(Onze heures treize minutes)
M.
Bérubé
:
Alors, bonjour. Dernière semaine avant la première pause de cette session parlementaire.
D'entrée de jeu, je veux vous parler d'une motion qu'on va déposer aujourd'hui,
qui parle de langue. Alors, ça se lit comme suit :
«Que l'Assemblée nationale affirme que la
promotion et la protection de la langue française passe par des modifications
aux dispositions de la Charte de la langue française et ainsi qu'elle exhorte
le gouvernement à déposer un projet de loi en ce sens.»
Donc, suite à la volonté affirmée du
gouvernement de poser des gestes en matière linguistique, on l'encourage à
déposer une loi et à modifier la Charte de la langue française. Il nous
apparaît que c'est ce qu'il y a de plus concret et prioritaire pour améliorer la
promotion et la protection de la langue.
Sinon, quelques mots sur le débat. Moi,
j'ai bien apprécié le débat. Je l'ai écouté en anglais et il y a des éléments
qui sont fort instructifs. D'abord, M. Trudeau, il est très clair qu'il ne nous
le dira pas pendant la campagne, mais il entend contester la loi n° 21.
M. Singh dit des choses différemment en anglais. M. Scheer, même chose aussi.
Donc, une seule formation politique qui défend le projet de loi sur la laïcité,
la loi sur la laïcité. Alors, je vais me rappeler ça : le 21, on protège la
loi n° 21, et c'est facile à retenir, et le 21 octobre, ça sera l'occasion de
défendre la loi n° 21, et moi, j'invite toutes les personnes qui croient à
cette loi, qui la croient essentielle, légitime, utile, de voter en
conséquence. Voilà.
Le Modérateur
: M.
Laforest.
M. Laforest (Alain) :
Bonjour. Juste une précision, là. Voter en conséquence, ça veut dire quoi? Ça
veut dire voter Bloc?
M.
Bérubé
: Oui,
pour toutes les personnes pour qui c'est important, cette loi, bien, il faut
voter pour un parti qui va la défendre, c'est le Bloc québécois. Alors, le 21,
on défend la 21.
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous croyez que c'est de nature à aider l'urgence environnementale de
bloquer le pont Jacques-Cartier?
M. Bérubé : Je condamne
sans nuance ce qui s'est passé aujourd'hui. C'est des méfaits. Ces gens-là ont
choisi un mode de manifestation radical qui n'est pas dans les moeurs au
Québec, qui n'est pas acceptable, qui a fait en sorte que le pont
Jacques-Cartier a été fermé. Alors, j'imagine que toutes les formations politiques
vont dénoncer. Et j'ai appris ce matin qu'un porte-parole de Québec solidaire
dans Jean-Talon, lui, applaudissait cela. Je pense qu'il mériterait d'être
ramené à l'ordre par une des cochefs ou le cochef.
M. Laforest (Alain) :
Mme Massé n'a pas condamné le geste, là. Elle vient de le faire.
M. Bérubé : Elle a
condamné le geste?
M. Lafortune (Alain) :
Non, elle ne l'a pas condamné.
M. Bérubé : Bon, alors,
bien, je vous ajoute que le porte-parole dans Jean-Talon, M. Provost, lui,
a applaudi ce qui s'est passé ce matin.
M. Laforest (Alain) :
Qu'est-ce que vous pensez de l'idée du gouvernement de ne plus imposer le temps
supplémentaire?
M. Bérubé : Bon, alors,
ce n'est pas simple. D'abord, je reconnais l'intention qui est bonne, notamment
chez les préposés aux bénéficiaires. On est sensibles à ça, mais nous, on
plaide pour l'équité dans les trois secteurs qui ont été identifiés. Si vous
utilisez un crayon pour travailler, vous êtes éligible. Si vous utilisez un marteau,
vous n'êtes pas éligible.
Alors, nous, on demande l'équité pour tout
le monde. Si on veut faire en sorte que le temps supplémentaire ne soit pas
imposé, on le fait pour tout le monde, on ne le fait pas de façon ciblée,
sinon, il y aura de la discrimination. Alors, je vous le dis, là, les gens de
la construction, quand ils vont entendre ça, pas sûr qu'ils vont apprécier
parce que c'est eux qui le demandent le plus.
Je trouve que ça part d'une bonne
intention, mais il y a des effets secondaires à analyser. Pierre-Yves McSween
en faisait une bonne analyse ce matin, mais moi, celle que je fais, c'est la
discrimination. Alors, vous avez un crayon, ça fonctionne; vous avez un
marteau, ça ne fonctionne pas.
M. Larin (Vincent) :
Êtes-vous en train de dire que vous souhaitez que les heures supplémentaires ne
soient plus imposées?
M. Bérubé : Pour tout le
monde.
M. Larin (Vincent) : Pour
tout le monde au Québec?
M. Bérubé : Pour tout le
monde.
M. Larin (Vincent) : Tous
les corps de métier?
M. Bérubé : Bien, si on
le fait, on le fait pour tout le monde.
M. Larin (Vincent) : O.K.
C'est ce que vous aimeriez qui soit fait.
M. Bérubé : Oui. Puis, si
on ne le fait pas, c'est pour tout le monde aussi.
M. Larin (Vincent) :
Mais, entre les deux, qu'est-ce que vous aimeriez voir, que ça soit imposé ou
pas, dans le contexte de pénurie de main-d'oeuvre?
M. Bérubé : Dans le cas
des préposés aux bénéficiaires, est-ce que, par exemple, l'aménagement des
horaires, le salaire, ça ne serait pas des enjeux sur lesquels le gouvernement
pourrait travailler? D'ailleurs, le premier ministre a déjà évoqué que, dans
les négociations avec le secteur public, il envisageait d'avoir une approche
différenciée avec les préposés aux bénéficiaires. Lorsqu'il annoncera ses
intentions, on pourra se positionner là-dessus, mais disons qu'il y a d'autres
moyens. Il y a les conditions de travail, il y a le salarial. Mais, pour ce qui
est des heures supplémentaires, il y a énormément de Québécois et de
Québécoises qui en font, puis je pense que ça enverrait un mauvais message.
M. Larin (Vincent) : Je
peux poser une autre question?
M. Bérubé : Vous étiez
bien parti.
M. Larin (Vincent) :
Concernant le rapport qui a été déposé hier, là, du SPVM sur les personnes qui
sont discriminées, pensez-vous que ce serait important qu'il y ait une instance
qui se penche là-dessus plus précisément? Que doivent être les suites de ça?
M.
Bérubé
:
C'est préoccupant. J'ai entendu la mairesse de Montréal indiquer qu'elle ne
reconnaissait pas sa ville. Vous savez que maintenant, dans les formations de
policiers, il y a toujours, je dirais, une dimension de connaissance de
l'autre, de connaissance de la diversité, et les policiers, les nouveaux
policiers sont très outillés là-dessus. Est-ce que, par contre, il existe
encore des préjugés et il y a des personnes racisées qui sont surreprésentées
dans les arrestations ou les interpellations? Certainement, ça a été démontré.
Nous, on croit à la science puis on croit aux études. Alors, il y en a eu une,
on y croit.
Maintenant, quelles pourraient être les
suites? Je pense que la formation pense que les dirigeants du SPVM doivent
réunir, à terme, tous les policiers, puis avoir des échanges très francs
là-dessus pour ne plus que ça se reproduise, poste par poste.
Le Modérateur
: Merci.
Mme Gamache.
Mme Gamache (Valérie) : M.
Bérubé, cet après-midi, il y aura visiblement un vote sur le futur chef de
l'UPAC. À quoi peut-on s'attendre du côté du Parti québécois? Est-ce que vous
approuverez la candidature de M. Gaudreau?
M.
Bérubé
:
Alors, comme on s'est entendus, entre les formations politiques, pour préserver
le secret de nos délibérations, des échanges qu'on a eus et du vote jusqu'à la
fin, je vais m'en tenir à vous dire d'observer le vote qu'on va faire cet
après-midi. C'était comme ça que c'était convenu, et nous, on s'en tient à la
discrétion qui a été demandée à tout le monde.
Mme Gamache (Valérie) : Et
dans le dossier du «Bonjour! Hi!», il y a eu quand même quelques rebondissements
au cours de la fin de semaine. Qu'est-ce que vous pensez du fait que le
gouvernement a un peu laissé, là, planer ça, laissé ça en plan toute la fin de
semaine?
M.
Bérubé
: Bon,
alors, j'ai une révélation à vous faire : Je suis l'auteur de la première
motion du «Bonjour! Hi!». C'était mon idée, et ça l'était pour l'autre motion
aussi. Mais pourquoi on a fait ça? Pour démontrer que le visage de Montréal et
surtout le son qu'on entend lorsqu'on entre dans les entreprises, les places
d'affaires, c'était maintenant bilingue. C'est un symptôme. Ce n'est pas la
cause. C'était pour le démontrer, puis on a eu un rapport de l'OQLF plus tôt
qui disait qu'on est passés de 84 % à 75 % d'accueil sur quelques
années.
Quand on a fait ça, le but du Parti
québécois, les deux fois, ce n'était pas de légiférer là-dessus. On savait bien
que c'était inapplicable, que ce n'était pas là qu'il fallait intervenir, mais
là on a été surpris de voir que le ministre, son interprétation, c'est :
Il y a deux motions unanimes, donc il faut que je pose des gestes là-dessus. Il
y en a, des gestes à poser, on lui en a fait part dès notre caucus.
Souvenez-vous, on a tenu un caucus à Valleyfield. Au même moment, le
gouvernement décide de faire un point de presse pour parler de la langue, sans
échéancier, sans vous dire beaucoup de choses, puis il n'y a rien de prévu pour
cet automne, à date.
Alors, moi, je trouve que... En ce qui
nous concerne, ce n'est pas un intérêt soudain, la langue, là. Ce n'est pas arrivé
en même temps que l'automne, là, l'intérêt de la langue. Ça fait longtemps
qu'on suit ça puis on est pas les experts là-dedans. Il peut nous écouter, il y
a trois façons très simples d'y arriver. D'abord, responsabilité
gouvernementale dans les sociétés d'État, que ça soit les communications, avec
les factures à Hydro-Québec, que ça soit l'accueil dans les SAQ. Ça, l'État à
la pleine légitimité d'envoyer un message aujourd'hui, disant que l'accueil se
fait avec «bonjour». Ensuite, la connaissance de l'anglais pour des personnes
qui appliquent sur des postes et où ce n'est pas nécessaire. Ça, on peut abolir
ça parce que c'est discriminatoire. Et enfin, et c'est le sens de notre motion d'aujourd'hui,
modifier la Charte de la langue française, la loi 101, pour que les entreprises
de 25 à 49 employés soient assujetties à la loi.
Toutes les réponses que M. Legault m'a
apportées là-dessus étaient franchement bancales. Ça ne tenait pas la route.
Donc, lui, il considère que ce qui doit primer, c'est moins de paperasse. Nous,
on considère que le visage de Montréal et la pérennité du français à Montréal
et ailleurs, ça passe par la loi. Alors, on voit que là-dessus, on n'a pas les
mêmes préoccupations.
Le Modérateur
: M.
Croteau.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour.
M.
Bérubé
: Je
ne suis pas habitué à mes lunettes encore.
M. Croteau (Martin) : C'est
correct. Comment vous expliquez-vous qu'on en arrive à une situation où il y a
du plomb dans l'eau, dans les abreuvoirs des écoles du Québec?
M.
Bérubé
:
Bien, d'abord, je veux saluer ceux qui ont fait l'enquête. Pour les parents,
c'est très préoccupant mais, même si on n'est pas parent, on se pose la
question : Est-ce qu'il y a d'autres lieux publics où il y a des
abreuvoirs où on retrouve du plomb? Évidemment, les écoles ne sont pas
identifiées pour des raisons évidentes, mais je présume que, si la commission
scolaire, par exemple, de Montréal n'a pas ces données-là, c'est encore plus
inquiétant, si elle n'a pas fait ces études-là. Et qu'elle demande, comme les
municipalités, d'avoir des fonds nécessaires pour faire les travaux.
Je prends l'exemple des municipalités,
parce que chaque fois qu'il y a des études qui démontrent que l'eau n'est pas
potable, rapidement, il y a un protocole qui s'engage, puis le gouvernement est
habituellement assez rapide à suivre les municipalités. Là, je découvre que,
dans le cas des écoles, ce n'est pas le cas, mais ça devrait être le même
processus aussi fiable, aussi rapide pour identifier l'eau qui doit être
traitée et j'espère que... Là, c'est la santé publique qui pourrait nous le
dire à Montréal, notamment, qu'il n'y a pas des problèmes de santé qui ont été
occasionnés aux enfants à cause de cette eau.
M. Croteau (Martin) : Le
ministre Roberge vient d'annoncer une vérification, là, dans toutes les écoles
du Québec. Était-ce la bonne chose à faire et considérez-vous, un petit peu
comme vous l'évoquez, qu'il y aurait lieu d'élargir cette vérification,
puisqu'on pourrait avancer qu'il y a des questions qui se posent sur l'ensemble
des immeubles qui sont administrés par le gouvernement?
M.
Bérubé
:
Bien, il faut qu'il n'y ait pas seulement le ministère de l'Éducation. Le
ministère de la Santé, c'est lui qui doit aller faire les expertises sur l'eau
et rendre un rapport indépendant en nous disant : Bien, voici la situation
qui prévaut dans les écoles montréalaises, le taux de plomb, les occurrences,
les impacts sur la santé. Est-ce qu'on pouvoir faire la corrélation entre
certains maux ressentis par des enfants et la présence de plomb ou d'autres
éléments dans l'eau.
Alors, c'est préoccupant et si on n'a pas
de garantie et... qu'on prenne des mesures pour que les enfants aient accès à
de l'eau de qualité puis en rendant l'accès à l'eau actuelle, là, difficile,
là...
M. Croteau (Martin) : Est-ce
que la vérification devrait être élargie à d'autres bâtiments publics? Parce
que, si l'État n'est pas capable de garantir qu'il n'y a de plomb dans les
écoles..
M.
Bérubé
:
Bien, j'ose à peine espérer que... j'ose à peine penser que ce soit le cas dans
les hôpitaux. Commençons par les écoles, c'est relativement simple, ces analyses-là.
Il y a des centres hydriques partout au Québec, c'est facilement vérifiable.
Commençons par les écoles, les tout-petits, les CPE, tout ça, mais qu'on ne
mette personne en danger avec l'eau qui est disponible pour les enfants.
Le Modérateur
: Patrice
Bergeron.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour à vous. Vous avez cité les sorties, selon vous, opportunes du gouvernement
concernant vos propositions sur la langue, à certains moments. Il a fait une
conférence de presse pendant que vous faisiez votre caucus et vos propositions,
et puis, encore vendredi, vous alliez faire une proposition, et le gouvernement
est arrivé avec une contre-proposition beaucoup plus forte.
Vous qui avez fait de la politique quand
même depuis longtemps maintenant, est-ce que ce n'est pas une façon, selon
vous, d'essayer de masquer quelque chose, une opération de relations publiques
pour écraser le message que vous voulez porter sur la langue?
M. Bérubé : Je pense que le gouvernement
n'aime pas entendre d'autres voix que la sienne sur des enjeux nationalistes.
Il se trouve que le Parti québécois, ce n'est pas une posture, c'est une
conviction profonde. Alors, je sais que le gouvernement de la CAQ aimerait être
les seuls bleus à l'Assemblée nationale. Il aimerait mieux que le Parti
québécois n'existe plus. Bien, dernière nouvelle, on est toujours là puis on va
revenir en force, parce que nos convictions sont profondes, parce qu'on est des
indépendantistes, parce que, pour nous, la langue, on ne se trompe pas, parce
que ces revendications-là, on les a depuis des années, parce que quand on était
au gouvernement avec Mme Marois, on a proposé une nouvelle mouture de la loi
101, qui a été refusée par la CAQ parce qu'elle n'allait pas assez loin. Alors,
sur ces enjeux-là, on est porteurs de propositions fortes parce qu'on connaît
ça, parce qu'on ne considère pas que c'est un élément qui peut nous rendre
populaires.
Et ce que je réalise avec la CAQ, c'est
que, sur ces enjeux-là et sur bien d'autres, on a fait une compilation, le
nationalisme, il ne s'exprime pas de façon si forte que ça. Quand je regarde
les sièges sociaux, quand je regarde ce qui se passe avec RONA ce matin, je
veux bien croire, là, qu'on dénonce Dominique Anglade puis les libéraux, mais
n'oubliez pas que le président du Conseil du trésor actuel, Christian Dubé, a
dit exactement la même chose, que c'était une bonne transaction. Alors, le
nationalisme économique, nous, on le porte sur la question des sièges sociaux,
on le porte en matière de langue, on le porte en matière de culture. C'est tout
le temps, nous. Et moi, je réalise que le gouvernement essaie essentiellement
de choisir les thèmes selon la popularité.
M. Bergeron (Patrice) : Vous
avez vu le rapport sur les policiers du SPVM. Est-ce que ça ne valide pas le
fait qu'il serait nécessaire d'avoir une commission sur le racisme systémique,
quelque chose qui avait été écarté à l'époque par le gouvernement Couillard?
M. Bérubé : Moi, je pense
que... Faisons l'exercice sur le SPVM avec les ressources qu'on a au SPVM. Je
pense qu'il faut rencontrer l'ensemble des policiers poste par poste et avoir
des échanges, avoir de la formation pour les gens qui en ont besoin. C'est une
minorité, hein? Les jeunes policiers... Pour avoir fait moi-même ce qu'on
appelle un cobra, c'est-à-dire passer une nuit avec le PDQ 23 dans
Hochelaga-Maisonneuve, j'ai rencontré énormément de policiers puis je peux vous
dire que les jeunes policiers qui arrivent ont été totalement formés sur ces
enjeux-là. Ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas de préjugés parfois, mais je
pense qu'on doit y aller poste par poste par la sensibilisation et faire en
sorte que les personnes qui sont moins à l'aise avec les personnes racisées
puissent se corriger et apprendre.
Alors, je ne souhaite pas de commission
sur le racisme systémique au Québec, mais je pense qu'au SPVM on est capable
d'offrir une réponse qui va être proactive sur cet enjeu-là.
Des voix
: Merci.
(Fin à 11 h 28)