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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition, et Mme Catherine Dorion, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de relations et de solidarité internationales

Version finale

Tuesday, October 22, 2019, 15 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures douze minutes)

Mme Dorion : Bien, c'est ça, on vient de voir que les libéraux viennent de bloquer la motion qui voulait déplorer les peines d'emprisonnement, les lourdes peines d'emprisonnement qui étaient infligées à des politiciens catalans qui ont été élus démocratiquement, légitimement. C'est vraiment incompréhensible, c'est inexplicable. Pour nous, c'est un peu comme une douche froide, surtout qu'on avait voté une... il y a une motion qui avait été votée l'an dernier, qui allait plus loin que la motion qui était présentée là dans la fermeté. Donc là, c'est incompréhensible.

Tu sais, il faut se rappeler qu'en ce moment l'Espagne bafoue le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Il y a des experts de l'ONU qui ont dit : C'est des détentions arbitraires, ça va contre les droits de l'homme, les procès qui sont là sont des procès politiques. C'est quand même gros, là. C'est des experts de l'ONU qui disent ça.

Tu sais, nous, on n'est pas tellement étonnés de voir Justin Trudeau et le Parti libéral du Canada ne pas vouloir se mêler de ça. C'est quand même, le Parti libéral du Canada, le parti qui a fait la Loi des mesures de guerre, qui a enfermé des artistes, qui a enfermé des militants. Mais le Parti libéral du Québec, là, c'est comme vraiment étrange, inexplicable. C'est le parti de la Révolution tranquille, de Maîtres chez nous. C'est celui qui a passé à travers toute l'histoire récente du Québec, les référendums, les désirs d'autonomie, souveraineté culturelle, indépendance, et ce sont des affaires qui vont continuer à revenir dans l'histoire du Québec et prochainement, peut-être.

Ça fait que nous... Moi, je regarde ça puis je me dis : Ah! c'est très, très préoccupant. Qu'est-ce que ça veut dire sur comment le Parti libéral va réagir à ce qui risque de se passer au Québec dans les prochaines années? Très préoccupant.

M. Nadeau-Dubois : Ce qui est d'autant plus regrettable, cet après-midi, c'est que Québec solidaire avait fait ses devoirs. On avait travaillé main dans la main avec les autres formations politiques depuis hier matin pour trouver un libellé qui ferait consensus auprès de tout le monde. On avait réussi à créer ce consensus-là avec le Parti québécois, avec la Coalition avenir Québec. On avait bon espoir d'arriver à un libellé, à une formulation qui convienne à tout le monde.

Et notre surprise a été totale, plus tôt aujourd'hui, d'apprendre que les libéraux allaient bloquer une motion avec une formulation aussi consensuelle. Parce qu'on en a mis, de l'eau dans notre vin, on en a mis pas mal pour arriver à une entente avec les autres formations politiques. Tellement que même le gouvernement, qui est un gouvernement fédéraliste, était prêt à appuyer cette motion-là.

Moi, je regarde ce que les libéraux ont bloqué aujourd'hui et ce qu'ils avaient adopté en 2017, lorsqu'ils étaient au gouvernement, et ce que je vois, c'est un recul. C'est un gouvernement... c'est un parti qui a régressé en matière de défense de l'autodétermination, de défense des droits fondamentaux. C'est inquiétant. Robert Bourassa se retournerait dans sa tombe. C'est un parti qui a perdu tous ses repères politiques. La boussole politique libérale, elle est détraquée, c'est le moins qu'on puisse dire, parce que de ne pas être capable de simplement reconnaître l'importance des droits fondamentaux des Catalans et des Espagnols, là, c'est un nouveau sommet en matière d'aplaventrisme de la part des libéraux dans le dossier catalan.

Franchement, c'est regrettable et ça pose d'énormes questions sur où en est cette formation politique là dans sa soi-disant reconstruction pour reconnecter avec les Québécois et les Québécoises.

Mme Crête (Mylène) : Mais, en même temps, jusqu'à maintenant, ce sont surtout les partis indépendantistes, là, qui défendent les indépendantistes catalans. Je ne comprends pas que vous soyez si surpris que ça.

Mme Dorion : En fait, ici, on ne parle même pas de défendre l'indépendance de la Catalogne ici, là, on parle de défendre des droits fondamentaux. L'autodétermination des peuples, c'est fondamental, c'est reconnu par l'ONU. C'est quand même grave, on est en Occident, là. C'est un pays occidental où, finalement, le politique et même les forces policières vont jusqu'à défendre une option. C'est l'inverse, en fait.

Et là c'est là que qui de mieux placé dans le monde que le Québec pour dire : Bien, nous, on a passé à travers des traumatismes comme ceux-là, si on veut, on est capables de comprendre ça. Puis ce qui est le plus important, c'est le choix démocratique des gens qui vivent en Catalogne.

M. Nadeau-Dubois : Je vous invite à lire la motion. On ne parle pas d'indépendance dans la motion, on ne parle même pas d'autodétermination des peuples, là. La motion ne condamnait même pas les peines d'emprisonnement. C'était une motion qui affirmait l'importance de défendre les droits fondamentaux, qui prenait acte des peines d'emprisonnement. Donc, c'est une mollesse, là, de niveau olympique de la part des libéraux, là. Même la Coalition avenir Québec, qui est un gouvernement fédéraliste, était en mesure de voter pour ça. Et les libéraux eux-mêmes, il y a deux ans, ont voté pour une motion qui était plus ferme à l'égard de l'Espagne.

Donc, moi, je ne m'explique pas cette décision-là par autre chose qu'une désorientation politique complète chez les libéraux qui, alors qu'on leur propose consensuellement de défendre des droits fondamentaux dans un pays européen, font une petite crise d'anxiété fédéraliste. C'est vraiment complètement incompréhensible pour moi.

Mme Crête (Mylène) : Quand j'ai parlé à Mme Paule Robitaille la semaine dernière, elle semblait un peu avoir l'attitude de non-ingérence, non-indifférence, là, c'est-à-dire, bien, l'Espagne est un État de droit, il faut respecter le processus judiciaire là-bas. Bon, en même temps, on comprend, mais il faut respecter comment les choses se passent. Qu'est-ce que vous pensez de ça?

M. Nadeau-Dubois : Bien, je vous réfère à la motion que les libéraux ont adoptée en 2017 alors qu'ils étaient eux-mêmes au gouvernement. Ils ont adopté en 2017 une motion qui condamnait, je la cite, la motion, «l'attitude autoritariste du gouvernement espagnol». C'est un langage qui est beaucoup plus ferme que ce qui était dans la motion d'aujourd'hui, là.

Donc, c'est absolument incompréhensible, même en vertu de cet argument-là de la non-ingérence dans un État extérieur, un argument qui peut être valide dans certaines circonstances, mais là il ne s'agit pas du tout de ça. Il n'y avait aucune ingérence dans cette motion-là. C'était une motion de principe, pour affirmer par principe qu'on s'inquiète d'infractions aux droits fondamentaux de citoyens européens. Et qu'on ne soit pas capable d'aller là de la part des libéraux, ça parle de leur désorientation politique complète.

Mme Gamache (Valérie) : Vous avez dit : On a parlé avec la CAQ, avec le PQ. Est-ce qu'il y a eu des négociations avec le Parti libéral également dans...

M. Nadeau-Dubois : Oui. Tous les partis politiques ont reçu hier matin, en tout début de journée, une première proposition, proposition qui a évolué suite à des discussions avec le gouvernement. Le Parti québécois était plus sympathique au libellé initial. Mais, oui, les libéraux nous ont fait des propositions de modification. Il y en a qu'on a acceptées, et, malgré ça, ils ont bloqué la motion.

Donc, oui, il y a eu des discussions avec les libéraux. Oui, la motion, elle a été modifiée suite à leurs propositions, parce qu'on était en mode ouverture, parce qu'on était en mode consensus. Et, malgré tout, ils se sont levés, il y a quelques minutes, pour bloquer la motion. Donc, c'est inexplicable. Qu'on ne vienne pas me dire qu'il y a eu un manque d'ouverture de notre part. C'est tout le contraire qui s'est produit.

Mme Dorion : Puis, tu sais, en ce moment — excusez-moi, mais je veux juste rajouter — c'est un peu gênant. On a, en ce moment, la Catalogne... les gens, autant fédéralistes qu'indépendantistes en Catalogue, qui voient ce qui se passe dans leur rue, puis qui voient ce qui se passe au juridique, puis qui attendent une réponse du Québec, qui disent : Le Québec, c'est l'endroit dans le monde d'où vont venir les réponses les plus intelligentes, les plus mesurées, respectueuses de la démocratie puis de nos droits fondamentaux. Ils s'attendent à ça au minimum, puis là on n'est même pas capables de leur fournir une réponse unie du gouvernement, pas du Canada, du Québec. Ça, c'est fou, là, ce que ça dit sur le rapport du Parti libéral du Québec à la démocratie en cas d'enjeux indépendantistes, que la majorité soit d'un côté ou de l'autre, là.

M. Nadeau-Dubois : Puis je vous rappelle qu'il y a quelques... il n'y a pas plus tard qu'il y a quelques jours, c'est le Parlement catalan lui-même qui a envoyé une lettre à Québec solidaire en demandant que la classe politique québécoise pose des gestes, pas en faveur de l'indépendance de la Catalogne, là, pose des gestes en faveur du respect des droits et libertés fondamentales des Catalans et des Espagnols. C'est la demande que les leaders politiques catalans nous ont faite. Et que les libéraux aient saboté nos efforts pour répondre à cet appel à la solidarité, je le répète, là, mais c'est incompréhensible.

Mme Crête (Mylène) : Quels autres moyens allez-vous déployer pour venir en aide aux Catalans?

Mme Dorion : On a fait plusieurs choses. Donc là, on a une pétition qui est en ligne, qu'on va envoyer aux autorités espagnoles et catalanes, et on est en contact aussi avec plusieurs groupes en Catalogne de défense de la démocratie, en gros, là. Et on va aussi annoncer qu'on va faire une déclaration, finalement, en soutien à la démocratie catalane, et on va essayer de la faire signer par le plus grand nombre d'élus québécois.

C'est extrêmement dommage qu'on ne puisse pas envoyer un signe clair de l'Assemblée nationale du Québec. Ceci dit, il y a énormément d'élus au Québec qui sont inquiets de voir ce qui se passe et qui ont envie de pouvoir faire quelque chose. Ça fait qu'on va au moins rassembler ces voix-là et envoyer ça en soutien.

Mme Crête (Mylène) : Élus québécois à l'Assemblée nationale ou ça inclut...

Mme Dorion : Toutes sortes d'élus, de plusieurs niveaux.

Mme Crête (Mylène) : Puis qu'est-ce que le gouvernement Legault devrait faire de plus? Est-ce qu'il y a quelque chose de plus à faire?

Mme Dorion : Bien, diplomatiquement, il y a plein de choses qu'il peut faire. Malheureusement, ça va rester au niveau symbolique, parce que le Québec n'est pas un État. Puis ça, c'est vraiment un problème, là. De plus en plus, on voit, les Québécois ont des liens à l'international avec toutes sortes de monde. Il y a des mouvements, en ce moment, qui se passent à l'international, qui ont des forts échos au Québec, puis on est incapable, en tant que province, d'avoir un quelconque impact, au-delà des déclarations, des annonces d'appui, des pétitions. Ça, on le fait le plus qu'on peut, puis on est très, très, très actif, comme province, au Québec, comparativement aux autres provinces dans le Canada, de ce point de vue là. Mais la doctrine Gérin-Lajoie, c'était une super doctrine qui a malheureusement été... disons, qui ne peut pas s'exprimer à... On est incapables, finalement, d'exprimer toute notre personnalité à l'international, et moi, je pense bien humblement que l'international a besoin de la voix du Québec.

Mme Gamache (Valérie) : Est-ce que vous pourriez revenir à la charge, modifier des choses puis éventuellement représenter cette motion-là, ou, pour vous, la page est tournée, puis là on s'en va effectivement vers d'autres moyens?

M. Nadeau-Dubois : Non, la page n'est pas tournée. À ce stade-ci, on ne ferme la porte à rien. Est-ce qu'une autre motion est possible? Peut-être. Moi, je ne vais pas exclure une option, là, cet après-midi, d'emblée. Les libéraux viennent d'envoyer un message terrible à la Catalogne et à la communauté internationale, mais non, tout n'est pas terminé.

Catherine l'a bien mentionné, il y a d'autres gestes qui vont être posés de la part de Québec solidaire, et tous ces gestes-là vont aller dans le même sens : créer le consensus le plus large possible en solidarité avec le peuple catalan. Et, s'il y a de l'ouverture à une autre motion, pourquoi pas, on verra. Mais il va falloir déjà commencer par avoir une explication de la part des libéraux sur le problème de la motion qu'on a présentée aujourd'hui. Parce que moi, je lis ce qu'ils ont adopté en 2017, je lis ce qu'ils ont battu aujourd'hui, et je ne comprends pas, et je suis convaincu qu'il y en a pas mal d'autres, députés à l'Assemblée nationale, qui se demandent ce qui motive les libéraux.

Si on a ces explications-là, nous, on va travailler avec tout le monde puis on va créer le consensus le plus large possible. Mais, par pitié, posez-leur des questions, que quelqu'un comprenne ce qui vient de se passer.

(Fin à 15 h 24)

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