(Neuf heures trente et une minutes)
Le Modérateur
: Donc,
bonjour. Bienvenue à ce point de presse sur le bateau... le traversier L'Héritage.
Donc, vont s'adresser à vous, aujourd'hui, M. Guillaume Legault, porte-parole
du groupe Sauvons L'Héritage, accompagné d'élus et de membres de l'équipage,
ainsi que plusieurs citoyens qui sont touchés par le traversier L'Héritage. Ce
sera ensuite suivi de M. Martin Ouellet, leader parlementaire du Parti
québécois; M. Gaétan Barrette, porte-parole du Parti libéral en matière de
transports; et de Mme Ruba Ghazal, porte-parole solidaire en matière de
transports.
On va prendre les questions par la suite sur
le sujet. Les élus vont être disponibles individuellement pour prendre les
autres questions par la suite. Donc, M. Legault, à vous la parole.
M. Legault (Guillaume) :
Merci beaucoup. Donc, merci de vous être déplacés aujourd'hui.
En fait, pour faire un bref topo de la
situation, nous, on est un comité citoyen. On est de la MRC des Basques, on est
beaucoup de Trois-Pistoles. On est ici pour envoyer un message au sujet de
l'avenir de L'Héritage 1. L'Héritage 1, c'est un traversier qui
assure le plus vieux lien fluvial entre les rives nord et sud du Saint-Laurent.
Ça fait plus de 100 ans que ce bateau-là connecte les rives nord et sud.
Ça fait 100 ans de partage, ça fait 100 ans de développement
économique, ça fait 100 ans d'histoire.
L'année passée, L'Héritage a assuré le
service entre Trois-Pistoles et Les Escoumins et a réussi à amener plus de
39 000 personnes sur le quai de Trois-Pistoles. Trois-Pistoles, c'est
une municipalité de 3 500 personnes. Donc, on peut imaginer l'impact
économique majeur d'un service de ce genre-là pour nos communautés.
Notre comité est composé de nouveaux
arrivants, d'aînés, de gens d'affaires, de membres de l'équipage, de personnes
de tous les horizons des Basques. On est ici pour envoyer un message simple :
On veut des réparations pour notre navire et on en a besoin plus tôt que plus
tard.
Un an après le début des travaux pour les
négociations pour permettre à L'Héritage 1 de pouvoir reprendre la mer en
2020, le gouvernement du Québec décidait de faire volte-face alors que les
travaux allaient, semble-t-il, bon train. On a accusé à tort L'Héritage 1
d'être un navire en fin de vie, ce que des données crédibles démentent de
toutes parts, et on a aussi accusé La Compagnie de navigation des Basques
d'être une compagnie privée, alors que c'est une entité publique, donc qui est
opérée par une régie intermunicipale, et c'est important de le mentionner.
Face à cette décision, il y a deux choses
qui nous viennent en tête. Donc, d'abord, comment le gouvernement du Québec ne
comprend-il pas les impacts économiques et sociaux de cette décision-là sur le développement
et la vitalité de nos milieux de vie? On le sait, il a été beaucoup question de
l'état du navire, mais comment se fait-il que le ministre Bonnardel ne soit pas
capable de s'entendre avec les autres membres du gouvernement pour comprendre
et bien analyser les impacts d'un arrêt de service de traversier entre
Trois-Pistoles et Les Escoumins?
Donc, nous, on demande au gouvernement du
Québec de faire ses devoirs et d'agir avec cohérence en matière de développement
régional. Il n'y a même pas trois mois de ça, la ministre Proulx venait aux
grandes pompes annoncer des investissements de 2,4 millions de dollars
dans notre région pour faire venir des jeunes en région. Moi, je suis un jeune
qui vient de l'extérieur et puis j'ai une question à envoyer à Mme Proulx.
C'est bien beau, faire venir des gens, mais que faites-vous d'eux et elles une
fois qu'ils sont sur place?
Nous, ce qu'on craint aussi, c'est qu'en
région on ne nous prend pas au sérieux. Le ministre Bonnardel, on le sait, est
empêtré dans une saga sans précédent des traversiers. La STQ n'est pas capable
de livrer la marchandise avec ses propres navires, le F.-A.-Gauthier, le
Saaremaa, l'Apollo. Bref, les scandales s'accumulent les uns en arrière des
autres, et puis nous, on demande au ministre Bonnardel de venir à la rencontre
des gens de l'Est.
Par chez nous, c'est simple, ce n'est pas
très compliqué à comprendre, au café, au centre d'achats, n'importe où, la
seule chose qu'on entend, et c'est sur toutes les lèvres : Qu'est-ce qui
se passe avec le transport interrégional? Et, à ce jour, on trouve que c'est absolument
anormal que le gouvernement du Québec n'envoie pas le ministre des Transports
et que la ministre Proulx n'ose pas se présenter chez nous pour prendre en
considération les besoins légitimes de la population et prendre le pouls sur le
terrain.
Donc, nous, ce qu'on dénonce un peu, c'est
l'opacité du processus. Au mois de décembre, il y a eu une rencontre qui a été
organisée, qui devait nous permettre de prendre une décision quant à l'avenir
de L'Héritage 1. Cette décision-là devait arriver au plus tard au
31 janvier. Or, on est le 23 et on est toujours un peu dans le brouillard.
Trois-Pistoles, il y a beaucoup de brume, il y a beaucoup de brouillard, mais
des fois on aime ça en sortir. On aimerait ça que le gouvernement nous aide à
ce niveau-là.
Donc, nous, on pense qu'on a fait la
démonstration claire, et nos représentants de La Compagnie de navigation des
Basques ont fait la démonstration de la crédibilité du dossier, de leur
implication dans le dossier. Alors là, c'est au gouvernement de prendre la
balle au bond et d'agir.
Donc, dans notre communauté, et on le voit
aujourd'hui, il y a une unanimité claire, en dehors du gouvernement de la Coalition
avenir Québec, ce navire-là doit être remis en mer, ce service-là doit
reprendre dès 2020, sans quoi il y aura des impacts majeurs. On vous salue, on
vous remercie d'être présents à nos côtés aujourd'hui.
Donc, nous, ce qui nous questionne, en
fait, à partir du 31 janvier, on commence à avoir de moins en moins de
garanties par rapport à la possibilité d'envoyer ce navire-là en cale sèche
pour effectuer des travaux. Ça, ça impose un délai très, très clair. Le
31 janvier 2020, le dossier et tous les efforts de notre communauté pour
assurer le maintien de ce service-là pourraient tomber à l'eau, et ça, ce
serait vraiment, vraiment dommage et ce serait de la responsabilité du gouvernement
du Québec.
Ensuite, pour nous, c'est vraiment
important de mentionner aussi... On le sait, on est dans une situation de
pénurie de main-d'oeuvre. On a de la difficulté à recruter du personnel dans
toutes les sphères d'activité économique, et le secteur maritime, soyez-en
assurés, il n'est pas épargné de ce problème-là. Les employés, les membres de
l'équipage sont sollicités de toutes parts, même pas la Société des traversiers
du Québec, pour pouvoir se joindre à d'autres équipages. Pour nous, à partir du
1er février, ça devient de plus en plus urgent qu'on soit capables de dire aux
gens de chez nous, 26 familles qui bénéficient de salaires et d'entrées
d'argent récurrentes, des emplois de qualité, des emplois bien rémunérés, des
emplois qualifiés, qu'est-ce qui va se passer de leur vie, qu'est-ce qu'ils
vont avoir à manger et est-ce qu'ils vont, oui ou non, être capables de mettre
du pain sur une table à Trois-Pistoles.
Donc, pour nous, le gouvernement doit
cesser de se cacher. Le ministre Bonnardel a mis de l'avant plusieurs éléments.
Il a mentionné qu'il se référait à une éventuelle stratégie maritime pour l'Est
du Québec, pour pouvoir prendre une décision dans le dossier, Mais pour nous, c'est
important de le dire, on ne peut pas se permettre d'attendre à avril, sinon c'est
l'ensemble d'une communauté qui va souffrir d'une mauvaise décision du
gouvernement. Donc, on espère vivement avoir des nouvelles, d'ici le 31
janvier, et non seulement on espère avoir des nouvelles, on espère qu'elles
seront positives. Donc, merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. M. Ouellet.
M. Ouellet : Merci beaucoup.
Donc, vous avez entendu Guillaume — c'est quand même assez
éloquent — sur l'impact que le bris de service peut causer entre la
Rive-Nord et la Rive-Sud. Moi, à titre de représentant à la circonscription de
René-Lévesque, vous avez rapidement compris que le lien Trois-Pistoles—Les
Escoumins me touche, nous touche tous. Donc, c'est aussi essentiel pour nous
d'avoir ce traversier-là dès 2020, déjà accessible, fiable et disponible pour
nos communautés.
Et on comprend bien mal l'hésitation du
gouvernement de la CAQ, présentement, à ne pas vouloir investir. On a un OBNL
public qui fonctionne, qui fait ses frais, occupé, avec les gens du milieu, et
on ne comprend pas pourquoi le gouvernement ne veut pas donner les moyens à
cette compagnie-là d'exister et de continuer. La STQ a eu malheureusement des
fiascos à son dossier. On ne veut pas aujourd'hui dire que la STQ devrait s'en
occuper. Ça fonctionne tel que ça existe, présentement. On veut avoir les
sommes nécessaires pour pouvoir réparer ce bateau-là et laissons-le justement à
La Compagnie de navigation des Basques pour qu'il soit opéré par des gens du
milieu.
Donc, ce qu'on dit à M. Bonnardel ce matin :
Cette traversée-là, elle est vitale, vitale en 2020, mais vitale aussi pour les
10, 15, 20 prochaines années, et c'est ce que l'étude nous a démontré. Ce
bateau-là, si on investit les 5 millions demandés, aura devant lui
20 autres années de service. Et donc c'est pour ça que ce matin, avec tous
mes collègues, de façon transpartisane, nous nous joignons à la coalition et la
mobilisation citoyenne et nous demandons au gouvernement, pour le 31 décembre,
d'avoir une réponse positive. Les 5 millions sont nécessaires, donnez-les.
Le reste, la région va s'en occuper, et vous aurez, dans l'Est du Québec, une
liaison fiable, sécuritaire, qui, dans certains cas, a rendu de fiers services
à la STQ. Merci.
Le Modérateur
: Merci.
M. Barrette.
M. Barrette : Alors, à mon
tour de prendre la parole. Avec Martin et Ruba, ici, effectivement, on est
transpartisan dans cette intervention. Merci, M. Legault, d'être venu ici aujourd'hui
avec les gens qui vous accompagnent. Vous êtes plus d'une dizaine à avoir pris
l'autobus ce matin pour venir vous faire entendre parce que, manifestement, les
chemins normaux ne fonctionnent pas. Alors, il y a une question de procédure
ici qui amène une grande interrogation. Le ministre, dans les faits, a établi
un plan en cinq points, selon lequel il allait prendre la décision d'aller de l'avant
avec la réparation du bateau. Les gens qui sont ici ont rempli les exigences du
ministre et ont même contredit les analyses du ministère à l'effet que le
bateau serait en fin de vie. Il y a une étude sérieuse qui a été faite, qui
montre exactement le contraire.
Alors, on a un ministre qui dit :
Cinq points, puis là je vais regarder ça, puis je vais vous donner votre
date... ma décision au 31 janvier 2020. On est à huit jours de la date
butoir, et il n'y a aucune décision qui est prise, et il y a seulement une information
qui est transmise : J'ai un plan maritime, puis on verra. On connaît que
le slogan de la CAQ, c'est On verra, mais aujourd'hui la question qui se
pose, ce n'est pas bien, bien compliqué. Est-ce que, quand on est un citoyen
des régions, et qu'on est peu nombreux, et qu'on est loin des réflecteurs, on a
moins de poids auprès du gouvernement de la CAQ que les autres? C'est ça qui
est la question.
Ces gens-là ont joué le jeu. Ils ont
rempli les exigences. Les exigences font en sorte que la décision qui logiquement
devrait être prise est d'aller de l'avant avec le financement. La décision ne
se prend pas. Clairement, les gens de Trois-Pistoles n'ont pas le même poids politique
que les gens ailleurs. M. Bonnardel, vous avez une décision à prendre.
Êtes-vous partie d'un gouvernement qui défend les intérêts de tous les Québécois,
même s'ils ne sont pas dans un de vos comtés, ou non? C'est à ces gens-là que
vous devez répondre, pas le 31 janvier, avant le 31 janvier, et la
réponse devrait être positive. Voilà.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Mme Ghazal.
Mme Ghazal : Merci. Moi,
je veux joindre à voix à mes collègues pour remercier, remercier vraiment les
gens qui sont ici, qui se sont déplacés. Moi, ce que j'ai vu depuis les
derniers mois, puis je pense que le ministre Bonnardel aussi l'a vu, c'est une communauté
soudée, des gens qui se mettent ensemble depuis des mois, qui ne lâchent pas
prise, qui veulent sauver L'Héritage, parce que ça en va de l'impact économique,
touristique, social dans leurs communautés et que c'est extrêmement important
de les appuyer puis de les encourager à continuer. Puis c'est extrêmement
important aussi que le gouvernement les écoute.
Ce n'est pas normal, ce qui se passe en ce
moment. C'est que le ministre Bonnardel, en ne donnant pas de réponse, ce qu'il
est en train de faire, c'est de prendre toute une population en otage. C'est
inacceptable. Toutes les études sont là, tous les chiffres sont là. Ils ont
fait tous leurs devoirs pour démontrer qu'il faut absolument que L'Héritage,
que ce lien-là, extrêmement important pour la communauté, continue. C'est
5 millions de dollars. Le gouvernement nous dit qu'il va y avoir la
première pelletée de terre pour le troisième lien avant les prochaines
élections, et ça va coûter des milliards de dollars.
5 millions de dollars, je suis
certaine que, si le ministre s'assoit avec aussi la ministre du Tourisme,
s'assoit avec la population, va les voir, la solution est simple. Il faut
absolument les encourager, il faut leur donner cet argent-là et non pas écouter
la STQ. On connaît ses déboires. C'est extrêmement important pour les gens qui
sont ici, et je vous félicite encore pour votre mobilisation. Continuez, ne
lâchez pas et on va être avec vous.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. On va prendre les questions sur le sujet.
Journaliste
: ...de LaPresse.
Je veux juste bien comprendre, dans le fond, là, le L'Héritage, là, est-ce
qu'il fonctionne à l'année, ce bateau-là, ou c'est saisonnier?
M. Legault (Guillaume) :
C'est un bateau saisonnier, en fait.
Journaliste
: Donc, de
quelle période à quelle période?
M. Legault (Guillaume) : Ça
commence au mois de mai, fin mai, puis ça arrête en octobre.
Journaliste
: Puis
donc, là, il est en attente de réparation, c'est bien ça?
M. Legault (Guillaume) :
Absolument.
Journaliste
: Puis si,
par exemple, on ne faisait pas les réparations en janvier, est-ce qu'on craint
que la reprise des services soit compromise ou on est capable de faire encore
du temps? À quel point c'est critique?
M. Legault (Guillaume) :
Bien, en fait, c'est que, si les réparations ne sont pas effectuées dès
maintenant, le navire ne pourra pas obtenir la certification de transport de
Transports Canada et donc ne pourra pas reprendre la mer l'année prochaine. Les
travaux qui sont à effectuer sont principalement des travaux sur la coque, donc
c'est du travail d'acier. Ça a été bien étayé dans le rapport de
contre-expertise qui a été déposé. Ce n'est pas des travaux qui sont
irréalisables, et je pense que c'est tout à fait souhaitable que ce soit fait.
Journaliste
: Donc, si
je comprends bien, dans le fond, le gouvernement ou le ministère des
Transports, lui, juge que ce n'est pas urgent, les travaux ne sont pas... Puis
là vous allez faire une contre-expertise pour... C'est ça.
M. Legault (Guillaume) :
Bien, le ministère des Transports du Québec ne semble pas voir l'urgence de la
situation, visiblement, sans quoi je pense qu'il aurait choisi d'agir
complètement différemment et, premièrement, à l'endroit des représentants de La
Compagnie de navigation des Basques. La rencontre qui a eu lieu le 19 novembre
dernier, le ministre Bonnardel a préféré y envoyer les hauts fonctionnaires et
des responsables de son ministère plutôt que de se présenter sur place. M.
Bonnardel n'a non plus pas pris de position par la suite. Donc, nous, on se
pose des questions : C'est quoi les échos qui sortent au ministère des
Transports du Québec à l'heure actuelle?
Et pour nous, je pense qu'on doit donner
tout le sérieux nécessaire à ce dossier-là pour qu'il puisse cheminer
positivement et très rapidement. Ensuite de ça, est-ce que c'est des arguments
qui, pour le ministère, sont économiques ou est-ce qu'ils sont beaucoup plus
pratiques dans leur vision stratégique du développement maritime? Ça, je ne
pourrais pas me prononcer.
Le Modérateur
:
Marc-André Gagnon, Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) :
Bonjour. Donc, je comprends que, bon, vous tous, ce matin, vous pressez, hein,
le gouvernement d'investir dans ce bateau-là, mais, en même temps, ce navire-là
n'est pas la propriété du gouvernement. Il est la propriété, donc, d'une régie
et tout ça. Quelle est la responsabilité de l'opérateur là-dedans?
M. Legault (Guillaume) :
Bien, l'opérateur, en fait, est La Compagnie de navigation des Basques. La
Compagnie de navigation des Basques a été créée en 2009 à l'initiative même du ministère
des Affaires municipales et, je dirai haut et fort, à l'unanimité des membres
de l'Assemblée nationale. Vous savez, ce n'est pas rien, mettre en place une
régie intermunicipale, donc le gouvernement devrait agir avec cohérence dans le
dossier et soutenir cette entreprise-là. Ce n'est pas non plus une entreprise
privée, hein? C'est ça qu'il faut vraiment très bien comprendre, là, il y a une
distinction claire. Ce navire-là et La Compagnie de navigation des Basques est
la propriété de la ville de Trois-Pistoles, de la ville de
Notre-Dame-des-Neiges, de la ville de Les Escoumins, la MRC de La
Haute-Côte-Nord, la MRC des Basques et la première nation Essipit. S'il y a
quelqu'un qui est capable de me faire la démonstration aujourd'hui et hors de
tout doute que ces entités-là sont des entités privées, je vais lui dire bravo.
Pour le reste, nous, puis je suis content
que vous posiez la question, au niveau de nos revendications, on pose
essentiellement deux questions. La première revendication, c'est, oui,
effectuer des travaux sur ce navire-là. Dans un deuxième temps, c'est s'assurer
que le lien maritime entre Trois-Pistoles et Les Escoumins fasse partie de
toute stratégie de développement maritime ou de planification stratégique du
développement des transports dans l'Est du Québec. Et donc la responsabilité de
La Compagnie de navigation des Basques à ce niveau-là, je pense qu'elle est
très grande, mais je pense que tous les devoirs ont été faits, toutes les
exigences ont été rencontrées. Et puis on demande aussi au gouvernement du
Québec de se questionner sur la possibilité à long terme de donner du
financement récurrent à cette entreprise-là comme c'est fait avec plusieurs
autres entreprises de transport maritime. On sait, il y a plusieurs traversiers
qui sont opérés par des compagnies privées et qui reçoivent du financement récurrent
de la part de la STQ.
Pourquoi se fait-il que L'Héritage 1 et La
Compagnie de navigation des Basques ne sont pas dans cette situation-là? Je
pense que tout d'abord on va régler le dossier du financement de L'Héritage,
ensuite on pourra voir pour les suites, et je ferai entièrement confiance aux
représentants de La Compagnie de navigation des Basques à ce niveau-là.
M. Gagnon (Marc-André) : Je
comprends qu'il est hors de question, pour l'instant, de demander à la STQ de
prendre ça en charge, là.
M. Legault (Guillaume) : À
l'heure actuelle, au moment où on se parle, ce n'est pas l'enjeu qui est sous
nos propositions au ministère. Ceci dit, il faudrait questionner les personnes
responsables et impliquées dans la négociation pour qu'ils puissent se
positionner à ce sujet-là.
M. Barrette : Si je peux rajouter,
M. Gagnon, rappelez-vous quand même, dans ce dossier-là, une chose importante :
le ministre a fixé un chemin. Il a dit : Il y a cinq conditions, si vous
remplissez ça, on devrait aller de l'avant. Il n'y a pas un engagement, je
pense, formel, contractuel, avec François Bonnardel en bas d'un contrat, là,
mais c'est quand même le ministre qui a dit : Cinq conditions. Ils les
remplissent. Il y a quand même un engagement, ne serait-ce que moral, sinon
politique, et là ça n'arrive pas. Bon, vous allez me dire qu'on n'est pas rendu
au 31 janvier. Mettons que je comprends qu'on est dans le silence radio,
actuellement, là.
M. Gagnon (Marc-André) : Bien,
une question, justement, pour les élus. Le gouvernement et la STQ en ont plein
les bras, là, depuis déjà plusieurs années, avec les traversiers, notamment
dans cette région-là. Que pensez-vous du chemin parcouru depuis un an? Parce
que, là, il y a bientôt un an, là, il y a un grand ménage que le ministre
Bonnardel a entrepris à la Société des traversiers du Québec. Le F.-A.-Gauthier
n'est toujours pas de retour, quoique là il semble y avoir peut-être une
lumière au bout du tunnel...
M. Ouellet : Permettez-moi
d'en douter.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Gagnon (Marc-André) : Bien,
allez-y, là. Je vous écoute.
M. Ouellet : Bien, écoutez...
puis je veux juste vous rappeler, le ministre avait déjà dit non la première
fois pour L'Héritage. Il nous avait dit que c'était fini, que L'Héritage ne
serait pas là en 2020 et qu'il fallait attendre la stratégie de la STQ pour
voir de quelle façon le lien Rive-Nord—Rive-Sud serait optimisé. Par la suite,
il y a eu des représentations et, au final, avec les cinq conditions, on semble
avoir rempli ce que le gouvernement demandait pour aller de l'avant.
Cela étant dit, je pense que la STQ a,
encore aujourd'hui, un déficit de crédibilité et, avant d'opérer un autre
traversier, le conseil que je lui donnerais ce matin, c'est d'abord de
s'occuper, dans sa propre cour, de faire fonctionner des bateaux.
Donc, avant de regarder à moyen, long
terme si la STQ pourrait opérer la traverse de L'Héritage, je lui demande de se
concentrer, de remettre le bateau F.-A.-Gauthier fiable, sécuritaire et
essentiel entre les deux rives et, après ça, regarder dans sa propre cour
comment elle peut optimiser ses propres services. Mais présentement, s'il y a
une chose que je ne voudrais pas, c'est que la STQ s'occupe de la gestion, de la
navigation et de l'organisation du service entre les deux rives. Présentement,
ils ont de la crédibilité à regagner, et ça, ça ne se compte pas en jours, ça
ne se compte pas en mois, ça va se compter par années.
Des voix : ...
M. Barrette : Oui, mais je vais
rajouter une chose, là. Alors là, là, ça fait 18 mois qu'ils sont là, là. Alors
là, ils ont leur «track record» à eux autres. Il n'est pas glorieux. Il ne peut
pas arriver puis dire : C'est de la faute au gouvernement précédent.
Alors là, ils ont une opportunité réelle
de régler un problème et d'avoir un succès. C'est une opportunité pour eux
autres. Si j'étais à leur place, je la prendrais. Pour la première fois, là, il
y a un dossier qui est ficelé. Ça n'a pas été peut-être clair, là, mais M.
Legault vous a dit qu'il y a actuellement un chantier naval qui est prêt maintenant
à recevoir le bateau et à le réparer. Il y a un montage financier qui
fonctionne, qui fonctionne. Ils ne peuvent pas contester ça.
Alors, au moment où on se parle, là, dans
le dossier des traverses, il y a l'opportunité d'avoir un succès. Qu'il le
prenne donc, au lieu de zigonner, parce que là, ce qu'il fait, c'est juste ça
puis ça foire tout le temps. Alors, il peut-u en faire un comme du monde, là,
puis après ça, on verra le reste? Puis moi, j'abonde dans le sens de mes
collègues sur ce qui est de la performance du ministre et de la STQ, là.
Mme Ghazal : En fait, il y a
une vraie crise de confiance envers la STQ, c'est le moins qu'on puisse dire. Et
eux, ce qu'ils ont fait, c'est une simple inspection visuelle de L'Héritage
puis ils ont décidé, il a mis à mort, ça ne marchera pas. Il faudrait un
nouveau bateau, donc on n'investit pas, alors que les citoyens, eux, ils ont
fait un travail rigoureux d'inspection avec un expert, beaucoup plus que ce que
la STQ a fait, juste quelque chose de pas sérieux du tout. Et donc c'est une
crise de confiance, ça existe depuis très longtemps, ça fait des années que ça
dure. Maintenant, le ministre Bonnardel, c'est lui aujourd'hui qui est le ministre
des Transports. Donc, il doit régler cette crise de confiance en faisant le
ménage à la STQ puis rapidement pour qu'il y ait des résultats.
Mais, pour le moment, vous avez ici des citoyens,
des gens qui sont extrêmement impliqués. Ici, on a des citoyens, il y a aussi
un élu, il y a des travailleurs. Comme vous le disait M. Legault,
M. Guillaume Legault, comme ce qu'il vous disait, c'est qu'il y a des gens
qui se demandent qu'est-ce qui va arriver pour eux. Eux, ils sont mobilisés. Il
faut que le ministre... Je pense qu'il n'a pas le choix. Il y a aussi...
J'interpelle aussi M. Denis Tardif de faire de la pression auprès du
ministre Bonnardel parce que ce n'est pas juste... C'est bien beau d'avoir un
député de la CAQ dans le coin, mais il faudrait aussi que ça donne des
résultats.
M. Barrette : Alors, la
Stratégie maritime de M. Bonnardel ne peut pas être un prétexte pour prendre
en otage cette situation-ci qui peut se régler maintenant. C'est simple, cette
affaire-là, là. Le ministre dit : Cinq conditions, on les remplit; montage
financier, ça marche. Il y a une cale... un chantier naval qui est prêt à
recevoir le bateau maintenant. Puis là on va arriver puis on va dire :
Bien, vous savez, j'ai une stratégie maritime, puis on va prendre le temps. Et
automatiquement, ça vient de faire sauter la prochaine saison, peut-être celle
d'après, avec toutes les conséquences économiques et sociales dans une petite
région — prenez-le pas mal.
Mais c'est ça, mon argument premier, moi.
Est-ce qu'ils ont le même poids, eux autres, là, qu'à Lévis pour le troisième
lien, hein? C'est un vrai enjeu pour eux autres, là. Ils ne sont pas descendus,
eux autres, là, de Trois-Pistoles parce que ce n'est pas important pour eux
autres. C'est un enjeu qui est proportionnellement aussi important pour eux que
pour d'autres, et la décision est prenable, les conditions sont favorables, et
il n'y a pas de raison d'aller ailleurs. Et actuellement c'est le silence radio
de la part du ministre.
M. Legault (Guillaume) :
J'ajouterais peut-être un dernier élément qui est très important pour nous.
Matane, ça ne va pas bien. Rimouski, ça ne va pas bien. Trois-Pistoles, ça ne
va pas bien. Baie-Sainte-Catherine, ça ne va pas bien. Y a-tu une place où ça
va bien, là, en termes de traversiers au Québec? On se questionne.
M. Barrette : Bien, dans
le bureau de M. Bonnardel.
M. Legault (Guillaume) :
Tout à fait. Nous, ce qu'on veut dire aussi, c'est qu'on n'acceptera pas d'être
dilués dans l'ensemble de ces problématiques-là. M. Bonnardel n'arrête pas
de le dire et de le redire : Vous savez, nous, on a hérité d'un dossier
qui était mal ficelé. La STQ, on n'était pas là, patati, patata.
Bien, maintenant, c'est lui est ministre
et qu'il prenne ses responsabilités. On n'a pas à être divisés avec d'autres populations
qui sont aussi prises au piège par l'absence de décision du ministre Bonnardel à
l'heure actuelle. Vous savez, on ne mettra pas Matane en compétition avec
Trois-Pistoles puis on ne mettra pas Trois-Pistoles en compétition avec Rimouski.
Ce n'est pas comme ça que ça marche, le développement régional, puis on
n'acceptera pas de faire les frais de cette petite gamique là d'essayer de nous
mettre en en opposition puis de mettre en opposition des communautés qui sont déjà
fragilisées.
On le sait, on vient d'un milieu qui est
en dévitalisation. Alors qu'on nous parle de développement économique sur
toutes les tribunes, nous, on se demande de quelle manière que le gouvernement
peut le moindrement être crédible quand il nous parle de développement économique
et de développement des régions. Le développement des régions, ce n'est pas
juste construire une nouvelle grosse usine à Trois-Pistoles, c'est aussi nous
permettre de maintenir ce qui nous donne du gaz puis ce qui nous donne de l'air
en tant que communauté. Vous savez, 26 jobs à Trois-Pistoles dans un
milieu de 3 180 personnes, là, si on faisait le calcul assez rapidement,
pour Montréal ou pour Québec, ce serait des chiffres astronomiques et
monstrueusement importants.
Donc, j'invite le ministre Bonnardel à
bien mesurer les conséquences de ses actes et de sa négligence dans le dossier
à l'heure actuelle.
Le Modérateur
: Est-ce
qu'il reste des questions sur le sujet? Oui, en anglais.
Mme Senay (Cathy) : I mean, when you listed all the places where ferryboats are not
working, do you have the impression that the Liberal Government doesn't
understand what is at stake right now and that includes this link, L'Héritage 1,
with Trois-Pistoles and Les Escoumins? Is a person can answer to me in English?
M. Legault
(Guillaume) : Yes. I feel like the Government
is really not understanding and measuring correctly the impacts of his
decisions right now. I also think the Government counts on division between
communities, which is not about to happen. I'm pretty certain every community
in Eastern Québec is very, very, very concerned about the situation of the
ferries right now, but what I do know is that, in Trois-Pistoles, as in
Rimouski, as in Matane, as in so many communities in Eastern Québec, no one is
going to let it go. We deserve better services. It's not because we are smaller
communities that we should not be represented at the Assemblée nationale or at
the Ministère des transports du Québec.
I think we deserve our
fair share in terms of development, and I think the Minister Bonnardel needs to
answer faster and with better answers, and I think we deserve answers right
now.
Mme Senay (Cathy) : And L'Héritage 1, what does it need to go back in good shape and do
this link? What does it need? Does it need much?
M. Legault
(Guillaume) : Well, from what we know now, the
Heritage 1 would need $5 million worth of work, of upgrades. And yes, it's
not that much when you think about the great amount of money that François
Bonnardel has between his hands every year. We are talking about
$5 million. The impact of this very ship in our community alone is worth
more than that yearly. We don't understand how that is not sufficient to show
the minister that he needs to go back to work and give us the only rational
answer, which is a yes at the present time.
Mme Senay (Cathy) : So you feel neglected.
M. Legault
(Guillaume) : Absolutely, and I think I can
talk for many of my fellow citizens in rural Québec. We have a government that
was self-proclaimed the rural political party. Well,
now is the time to prove it, and until we have a demonstration that this party
can work with rural regions, we're not going to believe it. Thank you.
Le Modérateur
: Merci beaucoup.
On va passer aux questions sur les autres sujets. Je vais garder les trois élus
avec nous, puis les autres, je vous remercie beaucoup de votre présence, vous
pouvez quitter vers ma collègue là.
Des voix
: ...
M. Lacroix (Louis) : Bien,
moi, j'aurais une question pour...
Le Modérateur
: Les
journalistes avaient des questions pour vous. Vas-y.
M. Lacroix (Louis) : J'aurais
une question pour vous aussi... En fait, ça va être la même pour tout le monde.
Vous avez vu, avant-hier, la ministre McCann et la ministre LeBel qui, en
conférence de presse, ont dit, bon, qu'ils n'iraient pas en appel de la
décision de la Cour supérieure dans le dossier Gladu, l'autre nom m'échappe,
là...
M. Barrette : Truchon-Gladu.
M. Lacroix (Louis) : Truchon,
merci. M. Barrette, qu'est-ce que vous pensez du fait, vous qui êtes
médecin, là, que ce soit le Collège des médecins qui va établir la façon de
procéder dans l'élargissement de l'aide médicale à mourir pour les personnes
qui sont atteintes de maladies mentales? Est-ce que vous trouvez que c'est une
bonne façon de procéder? Est-ce que le Collège des médecins est la bonne...
comment dire, la bonne entité pour décider de questions aussi délicates?
M. Barrette : Très bien. Je
vous rappellerai que, lorsque le fédéral a fait sa loi, dans l'heure où c'est
sorti, je me suis présenté devant vous en disant que leur loi ne répondait pas
à l'arrêt Carter. C'était une mauvaise loi qui, aujourd'hui, se corrige, est en
voie de se corriger.
Ça nous amène à un débat sur
l'application, encore une fois, de l'arrêt Carter. Ce n'est pas juste une
question d'élargissement de l'aide médicale à mourir, c'est une question aussi
d'acceptabilité sociale. Et dans tous les pays où il y a eu ce débat-là, il y a
eu un débat public chez les parlementaires. On l'a fait dans un premier temps,
ça a donné ce que l'on a aujourd'hui, qui est partiellement défait, et c'est
correct de le faire comme ça parce que ce n'est pas ça que le fédéral a fait.
Le fédéral n'a pas fait une bonne loi. Là, il y a une cour qui dit... elle ne
dit pas que le Québec a fait une mauvaise loi. Elle dit : Là, dans ce
dossier-là, pour l'application au Québec, il y a un problème, et ça se
répercute au fédéral. C'est correct, cette décision-là.
Dans tous les pays où il y a eu cet
enjeu-là, il y a eu un débat public et il a eu lieu à plusieurs reprises.
Prenons l'exemple de la Belgique. Ça a commencé comme nous, avant nous, par l'aide
médicale à mourir telle qu'on la connaît au Québec. Après, il y a eu la santé
mentale et aujourd'hui il y a les enfants. C'est là où les autres sont rendus.
Nous, on a été des protagonistes, des
protagonistes dans le sens positif du terme, pour l'Amérique du Nord, particulièrement
au Canada. Ça a été un succès. Il faut retourner à l'espace public et, oui, il
doit y avoir un débat public parlementaire, tel qu'on l'a fait, dans lequel le
collège n'aura pas le choix de jouer. Il a un rôle à jouer, mais là c'est comme
si on lui déléguait le débat, et ça, c'est une erreur.
La deuxième erreur, je vous l'explique. Je
vous rappelle qu'en octobre 2009, là, c'est lorsqu'un j'étais dans mes
fonctions précédentes, lorsque j'avais fait un sondage auprès de la communauté
médicale sur ce qui ne s'appelait pas, à l'époque, l'aide médicale à mourir. Et
je vous rappelle que ce que les gens voulaient en premier, ce n'est pas l'aide
médicale à mourir telle qu'on l'a aujourd'hui, ce qui est une bonne chose, mais
ce qu'ils voulaient, à l'époque, les gens, c'est la décision médicale anticipée
pour tous les cas médicaux où on perd notre autonomie.
Là, actuellement, la deuxième erreur, là,
c'est qu'on voudrait s'en aller juste pour l'alzheimer. Mais, en réalité, le vrai
débat dans lequel on doit entrer, c'est la décision médicale anticipée qui
ferait que moi, si, demain matin, là, je suis aphasique, je suis paralysé, je
n'ai plus la capacité de communiquer, est-ce que je veux l'avoir, décision
anticipée? Ça, c'est la prochaine vraie étape et c'est ce que le sondage que
j'avais fait avait voulu faire.
Alors, aujourd'hui...
M. Lacroix (Louis) :
...qu'on devrait mettre ce débat également sur les maladies mentales dans la
même procédure qu'on est en train d'enclencher pour le...
M. Barrette : C'est parce
que c'est deux dossiers...
M. Lacroix (Louis) :
...consentement.
M. Barrette : C'est deux
dossiers différents, totalement différents. Je vous dis la chose qui est
absolument inattaquable, la décision médicale anticipée, là, c'est du nouveau
droit. L'aide médicale à mourir, c'est du droit actuel. De l'appliquer dans le
cas de la santé mentale oblige de mettre en place une nouvelle démarche, un
nouveau protocole qui, lui, devrait être l'objet d'un débat aujourd'hui, et on
ne le fait pas, dans lequel le collège va participer. Mais ce n'est pas au collège
de faire tout le débat. Et ça, moi, là, je pense qu'on fait une erreur, pas
parce que le Collège n'est pas capable, c'est juste que l'acceptabilité sociale,
qui a pris cinq ans pour l'aide médicale à mourir et qui a été un succès... On
est arrivés à quelque chose qui était parfait, presque, hein? Il n'y en a pas
eu de dérapage. Il n'y a pas eu ça, ça a été accepté, les gens l'ont utilisée.
Je n'en fais pas la promotion, mais socialement, là, c'était une bonne chose.
On ouvre un nouveau volet dans la loi
actuelle, bien, il faudrait en débattre aussi, parce que ça demande des façons
de faire, qu'on a conclues pour l'aide médicale à mourir actuelle, mais qu'on
n'a pas définies encore pour la santé mentale. Le dossier de la décision
médicale anticipée, c'est un deuxième dossier. Légalement parlant, c'est du
nouveau droit, et ça aussi, ça demande un débat. On peut les faire, les deux, en
même temps, mais, à un moment donné, il faut nommer les choses pour faire un
débat qui soit fructueux. Et actuellement le collège, là... Moi, je n'ai aucun
problème avec le collège, mais même eux ne sont pas à l'aise d'avoir ça sur les
bras. Et là moi, je pense qu'on a fait une erreur. Je pense qu'on a voulu
pelleter chez le voisin et ne pas prendre la responsabilité. Mais que
voulez-vous, c'est un gouvernement que tout le monde aime.
M. Lacroix (Louis) : Mme
Ghazal, est-ce que je peux vous entendre là-dessus? Parce que c'est un débat
moral, en même temps, là, qui concerne... En fait, chacun des députés, sur ces
lois-là en général, est appelé à voter selon sa propre conscience, hors des
lignes de parti. Qu'est-ce que vous en pensez?
Mme Ghazal : Donc, tout à fait,
il faudrait qu'il y ait un débat à l'Assemblée nationale et que ça ne soit pas
uniquement un débat juridique. Tout à fait, je suis d'accord avec ça.
M. Lacroix (Louis) : M.
Ouellet.
M. Ouellet : Je vais y aller
sur le côté médical. Non, ce n'est pas vrai, je n'ai pas l'expertise de Gaétan.
Des voix
: Ha, ha, ha!
M. Ouellet : Mais je souscris
assurément aux propos de Gaétan, et Véronique l'a dit, encore hier, dans les
médias, il y avait un consensus qui nous a menés à une adhésion ici, au Québec,
pour les soins de fin de vie. Et là, là, on n'est pas en train de légiférer
pour implanter des maternelles quatre ans ou les commissions scolaires, où que,
si on se trompe, on rajoute un petit amendement puis on fait de la communication
avec ça pour se sauver la face.
C'est beaucoup plus large, c'est humain, c'est
sensible, il faut prendre le temps de faire bien les choses. Et comme le Dr
Barrette le disait, tout à l'heure, il demeure important d'avoir ce débat-là
dans l'espace public, et que tout le monde puisse y participer, et que la population
ici puisse être entendue. Donc, je pense qu'il n'y a pas urgence dans la
demeure, mais il y a urgence d'en débattre correctement, sereinement. Il ne
faut pas passer à côté du consensus que nous avions, et je pense que tout le
monde, et tous les partis ici vont être d'accord. Il faut qu'on fasse ça
sereinement, humblement, ensemble.
M. Barrette : Honnêtement, M.
Lacroix, là, la ministre a traité ce dossier-là, extrêmement délicat, avec
légèreté. Elle a pelleté... chez le voisin, là. Ce n'est pas approprié, là. Ça
n'a pas une minute de bon sens.
Mais j'aimerais qu'on se rappelle de ça,
là, hein, il y a un débat dans la loi actuelle qui nous amène à la santé
mentale, puis je vous le dis, ça va nous amener aux enfants, quel âge, dans
quelles conditions et ainsi de suite. Regardez ce qui s'est fait dans les
autres pays. Et la décision médicale anticipée, on prend la mauvaise track, actuellement,
là, en réservant ça juste à l'alzheimer. Mais c'est du nouveau droit. Là, on
parle de ce qui est dans le droit actuel. Dans le droit actuel, la santé
mentale, ça doit être un débat, puis je vous prédis, c'est inévitable, qu'après
c'est les enfants. Alors, c'est sûr, là, il me semble que, rien que de dire ça,
ça demande une réflexion collective.
Le Modérateur
: On va
prendre la dernière question de Valérie.
Mme Gamache (Valérie) : Rapidement,
Mme Ghazal, concernant la fermeture possible de trois centres de tri à Montréal,
il y a réunion d'urgence demain. Que doit faire le ministre Benoit Charette
dans ce dossier-là?
Mme Ghazal : Écoutez, ce n'est
pas la première réunion d'urgence, il y en a eu plusieurs depuis les dernières
années. Ça fait 10 ans qu'on connaît qu'il y a un problème, puis le
problème, c'est parce que les pays chez qui on exporte les matières
recyclables, bien, ne veulent plus avoir nos cochonneries. Ce qu'ils veulent
avoir? De la bonne matière. Et donc c'est normal.
Et là ce qu'on va faire... Je comprends qu'il
y a un débat d'urgence. Ce qu'on va faire encore une fois, là, on va être
obligé de donner de l'argent... Moi, ce que je dis, c'est : Donner de
l'argent dans le système de recyclage qui ne marche pas, c'est comme donner de l'argent
dans nos poubelles. Ce qu'il va falloir tout de suite, rapidement, après
l'urgence, là, c'est de penser... pas juste penser, on les connaît, les
solutions, de mettre en oeuvre les solutions à long terme pour ne pas qu'on se
retrouve encore dans cette situation. Et les solutions, c'est... Les fabricants
qui mettent leurs produits suremballés qui ne sont pas recyclables, eux aussi
doivent être responsables de ces matières-là. Il faudrait qu'il y ait une
loi-cadre sur l'économie circulaire. Au lieu d'exporter nos matières, on
pourrait les laisser ici, on pourrait les recycler ici. Il faudrait aussi
interdire aux fabricants les matières qui ne sont pas recyclables, imposer des
taux de recyclage dans les emballages et aussi avoir une loi sur l'économie
circulaire pour que ça reste ici puis que ça crée de l'économie ici. Parce que
là, le problème, c'est que ça crée aussi une crise de confiance. Les gens, ils
disent : Bien, on va mettre nos matières recyclables. Où est-ce que ça
s'en va après? Et c'est ça qui est le plus grave.
M. Gagnon (Marc-André) : ...très
rapide pour M. Barrette.
M. Barrette : O.K., parce que
j'allais prendre le micro pour dire... C'est parce qu'à la commission on va me massacrer...
M. Gagnon (Marc-André) : Oui.
Donc, très rapidement, vous avez parlé d'erreur tout à l'heure. Est-ce que, M.
Barrette... est-ce que votre collègue M. Tanguay a fait une erreur hier en
réclamant à l'UPAC de mettre un point final à l'enquête Mâchurer?
M. Barrette : M. Gagnon, ce
que j'ai demandé ce matin, c'est d'entendre la bande magnétique, là,
l'enregistrement complet du point de presse que mon collègue a donné. Je vous
invite à le réécouter, là. Vous étiez là, peut-être, là.
Moi, là, je ne peux pas comprendre qu'on
conclut actuellement que mon collègue ait fait une charge contre l'UPAC
exigeant la fin de l'enquête. Il y a eu au moins cinq fois la question, qu'il a
répondu avec un maximum de nuances, les nuances étant : L'UPAC, puis il
l'a dit, doit continuer son travail. Il l'a dit, là. Il n'a pas dit que l'UPAC
faisait mal son travail, il a dit que ça faisait... que ça durait six ans et
qu'à un moment donné il devait y avoir une conclusion. C'est correct que vous
puissiez interpréter ça dans le sens : Il faut que ça arrête. Mais je ne
pense pas qu'il a dit ça d'une façon militaire, véhémente. Il l'a dit avec
nuances.
Maintenant, ceci dit, là, ceci dit, hormis
l'individu et la politique, dans une société de droit, là... Faisons abstraction
du fait que ce soit M. Charest, qui, là, au moment où on se parle, est
condamné dans l'espace public, là. Ça ne revient pas en arrière, là. Mais, dans
ce dossier-là, là, c'est quand que ça arrête? Bien, alors, je vais vous dire
une chose, mon opinion aujourd'hui, là. La Cour suprême a pris sa décision, les
données sont rendues publiques. Est-ce qu'on peut comprendre aujourd'hui,
qu'après six ans, l'UPAC est libre de prendre sa décision de poursuivre ou non?
Moi, j'aimerais qu'on réfléchisse à ça en faisant abstraction de l'individu.
Dans notre société de droit, un individu qui est le sujet d'allégations et
d'enquêtes, c'est quand que ça arrête? Moi, je vous dis juste une chose :
Mettez-vous dans cette situation-là, là, puis admettons qu'il y a ça, ça arrête
quand?
Alors là, il y a une chose qui est claire
aujourd'hui, là, la Cour suprême a rendu publiques... l'UPAC a ces données. Je
ne pense pas qu'il y en ait de plus, ou, s'il y en a de plus, c'est à eux
autres de prendre leurs décisions. Mais je vais dire une chose bien simple, là :
Pendant six ans... Ne répondez-moi pas : M. Bibeau, Marc Bibeau a
fait prolonger les procédures. Moi, je vais vous répondre : Pendant toute
cette période, l'UPAC avait ces données. Alors, maintenant que, juridiquement,
tout est dégagé, l'UPAC devrait être en mesure de prendre sa décision juridique :
J'accuse ou je n'accuse pas. C'est tout. Ça, ce n'est pas... Si je dis ça, là,
ce n'est pas de dire : Arrêtez l'enquête. C'est de dire : Vous avez
des données, vous êtes en pleine possession de vos données, l'obstacle
juridique a été levé, ne serait-il pas temps de prendre une décision? Puis, si
ce n'est pas le temps, pourquoi? Parce qu'on estime qu'on va peut-être pouvoir,
sur le lit de mort de quelqu'un... d'avoir un témoignage? C'est quoi?
Alors, comme j'ai dit avant-hier, si six
ans, ça ne fait pas, ça va-tu prendre 12 ans, ça va-tu 24 ans?
Oubliez le fait que ça soit Jean Charest. Un citoyen dans cette situation-là,
c'est quand que ça arrête? C'est une question, à la limite, morale que je pose,
qui est totalement détachée de l'individu. C'est une question, vous allez dire,
intellectuelle. Ce n'est pas ça. Mais là, à un moment donné, il faut l'avoir,
ce questionnement-là. Alors, ça n'a pas de rapport avec Jean Charest. Ça serait
Pierre Karl Péladeau, je dirais la même affaire. Mais là, voilà, c'est ma
réponse. Et puis qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
Maintenant, à la question que vous me
posez : Est-ce que je trouve que Marc Tanguay, hier, est allé trop loin?,
réécoutez la bobine, là, puis il était très, très, très nuancé. Je vous annonce
que je vais la mettre, moi, la bobine, je vais la mettre sur mon compte
Twitter. Vous la réécouterez, puis les gens jugeront.
M. Gagnon (Marc-André) :
...final, ce n'est pas nous qui l'avons inventé, c'est lui qui l'a dit.
M. Barrette : Vous avez
raison, mais... Vous avez raison, mais ça, c'est un cas type de prendre deux
mots hors contexte. Moi, je l'ai réécoutée, la bobine, je l'ai réécoutée ce
matin. J'ai écouté ça, là, puis j'ai dit : C'est vrai qu'il les a
prononcés. D'ailleurs, sur Twitter, j'ai dit : C'est vrai qu'il l'a dit, parce
que moi, j'avais entendu juste un autre bout. J'ai demandé de réécouter
l'ensemble de la chose parce que des journalistes ont dit : Non, non, il
l'a dit. Il l'a dit, là, je ne le conteste pas. Mais quand vous prenez
l'ensemble de la chose, là, où voyez-vous que Marc Tanguay est sorti avec le
couteau entre les dents exigeant que l'UPAC arrête son enquête? C'est juste ça.
Moi, j'avais dit : Écoutez, là, honnêtement, là, il y a un facteur humain
là-dedans, peu importe l'individu, là. À un moment donné... Puis, là si ce
n'est pas le facteur humain, c'est le droit, le droit. C'est quand que ça
arrête...
M. Lacroix (Louis) : M.
Barrette, juste un détail là-dessus peut-être... Non, non, mais c'est parce
qu'hier, là...
M. Barrette : ...ça, c'est la
commission parlementaire qui...
M. Lacroix (Louis) : Oui,
oui. Mais hier, Frédérick Gaudreau a dit par voie de communiqué... puis il a
même cité un bout du code de déontologie, là, qu'il... il dit que son action
doit être pratiquée à l'extérieur de toute pression politique, partisane.
M. Barrette : Oui, oui, c'est
vrai. Mais c'est vrai.
M. Lacroix (Louis) : Mais là,
vous, en disant ça, là, en disant : Écoutez, ça fait six ans, là, il
devrait avoir eu le temps, maintenant, d'évaluer l'ensemble de la... puis qui
s'avance, là...
M. Barrette : M. Lacroix, je
vais vous inviter...
M. Lacroix (Louis) : ... ce
n'est pas mettre de la pression sur le commissaire, ça?
M. Barrette : Non. Je vais vous
inviter à me réécouter, et l'intervention que j'ai faite, c'est une
intervention sur le principe. Alors, si vous me dites que je ne peux pas faire
ce commentaire-là parce qu'il pourrait être perçu comme étant partisan, s'il
vous plaît, arrêtez de me poser la question.
M. Lacroix (Louis) : Non,
mais c'est de la pression que vous mettez sur le dos du commissaire, M.
Barrette, veux veux pas, là. Quand vous lui dites : Aïe! là, ça fait six
ans, ça devrait aboutir, c'est de la pression, ça.
M. Barrette : M. Lacroix, si
vous considérez que de vous répondre, c'est de la pression, arrêtez de me poser
la question. Ce que vous me dites, là, c'est que je ne peux pas parler. Alors,
à partir de maintenant, sur ce sujet-là, je vous le dis, je ne parle plus. Je
m'en vais en commission.
(Fin à 10 h 14)