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Point de presse de Mme Émilise Lessard-Therrien, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’agriculture, de pêcheries et d’alimentation

Version finale

Monday, September 23, 2019, 13 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures dix-huit minutes)

Mme Lessard-Therrien : Alors, bon après-midi, tout le monde. Donc, aujourd'hui, c'est le début des auditions sur la commission sur les pesticides. J'ai beaucoup d'attentes à l'égard de la commission, surtout une attente de collaboration entre les différents partis, le gouvernement et les oppositions pour jeter les bases d'un plan pour sortir notre agriculture des pesticides.

Un message super important qu'on veut envoyer aussi aujourd'hui, c'est que ce plan de sortie là ne doit pas se faire aux frais des agriculteurs. Il faut définitivement accompagner les agriculteurs dans cette transition-là, pour une agriculture plus écologique. Pour nous, un organe fondamental de cette transition-là, c'est évidemment le ministère, donc le MAPAQ, qui doit retrouver son leadership en la matière pour vraiment accompagner les agriculteurs.

On le sait, il y a beaucoup de solutions qui existent déjà au Québec. Il nous manque juste des gens pour les appliquer sur le terrain. Cet été, j'ai eu l'occasion, là, de faire quelques visites dans différentes régions du Québec et j'ai été agréablement surprise de voir qu'il y avait déjà beaucoup de pistes de solution qui sont là. Ce qu'il manque, c'est un agent de concertation pour s'assurer que toutes les mesures transitoires, si on peut dire, ou la lutte intégrée, comme on l'appelle en agriculture, se promène d'une région à l'autre, que cette information-là soit diffusée, et, pour nous, définitivement, l'agent de... l'organe de concertation par excellence, c'est le ministère.

Donc, on veut vraiment s'assurer que l'expertise circule entre les régions, les scientifiques, les agriculteurs, et que définitivement on retrouve des agronomes qui vont sur le terrain au sein du ministère. Vous savez, chez moi, au Témiscamingue, ce que les gens me disent, c'est qu'ils doivent allumer eux-mêmes des lumières quand ils rentrent au bureau du MAPAQ. C'est dire qu'il n'y a plus beaucoup de ressources qui y travaillent. Donc, ce qu'on veut ramener, c'est définitivement des ressources dans les bureaux du ministère.

Le plan de sortie, le plan de transition pour l'agriculture, oui, c'est pour l'environnement, c'est pour la santé des gens, mais on pense aussi que les premières victimes de l'utilisation de ces pesticides-là, au niveau de la santé, ce sont nos agriculteurs. Ce sont eux qui manipulent les pesticides au courant des différents épandages, qui peuvent passer des fois jusqu'à 12 heures dans leur tracteur avec l'épandeur en arrière qui diffuse. Donc, c'est vraiment aussi pour eux qu'on veut amener ce plan de transition là. On le sait de plus en plus les impacts que les pesticides peuvent avoir, soit au niveau des cancers ou au niveau des maladies professionnelles. Donc, c'est vraiment un message de soutien qu'on veut envoyer aux agriculteurs.

Des pistes de solution, bien, on en a identifié quelques-unes. Le travail de la commission va pouvoir nous permettre de valider si nos pistes vont dans la bonne direction, notamment, réorienter les fonds publics. On sait qu'il y a à peu près 800 millions de dollars par année qui sont dédiés à l'agriculture au Québec. Là-dessus, il y en a à peu près 35 millions qui sont dédiés vraiment aux mesures plus écologiques. Donc, définitivement, il y a un coup de barre à donner à ce niveau-là, d'augmenter les fonds qui vont être dédiés à l'agriculture et à la transition écologique de l'agriculture. Donc, voilà, je suis prête à prendre vos questions.

M. Lacroix (Louis) : Bien, c'est quoi, au juste, votre plan de sortie? Pouvez-vous nous l'expliquer? Ça fonctionnerait comment?

Mme Lessard-Therrien : Bien, en fait, cet été, quand j'ai fait mes visites, j'ai visité la MRC des Jardins-de-Napierville, puis, au sein de leur CLD, ils ont développé le Pôle d'excellence en lutte intégrée. On va avoir l'occasion d'entendre ce qu'ils font jeudi, ils vont venir parler à la commission. Et eux, ce qu'ils ont fait, c'est qu'ils se sont dotés eux-mêmes d'un organe de concertation à l'intérieur du CLD pour faire justement le maillage entre les producteurs agricoles et toutes les chaires de recherche qui développent la lutte intégrée. Quand on pense à la mouche rose, quand on parle... aux rotations des cultures, les engrais verts, tout ça, donc, c'est vraiment un agent de concertation, et les gens qui y travaillent s'assurent que les agriculteurs puissent entrer en contact avec les autres agriculteurs parce qu'entre vous et moi il y a juste un bon agriculteur pour convaincre un autre agriculteur que sa méthode, elle est bonne. Donc, eux, c'est ce qu'ils ont décidé de faire au sein de leur propre MRC. Moi, j'ai trouvé ça absolument fascinant, je me demandais comment ça se fait qu'on n'a pas ça dans toutes les régions du Québec où on mise vraiment sur la lutte intégrée. Et c'est prouvé que ça fonctionne. Dans les champs d'oignons, par exemple, bien, on a réduit jusqu'à 50 % l'application des pesticides, donc il y a vraiment une diminution considérable. Donc, ça, c'est un exemple. Mais, évidemment, c'est d'investir dans la recherche puis la recherche et développement pour continuer de développer d'autres types de solutions comme ça.

M. Lacroix (Louis) : Mais pour être plus... je comprends que vous êtes très spécifique, mais pour être plus... de façon générale, ça voudrait dire quoi, le plan de sortie? Dans votre optique à vous, ça voudrait dire élimination complète des pesticides? En combien de temps?

Mme Lessard-Therrien : Bien, définitivement, il faut se donner des dates avec des échéanciers. On a nos cinq agents actifs, en ce moment, qui nécessitent une prescription; réviser cette liste-là de manière plus régulière pour ajouter davantage de pesticides qui sont considérés comme nocifs pour l'environnement. Développer de la recherche aussi, à ce niveau-là, parce qu'en ce moment, ce qu'on se rend compte, c'est qu'il y a une lacune, à savoir l'impact de ces pesticides-là et des effets aussi multiplicateurs; plusieurs pesticides utilisés en même temps, les cocktails, qu'est-ce que ça peut avoir comme impact sur l'environnement. Donc, il y a encore matière à faire beaucoup de recherche à ce niveau-là.

M. Lacroix (Louis) : Mais ce serait quand, là, dans votre optique à vous, qu'il faudrait éliminer les pesticides complètement, pour mettre ça bien simple, là?

Mme Lessard-Therrien : Bien, écoutez, on n'est pas rendus à avoir... à ce stade-ci de la commission, de dire est-ce que c'est dans cinq ans, est-ce que c'est dans sept ans.

M. Lacroix (Louis) : ...on n'est pas rendus là, à la commission, mais vous, vous devez avoir une idée politique là-dessus? QS, là, vous devez avoir tablé là-dessus. Vous êtes super forts en environnement, soi-disant. Alors, vous devez vous être assis ensemble, puis dire : Bien, voici, il faudrait éliminer les pesticides d'ici... combien de temps?

Mme Lessard-Therrien : Bien, écoutez, c'est sûr que, dans un horizon plus ou moins moyen terme, j'ai envie de dire, mais je ne m'avancerai pas aujourd'hui à donner une cible vraiment en termes d'années, on va se laisser... on va se permettre d'entendre ce que les groupes ont à dire à ce sujet-là évidemment. Donc, ça commence aujourd'hui. Si vous avez eu vent un peu des mémoires qui ont été déposés, on a des gens qui ont des propositions à ce niveau-là, donc on va prendre le temps de s'asseoir puis de les regarder.

M. Lacroix (Louis) : Plus ou moins à moyen terme, là, c'est n'importe quand entre trois ans, 10 ans, 15 ans, peut-être 30 ans, on ne le sait pas.

Mme Lessard-Therrien : Bien, on espère que ça ne sera pas... que ça va être d'ici 15 ans. On peut se le dire comme ça.

Mme Crête (Mylène) :Qu'est-ce que... Vous avez parlé d'accompagner les agriculteurs. Qu'est-ce que vous pensez, par exemple, des demandes de l'UPA, qui veut un programme d'aide pour avoir un incitatif à passer à des méthodes sans pesticides?

Mme Lessard-Therrien : Oui, bien, en fait, c'est ce genre de solutions là qui peuvent être mises de l'avant, notamment au niveau des assurances récoltes, par exemple. Quand on a des agriculteurs qui utilisent la lutte intégrée plutôt que d'utiliser les pesticides, bien, de s'assurer que, si jamais en cours de route ils n'ont pas les résultats escomptés, bien, qu'il va y avoir une assurance reliée à ça, donc. Et ça, ces outils-là, ils existent déjà, il faut juste peut-être les formuler différemment pour que ça puisse s'appliquer dans les cas de lutte intégrée ou d'utilisation moindre des pesticides.

M. Lecavalier (Charles) : Oui, mais pourquoi juste... pour les gens qui ne sont pas agriculteurs, là, pourquoi, du jour au lendemain, l'agriculteur ne peut pas tout simplement dire : Bien, moi, je n'utilise plus de pesticides? Qu'est-ce qui va arriver?

Mme Lessard-Therrien : Bien, en fait, je veux dire, les pesticides, en ce moment, sont rendus utilisés beaucoup comme un moyen de gérer le risque, c'est-à-dire qu'on va s'assurer d'avoir une bonne récolte à la fin de l'été, et pour ça, bien, on va utiliser les pesticides qui vont contrôler la mauvaise herbe ou qui vont même être utilisés pour faire mûrir les champs. On l'a vu dans le cas du blé, entre autres, avec les glyphosates, mais c'est aussi utilisé, par exemple, dans la pomme de terre où on va faire défaner les plants de pommes de terre pour les récolter tous en même temps, puis là on s'assure d'avoir vraiment des plants qui sont tous prêts à être récoltés en même temps. C'est plus facile, ça se gère mieux, etc. Donc, c'est vraiment... Puis, quand on parle avec les agriculteurs qui utilisent la lutte intégrée ou qui ont même fait la conversion biologique, souvent, ce qu'ils nous disent, c'est : Bon, il y a une transition technique qui prend à peu près trois ans où on change nos méthodes, mais il y a aussi une transition mentale qui, elle, prend un petit peu plus de temps, peut-être un cinq ans, de dire : Bon, bien là, il faut que je gère mes cultures différemment. Tu sais, là, quand on parle de rotation de cultures, bien, là, il faut se dire : O.K., cette année, bien, je mets du soya ici, l'année prochaine, bien, je vais mettre une culture de couverture ou je vais y aller avec une culture de pois ou encore de maïs. Donc, ça nécessite de réfléchir plus à long terme sur ce qu'on va faire dans nos champs. Donc, c'est pour ça que...

M. Cormier (François) : Mais est-ce que cette commission-là, c'est une occasion ratée d'entendre, et de mettre au défi, et de challenger Monsanto et les autres compagnies du genre qui n'ont pas été invitées?

Mme Lessard-Therrien : Bien, je pense qu'on est vraiment en mode solution. En fait, on constate que les différents plans de lutte phytosanitaire qui ont été élaborés par le passé n'ont pas donné les résultats escomptés, on n'a pas énormément... on n'a pas diminué de manière drastique l'utilisation de nos pesticides. Donc, maintenant, c'est vraiment... Moi, je vois ça comme : on se met en mode solution. Quels sont l'état des faits par rapport à l'impact de l'utilisation des pesticides sur la santé, mais aussi sur l'environnement? Et quels sont les moyens — puis ça, on l'a bien intégré dans le mandat d'initiative — quels sont les moyens alternatifs qui ont été développés au fil des dernières années pour faire la transition vers une agriculture plus durable? Ça fait que moi, je ne vois pas ça comme un affront pour l'industrie des pesticides, plus que...

M. Cormier (François) : Vous n'auriez pas aimé les challenger en commission parlementaire et les entendre?

Mme Lessard-Therrien : Bien, en fait, personnellement, s'ils étaient venus en commission parlementaire, j'aurais été intéressée de les entendre. En même temps, je ne pense pas que ça va amener une valeur ajoutée au travail que veut faire la commission, c'est-à-dire d'utiliser de moins en moins les pesticides. Forcément, ces gens-là n'ont pas intérêt à ce qu'on les utilise de moins en moins, donc, pour moi, en ce sens-là, ce n'était pas nécessairement une valeur ajoutée de les avoir autour de la table.

Mme Gamache (Valérie) : Mais c'est parce que vous parlez de «on se met en mode solution». Tout le monde s'entend pour dire qu'on ne peut pas se débarrasser complètement des pesticides demain matin.

Mme Lessard-Therrien : Absolument.

Mme Gamache (Valérie) : Donc, il faut que... À votre avis, ils n'ont pas leur place dans la solution, même s'ils vont devoir continuer à en vendre?

Mme Lessard-Therrien : Bien, en fait, je pense que la place, ils l'occupent déjà, en fait. Je veux dire, en ce moment, le réflexe des agriculteurs est davantage tourné vers l'utilisation des pesticides que l'utilisation de la lutte intégrée. Donc, la place, ils l'occupent déjà.

Maintenant, nous, ce qu'on veut mettre de l'avant, c'est comment on peut faire en sorte d'en utiliser moins. Quelles sont les alternatives qui existent, avec la lutte intégrée? Donc, ça va nous donner l'occasion, nous, aux parlementaires de savoir tout ce qui se fait, puis comment on pourrait le faire mieux, puis comment on pourrait diffuser aussi les actions qui sont déjà sur la table.

Mme Cloutier (Patricia) : Est-ce que les agriculteurs ont mal réagi au départ à cette commission parlementaire là? Parce que là, aujourd'hui, vous nous dites : Ah! il faut tout faire ça avec eux, c'est eux, les premières victimes sur la santé, et tout ça, mais il y a eu des commentaires difficiles au départ, là. Comment est-ce que vous allez vous assurer de la collaboration des agriculteurs là-dedans?

Mme Lessard-Therrien : Bien, on va en entendre déjà à la commission, des agriculteurs qui vont intervenir. Bon, il y a l'Union des producteurs agricoles aussi qui va être là, qui est quand même un joueur non négligeable quand on parle d'agriculture. Je pense que les gens sont de plus en plus conscients, en fait, que la population en général est préoccupée par le contenu de son assiette. Je pense qu'ils veulent faire partie de la solution. Maintenant, moi, je comprends leurs inquiétudes, de dire : Bien là, allez-vous nous dire que demain matin, il ne faut plus les utiliser, les pesticides? Parce qu'en ce moment, on n'a pas d'alternative. Ça fait que c'est là où moi, je veux les rassurer puis dire : Non, non, on veut faire ça ensemble. On va s'assurer que la transition se fait avec vous, puis moi, je compare souvent un peu avec un plan de sortie du pétrole. Je veux dire, on ne peut pas sortir du pétrole demain matin, comme ça, mais, en même temps, il faut se donner des dates, il faut se donner des échéanciers, il faut se donner un plan d'action clair pour faire en sorte d'y arriver.

Et moi, j'espère que le rapport qu'on va produire à la suite de la commission ne sera pas tabletté, comme beaucoup de rapports qui ont été faits par le passé, puis que finalement, bien, on s'est donné un peu des grands objectifs, des grandes ambitions, mais que finalement il n'y a rien qui s'est traduit sur le terrain en termes d'action, en termes d'accompagnement. Donc, c'est ça qui est le plus important pour moi aujourd'hui, puis je pense que ce dialogue-là, il est possible, puis il est déjà en cours avec les agriculteurs, puis c'est un dialogue qui est très constructif, là.

Mme Johnson (Maya) : Bonjour. Je peux vous poser quelques questions en anglais?

Mme Lessard-Therrien : Yes, of course.

Mme Johnson (Maya) : Thank you. So, first of all, if you could just give us a general idea of what you're hoping will come out of these hearings?

Mme Lessard-Therrien : Yes. Well, I really hope that we will collaborate, all the different parties around de table, to have a plan to get out of the pesticide industry with the agriculture. But it's also very important for us that farmers don't have to pay the price of the transition. So, we need to «accompagne» the farmers and we say it goes by the MAPAQ. And we need that the MAPAQ «retrouve»...

Une voix : Find.

Mme Lessard-Therrien : ...finds back its leadership to help...

Mme Johnson (Maya) : ...

Mme Lessard-Therrien : Yes, regains its leadership to «accompagne» the...

Mme Johnson (Maya) : To accompany.

Mme Lessard-Therrien : ...to accompany the farmers in the transition. Sorry.

Mme Johnson (Maya) : That's OK. Do you want to maybe repeat that phrase?

Mme Lessard-Therrien : Yes. So, the Québec Government... sorry. We need a plan to withdraw from pesticide use, and farmers don't have to pay the price of the transition. And we need that the MAPAQ go back to its leadership in the transition.

Mme Johnson (Maya) : OK. So that they can help along...

Mme Lessard-Therrien : Yes. So they can...

Mme Johnson (Mia) : Accompany.

Mme Lessard-Therrien : ...accompany. So, they can accompany the farmers in the transition.

Mme Johnson (Maya) : And is it reassuring to you that we're now going to hear from Louis Robert, the whistle-blower who obviously went through his own ordeal when it came to this industry?

Mme Lessard-Therrien : Yes, of course. I'm very glad to hear him. I think he has a lot of knowledge about this topic and I think he is pertinent, and he can help us to find solutions to this transition. So, I'm looking forward to hear him. Thank you. Merci.

(Fin à 13 h 32)

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