(Dix heures trente-deux minutes)
M.
Arcand
:
Merci infiniment. Bonjour à tous. Quelques mots, évidemment, pour commenter
cette journée du 1er octobre. Je suis fier de mon équipe, je suis fier du
travail que nous avons réalisé comme opposition officielle. D'ailleurs, on a
remarqué dans une entrevue dimanche que M. Legault a souligné qu'il plaignait
les oppositions qui devaient trouver chaque jour un sujet pour critiquer. Eh
bien, c'est un rôle essentiel, le rôle de l'opposition.
Une voix
: Chialer.
M.
Arcand
: Chialer
est le terme qu'il a employé. Alors, je pense que le rôle de l'opposition est
un rôle essentiel. M. Legault gouverne un peu comme un exécutif qui n'a pas
l'air à aimer le Parlement, l'Assemblée nationale, les commissions
parlementaires. Son leader parlementaire trouve que les législations prennent
trop de temps et ainsi de suite. Il ne semble pas toujours vouloir être
redevable à la population.
La CAQ nous a donné, au cours de la
dernière année, beaucoup de matière. Le premier ministre aurait aimé qu'on le
laisse faire un chèque en blanc pour les maternelles quatre ans. Et plus on
pose des questions, plus on se rend compte que c'est boiteux, ce déploiement
mur à mur des maternelles quatre ans. Il promettait d'aller chercher les
enfants qui ne sont pas dans le réseau pour les classes de maternelle quatre
ans. On s'aperçoit aujourd'hui que 70 % de la clientèle provient des CPE.
En santé, nous avons un critique qui est
le député de Pontiac, André Fortin, qui a questionné la ministre qui a été
assez discrète au cours de la dernière année. Pourtant, la santé, c'est un
dossier qui préoccupe la population. Il y a eu également de nombreux dossiers
qui ont été soulevés par notre équipe, une équipe chevronnée. Dominique
Anglade, Monsef Derraji ont mis la lumière sur les 18 000 dossiers en
matière d'immigration que le gouvernement a voulu passer à la déchiqueteuse.
Enrico Ciccone a attiré l'attention avec
son projet de loi sur l'importance d'assurer un meilleur suivi pour les
commotions cérébrales chez nos jeunes. Est-ce que la ministre Charest aurait
agi sans cette intervention? Permettez-moi d'en douter. Dans le dossier des
e-sports, nous avons réclamé d'entendre les experts pour évaluer les impacts de
ces technologies chez les jeunes.
Notre députée Isabelle Melançon a invité
le gouvernement à prêcher par l'exemple en réduisant son achat de publicité sur
les réseaux sociaux au profit des médias traditionnels. Et aujourd'hui, c'est
la Journée nationale des aînés également, et nous attendons toujours les actions
concrètes de la ministre Blais qui, jusqu'à présent, a plutôt mené une
opération de relations publiques.
Nous avons également notre critique en
matière de Conseil du trésor et en matière de transports, Gaétan Barrette, qui
demande depuis des mois d'entendre le directeur du bureau du projet du
troisième lien. Je pense que plusieurs Québécois voudraient avoir des détails
sur ce projet d'envergure. Nous avons talonné le gouvernement au cours de la
dernière année en particulier sur le tramway de Québec. Tout le monde se
rappelle que M. Legault ne voulait pas avoir de projet de transport en commun à
Québec.
Notre députée également de Vaudreuil, Mme
Nichols, est très présente pour les municipalités qui ont été touchées par les
inondations, et nous sommes certains d'ailleurs que ce dossier n'est pas
terminé. À l'approche de l'hiver, plusieurs sinistrés ignorent toujours ce qui
adviendra de leur résidence. Nous avons également talonné le gouvernement afin
qu'il respecte sa promesse d'offrir 20 millions additionnels pour les
enfants lourdement handicapés.
En économie, le ministre Fitzgibbon semble
pouvoir dépenser comme bon lui semble. Pourtant, on attend toujours la pluie
d'investissements promise. En environnement, notre députée s'est également
penchée sur la question du suremballage et a invité le gouvernement à
légiférer. Enfin, la question des trop-perçus, notre député Saul Polo a su
démontrer que le remboursement promis par la CAQ se traduira par des
augmentations plus salées que prévu à long terme.
Alors, encore une fois, je dis à M. Legault :
Je crois qu'il est absolument nécessaire que l'opposition officielle soit
présente. Je sais qu'il aimerait dépenser les fonds publics sans n'avoir de
compte à rendre à personne. Actuellement, nous avons l'impression que le premier
ministre dépense l'argent des contribuables pour répondre évidemment à ses
impératifs électoraux. Il avait le moyen d'accorder des baisses d'impôt, il ne
l'a pas fait. Il s'acharne plutôt à vouloir tout réaliser en même temps, peu
importe combien ça lui coûte. Jusqu'à présent le premier ministre n'a pas
utilisé les surplus dont il dispose pour améliorer les services rendus aux Québécois,
et nous nous assurerons que les sommes qui appartiennent aux Québécois soient
dépensées dans leur meilleur intérêt.
Et à la fin de cette entrevue, M. Laforest,
M. Legault a réclamé un deuxième mandat. Je dois vous dire que j'ai trouvé ça
très particulier, teinté d'une certaine arrogance de pouvoir, alors qu'il reste
trois ans, qu'il est un gouvernement majoritaire. De vouloir réclamer un
deuxième mandat à ce stade-ci, je pense que c'est grandement exagéré. Alors, je
pense que ça s'ajoute à l'ensemble des incongruités de ce gouvernement que l'on
voit depuis maintenant un an. Merci.
La Modératrice
: On va
passer à la période de questions. Caroline Plante, LaPresse.
M.
Arcand
:
Bonjour, madame.
Mme Plante (Caroline) : Le
Québec a des liens assez spéciaux avec la France. Il y avait les funérailles de
M. Chirac, M. Legault ne s'est pas rendu aux funérailles, il a préféré dépêcher
Jean Charest et Lucien Bouchard. Est-ce que, d'après vous, c'est un faux pas
diplomatique?
M.
Arcand
:
Bien, écoutez, je ne qualifierais pas ça de faux pas diplomatique, mais je
pense que M. Legault, on se rend compte, n'aime pas beaucoup sortir. Il ne va
pas à la Climate Week, il ne va pas à la marche. Je pense que ça, c'est quelque
chose qui va être présent, je dirais, au cours des prochaines années, M.
Legault n'est pas allé aux funérailles de M. Chirac, alors...
Mme Plante (Caroline) : Il a
fait des entrevues sur son bilan.
M.
Arcand
:
Oui, oui, c'est ça. C'est ça, il faisait des entrevues. Moi, écoutez... encore
une fois, si on veut maintenir des bonnes relations avec la France, il faut
toujours quand même être présent et être vraiment près du gouvernement
français. Encore une fois, M. Legault a choisi, bon, de ne pas le faire. Ce
n'est pas un péché mortel, mais ce n'est quand même pas la meilleure façon
d'agir.
Mme Plante (Caroline) : Sur
la réforme du mode de scrutin, on apprend donc qu'il y a une prime au vainqueur
qui a été incluse dans le projet de loi. On connaît la position du Parti
libéral, là, sur la réforme du mode de scrutin, mais qu'est-ce que vous pensez
du fait qu'il y aurait cette prime au vainqueur dans le projet de loi?
M.
Arcand
:
Bien, c'est une façon... Ce que je comprends... parce qu'encore une fois nous
n'avons pas fait connaître nos commentaires encore de façon importante sur
cette question-là, parce que c'est un dossier, vous l'admettrez avec moi, qui
est assez complexe, et on va devoir en discuter au niveau du caucus. Mais ce
qu'on comprend, encore une fois, c'est que M. Legault essaie de gagner du
temps. Il n'a pas respecté cet engagement qu'il y aurait un nouveau mode de scrutin
en 2022. Et clairement, on voit qu'avec ces changements-là il essaie plus ou
moins de revenir vers une formule proportionnelle, mais qui s'apparenterait à
ce qui existe actuellement aujourd'hui.
Donc, finalement, je ne sais pas où il
est, le changement, mais on aura l'occasion, nous, comme caucus, de se pencher
de façon plus importante, là, sur les détails de ça et faire connaître de façon
beaucoup plus définitive notre position sur cet enjeu.
La Modératrice
:
Vincent Larin, QMI.
M. Larin (Vincent) : M.
Arcand, vous dites souvent que le gouvernement gouverne selon les sondages. On
apprenait, selon le sondage Léger concernant les maternelles quatre ans, que seulement
38 % des Québécois appuient ce projet-là. En fin de semaine, on apprenait
ça. Comment vous expliquez ça que M. Legault poursuit dans cette direction
malgré...
M.
Arcand
:
D'abord, premièrement, vous savez, les Québécoises et les Québécois le vivent à
tous les jours. Moi, vous savez, ma fille, elle a des enfants qui vont à
l'école, et les enjeux à l'école, ce sont des enjeux, d'abord, de pénurie de
main-d'oeuvre clairement. Oui, bien sûr, on peut améliorer les structures. Nous,
on l'a déjà dit, on n'est pas contre l'idée d'une maternelle quatre ans. Ce
qu'on est contre, c'est l'idée de maternelle quatre ans mur à mur.
Alors, il est clair que les Québécoises,
les Québécois qui ont vu ça, depuis le début de l'année, trouvent que peut-être
qu'on ne met pas les priorités à la bonne place. Les priorités devraient être
au niveau des écoles, de s'assurer qu'on ait les meilleurs enseignants, les meilleurs
services à la population. C'est ça qui est important, et le gouvernement ne
donne pas l'impression actuellement que c'est une préoccupation pour eux. Vous
avez un chef qui dirige, dans une certaine mesure, avec un dogme qui est celui
des maternelles quatre ans mur à mur et, pour lui, le reste a peut-être moins
d'importance.
Alors, moi, je dis simplement que la
population s'en est assez vite rendu compte puisque ça fait maintenant un mois
que les classes ont repris.
M. Larin (Vincent) : Donc, si
je comprends bien, selon vous, vous pensez que les Québécois, sur le fond, sont
d'accord, mais que c'est le débat sur le déploiement qui nuit au projet.
M.
Arcand
: ...personne,
sur un principe comme ça, ne peut dire : Écoutez, il y a quelque chose de
mauvais. Il y a des discussions, etc, sur la façon... J'entends des experts qui
disent : Écoutez, c'est mieux à cinq ans, bon, quatre ans, etc. Le
problème fondamental, c'est qu'à un moment donné, lorsqu'on décide d'améliorer
l'éducation, le premier effort qu'on doit faire, c'est au niveau des ressources
humaines, c'est au niveau des gens qui y travaillent, c'est au niveau de
l'ajout de personnel, c'est à ce niveau-là.
Et, moi aussi, quand je vois actuellement
les coûts des lunchs, entre autres, là, qu'il peut y avoir au niveau des écoles
actuellement, je pense qu'avec un gouvernement qui a une telle marge de
manoeuvre, j'aurais peut-être été dans cette direction-là avant d'aller dans
des questions d'infrastructures.
La Modératrice
: Louis
Lacroix, Cogeco.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Arcand.
M.
Arcand
:
Bonjour.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'il y a une bonne action du gouvernement Legault dans cette dernière année?
Là, vous avez beaucoup parlé du bilan négatif, du sombre bilan, mais est-ce
qu'à votre avis ils ont fait une, deux, trois choses de pas pire?
M.
Arcand
:
Ah oui! certainement, écoutez...
M. Lacroix (Louis) :
Comme quoi?
M.
Arcand
:
Bien, par exemple, le transport en commun à Québec. Ils ont finalement décidé
d'investir dans le transport en commun à Québec. Les ententes qu'ils ont réussi
à faire avec l'Union des municipalités, la Fédération québécoise des
municipalités, ce sont des actions qui ont été positives. Moi, ce qu'on
essaie de dire, puis je... Vous savez, vous allez dire, je ne suis pas
objectif, mais je vais quand même vous dire, essentiellement, il y avait quatre
enjeux principaux, hein? Je vous dirais qu'il y avait les enjeux en santé. Il y
avait des enjeux en éducation qu'il fallait améliorer, et c'est toujours des
éléments très importants. Il y avait la question de la pénurie de main-d'oeuvre
également puis il y a la question de l'environnement. Alors, ce sont les quatre
éléments qui, pour moi, étaient des éléments prioritaires.
La question que je pose vraiment aux
Québécoises et aux Québécois aujourd'hui, c'est de dire : Est-ce qu'on a
vraiment à ce point amélioré l'éducation depuis un an, compte tenu des marges
de manœuvre qu'ils avaient? Est-ce qu'en santé on est vraiment meilleurs que ce
qu'on était il y a un an? Est-ce qu'au niveau de l'environnement... Bien, ça,
je pense que la réponse va de soi, il n'y a pas de plan actuellement au niveau
de l'environnement, donc on n'est pas meilleurs. Et, sur la question de la
pénurie de main-d'œuvre, je me promenais hier encore un peu partout à Montréal
et à Québec et je vois des annonces partout sur le besoin d'embaucher des gens,
etc.
Alors, sur ces quatre enjeux, qui sont, à mon
avis, les enjeux les plus importants au Québec, très honnêtement, je ne pense
pas qu'on est bien meilleurs que ce qu'on était il y a un an. Essentiellement,
c'était le message général qu'on voulait donner.
M. Lacroix (Louis) : En
chinois, on dit : Vox populi, vox Dei. La voix du peuple est la voix de
Dieu. Bernard Landry avait l'habitude de dire que le peuple ne se trompe
jamais.
Est-ce que les Québécois se sont trompés
il y a un an en élisant le gouvernement de François Legault?
M.
Arcand
:
Les Québécois, il y a un an, avaient le goût du changement. Les Québécois
voulaient avoir un nouveau gouvernement. Les Québécois... Vous avez tout à fait
raison, la population ne se trompe jamais. Il faut respecter la démocratie. C'est
ce qu'ils ont décidé il y a environ un an.
Maintenant, je vous répondrais par contre
que la nouveauté, c'est toujours intéressant, mais ça dure un temps.
La Modératrice
: Alex
Boissonneault, Radio-Canada.
M. Boissonneault (Alex) :
Bon, moi, je pensais y aller en latin aussi, mais je vais passer. Donc, je me
suis fait couper l'herbe sous le pied. Bonjour, M. Arcand.
M.
Arcand
:
Bonjour.
M. Boissonneault (Alex) :
Comment vous expliquez, dans ce cas-là, je reprends la question au bond, que le
gouvernement Legault, semble-t-il, soit toujours aussi populaire?
M.
Arcand
:
Bien, comme je vous ai dit, écoutez, je vous rappelle que ce qu'on appelle des
lunes de miel, ça peut durer un certain temps, hein? Je vous rappellerai que,
quand on regarde... Par exemple, en 2015, on avait dit, à un moment donné, que
M. Trudeau était pour être là pour les 10 prochaines années, et, en
2017, ça a commencé à être moins évident. Alors, les lunes de miel, ça dure un
certain temps, les nouveautés, ça dure un certain temps, mais je peux vous dire
que je ne crois pas que ça restera éternel, loin de là.
M. Boissonneault (Alex) :
M. Legault, semble-t-il, est prêt à présenter des excuses aux communautés
autochtones demain. Qu'est-ce que vous pensez de ça, vous?
M.
Arcand
:
Bien, c'est-à-dire que, s'il fait des excuses, évidemment, je n'ai pas de
problème avec ça. Les communautés autochtones nous disent : Écoutez, ce n'est
pas des excuses qu'on veut, on veut de l'action. Alors, je pense que la
relation avec les communautés autochtones va s'améliorer si véritablement on a
des projets qui sont très directs et qui vont aider les communautés autochtones.
Ça n'a pas de bon sens que les communautés vivent de la façon dont elles vivent
actuellement.
M. Boissonneault (Alex) :
Cela étant dit, Jacques Viens, lui, a fait le rapport de ce qui s'est
passé entre 2001 et 2016. Là-dessus, il y avait deux années du Parti québécois
puis le reste du Parti libéral. Est-ce que vous prenez une partie du blâme là-dedans?
M.
Arcand
:
Certainement. Les gouvernements ont une partie du blâme de façon générale, mais
on a fait... Moi, je sais qu'on a travaillé beaucoup pour améliorer la
situation des communautés autochtones, mais visiblement ce n'est pas suffisant.
Je pense qu'il y a eu, par exemple, avec la communauté crie, des améliorations
très importantes. Depuis l'entente de la Baie-James, on s'aperçoit qu'avec la
communauté crie je pense qu'il y a une relation. Il y a des relations un peu
plus difficiles avec d'autres communautés, mais c'est clair que ce n'est pas
suffisant, clairement.
La Modératrice
:
Valérie Gamache, Radio-Canada.
Mme Gamache (Valérie) :
M. Arcand, je vais revenir sur le bilan de la CAQ. Quel sera le dossier un
peu Waterloo du gouvernement? Sur quel dossier le gouvernement Legault risque
de trébucher? Qu'est-ce qui va faire en sorte que les Québécois vont
peut-être... justement on va peut-être gratter le vernis un peu?
M.
Arcand
:
Bien, d'abord, premièrement, vous savez que le gouvernement a eu, je dirais, la
chance comme pas un gouvernement, de se retrouver, depuis les 30, 40, 50 dernières
années, avec une situation financière comme celle qu'on leur a laissée. Alors,
au départ, quand l'économie fonctionne, évidemment que les taux de chômage sont
bas, que la situation économique, de façon générale, est bonne, c'est sûr que
les gens, en général, se disent : Bon, bien, coudon, ça va bien au Québec,
pourquoi on va changer, etc.?
Alors, la question actuellement, c'est de
voir jusqu'à quel point cette situation économique là va perdurer au cours des
prochaines années. Je sens M. Fitzgibbon multiplier les entrevues actuellement,
c'est parce que les nouveaux dossiers... ce qu'il règle, là, c'est des anciens dossiers.
Les nouveaux dossiers ne sont pas aussi nombreux, je pense, qu'il voudrait que
ce soit. Alors, ça, ça m'apparaît assez évident.
Maintenant, encore une fois, qu'est-ce que
ça va être, le Waterloo du gouvernement? Je pense qu'il y en a déjà pas mal, il
y a... Je pense que les gens vont s'apercevoir, à un moment donné, que le
gouvernement ne fait pas ce qu'il dit qu'il va faire ou, quand il le fait, il
le fait à moitié. On l'a vu dans la question des tarifs d'Hydro-Québec, entre autres,
on le voit dans d'autres dossiers.
Alors, est-ce qu'il va y en avoir un en
particulier? Peut-être, mais je pense que c'est l'ensemble... À un moment donné,
on ne peut pas gouverner par sondages uniquement. Il faut, à un moment donné,
qu'il y ait une vision gouvernementale, il faut qu'il y ait des priorités, il
faut qu'on soit visionnaire. Et encore une fois, moi, je reviens là-dessus
parce que ça m'apparaît très évident, quand M. Legault arrive, après un an,
puis qu'il dit : Écoutez, moi, je suis prêt, là, pour un deuxième mandat,
puis j'aimerais ça que la population me donne un deuxième mandat, je trouve ça vraiment,
disons, arrogant.
Mme Gamache (Valérie) : Pour
ce qui est des médecins spécialistes, on comprend que M. Legault a déjà brandi,
en quelque sorte, la menace d'une loi spéciale. La fédération dit : Bien,
est-ce qu'on peut attendre au moins d'avoir des rencontres exploratoires?
Qu'est-ce que vous pensez là-dessus?
M.
Arcand
:
Bien, d'abord, premièrement, il faudrait attendre le dossier final. Moi, pour
avoir vu un peu ces dossiers-là, c'est probablement parmi les dossiers les plus
complexes qui existent, parce que les médecins en Ontario ne sont pas rémunérés
de la même façon qu'au Québec. Alors, il faut faire des analyses, c'est
compliqué, puis vous avez les médecins du reste du Canada qui n'ont pas tout à
fait non plus la même formule.
Moi, ce que je dis, c'est qu'avant de
brandir... parce que je pense qu'encore une fois, lorsqu'on brandit cette
menace-là alors qu'on est en pleine négociation, je ne trouve pas ça très
habile. Véritablement, je ne trouve pas ça très habile de sa part. Je pense
qu'on va devoir attendre le rapport sur cette question-là, le rapport final sur
cette question-là, pour pouvoir se pencher sur la suite des choses. Mais, en
attendant, je trouve que c'est très prématuré de sa part.
La Modératrice
: Alain
Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) : Quand
vous étiez aux affaires, M. Arcand, vous avez travaillé beaucoup avec les
communautés autochtones. Quel changement ça prend, demain matin, selon vous, le
plus important, à la suite du dépôt du rapport Viens?
M.
Arcand
:
Moi, je vous dirais que le premier changement que ça prend, c'est qu'avec les
communautés autochtones, les principales communautés, que ce soient les Cris,
les Inuits, les Hurons, les Naskapis et tous les autres, qu'il y ait vraiment
une cohérence et... je dirais un consensus, pas tellement une cohérence, mais
un consensus entre ce que le gouvernement veut faire et ce que les chefs vont nous
dire qu'ils veulent, ce que le leadership de ces communautés-là considère comme
prioritaire.
Un des grands défis qu'on a eus, parce que
moi, j'étais en charge du Plan Nord, à l'époque... un des grands défis qu'on a,
c'est que les communautés... Et simplement, je vais vous parler des communautés
innues. Ils étaient neuf communautés, et parfois on avait de la difficulté à
vraiment trouver un consensus au sein même d'une communauté comme celle des Innus,
où tout le monde devait parler d'une même voix.
Alors, moi, je vous dirais que la première
chose, c'est que... Et je souhaite que, dans la rencontre qu'il va y avoir avec
les communautés, qu'on établisse, tout le monde ensemble, ces priorités-là,
qu'on puisse vraiment travailler à avoir, je dirais, ce consensus-là. Vous vous
rappelez, même, dans certains projets qu'on avait faits avec les Cris, il y
avait des villages cris qui avaient voté contre des projets, leur leadership
l'avait fait. Alors, il faut qu'à un moment donné les chefs et les gens qui dirigent
le Québec puissent trouver ce consensus-là sur ces actions qui doivent être
réalisées.
M. Laforest (Alain) : Autre
question. Pour citer les paroles d'un de vos collègues qui a pris sa retraite,
on veut les voir en prison, pas les voir à la télévision. Je parle de l'affaire
Zambito. On les voit pas mal plus à la télévision qu'en prison. Vous en pensez
quoi?
M.
Arcand
:
Bien, vous savez, nous, on a mis 500 millions de dollars sur cinq ans au
ministère de la Justice pour accélérer l'efficacité de ce ministère-là. Moi, je
vais vous dire très honnêtement, c'est un dossier qui fait en sorte que... Je
suis un peu angoissé par ce dossier-là. Je dois vous dire une chose, c'est que,
dans ce dossier-là, en tout cas, nous, on ne fera pas de partisanerie
politique. Dans ce dossier-là, c'est l'intérêt public qui doit prévaloir, et,
s'il y a des actions qui nous apparaissent nécessaires et qui doivent être
prises par le gouvernement, si les actions qui doivent être prises sont des
actions qui sont positives, on va les supporter sans problème.
M. Laforest (Alain) : Mais là
c'est la preuve mal montée, là. C'est des erreurs de junior.
M.
Arcand
: Il
y a eu des erreurs, semble-t-il, qui ont été faites. Ce ne sont pas des
dossiers qui sont faciles, mais il est clair qu'on va éventuellement, un jour,
nommer quelqu'un à l'UPAC, entre autres, et puis on va nommer d'autres
dirigeants. Je suis certain qu'on va tout faire pour prendre les meilleures
décisions dans les circonstances.
La Modératrice
: Martin
Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour, M. Arcand.
M.
Arcand
:
Bonjour.
M. Croteau (Martin) : Vous
êtes un ancien ministre de l'Environnement. Est-ce que c'est une bonne idée
d'augmenter les coupes forestières pour réduire les GES?
M.
Arcand
: Ça,
c'est un dossier qui est bien complexe. Mais je n'ai pas tellement bien
compris, alors qu'on vient de faire une marche sur le climat, je n'ai pas
tellement bien compris l'idée du ministre comme telle. Comme vous le savez, il
y a toute la question des caribous, il y a la question du bois, etc. Alors, que
M. Dufour s'exprime là-dessus, parce qu'honnêtement je n'ai pas très bien saisi
ce qu'il voulait dire.
M. Croteau (Martin) : Vous
êtes, quoi, sceptique? Vous ne pensez pas que ce qu'il dit, c'est vrai?
M.
Arcand
:
C'est-à-dire que le dossier, il n'est pas si simple que ça. Moi, je vous dis
simplement qu'il exprime... De la façon, en tout cas, dont ça a sorti, ce n'est
pas simple comme ça. Et, encore une fois, je ne suis pas sûr qu'il s'est bien
aidé hier. C'est une déclaration qui ne me semble pas très habile.
M. Croteau (Martin) :
J'aimerais vous entendre sur la situation au REM. Là, il semble y avoir un bras
de fer, là, entre la Caisse de dépôt et le consortium, là, qui bâtit cette infrastructure-là.
Il semble qu'il y a un désaccord important, là, sur les mesures de sécurité à
prendre, entre autres, dans le tunnel Mont-Royal.
À quel point êtes-vous préoccupé par cette
situation et croyez-vous le ministre Bonnardel et la Caisse de dépôt,
lorsqu'ils disent que le projet va bien être livré dans les délais?
M.
Arcand
: Écoutez,
nous... D'abord, premièrement, vous savez que c'est dans mon comté. Alors, le
tunnel Mont-Royal est dans mon comté. Comme chaque projet, le projet du REM est
un bon projet. Cependant, comme dans tout projet, il y a des enjeux. Il y a des
enjeux qui sont de nature technique, il y a des enjeux également au niveau des
citoyens qui... Par exemple, seulement dans mon comté, là, vous allez avoir
500 trains par jour, là, qui vont passer. Alors, les citoyens sont un peu
inquiets, veulent véritablement être rassurés par la Caisse de dépôt. Et donc
la Caisse de dépôt, à chaque fois, a eu l'occasion de dire qu'elle allait
travailler avec les citoyens, qu'elle allait travailler également avec le
consortium pour assurer le meilleur projet possible.
Alors, c'est un dossier de la Caisse de
dépôt. On va suivre quand même ça de près, mais je pense que le plus vite ils
vont pouvoir s'entendre, le mieux ça sera.
M. Croteau (Martin) :
Avez-vous des craintes pour l'échéancier du projet ou même ses coûts?
M.
Arcand
:
Écoutez, comme vous savez, il y a eu des craintes sur plusieurs échéanciers.
Même le pont Champlain, ça a retardé de quelques mois. C'est toujours possible
dans ce genre de projet là, mais, encore une fois, le plus vite sera le mieux,
parce que les gens attendent le REM avec beaucoup d'impatience.
M. Croteau (Martin) : ...si
vous me permettez une dernière question, on fait beaucoup le bilan du gouvernement
Legault aujourd'hui, mais quel est le bilan... Quel bilan faites-vous du Parti
libéral qui a perdu des élections, qui a perdu des députés dans toutes les
régions du Québec et qui, depuis, a même perdu un député dans la région de
Québec, là? Est-ce que... Ça a l'air d'aller mal au Parti libéral.
M.
Arcand
:
Bien, premièrement, il y a deux façons de voir ça. Oui, on a subi un échec sur
le plan électoral. Oui, la population des régions du Québec nous a carrément rejetés
le 1er octobre dernier. C'était sur un bilan. Maintenant, ça, c'est le mauvais
côté des choses.
Le bon côté des choses, c'est qu'on a eu
une commission jeunesse qui s'est réunie, on avait 400 militants. On a, à la
fin novembre, un autre congrès, dans lequel on aura probablement près d'un
millier de militants. On a des associations de comté dans les régions du Québec
qui sont actives. On a une nouvelle directrice générale, on a une présidente du
parti, on a véritablement apporté des réformes importantes. On fait du
financement politique qui va quand même relativement bien.
Alors, le parti, il est vivant. C'est à
nous de proposer aux Québécoises et aux Québécois un programme pour l'avenir,
qui sera un programme qui va leur plaire et qui va répondre à leurs besoins.
La Modératrice
: On va
y aller en anglais. Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Good morning.
M.
Arcand
: Good morning.
Mme Johnson (Maya) : I think this falls in line with Martin's question, because
obviously, you've been very critical of the CAQ's first
year in power, but I wanted to ask you... the fact that the party is so popular
and if that suggests that perhaps the Liberal Party is still disconnected from what the majority of Quebeckers want?
M.
Arcand
: Well, you know,
first of all, we try, as a political party, to have a vision, a vision about,
you know, freedoms, rights, about the need to have a strong economy, all those
values that our party has. So I think that this is something that is important.
Now, the CAQ has been a
new government for the last
year. Everything, sometimes, is new. When it's new, sometimes, people like
that, but the novelty doesn't last forever. And I think that what we have seen,
in the last few months in particular, is that, first of all, this Government seems to... and especially among
the English-speaking community of Québec, certainly, they seem to be quite
divisive.
Mme Johnson (Maya) : Can you give us some examples of where they're going wrong in your
view when it comes to their relations with the English-speaking community?
M.
Arcand
: Well, first of
all, the one thing that is the most important : I don't see any minister,
I don't see any member of the National Assembly... They're supposed to have someone who looks after the English
community, Mr. Skeete. I don't know what he's doing, because I've never
heard a lot of things that he has done. So that's the first thing, there's no dialogue
between the Government and the
English community. I think that's the first step we need to see.
The second thing that I
see also as a member of the National Assembly, is that they know that... you know, they know that the English
community doesn't like their stand on many issues, and especially regarding
Bill 21, as you are well aware. So, of course, they didn't take that into
account.
So there are many things
that have been... they have done that really seem to divide Quebeckers, basically.
Mme Johnson (Maya) : I just want to follow up on something you mentioned about Mr.
Skeete, because he has been going on this, this consultation across the
province, speaking to different groups. So we hear that, on the one hand, but
then, on the other hand, we have something... today, for example, where the
Education Minister is going to go ahead and table a bill to reform school
boards. So you see a contradiction there?
M.
Arcand
: Well, it may be
just the advice of some lawyers who said : Don't touch that. That could be
the reason. My feeling is that again, in this particular case, when you look at
the English community, and I go often in the west part of Montréal and some other areas, I don't hear
very good things about the QuébecGovernment right now. And even the Premier said publically : I govern for the
majority, which means that he does not govern for the English community for
sure.
La Modératrice
: Cathy Senay, CBC.
Mme Senay (Cathy) : Good morning, Mr. Arcand. As a former government which had this bill to abolish school boards, what do you say to
the Legault Government today
tabling its own reform to abolish school boards and transform them into service
centers? What is your advice?
M.
Arcand
: Well, first of all, we'll see what the Government will table this afternoon at the National Assembly. As a political party,
we'll take a stand on that for sure. You know, when it comes to school boards, OK, we may criticize school boards, we can
say that school boards are bad at… you know, but what is the solution? And with
the CAQ, what we have seen in the last few months is that, you know, it's maybe
good to say : Well, this thing is bad, but what is the solution? What are
they going to bring to the table? We have seen in many «dossiers», they have
not been better... we haven't seen better results than what actually exist.
So we will be very
careful in analyzing what they are coming up with when they will table this law
in Parliament. And as a political party, we will take a
responsible stand on that.
Mme Senay (Cathy) :
The fact that they proposed an honorable compromise
for English-speaking communities in keeping the elections, the school
elections, what do you say to this?
M.
Arcand
: Well, I think
that, for years, we've been looking at that and, legally speaking, I think,
they will have to take a prudent course on that, you know, because legally
speaking, I think that probably the Government lawyers have told them that, you know, this is a right for the
English community. So we'll see what happens.
Mme Senay
(Cathy) : Thank you.
La Modératrice
: Merci.
(Fin à 11 h 3)