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Point de presse de Mme Christine Labrie, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de condition féminine

Version finale

Wednesday, June 12, 2019, 11 h 35

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures trente-six minutes)

Mme Labrie : Bonjour. Alors, on a décidé de déposer aujourd'hui un projet de loi pour abolir le délai de prescription pour les victimes d'agression sexuelle parce que ça fait des mois, en fait, qu'on attend que le gouvernement pose ce geste-là. On est à la dernière semaine de la session et on attend encore. Et pourtant ça fait plusieurs années que la CAQ promet aux victimes d'agression sexuelle qu'elle va changer la loi pour lever les obstacles à un processus qui est déjà extrêmement lourd à porter.

En 2016, Simon Jolin-Barrette, qui était dans l'opposition à ce moment-là, avait déposé un projet de loi pour rendre imprescriptibles les agressions sexuelles... pardon, rendre imprescriptibles les... oui, c'est ça, donc, comme c'est le cas déjà dans plusieurs provinces à travers le Canada. Depuis que la CAQ a été élue au gouvernement, on nous a répété à plusieurs reprises qu'il y a un projet de loi qui serait déposé rapidement. Le 28 février, on a voté unanimement ici, à l'Assemblée nationale, pour abolir les délais de prescription. Donc, le consensus est clair, et depuis longtemps. En avril, la ministre de la Justice, Sonia LeBel, a réitéré qu'elle comptait agir rapidement. Mais on est aujourd'hui à la fin de la session, et il n'y a toujours rien qui s'est passé.

Donc, nous, c'est pour ça qu'on a décidé d'aller de l'avant, d'autant plus que, depuis l'élection, les groupes qui étaient en contact avec la CAQ pour faire avancer ce dossier-là nous ont dit que c'est le silence radio du côté du gouvernement depuis quelques semaines. Donc, ça nous inquiète beaucoup.

Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a repris le projet de loi que Simon Jolin-Barrette avait déposé lui-même en 2016. On l'a bonifié pour tenir compte notamment de la recommandation de la Protectrice du citoyen, qui avait, en 2017, émis un avis pour recommander que cette disposition-là soit rétroactive. Donc, c'est un ajout qu'on a fait au projet de loi. On a aussi bonifié le projet de loi pour faire en sorte que non seulement les agressions à caractère sexuel, mais aussi les actes de violence subis pendant l'enfance, ou par un conjoint, ou un ancien conjoint soient également imprescriptibles.

Donc, on espère que le gouvernement va appeler ce projet de loi là parce que la CAQ s'est engagée auprès des victimes. Elle doit tenir sa parole. Nous, ce qu'on veut, en fait, c'est qu'on lève le plus d'obstacles possible sur le chemin des victimes, qui ont déjà un parcours du combattant en ce moment. Donc, d'abolir le délai de prescription, ce serait un premier pas très facile à faire, d'autant plus que le consensus est clair entre les partis.

Je vais céder la parole maintenant à M. Roger Lessard, qui est le porte-parole des victimes.

M. Lessard (Roger) : Alors, bonjour à tous. Je vous ai remis des documents qui vont un petit peu appuyer, là, ce que l'on va dire.

En mars 2016, Shirley Christensen, Pierre Bolduc et moi avons été invités par Simon Jolin-Barrette pour l'accompagner à une conférence de presse relative à la présentation du projet de loi n° 596, qui recommandait l'abolition du délai de prescription en matière d'abus sexuel.

Le 12 avril 2018, quelques mois avant les élections, Simon Jolin-Barrette nous recevait à l'Assemblée nationale quand il a présenté une motion pour abolir le délai de prescription. Le vote a été remporté par les libéraux, alors majoritaires. M. Simon Jolin-Barrette m'a dit alors : Ça va aller au 1er octobre, M. Lessard. Depuis le 1er octobre, aucun projet de loi n'a été présenté par le gouvernement Legault, qui en avait fait pourtant une promesse électorale.

Le 18 mars dernier, la ministre de la Justice, Sonia LeBel, a déclaré aux médias qu'il fallait accueillir les victimes avec humanité. Le 26 février dernier, Pierre Bolduc et moi lui avons fait parvenir une lettre lui demandant une rencontre. Aucune réponse de Mme LeBel, même pas un accusé de réception. C'est ça, l'humanité de Mme LeBel? Elle ajoute qu'elle souhaite que les victimes reprennent confiance en la justice. La ministre de la Justice ne répond pas à Pierre Bolduc, qui se bat depuis plus de huit ans pour faire abolir le délai de prescription et qui a déposé une plainte au Protecteur du citoyen, qui a donné raison aux victimes. C'est inacceptable, Mme LeBel. Nous avons refusé de rencontrer votre attaché politique parce que c'est vous que nous voulions voir, comme nous avions déjà rencontré Mme Stéphanie Vallée, Mme Véronique Hivon, Mme Manon Massé et M. Simon Jolin-Barrette.

Je m'adresse à M. Legault. À plusieurs reprises, vous avez affirmé que vous alliez réaliser tous les engagements pris lors de la dernière campagne électorale. S'il vous plaît, prenez le dossier en main afin que les victimes aient enfin accès à la justice.

Pour terminer, un immense merci à Mme Labrie et à Québec solidaire. Mme Labrie a le courage de ses convictions et toute l'humanité et la compassion requise pour les victimes d'une grave injustice. Merci.

Mme Labrie : Je vous remercie. Est-ce que vous souhaitez prendre la parole?

M. Bolduc (Pierre) : Oui. Bonjour à tous. Mon nom est Pierre Bolduc.

Le viol d'un enfant de 12 ans par un pédophile est une chose tout à fait atroce, qui brise une vie. Tout d'abord, c'est l'innocence, la confiance et l'estime de soi qui s'envolent. Ce fut mon cas, comme beaucoup d'autres au Québec. Moi, c'était un prêtre, mais je n'étais pas le seul. Pour d'autres, ça pouvait être un père, un oncle, un frère, un entraîneur, peu importe. Les études démontrent que la moyenne de temps pour dénoncer est de 43 ans. Pourquoi? Parce que c'est la honte et la culpabilité ainsi que la peur qu'on ne nous croie pas. Dans mon cas, il y aura bientôt neuf ans que je l'ai dit à mon ami Roger en travaillant chez lui. Je me suis dit : Mais qu'est-ce que je viens de faire là? Trop tard, c'est fait. Il a fallu que j'aille en thérapie pour m'aider.

Pour demander réparation pour les gestes posés, nous avons commencé à s'informer des procédures. Bref, au Québec, le délai de prescription nous empêche d'avoir accès à la justice. Nous avons demandé de l'aide partout : médias, journalistes, le Barreau du Québec. Et, pour finir, j'ai fait une plainte au Protecteur du citoyen en novembre 2016. Le rapport est sorti au mois de décembre 2017. Dans ce rapport de 17 pages, en faveur de l'abolition rétroactive du délai de prescription, quatre recommandations y sont écrites, toutes en faveur des victimes.

M. Simon Jolin-Barrette a déposé le projet de loi n° 596 en mars 2016, et nous étions à ses côtés lors de la conférence de presse. Ensuite, la CAQ est élue le 1er octobre, et, depuis, plus rien. Avons-nous été utilisés pour se faire du capital politique? On se pose la question. J'en suis à me demander qui dirige le ministère de la Justice au Québec : les sous-ministres, les hauts fonctionnaires? Qui? Je veux le savoir. Tout a été fait. Je ne comprends pas. Que fait Mme LeBel? Je le répète encore, qui dirige le ministère de la Justice? Qu'est-ce qui se passe au Québec, ici? Il ne faut pas oublier qu'on parle d'agressions d'enfants ici. C'est des enfants. C'est le petit gars de 12 ans qui vous parle, là, icitte, là. On nous a promis que les victimes allaient être traitées avec humanité et compassion. Je n'en vois aucune preuve.

Pour finir, j'en appelle à vous, M. Legault, de prendre ça en main et de régler ce dossier rapidement. Il y a des victimes qui meurent sans avoir eu accès à la justice. C'est vous, M. le premier ministre, qui pouvez régler le dossier une fois pour toutes. Merci.

Mme Labrie : Merci. Alors, on espère que vous serez entendus et puis qu'on va assister les victimes dans leurs démarches.

M. Bolduc (Pierre) : Merci beaucoup.

(Fin de la séance à 11 h 44)

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