(Onze heures trente-quatre minutes)
Le Modérateur
: Donc,
bienvenue à ce point de presse. Vont s'adresser à vous aujourd'hui
M. Frédéric Brisson, président du Conseil provincial des affaires sociales
au Syndicat canadien de la fonction publique, Mme Mélanie Gougeon,
conseillère à l'évaluation des emplois, et M. Harold LeBel, député de
Rimouski et porte-parole en matière d'aînés. Donc, je laisse la parole à
M. Brisson.
M. Brisson (Frédéric) :
Merci. Bonjour. J'ai vu la conférence de presse de la ministre Blais et du
ministre Carmant en début de semaine, et je suis bien d'accord avec la
politique qui a été présentée. Mais présentement la CAQ est en mode charme; de
belles paroles, de belles politiques, de belles promesses, mais il serait temps
que les bottines suivent les babines.
Pendant ce temps-là, c'est les bénéficiaires
qui en souffrent. Imaginez : un préposé pour 38 patients, un préposé
pour nourrir 38 bénéficiaires, pour lever 38 bénéficiaires, pour
laver 38 bénéficiaires. On travaille régulièrement à moins un, moins deux,
moins trois préposés. Ils sont épuisés physiquement et mentalement. Le taux
d'assurance salaire ne cesse d'augmenter. En bout de ligne, c'est vous, la
population, qui en souffrez.
La CAQ pourrait me répondre que c'est les
libéraux qui ont mis à mal le réseau de la santé, et ils ont raison. Mais là,
c'est vous qui êtes au pouvoir, c'est vous qui pouvez améliorer les conditions
de travail des préposés, des auxiliaires en santé et services sociaux et de
tous les travailleurs du réseau de la santé.
Le ministère dit qu'il faudrait embaucher plus de 33 000 préposés
dans les prochaines années. Je vous rappelle que 25 % quittent dans la
première année, et qu'après seulement cinq ans 36 % demeurent dans le
réseau.
Des solutions à court terme, il en existe, comme par
exemple reconnaître l'expérience des travailleurs et des travailleuses au
niveau de l'application de la relativité salariale, de régler les plaintes de
maintien d'équité salariale de 2010. La population et les bénéficiaires en seraient
les grands gagnants, car, après tout, c'est pour eux que l'on exerce ce si beau
métier. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Je vais passer maintenant la parole à Mme Gougeon.
Mme Gougeon (Mélanie) :
Bonjour. Comme... M. Brisson, pardon, vous disait, préposés aux
bénéficiaires, actuellement, on en manque. Les gens ne sont malheureusement
plus attirés par la profession parce qu'on leur en demande de plus en plus avec
de moins en moins de moyens, d'autant plus qu'ils ne sont pas actuellement rémunérés
adéquatement pour le salaire… pour le travail qu'ils font, pardon.
Actuellement, le salaire qui est octroyé
aux PAB n'est pas représentatif des responsabilités. On leur demande des
exigences pour lesquelles, encore une fois, ils ne reçoivent pas le talon de
paie… la rémunération qui va aller avec les exigences qu'ils ont. On demande
des formations actuellement qui ne sont non plus reconnues au niveau salarial.
Donc, tout ça fait en sorte que nos PAB actuellement n'ont plus l'intérêt
d'aller vers la profession ou, quand ils sont déjà en profession, n'ont plus
l'intérêt de rester parce que leur travail est si dur mais mal reconnu. Donc,
il y a quelque chose à faire actuellement pour avoir une rétention et une
attraction pour ce travail-là.
Actuellement, l'exercice de relativité
salariale leur a apporté, au dernier échelon, seulement que 0,07 $.
Relativité salariale, c'est la nouvelle structure qui a été établie. Encore une
fois, oui, elle a été convenue sous l'ancien gouvernement. Par contre, elle a
été mise en œuvre le 2 avril de cette année sous l'effigie de la CAQ. La
reconnaissance d'années d'expérience n'est pas prévue actuellement dans la
relativité, donc plusieurs salariés, dont les PAB, sont grandement touchés, se
retrouvent à travailler dans des échelons inférieurs aux années d'expérience
qu'ils ont. Donc, pour nous, c'est clair que 0,07 $ d'augmentation au
2 avril 2019 est complètement ridicule. Ces gens-là se doivent d'être
payés plus. Si la reconnaissance avait été appliquée adéquatement, donc, leurs
années d'expérience auraient été reconnues. C'est déjà 0,50 $ de plus qui
auraient été octroyés, de l'heure, à ces salariés-là.
Donc, ce qu'on demande actuellement,
depuis quelques mois, au gouvernement, au Conseil du trésor, c'est de
reconnaître… la reconnaissance des années d'expérience pour l'ensemble des
types d'emplois dans le réseau qui sont actuellement touchés par cette
problématique-là. Plusieurs types d'emplois, près d'une centaine de types
d'emplois sont touchés actuellement par cette problématique-là, autant en santé
qu'en éducation.
Donc, ce qu'on demande au gouvernement,
c'est de se réveiller et de reconnaître l'expérience de ces salariés pour
qu'enfin la population puisse avoir des travailleurs qui vont être présents,
qui vont avoir le goût d'aller travailler. Parce qu'en bout de ligne c'est
vraiment la population qui écope de tout ça.
Alors, ce matin, on était en rencontre
avec les représentants du Conseil du trésor. On a servi un ultimatum leur
disant que s'ils n'avaient aucune ouverture, qu'ils maintenaient leur position,
nous, on se retirait de ce comité de travail afin d'aller plus haut par des
actions politiques.
Donc, ce qu'on demande... On n'a toujours
pas eu de retour, j'ai dû quitter, ma collègue est là pour attendre le retour
du Conseil du trésor. S'ils sont prêts à travailler et à reconnaître
l'expérience de nos salariés, on va retourner à la table. Par contre, si ça
demeure toujours un refus, nous ne siégerons plus à cette table, et il y aura
des actions politiques qui seront entreprises pour qu'enfin nos PAB et
plusieurs autres types d'emploi soient payés à leur juste valeur. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Je vais maintenant passer la parole à M. Harold LeBel, député de
Rimouski et porte-parole du troisième groupe d'opposition en matière d'aînés.
M. LeBel : Bien, bonjour, tout
le monde. Je ne sais pas trop comment le dire parce que je le dis depuis quatre
ou cinq ans et j'ai l'impression que, des fois, je prêche dans le désert, mais
la situation des soins aux aînés, c'est très grave, puis je dis à l'ensemble du
Québec : Moi, dans le Bas-Saint-Laurent, il y a une personne sur quatre
qui a 65 ans et plus.
La pression est énorme sur les services de
santé, la pression est énorme sur ces gens-là qui prennent soin des aînés, qui
sont là, débordés, puis qui font du temps supplémentaire obligatoire plus que
partout au... plus que partout, qui n'ont pas les salaires qu'on devrait leur
donner pour prendre soin des aînés. Puis, je répète, la pression est énorme
dans mon coin de pays. Dans 10 ans, puis on avance, le vieillissement, ça
va être comme ça dans l'ensemble du Québec. Ça fait qu'on a besoin de ces
gens-là qui prennent soin des aînés du Québec, il faut prendre conscience de
ça, il faut que le gouvernement prenne conscience de ça. Quand la... j'ai posé
la question à la ministre ce matin, bien, elle nous a parlé de l'héritage.
Les gens qui nous connaissent, là, moi, je
ne veux pas faire de politique partisane, dire qu'un est coupable puis l'autre
n'est pas coupable. S'il vous plaît, sortons de ça et disons... prenons acte de
la situation, prenons acte de la pression qu'il y a sur les épaules de ces
gens-là qui prennent soin de nos aînés, prenons acte de ça. Puis donnons-leur
des conditions de travail qui ont du bon sens pour qu'ils en emmènent d'autres
à choisir leur métier, qui est un beau métier. C'est ça que je dis à tout le
monde. Puis, en bout de ligne, c'est nos aînés qui en profitent, de ces
gens-là, qui profitent qu'ils aient du temps de s'occuper de nos aînés, qui ont
du temps pour faire un travail comme ils veulent puis elles veulent faire, mais
que présentement ils ne sont pas capables parce qu'ils sont débordés, parce que
les ratios, ça n'a pas de maudit bon sens.
Dans le fond, c'est un grand réveil
national que je dis. Réveillons-nous. Le vieillissement de la population met de
la... énormément de pression. On doit s'ajuster, puis on doit s'ajuster
rapidement, puis on doit arrêter de faire porter la pression sur le dos de ces
gens-là, qui prennent soin de nos aînés. Réveillons-nous. Merci.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Je vous remercie pour ce point de presse.
(Fin à 11 h 42)