(Quinze heures quarante minutes)
Mme Guilbault :
Alors, bonjour, assistance dans la salle. Peut-être vous en souvenez-vous, à
peu près moins de 24 heures après avoir été nommée ministre de la Sécurité
publique, le premier ministre m'a confié un important mandat, soit celui de
préparer un nouveau programme d'assistance financière pour les sinistrés du
Québec. Et pour reprendre son expression, il n'était pas satisfait de la façon
dont on a travaillé jusqu'à présent.
Ses attentes, elles étaient clairement
exprimées. D'abord, réduire la bureaucratie pour simplifier la vie des
sinistrés, faciliter et accélérer le traitement des dossiers de réclamation,
faire en sorte que les sinistrés puissent savoir rapidement à quel montant ils
sont en droit de s'attendre et que ces montants-là leur soient octroyés avec
diligence.
Rappelons que les mesures d'aide
financière actuelles peuvent s'avérer lourdes, complexes et difficilement
conciliables avec les besoins par nature urgents des personnes sinistrées. On
l'a vu, on en a eu la démonstration, entre autres, aux inondations historiques
de 2017, qui ont généré plus de 6 000 dossiers de réclamation
provenant de 293 municipalités.
Je me suis donc mise rapidement à la tâche
pour trouver des solutions et faire en sorte justement que les sinistrés
puissent avoir accès aux sommes auxquelles ils ont droit plus rapidement et
plus aisément. Et ce matin j'ai déposé le projet de loi qui permettra
effectivement à notre gouvernement d'optimiser l'assistance financière aux
personnes sinistrées. Parce que, comme gouvernement, il est de notre
responsabilité d'accompagner ces personnes qui vivent des moments difficiles à
la suite d'un sinistre, et c'est précisément ce que le projet de loi que j'ai
déposé ce matin vise à faire.
Évidemment, pour pouvoir procéder, je dois
faire en sorte que soient adoptées les modifications législatives en question.
Alors, encore une fois, comme pour le précédent projet de loi que j'ai déposé,
je fais appel aux oppositions pour collaborer, faire en sorte qu'on puisse
procéder rondement et que soient adoptées dès que possible ces modifications
législatives, d'autant plus qu'elles sont somme toute assez modestes. Il s'agit
essentiellement de technicalités qui permettent d'aménager la Loi sur la sécurité
civile de manière à ce qu'elle puisse accueillir le futur programme général
d'indemnisation des sinistrés.
Je vais terminer en disant aux personnes
qui ont malheureusement été éprouvées par des sinistres au cours du temps, qui
se sont senties délaissées, égarées dans les dédales de la bureaucratie :
Nous vous avons entendues, votre gouvernement est au travail pour vous, pour
vous aider, pour vous simplifier la vie. Merci.
M. Duval (Alexandre) :
Bon. Mme Guilbault, je vais être fin, je vais vous poser une question sur
ce sujet-là parce que je veux des précisions. Donc là, on comprend que le projet
de loi va mettre en place le programme, mais les modalités du programme, qui
vont venir vraiment nous expliquer qu'est-ce qui est simplifié puis comment c'est
simplifié, ça, ça va venir plus tard. C'est ça?
Mme Guilbault :
Exactement. Le travail est très, très avancé dans l'élaboration du programme.
Il reste des petites choses à attacher, des consultations à faire. Mais
l'essentiel est déjà... l'esprit du programme, là, est déjà vraiment mis en
place. Par contre, comme je le disais...
M. Duval (Alexandre) : ...concrètement
comme exemples de choses qu'il va changer pour les sinistrés dans leur
processus d'obtenir une indemnisation?
Mme Guilbault :
Bien, c'est essentiellement les quatre objectifs que j'ai énumérés :
réduire la bureaucratie, accélérer le traitement des dossiers de réclamation,
justement, en amincissant la... en réduisant la bureaucratie et pouvoir faire
en sorte que les gens savent d'avance à quel montant ils sont en droit de
s'attendre. Par exemple, pour certains types de dommages, il y aura une somme
qui va être prévue. Donc, si, par exemple, moi, j'ai un pied d'eau dans mon
sous-sol qui n'est pas fini, c'est un sous-sol qui n'est pas fini, il va y
avoir une grille, bon, bien, je sais que, pour un sous-sol pas fini, à tel
niveau d'eau, j'ai droit à tel montant. Les gens n'auront plus besoin... Dans
le programme général actuel, ce qui alourdit beaucoup le traitement des réclamations
et qui est pénible pour les sinistrés, c'est qu'à la suite d'un sinistre on
doit constater le dommage, l'évaluer, le réparer et amener après ça des pièces
justificatives qui prouvent qu'on a fait les travaux, ensuite expédier tout ça
au ministère. Là-bas, il y a une personne qui analyse : Est-ce que c'est
admissible?, est-ce qu'il manque des factures? Tout ça est extrêmement long. Alors
que là on va y aller d'emblée en disant... D'abord, le ministère va fournir un
évaluateur qui va se rendre chez la personne : Vous avez tel, tel, tel
dommages, c'est tel, tel, tel montants, vous avez droit à tant, et on vous
donne l'argent, et ensuite de ça la personne s'arrange avec ça. Mais tout ça va
aller beaucoup plus rapidement, alors, ça, ça va...
M. Duval (Alexandre) :
Donc, on s'attend à ce que le programme soit en place à partir de quand?
Mme Guilbault :
Là, encore une fois, je suis tributaire des oppositions, parce que moi, je
souhaite que le cheminement du projet de loi se fasse rondement. Je vais faire
appel à mes vis-à-vis, là, de sécurité publique des trois oppositions. S'ils
veulent retarder le travail, bien, ce sera à eux d'en porter l'odieux. Parce
qu'on sait tous que chaque printemps il y a des inondations un peu partout.
Alors, moi, mon souhait comme ministre de la Sécurité publique, c'est que ce
nouveau programme soit en place pour les prochains sinistres, je dirais,
saisonniers typiques, cycliques qu'on connaît au Québec. Alors donc, si, au
printemps, on pouvait avoir ce nouveau programme-là en place, ça simplifierait
la vie de tout le monde. Et je vois mal comment un parti politique pourrait
s'opposer à ce qu'on simplifie la vie des citoyens.
M. Duval (Alexandre) :
Mme Guilbault, ce qui retient l'attention de tout le monde actuellement,
c'est la nomination de Catherine Loubier à New York. Qu'est-ce qui qualifie
Catherine Loubier pour occuper ce poste-là, considérant que, généralement, c'est
des gens avec des profils économiques et qu'elle a un profil davantage de communication,
Mme Loubier?
Mme Guilbault :Écoutez, Mme Loubier, c'est une personne, une femme extrêmement
compétente. On a toujours dit : Les nominations, nous, ce qui devait
prévaloir, c'est la compétence, indépendamment du sexe, indépendamment de
l'allégeance politique, indépendamment de toute autre considération, on veut
des gens compétents. Et Catherine Loubier, c'est une des femmes les plus
compétentes avec qui j'ai eu l'honneur de travailler. C'est une femme qui a des
expériences professionnelles extraordinaires, elle a travaillé pour des grandes
compagnies internationales, elle a travaillé pour un premier ministre du Canada,
elle a travaillé pour un premier ministre du Québec, elle a des réseaux de
contacts incroyables un petit peu partout. Alors, je mets au défi quiconque de
me dire que cette femme-là n'est pas suffisamment compétente pour occuper ce
poste-là. Je vais lui rétorquer qu'il devrait peut-être relire son C.V., et,
s'il a toujours des questions, il pourra revenir me les poser.
M. Duval (Alexandre) : En
même temps, Mme Guilbault, il y a beaucoup de gens qui sont qualifiés, au Québec,
pour occuper ce genre de poste là, et là ce qui retient l'attention des gens, c'est
le fait que la CAQ avait promis qu'il n'y aurait plus de nomination partisane,
et là on a l'impression que c'en est une. Qu'est-ce que vous avez à répondre
aux gens qui disent que c'est une nomination partisane, le fait que c'est une personne
qui émane de l'entourage du premier ministre?
Mme Guilbault :
Une nomination partisane, à mon sens, c'est une nomination qui est essentiellement
basée sur une allégeance politique. Or, ce n'est pas le cas avec Mme Loubier.
Et il faut dire qu'on a nommé, depuis notre arrivée, une série de gens, une
foule de gens à divers postes, que ce soit politiques ou administratifs, et la
très grande majorité de ces gens-là, parmi ceux qui ont une allégeance connue,
étaient péquistes ou libéraux. Alors, si on veut nous taxer de partisanerie,
quand on épluche mathématiquement la liste des nominations, il n'y a pas
beaucoup de caquistes connus dans la liste, donc, déjà, ça part mal pour nous
taxer de ça.
Mais, encore une fois, c'est une question
de compétence, on veut nommer des gens compétents aux bonnes places. Alors, Mme Loubier,
comme je le disais, est une personne extrêmement compétente. J'ai travaillé,
moi, avec elle, depuis quelques mois, c'est extraordinaire, la façon dont cette
femme-là arrive à travailler, arrive à livrer la marchandise, à comprendre les
enjeux. Je l'ai dit, elle a travaillé, entre autres, chez Nissan International,
elle occupait un poste de très haut niveau, elle a travaillé pour un premier
ministre du Canada, ce qui n'est quand même pas rien, premier ministre du
Québec, plus récemment, elle a des réseaux de contacts, elle a une expertise,
elle a une expérience, elle a une connaissance du monde qui est manifestement
salutaire pour... qu'il est salutaire de mettre à profit pour le Québec et pour
l'image du Québec à l'international, notamment à New York, où elle s'en va.
Alors, pour toutes ces raisons et pour
bien d'autres, desquelles je pourrais vous entretenir pendant longtemps, je
considère que c'est une très bonne nouvelle pour le Québec de mettre une femme
aussi compétente à ce poste-là. On a dit qu'on veut utiliser, nous, nos
délégations, nos postes un petit peu partout à l'étranger pour stimuler de
l'investissement, stimuler des échanges, diversifier nos exportations, etc. Cette
femme-là, j'en suis certaine, fera partie des clés de cette réussite.
M. Duval (Alexandre) :
Son passage avec la CAQ aura été quand même de courte durée. Se peut-il que,
dans le processus d'acquisition de Mme Loubier pour ses talents, il y ait
eu cette discussion-là de : Viens nous aider, et il y aura éventuellement
un poste à New York qui se libérera? Est-ce qu'on écarte absolument la possibilité
que ça ait fait partie des discussions lorsqu'est venu le temps de recruter Mme Loubier?
Le savez-vous?
Mme Guilbault :
À ma connaissance, ça n'a pas été le cas. Je n'ai pas été de toutes les discussions
que Mme Loubier a pu avoir avec tout le monde; à ma connaissance, ça n'a
pas été le cas. Je l'ai dit, elle a travaillé déjà pour un premier ministre du Canada.
C'est une femme qui a un intérêt, pour la politique, certain. Elle est venue
assumer cette fonction-là de transition, là, elle est arrivée un peu avant
notre élection pour assurer justement cette transition, et tout ça. Elle a été
d'un grand secours pour plusieurs personnes qui étaient nouvelles, nous a aidés
à former le gouvernement, à installer notre gouvernance, nos cabinets, et tout
ça. Et, à date, ça va très bien, les populations semblent satisfaites, donc, encore
une fois, je pense qu'elle n'a pas fait un mauvais travail. C'est une femme, je
vous dis, qui est compétente, qui a un caractère en plus très agréable. Moi,
c'est une femme... je vous le dis, là, ça paraît probablement, je l'apprécie énormément,
et je suis heureuse qu'elle puisse aller poursuivre son travail dans un endroit
qui va être profitable pour le Québec au complet.
M. Duval (Alexandre) : In English maybe. What do you have to reply to those who say that
this a partisan nomination?
Mme Guilbault : We always said that competence should be the only thing to consider
when we nominate someone, and Catherine Loubier is certainly one of the most
competent women that I have had the honor to work with. She has had many jobs,
international, she has worked for a Prime Minister in
Canada, more recently for the Prime Minister of Québec, she has huge networks
all over the world. So, I think, it is a really great thing for Québec to have
this woman go for us in New York and stimulating exportations, economy,
relations with America. And it is great news to have this woman keeping working
for Québec.
M. Duval (Alexandre) : So, you claim that this is not partisan.
Mme Guilbault : This is a nomination that is only based upon competence, as we
always said we would do.
M. Duval
(Alexandre) : Dernière petite question en français sur un tout autre
sujet qui va peut-être vous paraître un peu étrange, mais... M. Proulx, aujourd'hui,
nous annonçait qu'il ne finirait peut-être pas son mandat ou, du moins, ne
fermait pas la porte... fermait la porte à la mairie de Québec, fermait la porte
à une course à la direction au Parti libéral, fermait la porte à la direction
de l'Aéroport Jean-Lesage à Québec. Mais, si M. Proulx décide de ne pas
terminer son mandat comme député à l'Assemblée nationale, en tant que ministre
responsable de la Capitale-Nationale, ses compétences peuvent-elles représenter
un atout pour un quelconque poste dans la région, ici, à Québec?
Mme Guilbault :
Là, on est dans le très hypothétique. Alors, je ne saurais vous dire, là. Je
n'ai pas entendu, moi, M. Proulx faire les commentaires qu'il a faits
aujourd'hui. Bon, comme on dit toujours, c'est courageux de venir en politique.
S'il choisit de mettre fin à son aventure politique pour aller faire autre
chose, ce sera son choix. Moi, je saluerai toujours le fait que... j'ai
toujours senti un intérêt sincère pour la capitale, pour la ville de Québec.
Vous me dites qu'il a fait une croix sur certains autres projets liés à la
ville de Québec, je vais vous croire, là, mais honnêtement je n'en sais rien.
Si, d'aventure, il atterrissait dans un
poste qui a, de près ou de loin, rapport avec la Capitale-Nationale, je serai
certainement très à l'aise de travailler avec lui parce que ça n'a jamais été
le plus partisan, et c'est une personne qui est de commerce agréable, par ailleurs.
Alors, moi, je lui souhaite... C'est peut-être prématuré de lui souhaiter bonne
continuité parce qu'il n'a pas encore quitté, à ma connaissance, là. Mais, dans
tous les cas, c'est un collègue que j'apprécie, c'est un homme compétent, c'est
un homme agréable, alors je ne suis pas inquiète pour son avenir s'il faisait
le choix de quitter Jean-Talon.
M. Duval (Alexandre) : La
demande du Parti libéral de mettre en place une commission sur ce qu'ils
appellent maintenant l'affaire Lamontagne, qu'est-ce que vous en pensez?
Pensez-vous qu'ils exagèrent, étant donné que c'est déjà eux qui ont demandé
l'enquête de la Protectrice du citoyen au départ?
Mme Guilbault :
Oui, je pense qu'ils exagèrent. Et puis je vais vous dire, on a eu plusieurs questions,
plusieurs réponses là-dessus, là, depuis deux jours, le premier ministre a été
très clair. Il y a des questions qui ont été soulevées sur toute cette
histoire-là, sur laquelle je ne reviendrai pas, et, parce qu'il y a eu toutes
ces questions qui viennent de la population et qui sont légitimes, on a mandaté
une instance qui est résolument souveraine, la Protectrice du citoyen, pour
faire la lumière sur toute cette affaire-là.
La Protectrice du citoyen n'est pas nommée
par les libéraux, elle n'est pas nommée par la CAQ, elle est nommée par les
deux tiers de l'Assemblée nationale. C'est une des instances nommées par les
deux tiers de l'Assemblée nationale, donc officiellement indépendante. Alors,
elle va pouvoir faire la lumière là-dessus. Et la décision a été prise par un sous-ministre
qui a été nommé par les libéraux, qui a été par la suite renommé par nous, donc
réputé compétent. Alors, on a tout lieu de croire que les choses se sont faites
adéquatement. Mais, dans tous les cas, on attend le rapport de la Protectrice
du citoyen.
Puis je trouve ça curieux d'entendre, entre
autres, notre cher Sébastien Proulx implicitement remettre en question la
pertinence de l'intervention de la Protectrice du citoyen dans ce dossier-là en
voulant lancer des commissions puis toutes sortes de choses qui, en plus,
n'aboutiraient pas. Mandatons la Protectrice du citoyen, qui est extrêmement
compétente, qui est indépendante, et on aura la lumière sur les faits.
Une voix
: Et juste...
si je peux me permettre, pour CTV, qui est passé, juste peut-être de parler du
programme...
Mme Guilbault :
Oui. À la caméra? Où?
Une voix
: Oui.
Mme Guilbault : O.K. Oui. As you may remember, about 24 hours after being
sworn in as a Minister for Public safety, the Prime
Minister asked me to prepare a new program to help
disaster victims. I quickly got to work and, this morning, I tabled a bill who
will allow the Government to
solve those problems that were expressed by the Prime
Minister and that are faced by the victims. So, I would
like to tell all people who have felt given up on and who have had to face the
disaster, that your Government
heard you, we are working for you and we will do all we can to simplify your
life.
(Fin à 15 h 55)