(Dix heures)
La Modératrice
:
Bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire en
compagnie des gens de l'ABI...
Des voix
: ...
La Modératrice
: Non?
Bonjour. Vous m'entendez? Oui? Donc, prendrons la parole, tout d'abord, Mme Ruba
Ghazal, suivie de Kamal Sabbah, directeur politique du Regroupement des travailleurs
autonomes métallos; Serge Lebreux, porte-parole de la ATRQ; Clément Masse, du
syndicat de l'ABI, et puis M. Alexandre Leduc pour conclure.
Mme Ghazal : Alors, bonjour,
tout le monde. On vient de sortir d'une rencontre avec des représentants de
l'industrie du taxi et les lockoutés d'ABI. Donc, l'objectif, ce matin, ce
qu'on a voulu faire, c'est de créer des nouveaux liens de solidarité, des
nouveaux ponts entre des travailleurs qui ne font pas la même job — à
première vue, on pourrait dire : Oui, l'industrie du taxi, ABI, ce n'est
pas le même travail — qui ne se seraient pas rencontrés peut-être dans
un autre contexte, mais qui aujourd'hui vivent la même réalité.
On a les travailleurs d'ABI qui sont en
lock-out depuis 18 mois et qui se font dire par le premier ministre qu'ils en
demandent beaucoup trop, qu'ils sont gâtés, et on a aussi les travailleurs de
l'industrie du taxi, les chauffeurs de taxi qui travaillent extrêmement fort,
qui font 70 heures par semaine pour joindre les deux bouts, pour nourrir
leur famille, qui ont respecté toutes les règles et qui, malheureusement,
aujourd'hui, sont laissés tomber par le gouvernement. Il les laisse tomber dans
les griffes d'Uber qui est rentré sauvagement sur le territoire du Québec,
comme ils l'ont fait partout ailleurs.
Donc, c'est clair, la classe moyenne est sous
pression, elle se fait manger la laine sur le dos, et tout ça, tout ça devant
la complicité du gouvernement qui laisse faire ces multinationales qui, elles,
font la guerre à ces travailleurs et travailleuses. Il faut donc aujourd'hui...
devant ce constat, c'est important qu'on soit ensemble, qu'on se serre les
coudes, qu'on se solidarise dans nos luttes. La CAQ a choisi son camp, et c'est
clair, c'est l'establishment économique, c'est les P.D.G. qui en ont plein les
poches et qui ont le culot de s'attaquer aux conditions de travail et même au
travail, de menacer les jobs, comme Uber et ABI font avec nos travailleurs.
Nous, à Québec solidaire, notre camp est
clair, c'est celui des familles de la classe moyenne qui travaillent
extrêmement fort. Ce sont les sacrifiés de la CAQ, et nous, aujourd'hui, on va
les protéger, on va protéger leurs conditions de travail, on va protéger leurs
jobs. Donc, je vais laisser la parole à M. Kamal Sabbah, directeur politique et
relations publiques de RTAM.
M. Sabbah (Kamal) :
Merci, Ruba. Merci pour Québec solidaire. Merci pour tout le monde qui sont là,
les syndicats de métallos, mes confrères de taxi.
Aujourd'hui, les représentants des
artisans de taxi sont là présentement pour souligner l'appui aux familles des travailleurs
et travailleuses d'ABI. On vous comprend très bien, chères consoeurs et
confrères d'ABI. Le plan d'appauvrissement de la classe moyenne est en marche,
et le gouvernement a laissé tomber les droits des travailleurs et travailleuses
au profit des multinationales. Aujourd'hui, c'est ABI et le taxi, mais demain,
ça sera d'autres domaines. C'est des milliers de familles qui vivent une
incertitude incroyable qui s'est transformée, récemment, en une anxiété.
Mon message est court au premier ministre
et au ministre des Transports, M. Bonnardel : Votre priorité numéro un
devrait être, sans aucun doute, le bien-être des Québécois et des Québécoises
et non pas des multinationales étrangères. L'abolition des permis de taxi, des
quotas, impose une compensation juste et équitable selon la valeur des permis
avant l'arrivée d'Uber. Sans ça, des milliers de familles québécoises subiront
une très grande injustice. Merci beaucoup. Je laisse la parole à Serge.
M. Lebreux (Serge) :
Bonjour, tout le monde. Merci à Québec solidaire d'avoir organisé ce point de
presse.
La loi n° 17, c'est quoi? La loi
n° 17 pourrait se résumer à un mot, soit l'attaque, l'attaque au filet
social, l'attaque aux plus démunis et aux personnes en perte de mobilité. C'est
une attaque à l'intégrité financière des propriétaires et des chauffeurs de
taxi. C'est aussi une attaque à la mobilité régionale et ainsi donc une attaque
à l'occupation du territoire. Merci.
M. Masse (Clément) :
Alors, bonjour. Je suis heureux d'être ici avec les représentants syndicaux du
taxi pour démontrer notre solidarité. On a un peu... c'est des luttes
différentes, on n'est pas dans le même domaine, mais on s'aperçoit qu'on est
touché par les mêmes forces des multinationales qui s'en viennent au Québec,
qui profitent des richesses, qui profitent des ressources humaines, mais, en
contrepartie, ne donnent pas leur juste part aux Québécois et aux Québécoises.
Ce n'est pas normal, dans notre conflit, en ce qui nous concerne, qu'on soit,
après 17 mois de conflit... que nos travailleurs doivent encore se battre,
qu'on doit défendre nos conditions de travail.
On a été attaqués par le premier ministre
qui dit qu'on fait des demandes... le syndicat fait trop de demandes, mais
c'est notre employeur qui est en demande. Le syndicat n'est pas en demande chez
nous. C'est un lock-out. C'est l'employeur qui nous a mis à la porte, puis on
se bat pour maintenir nos conditions de travail, pour maintenir de bons
emplois, ce que le gouvernement ne fait pas, puis c'est nous qui est attaqués
par le gouvernement, c'est nous qu'on traite de déraisonnables. Ce n'est pas
normal. Il a fallu faire une plainte à l'Organisation internationale du travail
pour essayer de changer l'attitude de notre gouvernement, qu'il arrête de
s'attaquer à nos travailleurs.
Ce n'est pas normal qu'on parle, au gouvernement
du Québec, d'enrichir le Québec sans enrichir les Québécois et les Québécoises.
L'enrichissement, ça ne sera pas seulement pour les multinationales, ça ne sera
pas seulement pour les dirigeants d'entreprise. Écoutez, le dirigeant d'Alcoa a
vu son salaire tripler en deux ans, puis je n'ai pas entendu notre premier
ministre trouver ça déraisonnable. Mais il trouve déraisonnable que des
travailleurs, travailleuses d'ABI se battent depuis 17 mois sans salaire
pour maintenir les conditions actuelles dans notre convention collective.
Donc, aujourd'hui, je suis fier d'être
avec les gens du taxi, d'être avec Québec solidaire pour dénoncer cette
attitude-là, pour dire que le Québec va s'enrichir quand tous les Québécois et
les Québécoises vont s'enrichir. Puis on va avoir d'autres alliances aussi pour
dénoncer ce genre de comportement là du gouvernement. Merci.
M. Leduc : Merci. Comme vous
le savez, depuis le début du lock-out à ABI, le compteur tourne. On est rendu à
322 millions de dollars qui ont été perdus par Hydro-Québec parce que le gouvernement
n'a pas bougé le petit doigt pour renégocier le contrat d'électricité qui avait
été conclu avec l'aluminerie. Pourtant, M. Legault, en campagne électorale,
l'avait dit : Un contrat, ça se réouvre, un contrat, ça se renégocie. Il
ne l'a pas fait. Et non seulement il ne l'a pas fait, mais il ne s'est même pas
engagé à ce que ça ne se refasse pas dans le futur, à ce que ce genre de clause
soit éradiquée à tout jamais pour l'ensemble des contrats au Québec. Il n'a
même pas osé dire ça. Alors, ça démontre un peu le peu de sérieux que ce gouvernement-là
donne au dossier.
Depuis l'arrivée d'Uber sur le marché,
c'est 1 milliard de dollars que le gouvernement du Québec prend, d'abord
les libéraux, maintenant la CAQ, dans les poches des Québécois et Québécoises
pour dédommager les chauffeurs pour la perte de leurs permis sans faire payer
un seul sou à Uber qui a pourtant un chiffre d'affaires de 7,5 milliards
de dollars. Ça fait que le saccage de nos jobs, de nos conditions de travail,
c'est une guerre que nous mènent les multinationales. C'est des voyous qui
veulent faire baisser les conditions de travail au Québec. Et cette guerre-là,
elle nous touche tous et toutes. Personne n'est à l'abri. Je pense que c'est un
des principaux messages qu'on veut envoyer aujourd'hui : Personne n'est à
l'abri de cette guerre-là.
On en appelle aux autres travailleurs et
travailleuses, vous êtes aussi sous pression. On pense, entre autres, aux gens
de Velan à qui le premier ministre a dit que leurs jobs de 20 $, 30 $
de l'heure pouvaient être délocalisées en Inde, ce n'était pas trop grave. On
pense aussi aux travailleurs et travailleuses des résidences de personnes
âgées, notamment du Groupe Maurice, qui viennent de se faire acheter par les
Américains, à qui on a dit que, bon, le fait que vous fassiez à peine un peu
plus que le salaire minimum, que vous soyez sous-effectifs, ce n'est pas trop
grave non plus parce que ce n'est pas un secteur stratégique économique pour le
gouvernement.
Je pense à tous les travailleurs et
travailleuses du Québec qui en ont vraiment plein le pompon que le gouvernement
déroule le tapis rouge devant les investisseurs étrangers pour qu'ils fassent
du profit au détriment de nos conditions de travail. Donc, il y a un choix
idéologique qui est fait ici, un choix qui n'est pas en notre faveur et il faut
réagir.
Il y a six mois, tout ce monde-là
travaillait un peu chacun de leur côté, menait leur lutte pour sauver leur
gagne-pain, mais aujourd'hui, ce qu'on essaie de construire, c'est une nouvelle
alliance, bâtir des ponts, trouver un dialogue, nous permettre de même
envisager des actions communes dans le futur, mais surtout unir nos voix pour
qu'ils comprennent, en face, qu'on est ensemble puis qu'on dit : C'est
assez, parce qu'il est temps de s'organiser, il est temps de reprendre la
lutte, parce que, si on ne met pas un frein à ça, c'est tout le monde qui va
finir par péter au frette.
Diviser pour régner, c'est une vielle
tactique. On la voit à l'oeuvre en ce moment par le gouvernement, et nous, on
lui répond : Ça suffit, on voit votre jeu, on ne l'accepte pas et on ne
l'acceptera plus. Merci.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va prendre seulement les questions sur le sujet, s'il vous plaît.
Mme Montembeault (Maude) : Dans
le dossier de l'aluminerie de Bécancour, hier, on a vu cette plainte-là, mais
qui va visiblement s'adresser au Canada et qu'il n'y aurait peut-être pas
d'impact sur le gouvernement. Est-ce que c'est possible de réagir à ça puis également
de réagir aux propos de M. Legault qui a dit ne rien regretter?
M. Masse (Clément) :
Bien, je n'ai pas entendu M. Legault dire qu'il n'y a rien à regretter, là.
Je pense qu'il a seulement dit qu'il ne retirait pas ses paroles, que... il a
donné son opinion, mais il n'a pas rajouté de commentaires.
Maintenant, nous, on trouve ça dommage
d'avoir dû intervenir, de faire une plainte à l'OIT, compte tenu qu'on avait
quand même fait des démarches auprès du gouvernement, auprès d'autres
ministres, auprès du ministre du Travail, auprès d'autres députés de la CAQ
pour demander au premier ministre, là, d'un peu slacker la pédale, là, sur ses
propos. Ça n'a pas fonctionné, donc on utilise un droit qu'on a, de faire une
plainte puis de demander au gouvernement de respecter, là, les traités
internationaux.
Mme Montembeault (Maude) : Mais,
en fait, ma question est plus : Est-ce que ce n'est pas une démarche
vaine, considérant que ça s'adresse au Canada et qu'ultimement...
M. Masse (Clément) :
Non, moi, je pense que les traités internationaux s'appliquent autant aux
dirigeants des provinces qu'aux dirigeants du Canada, et nous, on veut démontrer
qu'ils ne sont pas respectés. Puis, oui, ça va peut-être finir avec des
recommandations. Je ne pense pas qu'il y ait de sanctions économiques contre le
Canada concernant notre plainte, mais c'est quand même décevant de voir qu'on
doit utiliser ce genre de plainte là pour dire au gouvernement de respecter les
travailleurs, respecter la liberté syndicale puis respecter notre droit de
négocier.
Mme Montembeault (Maude) : Parce
que là ça va prendre un an, peut-être deux, avant d'avoir des nouvelles, et là
on se demande, dans le conflit, ça va être quoi la suite. On a dit non à
l'arbitrage. Mis à part peut-être un deuxième anniversaire du lock-out, là,
aujourd'hui, vous vous unissez. Donc, ça va être quoi, la suite ou les
prochaines actions, peut-être?
M. Masse (Clément) :
Bien, on va continuer de s'unir, naturellement, là. On s'aperçoit qu'on est
attaqués. On est attaqués au profit de multinationales qui s'installent au
Québec puis qu'on veut que le partage se fasse au niveau de la richesse, puis
ça doit se faire pour que tous les travailleuses et travailleurs du Québec <soient...
>profitent de l'enrichissement de la province, puis ce n'est pas ça qui
se passe présentement. C'est ça qu'on veut dénoncer puis c'est pour ça qu'on se
réunit. Puis on va continuer à aller chercher d'autres groupes qui vont être
touchés pareil comme nous par l'attitude du gouvernement. Puis la défense, là,
ce n'est pas seulement que les multinationales, le gouvernement doit défendre
tous les Québécois et les Québécoises, pas seulement que l'entreprise, puis
c'est ça qu'on veut dénoncer. Il y a d'autres personnes qui vont être touchées,
puis on va avoir d'autres alliances pour dénoncer l'attitude du gouvernement
dans ça.
M. Leduc : Juste un petit mot
là-dessus. Moi, je suis allé faire un tour à la grande manifestation de
Trois-Rivières, il y a déjà, quoi, deux, trois semaines. Il y a un moral
d'acier, là, très fort, un moral d'aluminium, si j'osais dire, dans ce
groupe-là qui est tissé serré, qui se bat depuis déjà trop longtemps, très
longtemps, et ils ne sont pas près de lâcher, là. Ça, c'est ça qu'il faut
comprendre.
Là où il y a du mouvement qui doit être
fait, c'est de l'autre bord, c'est du côté de l'aluminerie, c'est du côté du
gouvernement aussi. Il pourrait peut-être réparer ses erreurs, ce serait déjà
une bonne chose. Mais ne comptez pas sur cette gang-là pour lâcher, ils sont
faits solides. Puis j'imagine... je connais un peu moins la gang du taxi, mais
Ruba m'en a déjà parlé...
Mme Ghazal : Ah! ils sont...
oui, ils sont solides, ils sont là, ils restent.
M. Leduc : Ils sont très
solides eux autres aussi. Puis c'est en sensibilisant les gens pour dire :
Là, en ce moment, il y a en... les deux groupes ici sont attaqués, on en a
nommé d'autres tantôt, mais personne n'est à l'abri, là. Toutes les industries
peuvent être attaquées tôt ou tard, et souvent on n'a pas nécessairement
conscience de ça quand on est au travail puis qu'on se concentre pour aller
chercher les petits à la garderie, etc. Mais la vague, là, elle peut venir nous
frapper n'importe quand dans tous les milieux de travail, et c'est un peu ça
qu'on voulait faire aujourd'hui avec cet appel.
M. Laforest (Alain) : Je ne
sais pas votre nom, là, le monsieur d'ABI, là. Votre nom, c'est?
M. Masse (Clément) :
Clément Masse.
M. Laforest (Alain) : Clément
Masse. Voulez-vous vous approcher du micro, M. Masse? Est-ce que vous étiez là,
vous, durant la campagne électorale, lorsque M. Legault vous a rencontrés avec
son candidat devenu ministre à Trois-Rivières?
M. Masse (Clément) :
Oui, dans la...
M. Laforest (Alain) : Vous
étiez là, dans sa caravane de campagne?
M. Masse (Clément) :
...son autobus de campagne, j'étais là lorsqu'il a mentionné que des contrats,
ça se renégocie, quand il a mentionné même qu'il avait dit à l'époque qu'il
trouvait que l'employeur n'était pas sérieux. Ça fait que c'est tous des
discours qu'on a eus pendant la campagne électorale. Malheureusement, ces
discours-là ont changé un coup que la CAQ a été élue.
M. Laforest (Alain) : Comment
vous qualifiez l'attitude, neuf mois plus tard, du gouvernement?
M. Masse (Clément) :
Du gouvernement? Bien, je pense qu'il n'a pas tenu ses promesses. Il a été
déçu. D'ailleurs, nos membres sont déçus de l'attitude du gouvernement dans le
dossier.
M. Laforest (Alain) : Ils ont
porté plainte parce qu'il ne tient pas ses promesses?
M. Masse (Clément) :
Non, on porte plainte parce qu'il s'attaque à notre liberté syndicale. Il prend
position clairement, dans le dossier, pour l'entreprise. Il a sorti des points
qui étaient des faussetés au niveau des objectifs de la négociation, des
priorités de la négociation, puis il les a répétées à quelques reprises. Si le premier
ministre ne l'aurait fait qu'une seule fois, on n'aurait peut-être pas fait ça,
mais on a identifié au moins une douzaine de fois où le premier ministre a
intervenu à la faveur de l'employeur. Et puis on a tenté, de façon
diplomatique, de demander au premier ministre, là, de changer son discours, ce
qui n'a pas fonctionné. Donc, c'est pour ça qu'on…
M. Laforest (Alain) :
M. Legault ne cesse de répéter qu'il veut des emplois payants. 80 000 $
à peu près la moyenne chez ABI. Est-ce que vous considérez que M. Legault
est un premier ministre qui travaille contre les travailleurs, pour les
entreprises?
M. Masse (Clément) :
Bien, présentement, oui, je dirais, parce qu'il a un double discours. Il parle
qu'il veut avoir de bons emplois pour le Québec puis il essaie de diviser
l'ensemble des travailleurs québécois en comparant les salaires ou en traitant…
en mentionnant que certains salariés sont trop bien payés, c'est ce qu'on
comprend, puis qu'on devrait ne pas se plaindre et accepter, faire des
concessions parce qu'on a de bons salaires.
Les salaires qu'on a, c'est des salaires
qui ont été négociés au fil du temps, parce qu'on travaille dans des usines où
c'est dangereux, il y a des contaminants, il y a des contraintes de chaleur, de
froid. Donc, c'est des salaires qui sont pleinement mérités. Je n'ai aucune
honte aux salaires qu'on a puis je n'ai aucune honte des salaires qu'on a
considérant les salaires que nos dirigeants ont présentement.
M. Laforest (Alain) :
Mme Ghazal, peut-être, en terminant, une petite question. Qu'est-ce que
vous reprochez au gouvernement dans le dossier ABI, alors que c'est un dossier
privé? On peut comprendre pour les taxis, c'est une loi qui vient changer les
règles, mais, pour ABI, c'est un conflit privé, là.
Mme Ghazal : Bien, on a
l'impression que le gouvernement, il prend position pour défendre les
multinationales, alors que les Québécois et les Québécoises, ce qu'ils ont élu,
c'est un gouvernement… ils n'ont pas élu les lobbyistes des multinationales,
puis c'est ça qu'on a l'impression, quand on l'entend. Ce qu'ils ont élu, c'est
des gens qui vont les défendre, qui vont défendre leur travail, leur
gagne-pain, et c'est ça qu'il attaque. Il les attaque, oui, comme vous l'avez
dit, avec le projet de loi n° 17, où on a l'impression que ça a été écrit
par Uber, puis ils n'ont fait que le présenter avec des oublis. Mais c'est la
même chose, c'est la même attitude qu'ils ont eue avec ABI, où est-ce qu'ils
défendent les intérêts de l'employeur, alors que ce n'est pas son travail. Ce n'est
pas la responsabilité d'un gouvernement, d'un premier ministre, d'un État de
défendre des entreprises multinationales. Ce ne sont pas elles…
M. Laforest (Alain) :
Donc, vous voulez dire que François Legault est un lobbyiste, c'est ça?
Mme Ghazal : Bien, la
façon qu'il parle, on dirait qu'il fait du lobbying, alors que ce n'est même
pas… personne ne lui a demandé ça. C'est les Québécois et les Québécoises qui
ont voté pour lui… Puis il fait la même chose aussi pour Velan, où est-ce qu'il
insulte les travailleurs. Donc, on voit clairement où est son camp.
M. Leduc : Si je peux
juste ajouter une petite mention là-dessus, là, sur le fond, l'ensemble du
gouvernement a tort de, par exemple, laisser Hydro-Québec continuer à perdre de
l'argent comme ça, mais, sur la forme, M. Legault, lui, il est
personnellement impliqué et coupable parce que, alors que son ministre du
Travail déposait son hypothèse de règlement, le jour même M. Legault, dans
une autre instance, tapait sur le syndicat, le jour même de l'hypothèse du règlement
a été déposé.
Ça a d'ailleurs... ça a passé un peu
inaperçu, mais pendant l'étude des crédits, j'ai demandé à M. Boulet, le ministre
du Travail, s'il était au courant que le jour même... s'il était au courant
d'avance que le jour même où il déposerait son hypothèse de règlement, son premier
ministre allait un peu le saboter en tapant sur le syndicat. Il a été honnête
en étude des crédits, M. Boulet, il m'a dit que «non, je n'étais pas au
courant».
Ma deuxième question avait été : Est-ce
qu'il est satisfait, M. le ministre, que son premier ministre ait fait ça? Et
là il a été un peu plus politicien, il m'a dit : Bien là, je... Il a un
peu changé de réponse. Mais c'est pour vous dire que M. Legault,
personnellement, est fautif. Il ne peut pas s'en empêcher. Visiblement, ce
n'est même pas une stratégie, il ne peut juste pas s'en empêcher, c'est son
réflexe peut-être de P.D.G. qui ressort, je ne sais pas, mais j'espère qu'avec
la plainte à l'OIT, là, il va peut-être pouvoir se calmer un peu pour les
prochains mois.
M. Laforest (Alain) : Vous m'ouvrez
la porte, là, parce qu'on avait dit juste le sujet du jour, mais la porte est
ouverte. Bon, Hydro-Québec a un contrat signé avec ABI, doit vendre de
l'électricité à bas coût. Les syndiqués réclament, depuis le début du conflit,
d'annuler ce contrat-là pour faire en sorte que ça coûte plus cher à
l'entreprise pour continuer de fonctionner avec les cadres, et là, d'un autre
côté, on apprend que le gouvernement va déposer pour rembourser les surplus. Ça
veut dire qu'il y a assez d'argent, là, pour payer, là.
M. Leduc : Moi, je n'ai pas
été mis au courant de... je n'ai pas lu les articles encore à ce sujet-là. Je
pense qu'on va pouvoir vous retourner...
M. Laforest (Alain) : ...ce
matin.
M. Leduc : Bien, j'étais en
réunion, justement, avec mes collègues ici, donc je...
Mme Ghazal : Mais on va vous
revenir avec ça, là. Il va y avoir une sortie là-dessus.
Mme Montembeault (Maude) :
Juste une petite question, c'est peut-être un peu technique, mais hier, M.
Boulet disait que c'était impossible d'aller de l'avant avec l'arbitrage.
Est-ce que... a-t-il tort, a-t-il raison que, sans le consentement des deux
parties, on ne peut pas imposer... j'aurais aimé ça vous appeler... vous entendre,
M. Leduc, là-dessus.
M. Leduc : Ah! O.K. Oui, bien,
techniquement parlant, dans le droit du travail, en effet, il faut que les deux
parties consentent. La seule exception, c'est quand il y a une première
convention collective. Là, le syndicat peut demander un arbitrage automatique.
Dans le cas d'ABI, ça fait longtemps qu'il y a des conventions, donc on n'est
pas dans ce scénario-là. Mais, pour consentir à l'arbitrage, il faut que les
deux parties soient volontaires.
Mme Montembeault (Maude) :
Donc, pourquoi on tape encore sur ce clou-là encore hier en disant : Il
faut que ce soit un arbitre de grief qui dise qui est déraisonnable ou pas?
M. Leduc : Dans le sens où
souvent dans une situation où ça ne débloque pas, la voie de l'arbitrage peut
être la voie la plus logique. Et pour montrer un peu la bonne foi, le syndicat,
lui, dit : Moi, je suis prêt à faire de l'arbitrage. Je suis prêt à céder
mes conditions de travail à un arbitre qui va les décréter. Ce n'est pas banal,
là. C'est même contraire, à quelque part, à l'esprit du droit du travail où on
cherche une entente négociée.
Et là c'est l'employeur qui refuse.
Pourquoi vous pensez que l'employeur refuse l'arbitrage? Parce qu'il a le gros
bout du bâton en ce moment, parce qu'il s'est fait donner le gros bout du bâton
par M. Legault sur le fond et sur la forme. Il n'a pas avantage, l'employeur,
en ce moment, à donner l'arbitrage. Donc, si on voulait rééquilibrer les
forces, peut-être qu'un petit coup de téléphone de M. Legault à
l'employeur pour dire : Bien, finalement, sais-tu quoi, l'arbitrage, ça serait
peut-être une bonne idée, ça serait une chose intéressante à envisager pour
lui.
Mme Montembeault (Maude) :
Est-ce que c'est la seule issue ou il y aurait d'autres ouvertures ailleurs
qu'on ne connaît pas, là, dans la loi ou...
M. Leduc : Bien, on recherche
toujours une entente négociée...
Mme Montembeault (Maude) :
...pour la suite, je parle, là.
M. Leduc : On recherche
toujours une entente négociée. L'arbitrage, ça peut être une alternative, mais
encore une fois, il faut que les deux soient d'accord. Je ne sais pas si tu
veux rajouter quelque chose, Clément.
M. Masse (Clément) :
Bien oui, c'est sûr, dans le Code du travail présentement, ça serait possible
qu'il y ait des arbitrages imposés, mais ça passerait par une loi qui serait
votée à l'Assemblée nationale. Je pense que le ministre Boulet a clairement
mentionné que ce n'était pas son intention, à moins que l'employeur change.
Mais nous, ce qu'on demande, ce qu'on demandait au gouvernement, c'est surtout
de rééquilibrer le rapport de force qui est déséquilibré en raison, là, du
contrat d'énergie puis du cas de force majeure, où un lock-out est considéré comme
un cas de force majeure.
La Modératrice
: On va
prendre les questions en anglais.
Mme Senay
(Cathy) : What was said yesterday by the union
is that they would like the Premier to apologize and then, perhaps, they would
withdraw the complaint to the International Labour Organization. What are you
asking the Premier today? What are your expectations? It can be Ruba or
Alexandre. Do you believe that Premier Legault... Would that be sufficient if
he does apologize?
M. Leduc : Veux-tu y aller?
Vas-y.
Mme Ghazal :
Non, but maybe what we can do…. On pourrait te traduire, tu le dis, puis
on va traduire.
M. Masse (Clément) :
Bien, il faudrait que vous me traduisiez la question.
Mme Ghazal : O.K. Là, ce
qu'elle a dit, c'est que... Bien, c'est ton dossier, vas-y.
M. Leduc : Vous avez demandé à
Legault de s'excuser hier pour ses propos. Comme il ne le fait pas, c'est quoi,
la suite un?
Mme Ghazal : Qu'est-ce que
vous demandez aujourd'hui?
M. Leduc : Qu'est-ce que vous
demandez aujourd'hui à Legault?
M. Masse (Clément) :
Bien, nous, on demande toujours à M. Legault de retirer ses paroles. Hier,
ce que j'ai compris, c'est qu'il ne le fera pas. Donc, nous, on va poursuivre
avec la plainte.
Mme Senay (Cathy) : Vous ne
savez pas s'il ne le fera pas. Hier, il n'a pas voulu parler, mais ça ne veut
pas dire qu'il ne le fera pas. C'est quoi, vos attentes aujourd'hui?
M. Masse (Clément) :
Bien, hier, je pense que... Bien, écoutez, je ne l'ai pas entendu, j'ai juste entendu...
Mme Senay (Cathy) : Il n'a
pas voulu parler.
M. Masse (Clément) :
Il a quand même dit qu'il ne changerait pas ses... qu'il ne retirait pas ses
paroles. Il a dit qu'il a donné son opinion puis qu'il ne ferait pas d'autres
commentaires. C'est ce que j'ai entendu de M. Legault hier. Ça fait que nous,
on n'a pas eu de nouvelles de M. Legault, on n'a pas eu de nouvelles du
ministre du Travail. Donc, pour nous, la plainte est déposée depuis hier puis
on va attendre que l'OIT procède à l'enquête ou à étudier cette plainte-là.
Mme Senay (Cathy) : And as MNAs, because Premier Legault had to apologize regarding its
comments with Velan, now ABI, what do you say to him?
M. Leduc :
Well, with that complaint, with the other thing we heard last week about the
NATO... not NATO, l'ONU...
Une voix
:
...
M. Leduc :
No, the complaint from the ONU about the projet de loi n° 21...
Mme Senay (Cathy) : Oh! yes, that's many weeks ago.
M. Leduc :
Yes, a few weeks ago. So that starts to bait a very bad picture about Québec.
So those two things added, on the international scene, that's not looking very
good. It's two bad grades for student Legault now for his first year.
We are expecting that at
least, at least, he stops doing those remarks for the future. We asked that a
few months ago, when myself and Manon were asking questions in the salon bleu, were saying to Legault : Please, stop. Please stop further
remarks on the conflict, you're not helping. He didn't listen to us, he continued
to do those complaints… those remarks. Now, with the official complaint on the
international scene, we expect, at least, minimum, that he does not continue
with those kinds of remarks.
Mme Senay (Cathy) : So you did warn him?
M. Leduc : Yes, a few weeks ago, during the question…
Mme Senay (Cathy) : What did you tell him exactly? What did you tell him exactly at
that time?
M. Leduc : That he needs to be neutral, as the Prime
Minister of Québec, he needs to take a step back to let the conflict go itself, he
needs to bring back balance in the conflict. Now, the conflict is not balanced
because of the Hydro-Québec
private contract with ABI. If he wants to do something, he needs to do that. If
he doesn't want to do that, he needs to stay his mouth shut, if I can use this
expression. But he didn't do so, so he worsened the things…
Mme Senay (Cathy) : How often have you seen this, that a Premier is taking, you know…
is having comments like this, remarks like…
M. Leduc : Oh! Never. Myself, I was a union rep, before being MNA, I never saw
that. I think I saw it when I studied history in my first degree at UQAM, I saw
that when I studied the Duplessis regime, but between that and today, myself, I
never saw that. Maybe someone could contradict me, but I never saw that
otherwise than Duplessis.
Mme Senay (Cathy) : And what can be the consequences of this?
M. Leduc : The complaint?
Mme Senay (Cathy) : Yes.
M. Leduc : Well, it's a moral thing, it can't be written, but it's sometimes
the case, and you're being.. une petite tape sur les doigts, as we say in French.
But it sends a strong message that he's not doing the right thing, he's not
doing what a Prime Minister
should do in those situations,
and we hope that he learns from that.
Mme Senay (Cathy) : Well, he's going to learn in a year or two from now that… this is
the delays that you have.
M. Leduc : Well, yes, maybe, but at least, from now, he needs to stop those
remarks for further on.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
Des voix
: Merci.
(Fin à 10 h 26)