(Quinze heures trente-neuf minutes)
M. LeBel : Bien, c'est un pas
dans la bonne direction, je pense, que la ministre vient de faire. Ce n'est
rien de nouveau, là, les crédits d'impôt. On l'a entendu, c'était proposé par plusieurs
d'y aller vers cette solution-là. Bon, ça pourra donner un peu d'air.
Mais ce que je veux dire, par exemple, à tout
le monde qui a participé à la commission parlementaire sur le mandat
d'initiative, bien, ne mettez-vous pas dans la tête que, là, la ministre vient
de donner la finale de cette commission-là, là, parce qu'un vrai plan d'action
pour les médias, pour répondre à la crise des médias ici, au Québec, ça ne peut
pas être juste cette annonce-là. C'est correct pour l'instant. Mais la commission
doit poursuivre son travail et doit arriver avec un rapport qui va donner au gouvernement
ce qu'il faut pour avoir une vraie politique de soutien aux médias parce que ce
qu'elle vient d'annoncer, ça peut être intéressant, mais il reste encore des
flous, là. Quand on dit : C'est pour les médias écrits... De plus en plus,
la nouvelle de la radio ou de la télé, on va la lire parce qu'il y a du média
écrit qui se fait par la télé et la radio, et il y a un flou, à mon avis, qui
est là, les plateformes Web qui existent.
Et on arrive de Matane, là. J'étais à
Matane pour la commission, le mandat d'initiative. On a appris des choses. Là,
les radios privées qui sont là, les radios communautaires qui couvrent des
territoires importants... Tu sais, on parle de la radio communautaire aux
Îles-de-la-Madeleine, là, ce n'est pas rien, cette radio communautaire là. C'est
elle qui couvre... Et ils vivent eux aussi des problématiques. On pense, entre
autres, aux mandats qu'on doit donner aux agences de publicité, ceux qui
achètent de la publicité pour le gouvernement, qui oublient des grandes parties
de notre territoire parce qu'ils achètent via les têtes de réseau, Cogeco ou
Bell, et ils oublient des grandes parties de territoire. Il y a quelque chose à
faire là. Il y a des mandats à donner ou des choses à corriger. Mais, pour
l'instant, ce qu'on entend, ce n'est pas là pour l'instant. Mais il va falloir
qu'on y arrive. Il va falloir qu'on pose des questions à ce niveau-là.
Et le fédéral a un rôle à jouer. Tout le
monde l'a dit. En commission parlementaire, tout le monde disait : Il faut
qu'on fasse pression, tout le monde ensemble, sur le fédéral, sur le CRTC. Les
droits d'auteur, c'est important. Je n'entends rien encore. Puis on a amené une
motion. On voulait que le gouvernement s'avance là-dessus. On est en campagne
électorale fédérale, là. Les fédéraux ont un rôle à jouer, et on ne l'entend
pas, puis ce n'est pas juste la taxation des GAFAM, là, ça peut être sur, comme
je parle, les droits d'auteur, les permis au CRTC. Il y a plein de choses qui
sont dans la cour du fédéral. Si on veut avoir une vraie politique de soutien
aux médias, il va falloir les mettre dans le coup ou rapatrier des pouvoirs qui
sont de ce côté-là.
Ça fait que, bref, un pas dans la bonne
direction pour les médias écrits, pour ce qui se vit actuellement. Mais ça ne
peut être ça, la politique du gouvernement pour sauver les médias au Québec.
Mme Lajoie (Geneviève) : En
commission parlementaire, vous avez évoqué à plusieurs reprises le fait que,
maintenant, l'information, il y a beaucoup plus d'opinions. Vous avez déploré
ça en commission parlementaire. Est-ce que justement, selon vous, les
chroniqueurs devraient pouvoir bénéficier aussi du crédit d'impôt?
M. LeBel : J'avais posé la
question. On m'avait dit que ça coûtait moins cher avoir des chroniqueurs que
faire des enquêtes. Ça nous avait un peu surpris. Mais la question se pose.
Moi, je pense que ce qui est important pour les crédits d'impôt, c'est que ça
vienne soutenir les salles de nouvelles et que ça vienne soutenir la nouvelle
qui vient de partout.
Moi, je l'ai mentionné encore hier à
Matane, j'aime ça, des fois, entendre parler du Bas-Saint-Laurent dans les
médias nationaux autrement que pour parler du bateau à Matane. Il me semble, il
y a d'autres choses qui se passent dans le Bas-Saint-Laurent, et on devrait
pouvoir en parler.
Et un journaliste me disait, puis c'était...
Souvent, on va lui dire, on va lui demander... Ils arrivent avec des problèmes
sur les trottoirs à Montréal, les aînés qui vont glisser sur les trottoirs,
puis on va l'appeler au studio, dans le Bas-Saint-Laurent, pour lui dire :
As-tu une nouvelle sur les trottoirs à Rimouski? Il n'y en a pas? Bien,
trouves-en une parce qu'il faut mettre ça dans le topo en soirée.
C'est des choses qu'on a entendues, qu'on
sait, qui existent. Et, pour moi, si on veut avoir une vraie vision des médias
au Québec, une vraie vision des médias présents partout dans les régions, c'est
vers les journalistes qu'il faut aller, c'est vers les salles de nouvelles.
Mme Lajoie (Geneviève) : Sur
les chroniqueurs?
M. LeBel : Priorité, les
journalistes.
M. Cormier (François) :
Pensez-vous que l'aide qui a été annoncée aujourd'hui peut sauver des groupes
comme Capitales Médias ou les autres publications qui sont en difficulté?
M. LeBel : Je pense que ça
donne de l'air. C'est sûr, ça peut leur donner de l'air. C'est des éléments
pour qu'on puisse les sauver. Je ne peux pas croire qu'on... Je ne peux pas
voir la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean sans Le Quotidien. Il faut que
ces mesures-là viennent les aider absolument. Et ça peut soutenir des façons de
faire puis d'impliquer le milieu aussi, là, les gens dans les régions aussi,
dans ces opérations-là. J'espère, moi, que ça peut les aider.
Mme Gamache (Valérie) : Est-ce
que ça vous a déçu, cette annonce-là, aujourd'hui? Est-ce que vous vous
attendiez à plus?
M. LeBel : Non, non. Moi, je
trouve que c'est un pas dans la bonne direction. Je ne veux pas... Puis je veux
dire à ceux qui sont venus déposer des mémoires... eux autres comprennent que
cette annonce-là, ce n'est pas l'annonce du rapport de la commission. La commission
devra déposer un rapport beaucoup plus large puis qui devra influencer le gouvernement
pour avoir une vraie politique qui va soutenir tous les médias écrits :
radio, télé, tous les médias, les médias communautaires aussi. Et je compte
beaucoup sur ce rapport-là. On va à Rouyn la semaine prochaine, notre dernière
rencontre, et on devra travailler sérieusement après ça.
M. Bélair-Cirino (Marco) : À
quoi il va servir, votre rapport, dans la mesure où deux ministres ont annoncé
une série de mesures aujourd'hui?
M. LeBel : Je suis de bonne
foi. Ce que j'espère, c'est que ces mesures-là pourraient éventuellement
s'intégrer dans une politique plus large, une politique plus large qui devra
interpeler le fédéral, c'est bien certain.
Des voix
: Merci.
M. LeBel : Merci.
(Fin à 15 h 44)