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Point de presse de Mme Manon Massé, cheffe du deuxième groupe d’opposition, M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition et M. Andrés Fontecilla, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’immigration, de diversité et d’inclusion

Version finale

Wednesday, January 29, 2020, 14 h 30

Agora du pavillon d’accueil, pavillon

(Quatorze heures trente et une minutes)

Mme Massé : Oui. Bonjour, tout le monde. Notre premier ministre était à Davos la semaine dernière pour vanter la croissance économique du Québec. Mais, sur la planète Québec, le vrai monde, eux autres, ils n'en profitent pas.

Le meilleur exemple de ça, c'est le logement. Sur papier, tout va bien. Le marché de l'immobilier est en croissance. Les promoteurs construisent des tours, des condos. Ça prend de la valeur. Mais, dans la vraie vie, là, les loyers explosent. Des locataires sont évincés pour faire rénover leur loyer puis, bien sûr, voient le prix augmenter. Le téléphone n'arrête pas de sonner dans nos différents bureaux parce que les familles ne savent plus à quel saint se vouer. On va démêler ça pour la CAQ. Là-dedans, il y a juste les spéculateurs qui s'enrichissent. Les autres, ce qu'ils vivent, c'est une crise du logement.

M. Nadeau-Dubois : La première chose qu'on demande à la CAQ, et c'est le début pour trouver une solution, c'est de se sortir la tête du sable. Il faut regarder la réalité en face. Le Québec traverse une crise du logement, et il y a des centaines de milliers de familles qui en sont les victimes. Mais, une fois qu'on a regardé la réalité en face, il faut trouver des solutions. À Québec solidaire, on met aujourd'hui sur la table deux solutions qu'on propose à la ministre.

Premièrement, il faut mettre un frein à la montée en flèche des loyers. Entre 2018 et 2019, le loyer moyen au Québec a augmenté deux fois plus vite que l'inflation. Pour les gens, ce que ça veut dire concrètement, au quotidien, c'est que le besoin de base du logement gruge une part de plus en plus grande de leur chèque de paie. En ce moment, les locataires doivent s'arranger avec leur proprio ou doivent passer des mois devant le tribunal du logement pour contester les hausses injustifiées.

La bonne nouvelle, c'est qu'il y a des solutions. À Québec solidaire, notre solution, c'est un plafond légal à la hausse des loyers. Si un propriétaire veut dépasser ce plafond-là, c'est possible, mais il devra, lui, aller devant la Régie du logement justifier sa démarche, factures à l'appui. L'idée ici, ce n'est pas d'empêcher les rénovations. Bien au contraire, c'est d'empêcher les abus. Cette solution-là, on ne la sort pas de notre chapeau. Elle existe ailleurs. Elle existe en Ontario et ça marche. Il y a un plafond obligatoire sur les hausses de loyer qui existe en Ontario depuis 2006. Il y a une loi là-bas qui limite les hausses de loyer à l'inflation. Donc, c'est une solution concrète qui a fait ses preuves.

Mais ce n'est pas tout. Deuxièmement, Québec solidaire propose de construire des nouveaux logements locatifs abordables, pas des HLM en carton, des logements faits pour accueillir des familles ordinaires. Il y a 15 000 logements sociaux qui, en ce moment, au Québec, sont en attente d'être construits. Et l'argent qu'on ne dépense pas pour construire ces logements-là, bien, ironiquement, il retourne dans les caisses de l'État pour engranger les surplus. Ne pas construire des logements, donc ça fait l'affaire du gouvernement, mais, pour les locataires, c'est indécent.

Mais ce qui est encore plus indécent, c'est que, l'année dernière, la Coalition avenir Québec a construit seulement 835 logements, 835 logements, en un an. À ce rythme-là, ça va prendre quatre mandats seulement pour rattraper le retard de 15 000 logements qu'on a actuellement. Les familles à Rouyn-Noranda, à Saint-Hyacinthe et à Joliette, ces familles-là n'en peuvent plus d'attendre. Elles ne pourront pas attendre quatre mandats. Il faut 5 000 logements cette année pour répondre aux besoins les plus criants. Et après il va falloir un plan pour rattraper le retard. La CAQ doit livrer. Elle doit livrer maintenant. C'est une urgence nationale, en fait. Le Québec, c'est vrai, ce n'est pas encore Toronto, ce n'est pas encore Vancouver. Mais, si le gouvernement ne fait rien, c'est exactement là qu'on s'en va.

Pendant que le premier ministre se félicite de la croissance économique record, dans la vraie vie, sur le terrain, il y a des centaines de milliers de familles québécoises qui ont de la difficulté encore à trouver un logis salubre ou abordable. Une économie qui permet à Lino Saputo de posséder autant d'avoirs que 24 000 familles québécoises médianes mises ensemble, une économie qui laisse près de 200 000 familles québécoises payer plus de 50 % de son revenu pour se loger, cette économie-là, ce n'est pas une économie qui profite à tout le monde, c'est une économie déréglée. C'est la vérité gênante qu'on veut rappeler à la CAQ tout au long de la session. Et, au 1er juillet, le gouvernement va être jugé très durement s'il n'a rien fait.

M. Fontecilla : La crise du logement, c'est d'abord des chiffres inquiétants. À Montréal, le taux d'inoccupation est à 1,5 %, à Gatineau, même chose, à Granby, 0,9 %, à Saint-Hyacinthe, 0,4 %, à Rouyn-Noranda, 1 %. C'est du jamais vu en 20 ans, depuis la fin de la dernière grande crise du logement, au tournant des années 2000. Et, si vous avez le malheur d'avoir des enfants, c'est encore pire. À Drummondville, par exemple, le taux d'inoccupation des logements familiaux atteint un famélique 0,2 %. Trouver un logement pour une famille, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

Dans toutes les crises, malheureusement, il y a des gens qui en profitent. Le gouvernement laisse des spéculateurs sans scrupules donner une mauvaise image aux propriétaires en faisant des passes de cash avec leurs logements. Les rénovictions sont devenues monnaie courante. Des gens vivent dans l'intimidation pour les inciter à partir de leur logis, surtout les personnes vulnérables. Les histoires d'horreur s'empilent dans nos bureaux de comté. Des spéculateurs achètent des immeubles de logements, expulsent les locataires et les transforment en hôtels avec des plateformes comme Airbnb et compagnie. Bref, le monde du logement, c'est devenu le far west.

Mais ce n'est pas juste les locataires qui vivent la crise. Les familles qui se tournent vers l'achat d'une maison s'endettent en moyenne de 150 % de leurs revenus, un record. Elles sont pressées comme des citrons par un marché immobilier hors de contrôle. Le logement est devenu le terrain de jeu des plus riches, des hôtels clandestins et des spéculateurs étrangers qui n'occupent même pas leurs logements. Nous, à Québec solidaire, on a des solutions pour ceux et celles qui habitent nos villes au Québec. Merci.

La Modératrice : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y a des questions sur le sujet? Vincent Larin, QMI.

M. Larin (Vincent) : Je serais curieux de savoir... Quand vous parlez des logements que le gouvernement devrait construire, vous dites que ça ne doit pas être des HLM, des logements sociaux. C'est quoi, la différence? Puis est-ce que c'est vraiment le rôle du gouvernement de se lancer dans l'immobilier comme ça pour loger les gens, selon vous?

M. Fontecilla : Tout d'abord, il y a différentes formules de logement. Il y a les HLM, les habitations à loyer modique. Il y a les coopératives d'habitation. Il y a des logements gérés par des organisations sans but lucratif, les OSBL. Le gouvernement peut choisir une de ces formules-là.

Il faut savoir qu'au Québec et au Canada on ne construit plus des HLM destinés aux populations les plus vulnérables, les plus démunies depuis 1994, depuis que le gouvernement fédéral de Jean Chrétien s'est retiré de ce secteur-là. Le Québec a été une des seules provinces à garder un programme de logement social qui finance soit des coopératives d'habitation ou des OSBL en habitation. Donc, c'est des formules qui sont différentes, qui correspondent à des publics différents. Les coopératives d'habitation correspondent à des gens qui veulent s'impliquer, qui veulent assumer la gestion d'un immeuble, ce qui n'est pas toujours facile. Et les OSBL d'habitation s'adressent à des segments de population un peu plus vulnérables.

Mais, par rapport à votre question fondamentale, est-ce que le gouvernement devrait s'impliquer dans la construction de logements, nous, à Québec solidaire, on pense que oui. Le logement, avant d'être une marchandise, avant d'être un bien pour spéculer, c'est avant tout un droit, et le droit, c'est au gouvernement d'assurer que tout le monde ait un toit sur la tête.

La Modératrice : Est-ce qu'il y a d'autres questions?

M. Nadeau-Dubois : Je vais peut-être ajouter un élément qui est important. Les 15 000 logements dont on parle aujourd'hui, c'est des logements qui ont déjà été promis, et une majorité qui ont déjà été même budgétés. Donc, on ne vient pas ici dire : Le gouvernement doit faire quelque chose qu'il n'a jamais réfléchi à faire. On vient demander à la Coalition avenir Québec d'au moins livrer ce qu'il avait promis de livrer, d'au moins ne pas répéter l'échec libéral, c'est-à-dire annoncer des logements puis ne pas les construire. Donc, on ne demande rien d'original. On demande au moins qu'ils livrent la marchandise sur les logements qu'ils ont promis. Et, en pleine crise du logement, c'est la moindre des choses. Avant même de faire des nouvelles annonces, là, commencez donc par faire ce que vous avez promis de faire.

M. Larin (Vincent) : Je sais que c'est très hypothétique, mais, si le besoin est si criant et qu'ils ont déjà été promis, ces logements-là, pourquoi est-ce que vous pensez que la Coalition avenir Québec ne les fait pas, n'avance pas plus vite que ça dans le dossier?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est une excellente question. C'est un choix politique. C'est une question de priorités. Est-ce qu'on juge que la crise du logement, c'est une priorité au Québec en ce moment? Nous, on pense que oui. Et les chiffres qu'on a nommés, on ne les invente pas, là. Quand il y a des taux d'inoccupation en bas de 1 % ou autour de 1 %, c'est plus bas que ce qu'on a vu depuis le début des années 2000, là. Donc, il y a un choix politique à faire. Et la CAQ doit réaliser qu'il y a 40 % de locataires au Québec. On ne peut pas les laisser tomber. C'est un gouvernement qui a donné un gros coup de pouce aux propriétaires les plus fortunés en baissant leurs taxes scolaires, là, en début de mandat. Je pense qu'il est temps qu'ils réfléchissent aussi aux locataires.

M. Larin (Vincent) : Merci.

La Modératrice : Est-ce qu'il y a des questions sur l'actualité? Merci beaucoup.

(Fin à 14 h 42)