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Point de presse de Mme Émilise Lessard-Therrien, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de ressources naturelles, et M. Sylvain Gaudreault, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’énergie

Version finale

Tuesday, November 19, 2019, 12 h 40

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures quarante-deux minutes)

La Modératrice : Bonjour. Bienvenue à ce point de presse. Prendront la parole tout d'abord Ugo Lapointe, de la Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!, suivi de Denis Fillion, promaire de Grenville-sur-la-Rouge, ensuite Raôul Duguay, un artiste, qui est avec nous aujourd'hui, ensuite, Émilise Lessard-Therrien, députée de Rouyn-Noranda—Témiscamingue et responsable en matière de développement et de vitalité des territoires, de Québec solidaire, M. Sylvain Gaudreault, porte-parole en matière d'énergie du Parti québécois. Sont également présents, sans prendre la parole, Diego Creimer de la Fondation David-Suzuki, Normand Éthier, de SOS Grenville-sur-la-Rouge, Pierre Langlois, expert en électrification des transports, Alice-Anne Simard, de Nature Québec, Louis St-Hilaire, du Regroupement pour la protection des lacs de la Petite-Nation, et Rodrigue Turgeon, du comité citoyen pour la protection de l'esker.

Vas-y, Ugo.

M. Lapointe (Ugo) : Merci. Donc, Ugo Lapointe, Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine!, MiningWatch Canada.

Donc, nous étions ce matin à l'annonce du ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, M. Julien, concernant les minéraux critiques et stratégiques pour le Québec, notamment pour l'électricité des transports. D'un premier chef, je dirais que nous accueillons favorablement l'idée d'une réflexion panquébécoise sur le sujet des minéraux stratégiques et critiques.

Cependant, nous demeurons plutôt préoccupés, je dirais même déçus, par rapport au manque de considération sociale et environnementale qui a été énuméré ce matin dans le document de consultation du ministre et du gouvernement. Nous interpelons aujourd'hui le gouvernement du Québec pour que le développement des minéraux stratégiques et critiques se fasse de façon exemplaire. Il y a beaucoup de travail à faire au niveau social, au niveau environnemental. Les défis en électrification des transports sont immenses.

Donc, nous proposons aujourd'hui une liste de cinq grandes recommandations pour le gouvernement du Québec afin que l'électrification des transports ait meilleure mine.

Premièrement, réduire à la source, prioriser les initiatives de recyclage, initiatives d'économie circulaire, les investissements dans des infrastructures qui vont soutenir les filières en fin de vie des minéraux et des métaux, prioriser des modes de transport qui sont à la fois sobres en carbone, mais sobres en métaux, en matériaux. Le transport collectif, le covoiturage sont des investissements et des avenues importants.

Deuxièmement, protéger l'environnement, mieux le faire au niveau du secteur minier. On ne peut pas prétendre faire des transports propres si on n'a pas nettoyé le passif environnemental du secteur minier au Québec, duquel dépend l'électrification des transports. À ce titre, nous demandons que toute nouvelle mine soit assujettie à une évaluation environnementale du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. Nous demandons également de prioriser la création d'aires protégées et l'atteinte des objectifs du Québec et les objectifs internationaux. Beaucoup de travail à faire dans le Sud du Québec à cet effet-là.

Troisièmement, l'aménagement du territoire et le respect des collectivités locales. Il faut revoir les lois, les cadres actuels, la Loi sur les mines, la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme du Québec, afin de s'assurer que les municipalités et les MRC, les collectivités autochtones aient un mot à dire, aient un pouvoir de décision sur les choix d'aménagement du territoire afin de protéger les milieux les plus sensibles, sensibles écologiquement, socialement, économiquement, milieux de villégiature, récréotourisme, écotourisme, agroforesterie, etc.

Quatrièmement, le principe pollueur-payeur. Il faut exiger des garanties financières solides afin que le nettoyage des sites miniers contaminés se fasse aux frais des entreprises et non aux frais des Québécois, surtout les sites miniers abandonnés. Encore aujourd'hui, 1,2 milliard de dollars en factures, en dettes environnementales, pour les sites abandonnés, entièrement refilées aux Québécois. Nous demandons depuis des années qu'un fonds soit créé et financé en partie par l'industrie, 50 %, pour nettoyer ce passif environnemental, renforcer la capacité des ministères et les sanctions pénales lorsqu'il y a infraction aux lois environnementales.

Enfin, dernière demande, dernière condition, piste d'action qu'on suggère, il faut revoir les critères d'investissement responsable de nos institutions financières au Québec : Investissement Québec, Caisse de dépôt et placement du Québec. Il y a beaucoup d'affaires au niveau social, environnemental, mais également économique. On a trop investi jusqu'à maintenant au Québec dans des projets miniers mal ficelés qui ont mené à des pertes de centaines de millions de dollars d'argent des Québécois. Il faut revoir ces critères-là. Il y a des façons de les revoir. Il faut que ça se fasse de façon transparente, en collaboration avec des experts et l'ensemble des parties prenantes.

En terminant, j'aimerais juste conclure que, sur le format des consultations proposées par le ministre Julien actuellement, nous privilégions une approche beaucoup plus transparente. Nous souhaiterions qu'au lieu que ce soient des consultations seulement sous invitation on ouvre la voie au public de façon beaucoup plus large, que le public puisse s'exprimer non seulement via les plateformes Internet, mais également en personne lors d'audiences publiques dans les différentes régions du Québec que le ministre va parcourir. Merci.

Maintenant, je vais inviter mon collègue Denis Fillion, promaire de la municipalité de Grenville-sur-la-Rouge.

M. Fillion (Denis) : Merci, Ugo. Donc, je suis de Grenville-sur-la-Rouge, une municipalité dans les Basses-Laurentides, située un peu à l'ouest de Lachute.

Donc, nous sommes la municipalité qui est actuellement prise avec une poursuite de 96 millions de la part d'une compagnie d'exploration minière qui veut éventuellement ouvrir une mine sur notre territoire. Et l'histoire a tout simplement commencé quand les citoyens ont entendu parler du projet. Ils se sont inquiétés, et, là-dessus, tout a déboulé. Et je fais partie du nouveau conseil municipal qui a mis en place le peu de moyens dont elle disposait pour préserver le territoire, et surtout protéger plusieurs milieux sensibles qui sont présents, et évidemment les communautés qui sont déjà établies sur le territoire.

Et ça nous ramène à un enjeu vraiment important, qui est toute l'acceptabilité sociale d'un tel projet où est-ce qu'actuellement on est vraiment en déconnexion entre un projet qui veut aller de l'avant et l'acceptabilité sociale, et c'est vraiment... Ça découle de cette Loi des mines qui date du XIXe siècle, où est-ce que finalement les droits des citoyens sont vraiment en recul sur ce que les minières peuvent faire.

Je vais maintenant donner la parole à M. Duguay.

M. Duguay (Raôul) : La question est simple. Est-ce qu'on choisit la vie ou le profit? Est-ce que c'est conciliable? À mon sens, l'électrification des transports est nécessaire et c'est la voie du futur, mais avec des conditions très importantes.

L'enjeu ici est la confrontation, est un questionnement sur l'éthique du gouvernement. Existe-t-il un code d'éthique qui fait qu'on doit prioriser l'écologie avant l'économie? C'est beaucoup demander, bien sûr, parce que, dans ce qu'a dit le ministre dans son discours sur le projet d'électrification des transports, mais en lien avec les métaux rares comme le lithium, je n'ai vu nulle part mention de la protection de l'environnement, de l'acceptabilité sociale. Bien qu'elle y demande une consultation générale, j'espère qu'il va faire appel à ceux qui savent, c'est-à-dire à des scientifiques qui vont nous donner une lecture de la situation qui est claire et précise, qui est quantifiée, et qu'on va en tenir compte.

Il ne faut pas oublier qu'écologie et économie ont la même racine grecque, «oikos», qui veut dire «habitation», «territoire», «maison», «habitat». Lorsque l'on doit exploiter des ressources naturelles, on ne peut pas ne pas tenir compte des suites des travaux qui vont être faits et de l'impact que cela pourra avoir et sur l'environnement et sur les communautés qui sont en cause. Est-ce que le pouvoir est aux mains du gouvernement ou aux mains de l'industrie? Bien sûr, il faut favoriser une économie qui soit rentable pour l'épanouissement du Québec, mais, si on oublie l'humain... Il faut réhumaniser l'industrie. Il faut revoir ça avec son coeur et non seulement avec sa raison. Ça prend les deux. Ça prend un équilibre entre l'écologie et l'économie. Et on a trop souvent d'exemples qui nous prouvent le contraire.

Nous espérons que ce gouvernement va faire en sorte de respecter la priorité qui est la vie des citoyens, la vie, v-i-e, et l'avis, a-v-i-s, des citoyens, qui sont concernés par ces chambardements environnementaux sur leurs territoires. Qui a le pouvoir de faire ces choses en respectant la nature, en respectant la culture environnante?

Alors, voilà. Moi, la question que je me pose, c'est une question d'éthique. Est-ce qu'il y a un système de valeurs qui préside à toutes les actions du gouvernement? Lequel a préséance? Voilà ma question. Merci.

Mme Lessard-Therrien : Merci, M. Duguay. Ça me fait plaisir aujourd'hui de me joindre au collègue pour parler d'une... pour qu'en fait on ait une transition énergétique au Québec qui ait meilleure mine. On le sait tous, que le statu quo énergétique, ce n'est pas une option, et que la transition vers les énergies renouvelables est nécessaire et urgente. Malheureusement, nous ne sommes pas encore sortis de la crise dans laquelle nous a plongés notre dépendance aux énergies fossiles que déjà nous fonçons tête baissée dans notre prochaine dépendance, les métaux et les minéraux nécessaires au high-tech et énergies renouvelables.

La Banque mondiale a sorti récemment un rapport qui mentionne que l'augmentation de la demande de métaux pourrait être multipliée par plus de 1 000 % si les pays prennent les mesures nécessaires pour maintenir les températures à ou en dessous de deux degrés. Bien évidemment, ce scénario est celui où on ne limite pas la croissance économique et qu'on continue le «business as usual» en termes de consommation. Autrement dit, si on transfère toute la demande pour les énergies fossiles vers les énergies renouvelables, il faudra accroître de 1 000 % notre demande actuelle pour ces métaux. Si on ne change pas le modèle, ça veut dire potentiellement 1 000 fois plus d'impacts sur l'environnement.

Ce n'est pas parce que nos métaux sont destinés à être utilisés pour des énergies propres que ça élimine les risques d'avoir des cours d'eau contaminés par les déversements miniers, un air pollué par les mines à ciel ouvert. Et ces mines continueront aussi de générer des parcs de résidus miniers qui sont encore, pour l'heure, trop souvent abandonnés, d'impacter les communautés locales environnantes et de bafouer les droits des autochtones. Il faut revoir nos façons de consommer, mais il faut aussi revoir nos façons de produire. Nous devons apprendre des erreurs du passé pour créer une nouvelle économie durable, résiliente, respectueuse de la capacité de support des écosystèmes et des communautés locales.

Le Québec possède des ressources minérales essentielles à la transition d'une énergie propre qui nous permettraient de faire des batteries avec une empreinte écologique moindre. Il faut rapidement un nouveau contrat social entre les minières et la société québécoise. Le Québec doit être un leader et montrer l'exemple. Le gouvernement ne doit pas laisser la main invisible lui dicter les règles du jeu et doit tracer la voie et s'impliquer à chaque étape, de l'extraction au recyclage, en passant par la transformation et l'économie circulaire. On demande au gouvernement caquiste d'avoir de la vision et de penser aux générations futures, de ne pas juste saisir l'opportunité économique de la transition, mais de saisir l'opportunité sociale et environnementale de faire mieux. On peut même tendre la main et offrir la collaboration de Québec solidaire pour développer ce nouveau contrat minier solidaire.

En ce sens, nous présenterons demain matin une motion qui se lit comme suit :

«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de s'engager à développer une politique de production et de consommation responsable des minéraux stratégiques visant l'électrification des transports dans le cadre du plan d'électrification et de changements climatiques;

«Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement du Québec de prioriser la réduction à la source, l'économie circulaire, la protection de l'environnement, le respect des populations locales et l'application du principe pollueur-payeur.»

J'appelle le gouvernement à être conjoint sur le dépôt de cette motion demain matin. Merci.

M. Gaudreault : Alors, bonjour à tous et à toutes. Ça me fait extrêmement plaisir d'être ici aujourd'hui avec les gens de la coalition, mais surtout des citoyens et des citoyennes qui vivent directement à proximité de mines ou de projets miniers, donc des gens qui sont sur le terrain et qui connaissent particulièrement cette réalité.

On a une occasion unique de faire les choses différemment au Québec. Nous sommes dans un contexte de transition obligatoire vers une économie sans carbone, vers une transition écologique qui est durable. Alors, s'il vous plaît, je suis un historien, mais il y a des limites à s'inspirer du passé. Alors, regardons plutôt vers le futur ou inspirons-nous du passé pour ne pas commettre les mêmes erreurs.

Donc, oui à des métaux rares qui contribuent à l'électrification des transports, oui à des métaux qui vont nous permettre d'avoir des biens de consommation électroniques, mais qui sont responsables. On a ce qu'il faut au Québec pour tracer la voie. On a ce qu'il faut au Québec pour être un des leaders mondiaux à cet égard. Les cinq critères énoncés par la coalition sont des minimums. Alors, on va plaider à cet effet. On va être d'accord avec la motion présentée par le deuxième groupe d'opposition.

Et, moi, il y a un élément sur lequel je veux insister, sur le cinquième critère qui s'appelle le critère d'investissement responsable. Un des éléments que nous devons nécessairement ajouter, c'est la recherche et développement, l'innovation technologique, le soutien, de l'État québécois, des universités, de la recherche pour s'assurer que les métaux sont retirés dans les meilleures conditions et qu'ils sont le mieux exploités, dans le respect évidemment de l'ensemble des conditions qui sont là, avec celle la plus importante, qui est en amont, qui est la réduction à la source.

Alors, dans cet esprit, nous, on est prêts à travailler. On est prêts évidemment à collaborer et à avoir une consultation comme celle qui a été annoncée par le ministre Julien, qui est la plus large possible, la plus ouverte possible, pour se préoccuper de la vie et de l'avis des citoyens et des citoyennes qui sont directement concernés. Et, bien, les citoyens et citoyennes qui sont directement concernés, ce n'est pas compliqué, il y a ceux qui sont à côté des mines, mais c'est l'ensemble des Québécois et des Québécoises. Alors, merci.

La Modératrice : Merci.

M. Lapointe (Ugo) : Est-ce qu'on a présenté les gens qui étaient ici?

La Modératrice : Oui, je l'ai fait.

M. Lapointe (Ugo) : Alors, questions? Non? O.K. Bien, tout a été dit, je pense. Il y a-tu des questions de la part des journalistes, s'il y en a? C'est bon.

M. Gaudreault : Merci.

(Fin à 12 h 59)