(Onze heures trois minutes)
Le Modérateur
: Donc,
bonjour. Bienvenue à ce point de presse qui se tiendra sur le chantier maritime
de la Davie. Donc, s'adresseront à vous M. Joël Arseneau, député des Îles-de-la-Madeleine,
Mme Ann Gingras, présidente de la section régionale de la CSN Chaudière-Appalaches,
et M. Pierre Drapeau, vice-président de l'Association des fournisseurs de
Chantier Davie Canada. Donc, la parole est à M. Arsenau.
M. Arseneau : Alors,
bonjour. Le gouvernement va se prononcer ces jours-ci sur l'avenir de la
desserte maritime entre les Îles-de-la-Madeleine et le Québec. Nous appelons aujourd'hui
le gouvernement à choisir une solution toute québécoise pour un projet de développement
économique aux retombées majeures pour le Québec.
Alors, d'abord pour mettre en contexte le
sujet, le 17 janvier dernier, le gouvernement Legault a annoncé
l'abrogation de deux décrets du gouvernement précédent qui octroyaient, d'une
part, un contrat de desserte cargo-croisière à la compagnie de… ou la
Coopérative de transport maritime et aérien, la CTMA, sur 20 ans, et lui
offraient les moyens de faire construire un navire de remplacement au CTMA
Vacancier en fin de vie utile. Le ministre Bonnardel parlait d'une décision
électoraliste, celle faite par le gouvernement précédent, d'une incertitude sur
le coût du projet et également sur l'incertitude qui planait quant à la
validité légale des décisions prises par le gouvernement Couillard. Mettant sur
pied un comité d'étude interministériel, il affirmait vouloir faire un petit
pas en arrière pour en faire un plus grand en avant. Et la décision était
attendue pour le 12 juin, soit demain. Alors, à la veille de la décision
du gouvernement sur l'avenir de la desserte des Îles-de-la-Madeleine, nous
désirons aujourd'hui proposer au gouvernement une solution économique porteuse
pour les Madelinots, pour les travailleurs de l'industrie navale du Québec et
pour le Québec tout entier.
Pour nous, en clair, la construction au
Québec d'un nouveau navire cargo-croisière pour les Îles-de-la-Madeleine
apparaît comme le projet-phare d'une stratégie maritime québécoise 2.0.
Opéré par une entreprise madelinienne fiable et d'expérience, la CTMA, la
croisière allie le désenclavement de l'archipel des Îles-de-la-Madeleine et la
découverte de la voie maritime du Saint-Laurent pour des milliers de Québécois.
Il s'agit d'un projet touristique et industriel d'exception, créateur d'emplois
et de richesse, tant pour les Îles-de-la-Madeleine que pour les travailleurs de
la région de Québec, Lévis, et jusqu'aux quatre coins du Québec.
Le service cargo-croisière vers les
Îles-de-la-Madeleine a été mis en place en 2002 sous le gouvernement de Bernard Landry.
L'idée, c'était d'ajouter aux services essentiels de désenclavement,
d'approvisionnement de l'archipel un projet de développement touristique
novateur, ambitieux, avant-gardiste, offrant aux Québécois une croisière
découverte sur le Saint-Laurent.
17 ans après la mise en oeuvre du
service de croisière par la CTMA, le succès économique, touristique et d'estime
du projet est maintenant indéniable. Il s'agit d'une réussite dont le principal
acteur est le transporteur, la CTMA, une réussite dont le partenaire de premier
plan, le gouvernement du Québec, doit être fier. Le service a permis de créer
aux Îles-de-la-Madeleine plus d'une centaine d'emplois directs, des dizaines
d'emplois indirects. Il génère, bon an, mal an, des retombées directes et
indirectes de plusieurs millions de dollars dans le milieu. On peut
sommairement évaluer à 80 000 le nombre de voyageurs, majoritairement des
Québécois comme vous et moi, qui ont découvert le Québec à travers la voie
fluviale du Saint-Laurent, cette autoroute qui nous appartient à travers le
Québec, et grâce à la CTMA.
Ce produit touristique exceptionnel n'a
pas été bâti sans risque et sans effort. La CTMA a été précurseure, elle a
développé un produit unique, original et abordable pour les Québécois moyens,
elle a formé sa main-d'oeuvre, qui est une main-d'oeuvre compétente dans le
domaine des croisières, elle a bâti la notoriété, la réputation et l'attrait de
la croisière, et, en même temps, des Îles-de-la-Madeleine. On a des thématiques
variées sur différentes croisières, on a également varié parfois les escales,
particulièrement en fin de saison. Il lui revient donc, à la CTMA, de
poursuivre son développement à venir avec un navire moderne. Une extension de
la saison peut se faire grâce à un nouveau navire, l'automne ou le printemps;
on pourrait même envisager des croisières hivernales, un produit intéressant
déjà développé dans d'autres parties du monde.
L'invitation, aujourd'hui, au
gouvernement, c'est à franchir une nouvelle étape, un pas de plus, en faire,
donc, un projet intégré de développement touristique avec un navire moderne,
mais avec une composante québécoise dans l'ensemble du projet, c'est-à-dire
dans la construction, dans l'octroi d'un contrat majeur de construction navale.
Et on sait maintenant que ça peut se faire avec un chantier ici, au Québec, qui
détient la plus grande capacité de construction au Canada, en tout respect des
accords internationaux. La construction d'un nouveau navire cargo-croisière
entraînerait la création d'un millier d'emplois directs et indirects au Québec,
en chantier, bien sûr, mais également chez les fournisseurs, qui sont dispersés
à travers plus d'une douzaine de régions au Québec. Il s'agirait d'un soutien
important et nécessaire au développement de la filière de construction navale
dont tout le Québec pourra tirer profit, un projet économique créateur
d'emplois, d'emplois payants, comme les aime le premier ministre, un projet
mené par et pour les Québécois sans fuite de capitaux à l'étranger.
Trois semaines après l'annonce fédérale
pavant la voie à la construction de deux nouveaux traversiers, dont celui des
Îles-de-la-Madeleine au chantier maritime Davie de Lévis, nous jugeons que le
Québec doit emboîter le pas et donner un signal clair qu'il appuie aussi ce
chantier. On ne peut plus se contenter de réclamer notre part des contrats
fédéraux alloués via la stratégie navale canadienne. Le gouvernement du Québec
ne peut aller en deçà du gouvernement fédéral, il a le devoir et la
responsabilité de faire sa part, de jouer son rôle, un rôle déterminant pour la
relance durable et définitive de l'industrie navale de chez nous.
Nous lançons donc un appel à la solidarité
et à la responsabilité du gouvernement pour la région, et à poser, donc, dès
aujourd'hui, le premier jalon de sa stratégie maritime 2.0 pour le Québec.
Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, M. Arseneau. Mme Gingras, présidente de la CSN—Chaudière-Appalaches.
Mme Gingras (Ann) : Merci, M.
Arseneau. Écoutez, c'est un projet tout à fait stimulant qui est sur la table
pour nous, et on est convaincus que nous avons l'expertise, nous avons la
capacité et la connaissance pour y arriver. Les travailleurs et les
travailleuses de la Davie ont hâte d'apporter leur savoir-faire à ce projet qui
va contribuer à maintenir l'accessibilité aux Îles, voire à l'augmenter et
augmenter la notoriété des Îles-de-la-Madeleine. Les retombées économiques
feront tourner l'économie régionale, et, plus que pour notre région, plusieurs
régions au Québec, et non l'économie d'un autre pays. Les travailleurs de la
Davie méritent ce contrat, et les Madelinots méritent ce qu'il y a de mieux,
c'est-à-dire une construction bien de chez nous, faite par les travailleurs et
les travailleuses du chantier naval Davie.
Et cela va dans le sens, tout à fait, du
vote unanime de la part de l'Assemblée nationale en décembre dernier, où
l'ensemble des députés ont porté leur appui unanimement à l'égard du chantier
naval Davie, le dernier gros chantier naval au Québec. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup, Mme Gingras. M. Drapeau.
M. Drapeau (Pierre) : Merci,
Mme Gingras. Merci, Joël. On a l'occasion, dans le dossier du CTMA Vacancier,
de voir comment le nouveau gouvernement Legault envisage le nationalisme
économique.
879 fournisseurs sont au service de
Chantier Davie et réclament, depuis plusieurs années maintenant, la
construction de ce navire. Le gouvernement libéral avait commis une erreur qui
est en train d'être réparée. Voyons voir comment un navire qui va être payé par
des Québécois, utilisé par des Québécois et opéré par des Québécois... voyons
voir si ce nationalisme économique va prendre forme, et, ce navire, est-ce
qu'on va le confier à des Québécois pour la construction.
On ne veut pas d'un navire norvégien ou
d'un navire indien, comme dans le cas des trains du REM, on veut un navire
québécois au service des Québécois. Alors, je joins ma voix à la Fédération des
chambres de commerce du Québec et à mes 879 fournisseurs pour influencer
le gouvernement Legault et le ministre Bonnardel pour qu'ils fassent confiance
aux entreprises québécoises pour la construction de ce navire. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup pour ce point de presse. Donc, pour toute question, si vous voulez,
également, la vidéo va être disponible sur le site de l'Assemblée nationale.
Merci beaucoup.
Une voix
: Merci.
(Fin à 11 h 13)