. Il y a eu beaucoup d'échanges avec les députés de la CAQ. On s'est
retrouvés dans une situation où, malheureusement, ce qu'ils nous proposent, c'est
un rapport sans recommandation, avec simplement des observations, et c'était
important pour nous de faire connaître et de rendre publiques les
recommandations que l'on retient de cet exercice.
Les attentes sont très élevées par rapport
aux travaux de la commission, les attentes des agriculteurs, les attentes de la
population également. Les agriculteurs souhaitent qu'on les soutienne dans ce
virage, dans cette transition vers une agriculture durable, vers une
agriculture qui utilise moins de pesticides. La population s'attend aussi à ce
qu'il y ait des gestes concrets qui soient posés. Il y a beaucoup de travail
qui a été fait par notre gouvernement précédemment, le gouvernement du Parti
libéral, sur des nouvelles réglementations au niveau des pesticides. Je crois
qu'aujourd'hui il faut aller encore plus loin.
Donc, les recommandations qu'on vous
dépose reposent principalement sur cinq axes, qui sont la question de
l'indépendance et de la transparence au niveau de la recherche et au niveau des
services-conseils qui sont donnés aux agriculteurs, également au niveau de la
protection de la santé, et non seulement de la population en général mais au
niveau des agriculteurs et des travailleurs agricoles, au niveau de la
préservation de l'environnement, de la préservation de la biodiversité, donc
des sols en agriculture, des cours d'eau — on a vu des reportages
criants à cet effet-là sur le fait qu'il doit y avoir des actions qui sont
posées — mais également un soutien très étroit au niveau des agriculteurs
pour venir les aider — services agronomiques, notamment — pour
les aider à faire une transition.
Donc, les 50 recommandations reposent
principalement sur cinq axes, et le dernier est évidemment de demander qu'il y
ait un suivi qui soit fait non seulement dans la prochaine année, que la
commission puisse se réunir pour voir ce qui aura été fait et demander aussi,
dans les 18 mois du dépôt du rapport, que le ministère de l'Environnement
et le ministère de l'Agriculture viennent nous rencontrer, les parlementaires,
et viennent faire un suivi de ces recommandations.
Mme Lessard-Therrien :
Merci, Marie. Très beau topo. Je pense que presque tout a été dit.
Ce qu'on trouve important ce matin, c'est
de rappeler que, quand on a rencontré les groupes en commission parlementaire,
il y avait vraiment une unanimité à l'effet qu'on devait prendre des actions
dans ce dossier-là. Le statu quo n'est plus envisageable. À la fois le monde de
l'agriculture, à la fois à la santé, les gens du domaine de la recherche
étaient unanimes, nous ont lancé un cri du coeur nous demandant de poser des
gestes concrets, d'avoir le courage politique de poser ces gestes-là. Donc, c'est
pour ça que, pour nous, c'est incontournable qu'on dépose des recommandations
dans ce dossier-là au niveau des pesticides.
Je l'ai dit à quelques reprises auprès des
autres collègues, là, qui siègent sur la commission, le rôle des parlementaires
à la CAPERN, ce n'est pas de faire de l'agrotourisme. On a visité des fermes,
il y a eu une mission en France, on a entendu des gens. On n'est pas simplement
là pour en apprendre davantage sur ce qui se fait en agriculture, mais vraiment
pour faire des propositions concrètes, que la situation change, s'améliore. Et,
bien sûr, on ne veut pas que cette transition-là se fasse sur le dos de nos
agriculteurs. Le soutien est extrêmement important. Donc, c'est ce qu'on a
voulu dégager dans les 50 recommandations qu'on dépose ce matin. Merci.
Le Modérateur
: Alors,
pour les questions, simplement vous nommer, et on va se limiter à ce sujet-là
ce matin, s'il vous plaît.
Mme Lévesque (Fanny) : Oui, bonjour.
Je voulais savoir... On entend que la CAQ irait avec des recommandations, ce
matin. Est-ce que vous avez eu de l'information là-dessus? Est-ce qu'on vous a
tenus au courant?
Mme Montpetit : Ah! bien, on a
entendu effectivement que M. Drainville a reçu un texto de la CAQ. Moi, je
vous dirais que, comme membre, comme parlementaire, membre de la commission, on
n'a pas été informés; comme vice-présidente non plus, je n'ai pas été informée.
Ce que j'aurais envie de vous dire par rapport à ça, c'est que c'est dommage
d'avoir à faire une pression médiatique et d'avoir à faire la démarche que l'on
fait pour juste passer du niveau observation à recommandation.
Ceci dit, on l'a appelé la rencontre de la
dernière chance, cet après-midi, parce que c'est là que les décisions vont se
prendre. Il faudra voir ce que la CAQ va nous proposer. On comprend qu'ils
seraient peut-être ouverts à voir des recommandations, encore faut-il voir
quelles recommandations ils seront prêts à mettre dans le rapport, parce qu'on
est encore loin de la coupe aux lèvres, là.
Mme Lévesque (Fanny) :
Jusqu'où vous êtes prêtes à aller pour en arriver à un consensus? Là, vous
allez proposer 50 recommandations. Bon. La CAQ, si elle est ouverte, peut-être
qu'elle va en accepter certaines. Jusqu'où vous êtes prêtes à aller pour dire :
Voilà, on dépose un rapport consensuel, là, tu sais? À quoi vous tenez le plus,
par exemple?
Mme Lessard-Therrien : Bien, écoutez,
moi, la première chose, c'est qu'on puisse au moins en discuter parce que, jusqu'à
maintenant, on a eu peu de discussions sur le contenu de ce qu'on souhaiterait
retrouver dans ce rapport-là. Donc, en les rendant publiques, en vous les
transmettant, on ose croire que ça va jeter les bases minimalement d'une
discussion. Comme on vous dit, nous, on a ciblé vraiment cinq axes qui sont particulièrement
importants pour nous. Donc, ça va être à voir au niveau des discussions. À ce
stade-ci, c'est un peu tôt de le dire.
Mme Montpetit : Si j'avais un commentaire
plus politique à faire, c'est qu'au-delà du dossier le fond aussi qui nous
occupe, c'est notre capacité, comme parlementaires, à faire notre travail et à
aller jusqu'au bout de notre travail. On l'a vu : la rentrée parlementaire,
c'était mardi; 48 heures après, on se retrouve dans une situation de
bâillon, une situation épouvantable de bâillon, alors que le ministre, la
veille, déposait 167 pages d'amendement. Donc, on voit très bien, depuis
un an et demi, la dynamique qui s'est installée avec le gouvernement de la CAQ,
qui est un gouvernement qui dépose des bâillons, qui a assez peu de respect
pour le travail en commission, assez peu de respect pour le travail
parlementaire.
Et ce qu'on demande justement... S'ils
veulent aller vers des recommandations, on est très heureux de ça, mais on
demande d'avoir le temps d'en discuter, d'échanger et de s'assurer justement
que le travail est fait comme il faut, si ce n'est que par respect pour les
nombreux groupes, les nombreuses personnes qui sont venus nous voir en commission.
Vous l'avez vu, on a eu des cris du coeur, on a eu des agriculteurs qui sont
venus avec la maladie de Parkinson, qui nous ont dit : Si on avait su, à
l'époque, on n'aurait pas manipulé des pesticides, on se retrouve aujourd'hui
dans une situation où, comme agriculteurs, on est malades, on n'a pas
d'assurance, on ne peut plus travailler. Donc, une des recommandations que l'on
fait, entre autres, c'est de reconnaître la maladie de Parkinson comme maladie professionnelle
pour les agriculteurs, mais qu'il y ait aussi un fonds d'indemnisation qui soit
mis en place pour venir soutenir ces agriculteurs qui sont dans une situation
dramatique, mais qu'on pousse beaucoup plus loin la recherche aussi sur les
effets des pesticides sur la population, mais aussi sur les travailleurs agricoles
et sur les producteurs, là.
Donc, on veut, comme le souligne Émilise,
on veut avoir le temps — et on va faire notre travail comme il faut — et
aller jusqu'à la fin de l'exercice. Donc là, cet après-midi, il y a une rencontre
qui va durer une heure. On pourra assurément vous faire un suivi à la suite de
la rencontre.
Mme Crête (Mylène) :
Seriez-vous prête à accepter un rapport qui contiendrait moins de 50 recommandations,
là, les 50 recommandations que vous proposez aujourd'hui?
Mme Montpetit : À ce stade-ci,
on n'en est même pas là. À ce stade-ci, ce qu'on veut se faire confirmer, c'est
qu'il y aura des recommandations. C'est ce qu'on demande et c'est ce qu'on... On
n'a pas été informés formellement des intentions des députés caquistes. Nous,
on n'a pas eu de rencontre depuis le mois de novembre. Ça fait trois mois qu'on
demande à avoir une rencontre sur le dossier pour pouvoir venir compléter notre
rapport. Les derniers échanges qu'on a eus formellement, on nous disait :
Il n'y aura pas de recommandations, ce sera des observations, et il n'y a plus
de discussion. Donc, on va commencer par se rendre à la rencontre cet
après-midi, on verra ce qu'ils souhaitent nous proposer, puis après...
Mme Crête (Mylène) :
Pourquoi vous y tenez, à vos 50 recommandations?
Mme Montpetit : Bien, écoutez,
il y a eu 700... Je m'excuse, je vais te laisser...
Mme Lessard-Therrien : Non,
vas-y, vas-y.
Mme Montpetit : Il y a eu plus
de 700 recommandations qui ont été présentées. Les 50 recommandations,
puis je vous invite à en prendre connaissance, sont des recommandations qui
viennent finalement... qui viennent... Je pense que c'est l'essentiel, 50 sur
700, là, on est vraiment au minimum, on est vraiment à l'essentiel. Il faudra
voir de leur côté. Puis à ce moment-là, ce sera à eux de justifier lesquelles
ils souhaitent enlever; est-ce que c'est celles sur l'indépendance de la
recherche, est-ce que c'est celles sur la protection de la santé, celles sur la
protection de l'environnement, celles sur les services-conseils, la compétitivité
du monde agricole? On verra celles qu'ils souhaitent retirer de nos
recommandations.
Mme Lessard-Therrien : Je
pense qu'un des éléments qui est important pour nous, ce n'est pas d'aller simplement
dans le conditionnel — le MAPAQ «pourrait» envisager de faire telle
chose — mais vraiment d'y aller avec des actions plus concrètes, de
dire : On va agir. C'est ce qu'on souhaite. On ne souhaite pas être
uniquement dans des scénarios hypothétiques, de «peut-être qu'on pourrait
faire ça», dans les recommandations.
Mme Montpetit : Puis
j'ajouterais, Mme Crête, si vous me permettez, la commission, les consultations,
parce que je sais que vous l'avez bien suivi aussi étroitement, là, dans les
échanges qu'on a eus avec les différents groupes qui se sont présentés, ça a
soulevé beaucoup de questions aussi, à savoir justement la réglementation qui a
été mise en place sur les néocotinoïdes, qui vient réglementer. Est-ce qu'il y
a eu substitution ou non par d'autres pesticides? On doit aller au bout de
cette question-là.
Il y a encore beaucoup de questions pour
lesquelles on n'a pas de réponse. Qu'est-ce qu'on en est... Au niveau du
préarrosage prérécolte du glyphosate, par exemple, c'est quoi, l'état de
situation? À l'heure actuelle, on a encore des données qui sont les données de
ventes. On n'a pas de données sur l'utilisation précise, ce qui empêche justement
la recherche d'avancer.
Donc, il reste encore beaucoup de
questions. Moi, je pense qu'il reste beaucoup de travail à faire dans ce dossier-là.
Et c'est pour ça que non seulement on dépose des recommandations, mais, dans
les recommandations, on souhaite qu'il y ait un suivi et qu'on puisse continuer
à travailler très étroitement sur ce dossier.
Mme Crête (Mylène) :
Je me demandais... le ministre Fitzgibbon, hier, quand il s'est fait poser la
question, là, sur est-ce qu'il faudrait une commission parlementaire pour que
Bombardier vienne s'expliquer, il a dit que ça ne servait à rien, les
commissions parlementaires. Est-ce que vous voyez un parallèle avec l'exercice
de la commission sur les pesticides?
Mme Montpetit : Bien, oui,
absolument. Il y a une demande qui a été faite hier aussi, qui a été refusée,
de recevoir la P.D.G. de RECYC-QUÉBEC dans le dossier de la gestion des
matières résiduelles, et ça a été refusé par le gouvernement de la CAQ aussi.
Donc, on se retrouve... Oui, c'est une tendance de : Ce qui se fait au
Parlement ne sert à rien. On a un gouvernement qui est omnipuissant, qui est en
train d'abolir la plupart des structures, des contre-pouvoirs, des avis
d'experts. Moi, je trouve ça très dangereux quand on pense qu'on a la vérité
infuse, comme gouvernement, et qu'on n'a pas besoin d'avis contraire et qu'on
n'a pas besoin d'entendre les gens, on n'a pas besoin de les convoquer en
commission parlementaire.
Mme Lessard-Therrien : Puis surtout
qu'on était dans une approche très collaborative, très constructive. Puis on a
fait cet effort-là aussi, dans le choix de nos recommandations, de proposer
quelque chose qui soit équilibré, qui, à notre avis, est tout à fait acceptable
pour les membres de la partie gouvernementale qui sont assis autour de la
table. On a vraiment eu le souci de ne pas aller dans des scénarios trop
extrémistes pour que ce soit réaliste d'appliquer ces recommandations-là dès
les prochains mois.
Donc, c'est un peu insultant de voir le
peu de considération que le gouvernement fait actuellement pour les
préoccupations que les autres parlementaires peuvent avoir parce que, je veux
dire, on est des représentants de la population aussi légitimement élus. Donc,
notre voix devrait avoir plus de poids dans cette grande enceinte qu'est
l'Assemblée nationale.
Mme Montpetit : Puis, si je
peux me permettre d'ajouter aussi, on a perdu, donc... Depuis le mois de
novembre, il n'y a pas eu d'évolution sur le dossier malheureusement, alors que
le renvoi de Louis Robert et toutes les dénonciations qu'on a faites datent de
janvier dernier. La commission s'est mise en branle en mai dernier. Ce qu'il
faut bien comprendre, c'est que ce retard-là... Même si aujourd'hui on sortait
avec un rapport, on n'a pas seulement manqué trois mois, on a manqué une saison
agricole. Et on s'est retrouvé dans une situation, l'année dernière justement,
où on a réalisé... Il y a beaucoup de topos que vous avez faits qui mettent,
entre autres, de l'avant que, par exemple, les agriculteurs ont été obligés
d'utiliser des semences avec des pesticides qui ont été réglementés parce
qu'ils se retrouvaient dans une situation où ils n'avaient pas accès à des
semences non enrobées. Ça, ça fait partie des recommandations, par exemple,
qu'on a faites. Malheureusement, bien, ça ne sera pas applicable pour la
saison, et on a un ministre de l'Agriculture qui nous dit qu'il veut sortir son
plan d'agriculture durable. Bien, on souhaiterait que nos recommandations y
figurent, là. Mais le temps... l'horloge avance assez rapidement, là.
Mme Gamache (Valérie) : Est-ce
qu'il y avait... Est-ce que vous avez senti, auprès de vos autres collègues de
la commission, peut-être même des députés de la CAQ, un certain malaise à
présenter un rapport sans recommandations dans ce dossier-là?
Mme Montpetit : Je pense qu'il
faudrait aller leur poser la question.
Mme Gamache (Valérie) : Mais
avez-vous l'impression que vous n'êtes pas seulement les porte-parole du Parti
libéral et de QS ce matin, mais qu'il y a d'autres députés, peut-être, qui ne
veulent pas être ici, mais qui auraient voulus quand même avoir...
Mme Lessard-Therrien : Ce
qu'il faut savoir, là, c'est qu'à partir du moment où on a fait les visites de
fermes, où on a eu les consultations, où on a entendu les groupes en audience
après la visite en Europe, il y a eu une seule séance de travail qui a été faite
avec tous les membres de la commission en décembre, juste avant qu'on quitte.
Mme Montpetit : Le
5 décembre.
Mme Lessard-Therrien : Donc,
on n'a pas eu la chance de savoir ce que ces gens-là pensaient, puis je pense
que leur poser la question...
Mme Montpetit : Bien, moi, je
vous inviterais — c'est une bonne question, Mme Gamache — je
vous inviterais à aller poser la question, pas au président de la CAPERN, mais
aux membres de la CAPERN, notamment des membres qui sont venus sur le terrain
avec nous, la députée Tardif qui est venue faire les visites avec nous, qui a
vu la même chose que nous, qui a fait les mêmes constats que nous. Je serais
assez curieuse d'entendre ces députés dire à quel point, avec tout le travail,
avec tout ce qu'on a entendu, ils sont à l'aise avec les orientations qui sont
prises par le président de la CAPERN, là.
Mme Gamache (Valérie) : Et là
on... Éventuellement, là, les recommandations ne pourront pas s'appliquer pour
la prochaine saison agricole. Est-ce qu'après cette première rencontre cet
après-midi, vous vous donnez... vous souhaitez vous donner du temps, dans le
sens où le rapport, là, pourrait... si, avec recommandations, est-ce que vous
êtes prêtes à dire : Bien, ça peut aller en septembre, là?
Mme Montpetit : Non, non, non,
je dis : Il y a certaines — peut-être que je me suis mal
exprimée — il y a certaines recommandations, justement au niveau des
semences enrobées, par exemple, où il y a... Malheureusement, la saison
agricole commence. Par exemple, dans les recommandations qu'on a faites, on
demande au gouvernement de venir soutenir des études épidémiologiques. Ça, c'est
une demande qui a été faite par l'ensemble des groupes. Ils nous ont tous dit :
À l'heure actuelle, on n'est pas capables d'avoir accès aux données de
ventes... aux données d'utilisation des pesticides, donc on n'est pas capables
de faire la démonstration que tel pesticide utilisé dans telle région, on se
retrouve avec plus d'enfants qui ont de l'hyperactivité, on se retrouve avec
une baisse du QI, on se retrouve avec des enjeux neurodéveloppementaux, on se
retrouve avec plus de maladies de Parkinson. Donc, ils ont de la difficulté à
extraire des effets de causalité. Donc ça, là, on demande de mettre en place un
registre d'utilisation pour les agriculteurs afin que la recherche puisse faire
son travail. Ça, c'est quelque chose qui pourrait être mis en place très
rapidement. Donc, la plupart... la plupart des recommandations peuvent être
appliquées à partir de maintenant.
Mme Gamache (Valérie) : Donc,
une réunion cet après-midi, puis, si jamais on allait vers des recommandations,
il faudrait que ce soit fait rapidement ce printemps.
Mme Montpetit : Oui.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour. Une première question : Pourquoi il n'y a aucun représentant
du Parti québécois à vos côtés ce matin?
Mme Montpetit : Il
faudrait leur demander. On les a invités. On vous invite à aller poser la
question. Ils ne sont pas là. Visiblement, ils ne sont pas là.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Ils ne vous ont pas donné de réponse, d'explication? O.K.
Je comprends, Mme Montpetit, que
Mme Anglade, candidate à la chefferie du Parti libéral mettrait en
application ces recommandations-là si le Parti libéral est élu en 2022?
Mme Montpetit : Bien,
forcément. C'est une recommandation qui n'est pas la mienne ni les miennes en
fait. Donc, oui, forcément, forcément, puis, comme Émilise l'a mentionné, ce
sont des recommandations qui sont le reflet des préoccupations qui nous ont été
soumises par l'ensemble des groupes. Donc, elle serait à l'aise avec toutes les
recommandations qui sont déposées, je vous en assure.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
La même chose, Mme Therrien : Si le Québec solidaire forme prochain
gouvernement, ces recommandations-là vont être mises en oeuvre?
Mme Lessard-Therrien :
Oui, bien sûr.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Très bien. Mme Montpetit, vous avez dit que le gouvernement s'affaire à
mater les différents contre-pouvoirs à l'Assemblée nationale. Est-ce que vous
observez une dérive autoritaire du gouvernement caquiste?
Mme Montpetit : Bien, je
pense que c'est une bonne façon de le mentionner. Il y a un certain
autoritarisme que l'on voit depuis un an. C'est certain. Il y a une certaine
place aussi... il y a une arrogance qui s'installe, non seulement chez le
premier ministre mais chez ses ministres, et là ce qu'on voit, c'est également
chez le... Il ne faut pas perdre de vue que c'est le leader du gouvernement qui
donne des orientations aussi à ces députés qui sont sur les commissions. Ce
qu'on a compris à travers les mailles aussi, c'est que le fait de ne pas
souhaiter des recommandations dans le rapport, grosso modo, c'est aussi pour
s'éviter un débat de deux heures à l'Assemblée nationale, ce qui est absolument
ridicule si vous voulez mon avis. Moi, ça fait cinq ans que je siège à
l'Assemblée nationale. J'ai rarement vu une Assemblée ajourner aussi souvent
tôt. On était en session intensive, la session dernière, on nous a dit :
Il n'y a pas de place pour faire un débat à l'Assemblée nationale, il n'y a pas
de place pour avoir une commission parlementaire sur l'autisme, alors qu'en
pleine session intensive, où on est censés siéger jusqu'à 22 h 30, le
salon bleu ajournait à 13 heures. Et hier, deuxième journée d'Assemblée,
même chose, on se retrouve avec un Parlement qui est ajourné après la période
de questions.
Donc, ce n'est pas qu'il manque de place.
Je pense qu'il y a vraiment un manque de volonté d'entendre les partis
d'opposition, de travailler en collégialité. On le voit sur toutes les
commissions. Et, dans le cas qui nous occupe, c'est vraiment dommage parce que
c'est un travail qui a été fait en collaboration depuis le début.
Donc, on ne se retrouve même pas dans une situation
où on pourrait se retrouver à l'opposé, en termes de lecture de la situation.
Tous les groupes qui sont venus, du groupe le plus environnementaliste à l'Union
des producteurs agricoles en passant par les chercheurs, étaient tous au même
diapason : il faut agir. Il n'y a personne qui a demandé l'abolition
totale des pesticides. Ils nous ont tous dit : Il faut accompagner les
agriculteurs. Il y a des enjeux, voici ce qu'il faut faire. Et le travail qu'on
fait reflète ça.
Donc, il n'y a pas de raison aujourd'hui
que les députés caquistes ne prennent pas acte de ça, et qu'on n'aille pas vers
des recommandations qui tiennent compte des 50 qu'on a déposées, si ce n'est
une dynamique de manque de volonté, soit par rapport au dossier soit par
rapport au travail qui se fait à l'Assemblée.
Le Modérateur
: On va y
aller rapidement pour une dernière question.
M. Bossé (Olivier) : Ils
veulent peut-être éviter le débat, mais ça ne les empêcherait pas de prendre
les observations, au lieu de les appeler recommandations, puis de les appliquer
ensuite ou...
Mme Montpetit : Bien, une... deux
des recommandations, les deux dernières recommandations que l'on fait, pour
nous, sont des incontournables. La recommandation 48, c'est que la
commission se réunisse dans un an pour faire le suivi du dossier. Ça, pour
nous, cette recommandation-là, elle nous permet, comme parlementaires, de
s'assurer qu'on sera assis autour de la table avec l'ensemble des partis pour
discuter du dossier. Et la recommandation 50, c'est que, d'ici 18 mois,
le ministère de l'Environnement et le ministère de l'Agriculture viennent nous
rencontrer, comme parlementaires, et qu'ils fassent un suivi de l'application
des recommandations.
Si on va par observation, déjà, ça, ça ne
peut pas être appliqué, et on se retrouve dans une situation où, si on veut un
suivi, ce sera à la bonne volonté des députés de la CAQ.
Le Modérateur
:
Merci....
Mme Lessard-Therrien : ...
Le Modérateur
: Ah!
excuse-moi.
Mme Lessard-Therrien : Bien,
on ne veut pas faire de la rhétorique, mais, entre observations,
recommandations, le poids du mot n'a pas la même signification. Pour nous, y
aller avec des recommandations, il y a une espèce de force morale à aller vers
là pour s'assurer que ce soit mis en oeuvre.
Mme Montpetit : Puis, si je
peux juste ajouter une petite chose, le fait d'avoir un débat, puis là on parle
d'un débat à l'Assemblée, ce n'est pas un débat contradictoire, hein? C'est un
débat qui nous permettrait, comme parlementaires, d'exposer ce qu'on a vu.
Les consultations ont été publiques, mais
on est allés faire des visites sur le terrain. On n'a pas pu expliquer, nous,
ce qu'on avait retenu du travail qui a été fait. Il y a des visites en Europe,
il y a des frais de contribuables qui ont été engagés aussi pour ça. On n'a pas
eu l'occasion de présenter ce qui nous a été mentionné. Pour nous, ça serait
aussi l'occasion d'avoir deux heures à l'Assemblée nationale où on a quatre
partis qui viennent faire une lecture de la situation dans un dossier qui a été
explosif et qui a soulevé beaucoup, beaucoup, beaucoup de préoccupations, et ça
nous permettrait de répondre à ces préoccupations-là.
Le Modérateur
: Alors,
merci, Mmes Montpetit et Lessard-Therrien. Vous allez recevoir incessamment,
là, les 50 recommandations par courriel.
Mme Montpetit : Merci beaucoup,
bonne journée.
(Fin à 9 h 1)