To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de Mme Catherine Dorion, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de relations et de solidarité internationales, Mme Ruba Ghazal, députée de Mercier, M. Sol Zanetti, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé et services sociaux, et en matière de souveraineté

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de Mme Catherine Dorion, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de relations et de solidarité internationales, Mme Ruba Ghazal, députée de Mercier, M. Sol Zanetti, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé et services sociaux, et en matière de souveraineté

Version finale

Friday, October 25, 2019, 9 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures trente-deux minutes)

Mme Dorion : Bonjour, tout le monde. On est là ce matin... je suis là ce matin pour vous parler de la mise à jour de la politique internationale de la ministre Nadine Girault et du rôle joué par le Québec à l'international. C'est un sujet qui a longtemps été dans l'actualité, dans l'histoire du Québec, et qui en ce moment a perdu de sa force.

Et là, bon, vous suivez l'actualité comme nous, on est dans une époque de crise à travers le monde. Dans plusieurs pays, les peuples sortent dehors en masse pour plus de démocratie, plus d'égalité, pour la justice climatique, et à de nombreux endroits, en ce moment, le pouvoir répond de façon très autoritaire, avec beaucoup de violence étatique à certains endroits, plus particulièrement, et, en gros, ça s'envenime.

En Catalogne, au Chili, au Liban, au Kurdistan, à Hong Kong, à Haïti, et j'en passe, on a entendu parler de Bagdad ce matin, en gros, qu'est-ce que les peuples revendiquent? Ils revendiquent ce qu'on est très nombreux au Québec à revendiquer pour nous-mêmes, c'est-à-dire la liberté politique, la dignité humaine, des conditions de vie qui ont du bon sens, un environnement sain. Et aujourd'hui ces peuples qui se lèvent nous appellent à les soutenir, sauf que qui est au bout de la ligne?

Le Canada, qui a depuis longtemps laissé tomber son aura de Casque bleu, de médiation pacifique, qu'il a déjà eue à une époque révolue depuis un bon bout de temps, le Canada de la vente d'armes à l'Arabie saoudite, qui achète un pipeline, qui n'a pas levé le petit doigt pour les Catalans, pour les Chiliens, pour les gens de Hong Kong ou d'Haïti parce qu'il choisit maintenant invariablement de ne jamais nuire à ses intérêts économiques, en bref, le Canada a perdu sa boussole morale, et le monde n'a pas besoin de ce Canada-là.

Plus que jamais, par contre, le monde a besoin du Québec. Le monde a besoin d'une voix pour la paix, pour le dialogue, pour le respect des droits. Évidemment, la voix du Québec à l'international va être beaucoup plus forte quand le Québec va être libre et indépendant. Vous savez que c'est ce pour quoi on milite et de plus en plus fort. Mais, en attendant, la doctrine Gérin-Lajoie nous permet d'intervenir en notre nom depuis maintenant plus de 50 ans, et la mise à jour de la politique internationale par la ministre Girault est une occasion d'aller encore plus loin.

Alors, ce qu'on propose aujourd'hui à la ministre Girault, c'est de bonifier la doctrine Gérin-Lajoie pour instituer une vraie paradiplomatie québécoise capable d'intervenir de façon concrète, donc, en ayant des impacts en tête, à l'international.

On a aujourd'hui trois suggestions pour la ministre. Donc, premièrement, créer, au sein du ministère des Relations internationales et de la Francophonie, un service de règlement des conflits internationaux. Ce n'est pas quelque chose qui a besoin de coûter très cher. On parle de quelques postes qui pourraient être déployés dans les zones de conflit pour offrir une expertise en règlement de conflits ou pour étudier, pour «monitorer» ces zones-là. Je vous rappelle que le Québec est très fort en relations internationales, malgré notre situation de province et de peuple sans État. On a, à l'UQAM, la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques, à l'Université Laval la chaire de recherche en diplomatie publique. Et le Québec est un exemple mondial avec son histoire de résolution pacifique de luttes entre des peuples sans pays et les États souvent centralisés dans lesquels ils se trouvent. Ça fait partie de notre identité, ça fait partie de nos forces. Pourquoi ne pas développer des liens et renforcer notre diplomatie à l'international pour régler des différends?

Deuxièmement, revendiquer un vrai fauteuil autour de la table des négociations des accords de libre-échange — ça, ça fait longtemps qu'on en parle — mais un fauteuil avec un vrai pouvoir, dans les zones de compétence du Québec, pas l'espèce de petite chaise à la table des enfants qu'on avait donnée à Pierre Marc Johnson pour négocier l'AECG. Et pour accompagner ça, on pourrait changer la loi pour obtenir que tous les traités internationaux s'appliquant au Québec soient soumis à un vote à l'Assemblée nationale, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Les nouvelles dispositions législatives pourraient établir que le Québec ne pourrait se déclarer lié par des traités de sa compétence que s'il a pu participer de manière structurée et convenue à la préparation et au déroulement des négociations qui ont abouti à un accord.

Et, troisièmement, mettre sur pied une commission parlementaire permanente sur les relations internationales à l'Assemblée nationale pour étudier les traités, les conventions, les accords qu'Ottawa signe sans nous ou même les accords auxquels on a pu participer, mais pas juste pour ça, aussi pour agir diplomatiquement quand elle juge que l'image internationale du Québec est en jeu, quand elle juge qu'on peut avoir un rôle pacificateur à jouer dont les Québécois tireraient assurément une fierté. On a une image de nous-mêmes, au Québec, qui n'existe pas à l'international, et ça serait une fierté pour nous de pouvoir la faire exister. Donc, cette commission parlementaire permanente pourrait faire des recommandations au ministère.

Je sais que ce n'est pas ça que la ministre a en tête pour le moment quand elle parle de sa nouvelle impulsion économique. Le gouvernement nous l'a dit plusieurs fois assez clairement qu'il va utiliser le ministère des Relations internationales à peu près uniquement pour développer des nouveaux marchés pour les entreprises québécoises, ce qui n'est pas une mauvaise idée, on ne peut pas être contre ça. Mais nos délégations québécoises à l'étranger, ça ne peut pas être juste des bureaux de vente pour les entreprises québécoises. C'est toute la réputation de tout le peuple québécois qui repose sur ces délégations-là, et les Québécoises et les Québécois suivent l'actualité internationale, s'insurgent de certaines situations à travers le monde, veulent que le mot «Québec» rime avec nos valeurs de solidarité à l'étranger, nos valeurs d'égalité, de démocratie et de respect des droits fondamentaux.

Cette semaine, le gouvernement Legault a fait une déclaration quant à la Catalogne. C'est bien. Mais on devrait pouvoir aller beaucoup plus loin que de juste lancer des phrases dans l'espace public comme ça. On devrait être capables d'avoir une diplomatie, de ne faire pas juste de l'économie avec les autres pays dans le monde, mais de la politique. C'est ça, la base de l'influence à travers le monde, c'est d'être capable de faire de la diplomatie, de la politique, de développer des liens sur des valeurs communes et non pas juste sur est-ce qu'on peut faire de la piastre d'un bord puis de l'autre.

Les Québécois veulent avoir leur mot à dire sur ce qui les touche. Les gouvernements nationalistes du passé l'avaient compris, et on ne peut pas se faire respecter comme nation dans le monde en faisant comme si le reste du monde n'existait pas.

Mme Ghazal : Donc, bonjour, tout le monde. Moi, j'ai envie de vous parler de ce que ça veut dire, pour moi, un Québec qui joue son rôle à l'international.

Ma famille et moi, on a été accueillis au Québec il y a plus de 30 ans. Je suis née à Beyrouth d'une famille palestinienne d'origine, et aujourd'hui je suis très fière d'être Québécoise, de faire partie intégrante de ce peuple accueillant et aussi d'être d'un peuple qui est ouvert sur le monde. Et on a, donc, une longue tradition d'accueil et de solidarité internationale.

J'ai de la famille au Liban, des oncles, des tantes, des cousins qui me parlent de la situation au Liban qui est extrêmement difficile, ce n'est pas nouveau, et les gens se soulèvent parce que la vie coûte extrêmement cher. On prend juste l'exemple de l'électricité. À tous les jours, ils se font couper l'électricité, et ça, c'est depuis de très, très, très nombreuses années. Et tout ça à cause d'une classe politique extrêmement corrompue.

Et les gens se soulèvent. Ça fait neuf jours qu'ils sortent dans les rues de façon pacifique, et malheureusement, en ce moment, il y a l'armée qui est dans les rues. On leur envoie l'armée. Donc, ces gens-là, les Libanais ont besoin de notre aide, de la même façon que les gens de Hong Kong ont besoin de notre aide, de la même façon que le peuple catalan a besoin de notre aide. Les Kurdes, qui ont été largués par les États-Unis, ont aussi besoin de notre aide, et on a un rôle à jouer là-dedans.

À une certaine époque, le gouvernement du Québec, bien, aurait soutenu nos cousins libanais, avec qui on partage tellement de choses. Ils font quand même partie aussi de la francophonie. Et aujourd'hui on a le choix, soit le choix de se taire, de rester silencieux, comme le Canada le fait honteusement, ou de faire honneur à notre devoir de solidarité.

J'ai des amis québécois d'origine chilienne, kurde, catalane qui se posent la même question. J'ai été même interpelée, en tant que Québécoise d'origine palestinienne née au Liban, pour me dire : Qu'est-ce que le Québec va faire? Qu'est-ce que le Canada va faire pour appuyer le peuple, les gens qui sortent dans les rues pacifiquement?, parce qu'ils n'en peuvent plus de leur classe politique corrompue, ils veulent que les choses changent, et donc on a devoir envers eux.

J'espère donc que Mme Girault va répondre à la politique internationale que Catherine vient de vous présenter, j'espère que le Québec va y répondre parce qu'on veut faire honneur à notre longue tradition de solidarité internationale. Merci.

La Modératrice : Merci. On va passer à la période de questions. Je vous demanderais de vous concentrer à une question, une sous-question et de commencer par le sujet du jour.

Mme Richer (Jocelyne) : Oui. Bonjour. On voit périodiquement que l'Assemblée nationale n'arrive même pas à adopter une simple motion, là, sur la Catalogne. Vous n'arrivez même à vous entendre sur des choses assez simples. Vous ne trouvez pas que la bouchée est trop grosse de vouloir, pour le Québec, s'immiscer dans le règlement des différends internationaux, surtout quand on regarde le type d'approche du gouvernement présentement, on regarde le projet de loi n° 27? Vous ne trouvez pas que la bouchée est trop grosse?

Mme Dorion : C'est pour ça qu'on propose des idées qui vont, par exemple, dans le sens d'une commission parlementaire permanente. En fait, en ce moment, les discussions n'ont pas lieu. Les discussions ont lieu à l'intérieur des partis, puis là ils se parlent puis ils disent : Ah non! on ne s'entend pas. Il n'y a pas de réelle discussion, il n'y a pas de temps mis là-dedans, il n'y a pas d'étude, il n'y a pas d'experts qui vont sur le terrain québécois, qui peuvent nous rapporter : Écoutez, basez-vous pas sur le lien que vous avez avec tel politicien ou le lien que vous avez avec telle compagnie à l'étranger, basons-nous sur ce qui se passe et sur quelle politique de solidarité, de respect des droits des humains on veut avoir, sur quelle image du Québec on veut projeter dans le monde.

Si on a une politique de développer une image, une action qui soit reliée à nos valeurs, aux valeurs fondamentales des Québécois, bien, on a beaucoup plus de chances d'avoir un impact que si on y va au cas par cas, selon les liens de tel avec tel puis de tel avec tel, économiques, etc.

Mme Richer (Jocelyne) : Après un an de gouvernance caquiste, quel bilan vous faites, justement, de l'approche du gouvernement Legault, en général, des réalisations de la ministre Girault à l'international? Quel bilan vous faites de ça?

Mme Dorion : De ce que la CAQ pense de la ministre Girault?

Mme Richer (Jocelyne) : Non, ce que vous pensez des réalisations de la ministre Girault jusqu'à maintenant, de son approche, de ses réalisations à l'international.

Mme Dorion : Bien, la ligne qu'ils répètent toujours, puis ça a l'air d'être ça, tu sais, c'est l'important... Bien, ils ont eu l'air de s'être demandé : À quoi ça sert, ça? Ah! ça peut servir à pousser nos entreprises à l'étranger. Ce qui n'est, comme je le disais tantôt, pas une mauvaise idée. Mais, que ce soit juste ça, ça n'a pas de bon sens. On n'est pas juste... ce ministère-là ne sert pas juste à être un bureau des ventes à l'étranger. Ça sert à exprimer une identité, une personnalité, une action québécoise qui vient avec toute une réputation, notre réputation à l'international. Et ça, ça semble être oublié. Ceci dit, peut-être que la ministre va trouver nos suggestions pas pires puis va s'en inspirer, parce que peut-être... C'est à nous de suivre si elle va être sensible à ça.

M. Cormier (François) : Bonjour. François Cormier, TVA. Mais donc vous êtes d'accord avec ce volet-là, quand même, de la ministre Girault, et du ministre Fitzgibbon, et du premier ministre, donc, de faire de l'économie aussi avec le ministère des Relations internationales? Vous êtes d'accord avec ce volet-là, en fait, pas juste qu'il faut faire de l'économie, mais de l'amplifier, de donner une mission plus économique au ministère des Relations internationales?

Mme Dorion : C'est réducteur, disons. Je peux dire que je suis d'accord, je ne peux pas dire que c'est complètement à jeter aux poubelles. C'est réducteur, ce n'est pas assez. Ce n'est pas ça que devrait être une politique internationale. C'est un seul volet sur beaucoup d'autres qui sont extrêmement importants, là. Tu sais, on parle de politique entre les peuples. C'est comme si nous, Québec solidaire, on arrêtait de parler au monde, là, puis on disait juste : Bon, comment on peut aller chercher de l'argent?, puis que ce n'était plus important, les idées, que ce n'était plus important, les valeurs et ce qu'on veut créer dans le monde, tu sais, ou au Québec, là, avec mon exemple. Donc, ce n'est vraiment pas suffisant.

M. Cormier (François) : Je ne suis vraiment pas un spécialiste en accords internationaux, mais corrigez-moi si je me trompe, mais le Québec vote sur les accords internationaux quand ça tombe dans ses champs de compétence puis doit donner son approbation. Il y avait eu un vote, d'ailleurs, sur l'accord avec l'Europe. Le premier ministre Couillard avait dit qu'il pouvait bloquer l'ALENA si jamais l'accord ne lui convenait pas. Qu'est-ce que vous souhaitez de plus que ça?

Mme Dorion : Bien, dans les faits, ce n'est pas tout à fait vrai, là, c'est très symbolique encore, puis on peut... Il y a de nombreux accords dans l'histoire, parce que le Canada contrôle tout ce qu'il y a d'économique, là, qui ont juste été appliqués au Québec puis où on n'a pas eu notre mot à dire ou ça n'a juste pas passé dans le radar. Mais, dans les faits, quand tu ne peux pas amener des idées, négocier, influencer le résultat des négociations, c'est quoi? Tu n'es pas un État, là, tu n'es pas en train de développer une idée, tu ne peux pas protéger les... Justement, tu sais, on parle d'entreprises québécoises, c'est super le fun, ah! on va essayer de vendre plus à l'étranger. Mais là nos producteurs de lait et toutes sortes d'autres, nos producteurs culturels, avec l'ALENA, on a failli se faire enlever la... culturelle, là. C'est quoi, le mot?

Des voix : ...

Mme Dorion : L'exception culturelle. Tu sais, c'est majeur, là. Puis on n'a rien à dire. On peut être là et regarder. Mais tant qu'à ça, vous aussi, vous pouvez y aller puis regarder, tu sais, ce n'est pas... En quoi nos élus peuvent représenter puis favoriser les intérêts du Québec, surtout l'identité et la personnalité du Québec, dans ces accords-là? En ce moment, ce n'est vraiment rien, là, tu sais?

Mme Ghazal : Ce n'est pas fait de façon systématique, là. Vous dites que c'est arrivé une fois, mais ce n'est pas systématique. Nous, ce qu'on veut faire, c'est que ça devienne systématique, à chaque fois que ça touche le Québec, qu'on ait notre mot à dire, ici, à l'Assemblée nationale.

Mme Dorion : Pour donner une image vraiment claire, là, en ce moment, les plus grandes décisions dans le monde, qui ont le plus d'impact sur nos vies, se prennent à l'OMC, à La Haye, à New York, dans toutes sortes de grandes villes où on n'est pas parce qu'on n'est pas dans ces organisations-là. Puis nous, on est là à négocier à Ottawa, alors qu'il n'y a rien qui se passe à Ottawa, là. Ce n'est pas là que ça se passe en ce moment. Il n'y a rien de si important que ça qui se passe là. C'est dans les organisations internationales que les grandes décisions puis les grandes orientations se prennent. Puis, si on n'est pas là, d'un point de vue démocratique puis de l'existence du Québec à l'international, on fait pitié, là.

Mme Crête (Mylène) : Bonjour. En relations internationales, le Canada est considéré comme un «middle power», donc un pays qui a...

Mme Dorion : Moyennement du pouvoir?

Mme Crête (Mylène) : ...un peu de pouvoir, mais pas tant que ça, face à des puissances économiques, là, comme les États-Unis et la Chine. Donc, qu'est-ce qui vous fait penser qu'une diplomatie québécoise pourrait obtenir des gains là où le Canada échoue?

Mme Dorion : Parce qu'on est dans une posture d'avancement de l'influence du Québec, nous, là, avec notre proposition aujourd'hui, avancement de l'influence du Québec dans le monde. Tu sais, Québec solidaire a juste 10 députés à l'Assemblée nationale, et on a réussi à amener énormément d'enjeux, à rallier des gens à toutes sortes de choses, à populariser des idées auprès de la population québécoise. Bien, à l'international, ça se passe de la même manière.

Si on décide qu'on agit, si on décide qu'on prend une position qui n'est pas juste surfer sur la vague, de : Ah! il y a des accords économiques qui se font au-dessus de nos têtes, puis on va aller... ça doit être bon, si on décide qu'on prend une position puis qu'on dit, bon, bien, par exemple, sur la Catalogne : Qu'est-ce qu'on fait?, on fait-u juste une motion ou, une fois qu'on s'est entendus, qu'on a jugé qu'il fallait que les valeurs de démocratie et d'autodétermination des peuples soient respectées, bien, on fait de la diplomatie? Ça, c'est faire de la politique, dans le fond. C'est appeler du monde puis c'est dire : Est-ce que vous les appuyez avec nous?, que dites-vous si on faisait telle action? Pas pour s'ingérer, pour influencer, comme ça se fait en politique, amener des idées, les pousser, finalement, faire exister l'identité du Québec dans des conflits politiques qui prennent place en ce moment à l'international.

Et ça a un impact, qu'on soit petit ou grand. On peut décider de ne pas avoir d'impact à la hauteur de notre... Mettons qu'on serait un «small power», on peut décider qu'on n'utilise pas ce «small power» là qui est existant toutefois, on peut décider qu'on l'utilise puis on peut même décider qu'on le fait grandir sur la scène internationale. C'est ce que beaucoup d'États qui se sont placés en médiateurs ont réussi à faire parce qu'ils développaient une espèce de pouvoir, disons, pas symbolique, plus fort que symbolique. Les gens faisaient confiance à la position de tel État parce qu'il a toujours une position pas juste relativement à ses intérêts économiques, mais à des valeurs profondes, puis, quand il parle, ça a plus d'impact que quand tel autre parle, qui pense juste à : Combien d'argent je vais faire, tu sais?

Mme Crête (Mylène) : Je vois mal comment le Québec, par exemple, aurait pu faire reculer, dans les négociations de l'ALENA, les États-Unis qui demandaient des concessions sur la gestion de l'offre, par exemple, avec ce que vous proposez...

Mme Dorion : Bien, c'est ça, la politique. Mais c'est de la diplomatie, là. C'est ça, la politique...

Mme Crête (Mylène) : Mettons que vous voulez une influence, mais jusqu'à quel point est-ce que cette influence-là peut avoir un impact réel pour une province comme le Québec?

Mme Dorion : C'est sûr que ça va avoir plus d'impact, si on est à la table des négociations, que si on n'y est pas. Peu importe l'impact qu'on va avoir, c'est sûr qu'on va en avoir un plutôt que pas.

Mme Crête (Mylène) : J'avais une question pour M. Zanetti, concernant le plomb dans l'eau. Qu'est-ce que vous avez pensé des propos de M. Legault, hier, qui semblaient remettre en question le lien qu'il y avait entre les concentrations de plomb et les impacts sur la santé?

M. Zanetti : Je comprends que le premier ministre essaie d'être rassurant, hein? Mais ce qui va nous rassurer, c'est des données, c'est des études et puis c'est des plans d'action qui sont suivis d'argent. Parce que juste nous dire : Inquiétez-vous pas, je pense que cette époque-là est passée, là. Il faut de l'action, il faut de l'argent. Puis je pense que le resserrement des normes annoncé est une bonne chose, là. Cela dit, il faut s'assurer que ça se mette en place puis que les gens aient les moyens de le faire.

L'initiative de la ville de Montréal est une bonne idée, de favoriser l'accessibilité en soutenant financièrement les propriétaires, là. Mais ce n'est pas toutes les villes qui ont les moyens de faire ça. Les petites municipalités, en particulier, de toutes les régions du Québec, là, ils n'ont pas ces moyens-là. Puis, pour ces municipalités-là, il faut que le gouvernement dise : Nous, on va vous soutenir, on ne va pas laisser le monde boire du plomb parce qu'ils n'ont pas d'argent. Et ça, c'est un signal qu'on n'a pas entendu encore et ça, ce n'est vraiment pas rassurant.

Mme Crête (Mylène) : Mais pourtant, Mme Laforêt a dit que le gouvernement serait là pour accompagner les municipalités.

M. Zanetti : Bien, tant mieux. Mais accompagner avec de l'argent ou juste avec une petite main dans le dos? On ne sait pas encore, là. Tu sais, moi, ce que je veux voir, c'est un plan qui est élaboré avec les municipalités, là, pas juste imposé du dessus avec des considérations du Conseil du trésor uniquement, là. On veut qu'ils aillent voir les municipalités, qu'ils leur disent : Qu'est-ce que vous êtes capables de faire?, dans quel laps de temps?, comment avez-vous besoin de nous?, puis que le gouvernement réponde présent à ça. Puis ça, ça n'a pas été fait encore.

Mme Gamache (Valérie) : Je veux vous amener, moi, sur la partielle dans Jean-Talon. M. Zanetti, Mme Dorion, tous les deux, vous êtes allés chercher des comtés dans la région de Québec. Comment on va s'y prendre pour Jean-Talon? Et quelle importance a cette partielle-là pour Québec solidaire?

M. Zanetti : C'est clair que, dans une partielle, ce qui fait la grosse différence, c'est la sortie de vote, c'est la mobilisation militante. Puis Québec solidaire a la force de mobilisation militante la plus grosse dans la région de Québec, là, clairement. On l'a démontré dans des comtés comme Jean-Lesage, où on partait, six mois avant, en quatrième position à 11 %, puis on a fini par gagner par 699 voix. Dans Taschereau, on partait aussi quatrième, je pense, là, six mois avant... troisième, et puis on a bouleversé les paradigmes.

Là, en ce moment, on part deuxième dans Jean-Talon, dans un contexte où ce qui va faire la différence, c'est la mobilisation. Puis on a la force de la mobilisation la plus forte, avec des candidatures superintéressantes, que choisiront les membres de Jean-Talon. Puis moi, je suis vraiment très... j'ai très hâte.      D'ailleurs, cet après-midi, je m'en vais sur le terrain avec Amir Khadir pour commencer à faire du travail, rencontrer les gens. Même si on n'a pas encore la candidature, on va faire la promotion des idées pour que les gens se préparent à aller voter Québec solidaire.

Mme Gamache (Valérie) : Vous parlez de mobilisation. Il y a quand même des gens qui accusent, là, l'establishment d'ingérence pour avoir présenté... en tout cas, dit publiquement soutenir un candidat. Comment on va réussir à mobiliser les gens? Parce qu'on a l'impression qu'il y a quand même des divisions, là.

M. Zanetti : Il y a des échanges normaux qui ont lieu chaque fois qu'il y a plusieurs candidatures à une investiture. Puis tout ce que le parti Québec solidaire a fait, dans le cas du «recrutage», là, du recrutement, je dirais, c'est des choses qui sont tout à fait conformes aux règles qu'ont choisies les membres de Québec solidaire. Puis il y a beaucoup de membres qui, en voyant la candidature de M. Poitras, ont dit : Wow! c'est une excellente nouvelle, une grande candidature.

Cela dit, c'est les membres de Jean-Talon qui vont vraiment décider, dans des assemblées, qui va être la candidature, puis nous, on va se rallier à toutes les candidatures. Parce que toutes les candidates et candidats que j'ai vus jusqu'ici, pour moi, je les trouve très enthousiasmants, c'est tous des gens superengagés qui ont vraiment des belles qualités de communication aussi. Ça fait que...

Mme Gamache (Valérie) : Vous misez beaucoup sur les étudiants. Nous avons un débat au cégep Garneau, soirée d'investiture à l'Université Laval. Souvent, les étudiants ne vont pas voter là où ils étudient. Il y aura du travail d'éducation à faire aussi à ce niveau-là?

M. Zanetti : C'est clair que ça fait partie de notre stratégie, là, de faire en sorte qu'il y ait... notre électorat soit là, actif, mobilisé, inscrit sur la liste électorale. Donc, ça fait partie de notre défi. Et, en même temps, je pense que ce qui va faire sortir les jeunes pour aller voter, c'est les projets de société qu'on propose, entre autres, entourant les changements climatiques, la question de l'indépendance, qui sont intrinsèquement liés, la réduction des inégalités, tout ce projet.... toutes ces idées-là qu'on porte, puis l'opposition au troisième lien, aussi, à Québec. Ça répond à une soif qu'on voit très, très forte chez les jeunes de voir à comment on peut penser le monde différemment, comment on peut penser l'organisation de nos villes différemment. Et ça, il va y avoir un écho, c'est sûr.

Journaliste : J'aurais peut-être une petite question à ajouter par rapport à ça, toujours l'investiture dans Jean-Talon. M. Zanetti, selon vous, est-ce que tout le monde part avec les mêmes chances, sur la ligne de départ, pour l'investiture?

M. Zanetti : Pour l'investiture, tout le monde a... Bien, l'investiture va être très courte, hein, c'est dans sept jours. Alors, dans une période courte comme ça, il y a des candidatures qui se sont présentées, il y a déjà longtemps, qui font un travail depuis longtemps auprès des membres de Jean-Talon, des candidatures qui ont commencé avant et qui ont eu le temps de recruter des nouveaux membres. Donc, je pense qu'il y a des forces différentes, parmi les différentes candidatures, puis qu'au bout du compte ce qui est certain, là, et moi, ce en quoi j'ai entièrement confiance, c'est le jugement des membres de Québec solidaire dans Jean-Talon, qui, eux, suivent ça de très près, puis ils regardent toutes les candidatures avec un jugement qui est bon, puis qu'ils vont choisir la meilleure candidature pour le parti.

M. Cormier (François) : Mme Dorion, peut-être une petite dernière sur l'île d'Anticosti. Le gouvernement a finalement donné son accord à ce qu'il y ait une bande de protection de 1 kilomètre. Comment est-ce que vous réagissez à ça? Est-ce que c'est une bonne nouvelle? Est-ce qu'il aurait dû faire plus? Puis est-ce que ce n'est pas positif pour la candidature à l'UNESCO?

Mme Dorion : Bien, oui, je pense que, s'il a donné son accord à ce qu'il y ait ça, c'est sûr que ça aide. Puis ce qui est intéressant là-dedans, là, c'est que, tu sais, le gouvernement qui dit : Les régions, les régions, les régions, bien, si on écoute la communauté anticostienne, qu'est-ce qu'ils veulent? Est-ce qu'ils veulent avoir le choix entre deux industries dans la vie? Est-ce que les gens qui vivent sur la Côte-Nord veulent avoir le choix entre deux industries, dans la vie, ou est-ce que ça ne leur tenterait pas, tu sais, de diversifier leur économie puis d'avoir une autre façon de travailler, de vivre, en disant : Bien, on va miser aussi sur la beauté du territoire? Puis, en tout cas, beaucoup de monde qui reste là reste là pour ça. Ça fait que, là, c'est assez enthousiasmant pour eux, si ça peut continuer. Mais il faut enlever toutes les... il va falloir enlever, au fil de ce travail-là, tous les obstacles à ce que ça le devienne. Il faut une vraie volonté politique.

M. Cormier (François) : Puis vous, sur la partielle dans Jean-Talon, est-ce que vous pensez que Mme Massé a fait erreur en soutenant publiquement un candidat?

Mme Dorion : Il n'y a pas d'erreur ou pas d'erreur. Chaque élu, à Québec solidaire, que ce soient des assos locales, régionales, que ce soient les porte-parole, peuvent s'exprimer sur leurs choix, puis c'est ce qu'elle a fait. Ça fait que c'est-u une erreur ou ce n'est pas une erreur? C'est une expression, c'est un... C'est juste un «statement», mettons. Puis, même c'est plus ouvert, tu sais, ça montre que, tu sais, il n'y a pas de cachette, il n'y a pas rien, tout se fait de façon très, très sans gêne, là, de façon tout à fait claire.

La Modératrice : Il va y avoir des questions en anglais?

Mme Fletcher (Raquel) : Yes. Do you have an opening statement in English?

Mme Dorion : ...

M. Zanetti : An opening statement in English.

Mme Ghazal : Ah! Ils veulent que tu fasses... tu résumes en anglais ce que tu as dit.

Mme Dorion : Oh shit!

Des voix : Ha, ha, ha!

Une voix : C'est ça, le résumé!

Mme Dorion : That was a pretty long... So, you want me to tell this all in English? O.K.

Mme Fletcher (Raquel) : You don't have to... Maybe you could just summarize it in English.

Mme Dorion : O.K. So, the three measures we're asking Mrs. Girault to include in her foreign policy thing, well, is create inside the Ministry a «service de règlement des conflits internationaux», so a way to... — I'm so not into it this morning, I'm sorry — a conflict resolution service. It could be like one, two, three, some people that go in the world. And we have a lot of experts in international relations here, in Québec, we have universities that develop this pretty well, we're interested in what's happening around the world, in Québec, among our scholars. So, it would be to send people to really know what's happening on the ground and be able to take positions or suggest positions for the Ministry about : So, are they respecting human rights?, are they respecting fundamental rights?, and what position we are going to have.

Second, we want to have a real seat for international negotiations, in order to make Québec able to really influence the outcome. And third, have... Comment on dit ça en anglais?

Des voix : ...

Mme Dorion : «Commission parlementaire permanente», what would it be?

Mme Fletcher (Raquel) : Is it in Ottawa or here in...

Mme Dorion : No, here.

Mme Fletcher (Raquel) : A National Assembly... a commission at the National Assembly. Yes.

Mme Dorion : So, third, to have a commission at the... a permanent commission at the National Assembly on international relations, in order to be able to really see what's going on in each treaty that's being negotiated and, in some cases, to really influence them. And also to be able to act diplomatically, when this commission judges that what's happening around the world in some countries and some crisis is something that we should act or... yes, act upon.

Mme Fletcher (Raquel) : And how do you think Ottawa will respond to these demands? Do you think that they would be open to hearing from a committee that is based in Québec City?

Mme Dorion : Well, if they are not interested at all in it... I mean, it's a thing we have to try. And, where they are not interested, it just gives us a real image of what's our position inside Canada and where are we unable to act and present our identity to the rest of the world. So, it's interesting to see what are the real boundaries of our expression in the rest of the world.

Mme Fletcher (Raquel) : I have a question about health. I don't know if one of you will be sitting in the «interpellation» this morning.

Mme Dorion : In the what?

Mme Fletcher (Raquel) : The «interpellation».

Mme Dorion : Une interpellation ce matin? C'est quoi, ça?

M. Zanetti : Yes. C'est moi qui vais y aller.

Mme Fletcher (Raquel) : Oh! OK. I'm just wondering what your main priority is or your main question that you're going to ask is.

M. Zanetti : It's a weird «interpellation». What's the name in English?

Mme Fletcher (Raquel) : I don't know what it is, in English.

M. Zanetti :Ah non? OK. Well, it's a weird «interpellation», because essentially we have this liberal deputy, Member of the National Assembly, who's asking the Health Minister : How... In fact, Mr. Fortin is accusing the Minister of not being able to repair the problem that the Liberal Party did. Because the lack of services in different regions in Québec didn't come from this year, it came from the 15 years of Liberal Government. So, I don't know what's the expression, the right expression in English to say so, but in French I would say : «Il a du front tout le tour de la tête», hein, to go and have this position and trying to have those debates on how can you not be able to give services to people when we put everything in fire in the last 15 years. That's a weird accusation, that's a weird thing.

Mme Fletcher (Raquel) : So, where do you see your own role in this debate this morning?

M. Zanetti : What?

Mme Fletcher (Raquel) : What do you see as your own role representing Québec solidaire? How are going to participate?

M. Zanetti : My role is to make sure that people don't forget about what happened. Because that's what the Liberal Party has been trying to do, in the last year, always accusing the Government of what he has caused himself when he was in the Government. So, I just want to make sure that everybody doesn't misunderstand what the Parti libéral... Liberal Party of Québec is where he is, you know? It's not a good Government, they did so much things wrong, and now they are accusing the actual Government of what they, themselves, did. So, I want to make sure that everybody remembers that.

Mme Fletcher (Raquel) : So, are you defending the CAQ Government?

M. Zanetti : What?

Mme Fletcher (Raquel) : Are you defending the CAQ Government?

M. Zanetti : Not completely defending it because, of course, we think that they should do more on many subjects. But on that issue, I want to make sure that the Parti libéral du Québec gets his own part of the trouble because they deserve it.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 10 h 2)